DEUXIEME PARTIE

Les communs de la connaissance : une mise en mouvement dans un monde globalisé

Les initiatives se multiplient, se dotent d’outils juridiques et économiques ; des régulations ascendantes et auto-organisées, qui sont la marque des communs, se mettent en place ; cependant des interrogations demeurent : ces initiatives se juxtaposent-elles dans une observation bienveillante ou sont-elles en capacité de décloisonner leurs actions ? Assistons-nous à la construction de cadres théoriques partagés ? Ou plus simplement, même si chacun commun est particulier, les acteurs sont-ils en train de se penser comme faisant sens commun ? Quels sont le cas échéant les points d’achoppement auxquels cette mise en mouvement risquerait de se heurter ?

- Domaine public et biens communs
- Liberté, démocratie, biens communs : une intimité réaffirmée
- Les communs interrogent les mouvements sociaux

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Domaine public et biens communs

Plusieurs auteurs nous alertent sur un débat qui n’est pas que sémantique : le domaine public des connaissances n’est pas équivalent de ressources en biens communs. Si le premier est synonyme d’un espace dans lequel les œuvres sont exemptées de toute forme de régulation comme de propriété, les secondes au contraire circulent librement au sein d’une communauté bordée, dont les règles sont co-élaborées par ses membres. La confusion est parfois délibérément entretenue par ceux qui cherchent à piller les savoirs de communautés, notamment les connaissances des peuples autochtones comme nous l’exposent Madhavi Sunder et Anupam Chander. Sauf à redéfinir le domaine public, en y incluant les biens communs de la connaissance dans leur ensemble, comme le fait le Manifeste pour le domaine public, élaboré par le réseau européen Communia. En tout état de cause, Xuan Li nous rappelle que le domaine public est victime d’un rétrécissement permanent, sous la pression des évolutions des régimes de propriété intellectuelle. Ce qui est d ‘évidence préjudiciable aux pays en développement.

— 19 - Manifeste pour le domaine public, Communia.
— 20 - La vision romantique du domaine public, Madhavi Sunder et Anupam Chander.
— 21 - Propriété intellectuelle, normes, domaine public et responsabilités des pouvoirs publics,Xuan Li.

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Liberté, démocratie, biens communs : une intimité réaffirmée

L’historien Peter Linebaugh nous rappelle que les mouvements actuels des biens communs puisent à l’expérience historique de la Grande Charte (Magna Carta) élaborée au début du XIIIe siècle en Angleterre. Premier texte préfigurant les régimes de droit, notamment au travers de l’habeas corpus et de la fin des emprisonnements arbitraires, La Grande Charte est accompagnée de la Charte des Forêts, qui pendant plusieurs siècles a assuré aux paysans un accès régulé et partagé aux ressources naturelles communes – prairies, forêts, miel… – nécessaires à la subsistance des plus pauvres.
— 22 - Histoire des communs : l’ombre portée de la Grande Charte, Peter Linebaugh.

Ce lien entre gestion des ressources collectives et libertés individuelles, Claire Brossaud en montre toute l’actualité, dans le monde des identités numériques et des traces. Alors que ces dernières sont au cœur du modèle économique de l’attention, elles sont autant de prétextes à des régulations liberticides : la liberté sacrifiée sur l’autel de la propriété intellectuelle.
— 23 - Des identités numériques sous contrôle : qui tracera vaincra !, Claire Brossaud.

Hervé Brédif et Didier Christin quant à eux revisitent les différentes philosophies des biens communs en s’interrogeant sur leur effets démocratiques.
— 24 - La construction du commun dans la prise en charge des problèmes environnementaux : menace ou opportunité pour la démocratie ?, Hervé Brédif et Didier Christin.

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Les communs interrogent les mouvements sociaux

David Bollier et Silke Helfrich interrogent non seulement la capacité des biens communs à faire mouvement mais surtout à apporter des réponses, au moins partielles, aux questionnements des mouvements sociaux et citoyens venus d’autres horizons militantes. Et montrent en quoi la capacité des biens communs à interagir avec le marché comme avec l’État, leur flexibilité, leur réinvention permanente et pragmatique, sont porteuses d’une promesse de changement dont nos sociétés mondialisées ont tant besoin.
— 25 - Les communs, ADN d’un renouveau de la culture politique, David Bollier.
— 26 - Les biens communs, nouvel espoir politique pour le XXIe siècle ?, Silke Helfrich.

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La guerre des communs

Les mots ont une histoire. Alain Rey nous raconte celle de « commun » et de ses dérivés. Jouer avec les mots, c’est aussi se les approprier : « On ne changera pas le monde avec des mots, mais on peut au moins choisir ceux qui diront et accompagneront les changements nécessaires. »
— 27 - La guerre des communs

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Libres savoirs - les biens communs de la connaissance Produire collectivement, partager et diffuser les connaissances au XXIe siècle C&F éditions Achevé d’imprimer en mai 2011. Imprimé en France par Caen Repro (14). Dépôt légal 2e trimestre 2011. ISBN 978-2-915825-06-0 http://cfeditions.com

Posté le 1er mai 2011

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