Véronique KLECK
Secrétaire Générale de VECAM
Jamais mutation n'aura été si clairement annoncée,
analysée, mesurée et si superbement ignorée.
René PASSET
Nous sommes très heureux de vous accueillir si nombreux aujourd'hui
à Parthenay.
Il y a parmi vous de nombreux habitants de la ville déjà
sensibilisés aux enjeux et aux pratiques liés à ces
nouvelles technologies de la communication et qui sont porteurs d'expériences
et de savoirs, porteurs d'une demande sociale, dont ils entendent faire
bénéficier tous les participants à cette rencontre.
Il y a aussi les partenaires de VECAM, le réseau de cette veille
européenne et citoyenne sur les autoroutes de l'information et
le multimédia, qui partagent les convictions de l'association,
participent à ces activités...parmi ces partenaires, il
y a ceux qui ont fondé avec VECAM, l'Alliance Européenne
pour des Réseaux Citoyens...
Et puis, il y a ceux qui sont venus pour découvrir, tant l'association
que la ville numérisée de Parthenay et faire partager leur
questionnement, leur réflexion ou leur expérience d'utilisation
sociale des nouvelles technologies...
C'est tout particulièrement pour ces derniers que j'aimerai souligner
très fortement que l'objectif de VECAM d'appropriation sociale
des nouvelles technologies n'est pas le fruit de quelques technophiles
irréductibles. Notre objectif est un objectif politique ; notre
conviction est que l'enjeu est avant tout politique avant d'être
technologique et que nous devons mobiliser nos énergies et nos
savoirs et nous battrent pour que les avancées scientifiques et
techniques soient mises au service du développement humain, au
bénéfice du plus grand nombre et non pas de quelques privilégiés,
d'une nouvelle élite au pouvoir d'achat exorbitant.
Ces technologies envahissent nos quotidiens et interviennent partout où
les hommes manipulent et échangent des signes (textes, images,
sons et données). Autrement dit dans la quasi totalité des
activités humaines depuis le monde du travail jusqu'à celui
de la vie de la cité, en passant par la formation et la culture...Elles
bouleversent notre manière de vivre ensemble, de s'organiser, de
produire. Il s'agit d'une véritable révolution, une mutation,
un changement d'ère qui provoque la remise en question de nombreux
pouvoirs, qui donne plus d'importance aux initiatives locales de terrain,
qui oblige à repenser des pratiques démocratiques plus participatives
et à inventer une citoyenneté plus active.
L'objectif de VECAM est donc avant tout un objectif politique : on retrouve
cette dimension politique de l'association tant dans les origines de l'association
que dans les ambitions de Parthenay III. VECAM est née d'une initiative
lancée conjointement par la lettre Transversales Science/Culture
et par la Fondation Charles Léopold Mayer pour le progrés
de l'homme. Dans le cadre du G7 de février 1995 consacré
à la société de l'information, ces deux partenaires
ont présenté une déclaration intitulée "Multimédia
: les voies d'une maÓtrise sociale". Cette déclaration qui
présentait tant les chances que les risques pour la citoyenneté
et le lien social et qui mettait en garde contre une vision exclusivement
marchande de ces technologies a eu un tel succés en particulier
auprés des milieux associatifs et d'ONG que nous avons crée
cette veille européenne et citoyenne.
Ce que déclarait VECAM il y a bientôt trois ans est toujours
sinon plus d'actualité aujourd'hui : de formidables concentrations
industrielles, techniques et financières se mettent en place aussi
bien dans les entreprises de réseaux que dans les entreprises de
contenus pour la domination de l'espace informationnel. Alors que ces
nouvelles techniques offrent des moyens d'échanges inédits,
les citoyens sont considérés avant tout comme des consommateurs.
L'enjeu est de taille : soit les citoyens seront des utilisateurs sujets
et participeront pleinement tant à la conception des technologies
qu' à la définition de leurs usages. Soit ils seront inondés
par les propositions d'objets et de services.
Il existe pourtant des initiatives porteuses d'un usage social et culturel
de ces technologies. Vous en êtes la preuve vivante. Mais force
est de constater que nos expériences sont marginalisées
par le poids des acteurs économiques et politiques impliqués
dans les enjeux de la compétition mondiale sur les marchés
les plus solvables.
Or nous le savons, de nombreuses questions se posent que le grand jeu
stratégique des firmes et des Etats, dominé par les contraintes
de la compétitivité, refoule ou ignore...
C'est pourquoi, VECAM a donné naissance à un réseau
d'acteurs qui mettent en garde contre une vision exclusivement marchande
de ces technologies.
C'est pourquoi VECAM vous a réunis ici pendant ces trois journées.
Il est tout a fait possible d'identifier, de repérer et de soutenir
des groupes de citoyens qui se sont constitués dans le monde pour
adopter une démarche critique, responsable et faire un usage sociale
de ces ntic. Ces acteurs entendent mobiliser leurs énergies pour
minimiser les risques liés à ces tehniques et en valoriser
les chances...Ils partagent tous la conviction que l'appropriation de
ces techniques par les citoyens et les associations représentent
un réel espoir pour la démocratie.
Notre problème est que nous sommes - nous acteur sociaux, associations,
simples citoyens - très peu structuré par rapport à
l'acteur politique ou économique. La question centrale est alors
de trouver, d'inventer les moyens pour coordonner nos activités,
nos convictions, notre volonté d'actions commune pour faire en
sorte que ces nouvelles technologies trouvent de véritables usages
sociaux.
Aujourd'hui l'offre technologique ne correspond pas encore à une
véritable demande sociale. Les usages sociaux de ces technologies
sont pour le moment ce qu'on nous dit qu'ils sont. Les usagers n'ont pas
encore trouvé des applications riches de sens.
Or la plupart d'entre nous en ont trouvé, et les expérimentent
dans leur quotidien ; la plupart d'entre nous ont le désir de connaître
d'autres pratiques, d'échanger leurs expériences ; et la
plupart d'entre nous ressentent le besoin de coordonner nos actions, de
faire mouvement ensemble, d'inventer un monde où le mot citoyen
retrouverait la connotation glorieuse qu'il avait dans le passé
et cesserait de s'assimiler au mot de consommateur.
C'est dans cet esprit que nous avons fixé trois objectifs à
cette rencontre :
- se connaître et partager
- construire ensemble
- agir ensemble
et que nous avons imaginé des méthodes qui tentent de les
atteindre.
Voyage
dans la ville de Parthenay |
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Les sept espaces numériques : des lieux d'initiation et
d'appropriation des nouvelles technologies.
Afin de procéder à un ''effet levier'' d'appropriation des
nouvelles technologies, de remédier à l'exclusion relative
que peut engendrer l'utilisation et la mise en place d'outils informatiques
(exclusions sociales, financières... ), sept lieux ont été
choisis pour accueillir des espaces publics en accès libres permettant
à tout citoyen de :
- consulter les sources d'information que peuvent constituer l'Internet,
le BBS, ou l' ''in-Town-Net''
- se former à l'utilisation des nouvelles technologies par le biais
d'animateurs multimédias.
Ces lieux permettent de présenter à des publics très
différents le même niveau d'accés à l'information
et les mêmes possibilités d'appropriation de ces outils multimédias.
En effet, chaque lieu a pour habitude d'accueillir un type de public bien
particulier. Le développement de ces centres leur permettra de
garder leurs habitudes ainsi que leurs repères, leur service référant.
Ces sept lieux sont:
-le centre social Centre Armand Jubien (service inter-générations
et mission locale)
-le centre administratif situé à la Mairie
-le centre culturel situé à la médiathéque
-le centre touristique à la Maison du tourisme
-le garage, au centre multimédia/service économique
-le centre enfance/jeunesse au centre aéré
-le Palais des congrés en centre ville.
Ces lieux sont aménagés selon un concept étudié
prenant en considération les différentes fonctionnalités
des outils mis à disposition (télé CD-1, P.C., bornes
interactives... ), et le confort de ces centres (matériaux utilisés,
luminosité, sonorisation, ambiance générale... ).
Certains de ces lieux sont déjà reliés par lignes
louées au Service Informatique qui héberge le serveur lnternet
et accueille la Ligne Spécialisée. Le premier de ces Espaces
Numérisés a été aménagé
puis inauguré en Juillet 1996, au centre social Armand Jubien;
les autres espaces sont en cours d'installation.
L'Espace Numérisé permet l'observation de la façon
dont l'élaboration et l'acquisition de savoirs se font à
travers la libre circulation des informations et l'accessibilité
rendue possible par la mise à disposition gratuite des technologies
les plus modernes. Dans un avenir proche, il sera possible d'analyser
et ensuite de capitaliser les savoirs formalisés, afin d'échanger
avec 6 autres espaces thématiques, en cours de création.
D'ores et déjà, il s'avère que l'accés a l'information
dans ces lieux ouverts et publics a un impact sur l'échange des
savoirs (informations) à l'intérieur du lieu, mais aussi
sur l'échange du savoir-faire (conception graphique, manipulation,
utilisation des outils). Ces espaces, couplés à la consultation
de l'In-Town-Net, permettent aux individus de se rencontrer et
d'échanger leurs connaissances sur les nouvelles technologies et
les contenus. Différents niveaux d'échanges ont alors lieu
: entre les générations, entre les utilisateurs, entre les
animateurs, entre les animateurs et les utilisateurs.
La mise en oeuvre de l' In-Town-Net
Par ailleurs, c'est autour du serveur de la municipalité qu'est
actuellement développé l'ln-Town-Net.
- le réseau dans la ville.
De même que l'on parle d'lntranet pour les réseaux
internes d'entreprises basés sur les technologies d'Internet, il
s'agit de développer un Intranet pour l'ensemble d'une ville. L'
ln-Town-Net est développé par Francis Senceber, à
la tête du petite entreprise de multimedia qui vient de s'installer
à Parthenay.
L'application développée se caractérise par la mise
en réseau Intranet de tous les services municipaux, des entreprises,
des associations et des citoyens. Sur ce serveur, le visiteur trouvera
pour commencer toute l'information municipale que l'on peut imaginer très
riche et dans des thèmes tout aussi différents que l'économie,
le social, la culture, l'administration, etc ...
Les premières fonctionnalités en cours de développement
de 1'In-Town-Net sont les suivantes -un annuaire de tous les habitants
du district avec page personnalisée, c'està- dire,
qu'à côté de son nom, chaque personne se présente,
remplit sa page des forums de discussions
-des forums d'informations
-la possibilité de passer des commandes de documents administratifs
puisque la Municipalité posséde en interne à ce jour
plus d'une centaine d'ordinateurs reliés, ce qui permet d'ailleurs
à tous les services d'être en ligne et donc de générer
facilement l'information à la source
-des rubriques de petites annonces
-des consultations de bases de données (médiathéque,
cadastre, POS).
A ce sujet, dés maintenant les services fiscaux ont exprimé
le souhait d'informer les citoyens, à partir de l'In-Town-Net,
sur le calcul de la base des impôts locaux et la possibilité
de mettre en ligne des outils d'aide au calcul de l'impôt
sur le Revenu des Personnes Physiques
En fait, l'In-Town-Net de Parthenay n'en est qu'à un stade
embryonnaire ; Il est appelé à s'élargir, à
accroître ses fonctionnalités. Et c'est à partir de
là que nous allons développer plusieurs expériences
de commerce électronique.
L'In-Town-Netde Parthenay c'est non seulement l' Intranet au niveau
des services municipaux avec les différents accés mais c'est
en fait le regroupement de plusieurs intranets d'organismes associés.
Ainsi, une réflexion est en cours sur le lancement de services
dans les domaines suivants
- SANTE : un des premiers qui va être mis en place sur l'Intranet.
Les trois hôpitaux de Thouars, de Bressuire et de Parthenay ont
été regroupés en un seul centre Hôpital
Nord-Deux-Sévres (ce qui est une première en France).
Ces trois hôpitaux sont reliés par des transfix à
2 megabits ce qui permettre de faire des échanges entre ces trois
hôpitaux, les médecins de ville qui seront reliés
à travers l'intranet municipal, les pharmaciens et différents
maisons médicales (centres de santé, maisons de retraite).
Les premières fonctions prévues de l'intranet Santé
sont les suivantes :
-de la messagerie
-des annuaires
-des forums entre médecins hospitaliers et médecins de ville
-de la gestion sociale du patient
-de l'information grand public
-de la prévention- de l'information sur les services de garde
- AGRINET: Il s'agira d'un réseau entre le marché, les abattoirs,
les éleveurs et les négociants; les éleveurs vendent
leurs bêtes sur le marché, ils vendent à un prix au
kg, mais, ils ne savent pas quel est le prix de leurs bêtes puisqu'ils
ne seront payés que sur du poids mort. Ils ont besoin de récupérer
des informations: le niveau de poids, l'état d'engraissement, l'état
sanitaire, etc... Dans le même temps, la fédération
des marchés de viande nous ont demandé d'être l'organisme
de base pour les cotations des 50 marchés aux bestiaux de France
afin d'avoir, sur Internet en on-line, les différentes cotations
des marchés. Nous aurons donc les fiches des éleveurs négociants,
les informations des abattoirs, un commerce électronique dans le
milieu agricole à deux niveaux, soit des produits déjà
semi-industrialisés, soit des produits fermiers regroupés
sous un label de viande de qualité supérieure. Un système
d'en-cours de paiement entre éleveurs et négociants générant
une garantie de paiement sur le marché lui-même, une promotion
des viandes de qualité agneau de Gâtine Parthenaise et enfin
un accés direct sur 1'in-Town-Net et 1'IntraSanté.
- L'INTRA-VILLAGES, en partant toujours de la ligne spécialisée
de la Mairie, un point contacts villages : c'est une expérience
qui va être menée avec des villages qui sont à une
vingtaine de kilométres de la ville centre. Le test consistera
avoir quels sont les services qui sont demandés à domicile
dans ces villages, il y aura . un ordinateur qui sera mis au seul point
de contact qui existe dans ces villages, le bar-tabac dépôt
de gaz. Nous savons déjà que la principale fonction demandée
est la mise à disposition de produits frais.
- Il y aura aussi L'INTRA-ECOLES en cours de développement pour
avoir un centre de documentation et d'informations qui sera commun à
toutes les écoles de la ville.
- Et enfin, les INTRANETS D'ENTREPRISES, c'est-à-dire le développement
d'Intranets dans les entreprises interreliés à l'in-Town-Net
et donc à l' Intemet. L'objectif à terme est également
de permettre l'expérimentation d'un véritable centre
commercial électronique pour les produits locaux.
lntemet gratuit pour tous les citoyens ...
Partant du principe que les nouvelles technologies doivent être
accessibles à tous, le District de Parthenay propose depuis la
mi-octobre un accés lnternet gratuit afin que la barrière
financière ne constitue pas un frein à l'utilisation des
NTIC dans la vie quotidienne. Ce service financé sur des fonds
propres de la Collectivité était par ailleurs justifié
par le fait qu'un fournisseur d'accés privé ne pouvait travailler
de façon rentable sur le secteur géographique de Parthenay
et sa région. Les accés à des fournisseurs privés
existant rendait la consultation Internet extrêmement coûteuse,
ceux-ci étant éloignés de Parthenay. Le seul coût
de cet accés Internet pour les citoyens parthenaisiens est la communication
téléphonique (tarification locale) entre le domicile et
le bâtiment abritant le serveur situé en centre ville (service
informatique). Cet accés Internet gratuit est réservé
à l'ensemble des habitants, associations, PME de la zone districale.
Les citoyens équipés de micro-ordinateurs et de modems peuvent
faire configurer leur ordinateurs gratuitement par un technicien de la
collectivité qui dispense par ailleurs quelques conseils d'utilisation
et installe les logiciels nécessaires à la navigation,
sur Internet, à la communication sur le BBS local, un e-mail. Une
assistance téléphonique gratuite est également proposée.
La connexion se fait sur l' In-Town-Net, de Parthenay qui propose
ensuite une passerelle vers l'Internet.
Le Bulletin Board System PARTHENAY, la Créative. BBS
signifie en anglais: Bulletin Board System - les québécois
l'appellent le babillard. Sans attendre la mise en oeuvre effective
de ces projets européens, il fallait répondre aux besoins,
aux attentes et même aux interrogations des acteurs locaux : citoyens,
associations, P.M.E Pour ces raisons, pour apprécier la capacité
d'interactivité et pour satisfaire les besoins d'expérimentation
d'une nouvelle communication, le Conseil de District décide en
janvier 1996 de mettre en place un serveur local, BBS de type, FirstClass.
Celui-ci dispose de fonctions (messagerie électronique, forums
de discussions, conversations en direct, etc.) et d'une interface très
conviviale qui encouragent une forte interactivité. Les chiffres
sont parlants... Aprés un an de fonctionnement, le babillard de
Parthenay compte 374 abonnés. Environ 36 000 connexions ont été
enregistrées, 647 800 fichiers ont été consultés
et plus d'un giga-octets de fichiers ont été téléchargés.
Le tout représentant 4 632 heures de connexion. Sur une période
d'un an, le BBS de la ville de Vichy (28 000 habitants) qui compte 210
abonnés n'a enregistré que 1 135 heures de connexion avec
13 210 connexions, 136 000 fichiers ouverts; les fichiers téléchargés
représentent un volume de 292 mega-octets. Tout d'abord conçu
pour recevoir 4 connexions simultanées, le système a dû
évoluer vers un système permettant 8 connexions simultanées
pour satisfaire les usagers. Il s'est vite révélé
que cet outil ne remplaçait pas la communication face à
face mais était plutôt un prolongement de celle-ci. Cet outil
favorise aujourd'hui le travail collectif et l'addition de compétences
de personnes très différentes mises en situation de communication
"en ligne". Également, l'imagination s'est développée
et s'est ouverte sur des espaces propices à la création.
Conclusion
On le voit, l'initiative Ville numérisée
se concrétise de manière progressive et pragmatique. Elle
s'ordonne autour d'un axe directeur fort: permettre l'appropriation par
le plus grand nombre de citoyens des nouveaux outils de communication.
D'autres projets de terrain, fruits de la créativité des
acteurs locaux (écoles, associations, PME, etc.) et de nouveaux
partenariats, émergeront sans nul doute dans les mois à
venir, au fur et à mesure du développement de l'initiative.
L'échelle d'une petite ville comme Parthenay semble finalement
représenter le terrain privilégié pour une expérimentation
globale et le développement des nouveaux services multimédia
. On peut peut-être gagner plusieurs années de réflexion
en focalisant un certain nombre d'expérimentations grandeur
nature sur un même territoire, un même ville, pour pouvoir
véritablement évaluer le potentiel de la demande en nouveaux
services ainsi que l'impact organisationnel des NTIC dans la cité.
Les nouvelles technologies permettront de favoriser aussi bien l'échange
de proximité destiné à renforcer les réseaux
humains et professionnels déjà en place, que d'accéder
au niveau d'information global. Pour une petite communauté rurale,
le souhait est également de fixer les populations par l'utilisation
des nouvelles technologies et l'accés à de nouveaux services.
L'expérience menée à Parthenay aura sans nul doute
valeur d'exemple pour nombre d'autres villes. Une expérimentation
sociale et technologique de cette nature, va sans nul doute être
riche d'enseignements multiples. C'est une nouvelle organisation de la
Cité qui s'invente ici.
PRATIQUES DE POUVOIR : PARTICIPATION ET TECHNOLOGIES DE L'INFORMATION
ET DE LA COMMUNICATION
Débat animé par:
Patrick VIVERET, rédacteur en chef de TRANSVERSALES Science/Culture.
Avec la participation de:
Alain AMBROSI, Vidéazimut, Montréal, Québec
Michel HERVE , Maire de Parthenay, France
Georges NAHON, Microsoft, France
Joël de ROSNAY, Directeur du développement des relations internationales,
Cité des Sciences et de l'Industrie de la Villette, Paris, France
Patrick VIVERET
Je demanderai tout d'abord à Alain Ambrosi qu'il nous donne son
avis, à partir de son expérience de Vidéazimut, sur
la transformation des pratiques de pouvoir.
Alain AMBROSI
Je représente le secteur des ONG (Organisations Non Gouvernementales),
aussi appelé le Tiers secteur, qui est à la fois éloigné
de l'Etat et des forces du marché. Vidéazimut est un réseau
d'acteurs qui s'occupent du secteur de l'audiovisuel et de la télévision.
Créé en 1990, il existe dans 45 pays et compte 97 membres.
Il se compose de producteurs indépendants, de personnes privées,
de réseaux de télévision locale - un membre en Hollande
représente, par exemple, 300 télévisions locales.
Il s'agit d'un réseau global : il représente à la
fois des membres locaux et supranationaux.
Au départ, Vidéazimut s'était fixé un objectif
très simple : la promotion du droit à communiquer. Dans
notre activité de démocratisation de la communication, on
s'est très vite aperçu qu'il nous fallait non seulement
intervenir auprés des organisations de la société
civile mais aussi auprés des institutions du système économique
et politique.
On a donc tenté d'influer sur les politiques de communication au
niveau local mais aussi national et international.
Par ailleurs, nous devons être prudents en parlant des ONG comme
d'un troisième acteur au niveau international. D'une part, compte
tenu de l'hétérogénéité du secteur,
on ne peut pas parler d'un acteur unique. D'autre part, cette qualification
participe d'un certain discours actuel qui mythifie le monde des ONG.
Patrick VIVERET
En effet, il paraît évident que la valorisation des ONG n'est
pas toujours innocente. Il s'agit souvent d'une façon de décharger
les acteurs publics de leur responsabilité sur les ONG. Pour ce
qui est du problème du droit à la communication, je souhaiterais
m'adresser à Georges Nahon de Microsoft. Aujourd'hui, Microsoft
dispose quasiment d'un monopole radical. Il est en mesure de maîtriser
les outils, les réseaux et le contenu. Outre la question de la
démocratie, cela pose le problème de la capacité
à accepter des logiques de contre-pouvoir.
Georges NAHON
Le fait que notre société Microsoft touche aux domaines
de l'information et de la manipulation de l'information nous confère
une responsabilité importante. Nous sommes conscients d'avoir une
influence sur la façon d'utiliser, de transmettre, de manipuler
ou de produire l'information. Nous avons pris toute la mesure de notre
responsabilité.
Toutefois, Microsoft est une société commerciale possédant
des salariés et des actionnaires. Elle est exposée à
des risques de mauvaise appréciation du marché et à
l'arrivée subite de nouveaux concurrents. Pour protéger
l'activité de la société et le travail de ses salariés,
nous devons prêter une attention particulière aux deux risques
cités ci-dessus.
Par ailleurs, plus que d'un monopole, Microsoft bénéficie
d'une position dominante sur un certain nombre de marchés. Or nos
concurrents menacent cette position. Notre société investit
en permanence dans des talents de haut niveau américains et internationaux.
En Europe, nous nous sommes contentés de valoriser nos produits
commercialement. Cependant, face à la responsabilité que
nous pouvons avoir sur la société de l'information, nous
tentons de nous impliquer dans des projets innovants afin d'apprendre
à écouter les besoins des consommateurs, des citoyens, des
administrés, des responsables politiques. Ainsi, si nous sommes
conscients de notre responsabilité vis-à-vis du citoyen,
nous devons également respecter le souhait des actionnaires de
la société et maintenir la bonne santé de notre activité
commerciale.
Patrick VIVERET
Au cours de ce débat, nous avons fait le choix de nous intéresser
au rôle du citoyen, qu'on ne peut réduire à celui
d'un pur consommateur.
Je souhaiterais demander à Joël de Rosnay comment il envisage
la transformation du pouvoir politique face à la diffusion des
nouvelles technologies de l'information et de la communication.
Joël de ROSNAY
Les deux interventions précédentes nous ont donné
l'exemple de deux types de pouvoirs différents qui peuvent s'exprimer
par le biais d'Internet. La question est alors de savoir si Internet est
lui-même un outil de pouvoir. Pour cela, il me paraît nécessaire
de faire un point sur ce qu'est Internet.
- Internet est un protocole informatique qui permet à des ordinateurs
de différentes natures de communiquer entre eux et de partager
des ressources diverses.
- Internet n'est pas une technique mais un système technologique.
- Internet n'est pas une mode passagère mais un phénomène
biologique et profond qui, par des hyperliens, crée un système
explosif planétaire.
Par conséquent, Internet crée un nouvel espace-temps en
compressant la durée et en diminuant les distances. Il impose,
de ce fait, de nouvelles contraintes : l'intelligence, l'adaptabilité,
la vitesse. Par ailleurs, il faut savoir que le pouvoir politique en Europe
est fondé sur une conception géographique et linéaire
du temps. Internet, du fait de l'interdépendance des systèmes,
nous fait pènétrer dans un système non linéaire.
En outre, nous sommes passés d'une logique de diffusion de l'information
à une logique de navigation, d'interaction et de transaction, ce
qui pose le problème de la responsabilité des personnes
qui naviguent. Internet pose également le problème de la
distinction entre l'espace public et l'espace privé. Enfin, avec
Internet, le citoyen dispose d'un outil inédit : celui de l'inter-commutabilité.
En somme, avec Internet, on quitte la notion de place pour la notion
d'espace délocalisé : de la place financière,
on passe à l'espace financier; de la place du marché, on
passe à l'espace de marché, de la place de travail, on passe
à l'espace de travail. Ainsi, le pouvoir qui se dessine dans ce
nouvel espace-temps est un pouvoir de catalyse qui favoriserait les fonctions
et les structures et serait beaucoup plus influent. On passerait alors
d'un exercice solitaire de l'intelligence élective à la
pratique solidaire d'une intelligence collective.
Patrick VIVERET
A propos de ce pouvoir de catalyse, je souhaiterais que Michel Hervé
puisse réagir. En effet, l'interaction entre les acteurs associatifs,
économiques et politiques est au c¦ur du projet de Parthenay.
De plus, je voudrais qu'il s'exprime sur le risque majeur de manipulation
de ce type de pouvoir qu'on identifie peu, qu'on localise mal et qu'on
peut donc plus difficilement combattre.
Michel HERVE
Tout problème de pouvoir est lié à la compréhension
des contraintes qu'il implique. En effet, les contraintes définissent
un espace de liberté par rapport au pouvoir.
Depuis plus de vingt ans, je m'intéresse aux phénomènes
d'auto-organisation, c'est-à-dire la possibilité pour chacun
de prendre conscience des contraintes et d'avoir un maximum d'informations
sur l'environnement qui l'entoure.
Les nouvelles technologies facilitent l'accés à ces informations.
Elles devraient donc engendrer une plus grande liberté et une diminution
des contraintes.
Toutefois, les phénomènes d'auto-organisation génèrent
des attracteurs indésirables, qui sont des contraintes difficilement
identifiables. Or une personne, déjà en position dominante
dans la société, prendra plus facilement conscience de ces
contraintes. Cela accroîtra encore son pouvoir et sa capacité
de manipulation. Elle pourra se retrouver en situation de médiation,
de synthèse et de catalyse.
Pour éviter le risque de manipulation, la personne en position
dominante devrait faire connaître à tous ces nouvelles contraintes.
Les autres la considéreraient alors comme un visionnaire charismatique,
ce qui représenterait également un danger.
Finalement, chacun devrait pouvoir utiliser toute l'information et prendre
conscience de toutes les contraintes. Chacun devrait être vigilant,
résistant, créatif, coopératif, solidaire, auto-évalué.
On pourrait alors envisager une disparition du rapport de pouvoir et d'exploitation
de l'autre. Mais cela reste utopique.
En résumé, il n'y a pas de solution. Il faut apprendre à
se méfier du pouvoir des autres tout comme de son propre pouvoir.
Patrick VIVERET
Les propos de Michel Hervé apportent une dimension nouvelle à
notre débat puisqu'ils mettent en évidence l'ambivalence
profonde et permanente du politique qui est à la fois un espace
de service et de limitation de la violence au sein de la communauté
et un espace où se développe le goût de la domination
et de la puissance. Or cette ambivalence du pouvoir se trouve transformée
par la révolution informationnelle.
Joël de ROSNAY
Tout d'abord, il faut s'interroger sur le pouvoir à exercer pour
contrebalancer le pouvoir institué. Or les trois termes énoncés
par Michel Hervé - la médiation, la synthèse et la
catalyse - ne peuvent répondre à un pouvoir établi
qui ne fonctionnerait pas suivant les mêmes règles.
Ensuite, il est effectivement important que le citoyen soit informé.
Grâce aux réseaux d'information, le risque de manipulation
paraît moins important. En effet, sur Internet, les sites de controverses,
les forums et les débats permettent un accés comparatif
à l'information. On peut donc simultanément s'informer,
comparer et se faire une opinion par soi-même.
Enfin, les réseaux de type Internet sont d'excellents réseaux
de flicage permanent. Il est possible d'obtenir d'importantes
informations sur la vie privée et le profil de chacun. Chacun peut
donc savoir sur autrui ce qu'autrui sait de lui.
Alain AMBROSI
La distinction que Joël de Rosnay a faite entre la place et l'espace
soulève un problème fondamental qui est celui des lieux
de participation et d'intervention. Le fait que l'on ne puisse pas intervenir
partout en même temps suppose des stratégies d'alliance entre
les acteurs pour inventer une nouvelle forme de pouvoir.
Georges MENAHEM (de la salle)
J'estime que Joël de Rosnay entretient un mythe autour d'Internet
et de la transformation quasiment mythologique que cette nouvelle technologie
est supposée engendrer. Je ne crois pas qu'Internet puisse changer
aussi radicalement la vie des gens.
Internet va tout d'abord permettre de fluidifier le transfert d'informations.
Par ailleurs, lors de la transformation que va entraîner Internet,
on peut se demander si les consommateurs que nous sommes vont devenir
des citoyens ou des consommateurs encore plus importants. Parallélement,
cette technologie est difficile à manipuler. Par conséquent,
Internet augmente le pouvoir des clercs qui savent utiliser l'informatique,
ce qui représente un réel danger. Enfin, je souhaiterais
que Michel Hervé, à partir de son expérience à
Parthenay, nous explique ce que sont ces méchants attracteurs
invisibles .
Patrick VIVERET
Je pense que cette intervention va susciter de nombreuses réactions.
Je propose que nous entendions d'abord les réflexions de la salle.
Yves COCHET (de la salle)
Je ne pense pas que le rapport entre Internet et le pouvoir soit l'accés
à l'information. Je ne crois pas non plus à une démocratie
électronique qui serait un contre-pouvoir qui permettrait aux citoyens
de voter quotidiennement. En revanche, Internet me paraît posséder
des qualités pour créer du contre-pouvoir.
- Internet symbolise l'égalité puisque tout le monde peut
devenir émetteur et récepteur.
- Une des caractéristiques de la démocratie est la possibilité
de donner du pouvoir à d'autres qu'à soi-même. Cela
est également possible par Internet.
- En étant beaucoup plus rapide, plus accessible, moins coûteux
que tout autre support de communication, Internet est aussi plus démocratique.
Philippe MONNIN (de la salle)
Je voudrais tout d'abord commenter les propos d'Yves Cochet que je trouve
un peu naïfs. Y a-t-il vraiment égalité sur Internet
entre Microsoft, une entreprise multinationale qui diffuse des produits
à des dizaines de millions d'exemplaires, et un individu qui crée
un site ?
Je souhaiterais également m'adresser à Georges Nahon de
Microsoft. Vous avez déclaré être conscient de vos
responsabilités vis-à-vis des actionnaires, des salariés
et des citoyens. A l'horizon 2010, quelle est la place que Microsoft pense
laisser à ses concurrents dans le domaine des logiciels de base,
des logiciels d'application, des réseaux et du contenu ? Par ailleurs,
pouvez-vous nous dire quelles sont vos responsabilités vis-à-vis
du citoyen ?
Eric GEORGES (de la salle)
Je travaille depuis plusieurs années dans le domaine de la sociologie
des usages. Je m'intéresse notamment à l'approche de l'appropriation,
développée dans les années 80 en France autour des
études sur le Minitel. Cette approche reconnaît que l'accés
aux nouvelles technologies est un point essentiel mais elle souligne aussi
que l'appropriation de ces technologies est une question encore plus importante.
Or, parfois, dans les discours sur les autoroutes de l'information et
sur Internet, on ne prend que très rarement en considération
cette approche.
Joël de ROSNAY
Je pense que parler de mythe pour le phénomène Internet,
c'est ne pas prendre conscience des faits réels. Nous sommes dans
la phase explosive d'un phénoméne profond comparable à
celui de l'imprimerie, du téléphone ou de la télévision.
Par rapport à ces trois supports de communication, Internet posséde
une logique propre, celle de l'intégration (de l'image, de l'écrit,
de la parole, des réseaux, de l'interactivité, des logiciels...)
et non de la substitution. Par conséquent, le danger n'est pas
de mythifier le phénomène. Le danger est de ne pas l'apercevoir.
Georges NAHON
Pour répondre à Philippe Monnin, je dois avouer que lorsque
je parlais de responsabilité, je pensais avant tout à notre
responsabilité vis-à-vis des actionnaires. Cependant, nous
sommes aussi très sensibles à ce que nous disent les politiques,
les concurrents et nos entreprises clientes.
Dans le domaine des systèmes d'exploitation, nous avons une position
très forte et nous voulons l'accroître en particulier dans
le secteur de l'entreprise. Nous avons l'intention d'atteindre avant l'an
2000 entre 60 et 75% de ce marché avec Windows NT. Pour ce qui
est des systèmes d'exploitation pour le grand public, nous cherchons
à augmenter notre part de marché en particulier pour les
appareils autres que les PC.
Ainsi, les systèmes d'exploitation et les logiciels d'application
restent le c¦ur de l'activité de Microsoft, ce qui suppose
des investissements massifs.
Nous comptons, par exemple, investir 2,6 milliards de dollars en recherche
et développement l'an prochain dont 1 milliard de dollars pour
le seul Microsoft NT. En revanche, nous ne souhaitons pas intervenir dans
le domaine des réseaux. Enfin, le secteur des contenus reste encore
très minoritaire, en particulier en termes de revenus, même
si nous souhaitons réellement le voir se développer.
Patrick VIVERET
Il faut dire que l'entreprise n'est pas seule responsable vis-à-vis
du citoyen. Il me semble qu'une partie de cette responsabilité
incombe à la régulation politique et juridique. C'est en
effet au politique de créer un espace pacifié où
la concurrence est possible.
Michel HERVE
Dans nos sociétés traditionnelles, il y a de nombreux monopoles
de position. Or l'arrivée d'Internet provoque des pertes de position
privilégiée aussi bien dans les entreprises que dans les
collectivités locales. En revanche, il apparaît des monopoles
d'expertise qui me semblent encore plus dangereux. En effet, dans cet
univers, l'expert posséde un pouvoir considérable sur les
autres. C'est pourquoi je souhaite que chacun s'ouvre aux nouvelles technologies
afin d'éviter ces monopoles d'expertise. Je vais illustrer mon
propos sur les attracteurs invisibles par un exemple. Grâce
au mécénat, nous avions la possibilité de câbler
nos écoles. Nous avons fait l'essai dans une école et ce
fut un échec. Nous savions qu'une école privée souhaitait
être câblée. Toutefois, notre mécène
avait fixé une condition : il fallait qu'au moins deux écoles
acceptent. Or il existe dans la région un attracteur très
fort qui est l'esprit de compétition entre les écoles laïques
et les écoles privées. Du coup, l'école publique
la plus proche de l'école privée câblée a rapidement
fait une demande. Autrement dit, les attracteurs sont ces réactions
immédiates, incontrôlées et inconscientes qui limitent
notre part de liberté.
Jacques ROBIN (de la salle)
Il me semble que parler de nouvelles technologies de l'information
et de la communication revient à faire l'impasse sur le phénomène
le plus important des dix prochaines années. Ces nouvelles technologies
font partie de la mutation informationnelle actuelle. Or cette mutation
dans le processus de production de biens industriels, agricoles ou de
services va se poursuivre de manière phénoménale.
Ainsi, le non-emploi et les inégalités vont s'accroître
et conduire à un risque d'implosion majeur.
Face à cette situation, les technologies de la communication acquiérent
une importance décisive. Elles permettent à une nouvelle
citoyenneté de s'instaurer mais surtout elles permettent d'informer
les citoyens de la situation économique.
C'est sans doute le plus grand problème de l'appropriation des
technologies de la communication qui doivent aussi servir à donner
des informations sérieuses sur l'état de la mutation informationnelle
comme on les génère dans le domaine de la production de
richesse.
Joëlle CHAPLON (de la salle)
Le vrai problème du citoyen ne réside pas aujourd'hui dans
l'information mais plutôt dans l'utilisation de l'information. Pour
traiter cette information, il faut une pensée aiguisée et
organisée qui nous permette d'exercer un pouvoir sur l'information
que nous recevons.
La question centrale est donc le traitement de cette information et l'entraînement
de l'intelligence qu'il suppose. Il faut que cet entraînement soit
pris en charge dés la maternelle. A l'heure actuelle, on simplifie
le problème. La myriade d'informations produit une diversité
passionnante qui ne peut plus être simplement rassemblée.
Or, dans les écoles, on en est encore à une pensée
linéaire, une idée à la fois et une idée identique
pour tous.
Michael MULQUIN (de la salle)
J'aimerais ajouter un élément qui me semble manquer depuis
le début. Nous sommes en présence d'une technologie au potentiel
énorme et formidable. En prenant en compte les différents
scénarios possibles pour le futur, il apparaît très
clairement trois niveaux d'utilisation d'Internet.
- Une petite classe professionnelle utilisera Internet pour communiquer,
collaborer et participer au processus démocratique. Internet leur
permettra de rendre leur vie plus agréable et plus riche.
- La plus grande majorité de notre société verra
dans Internet un moyen de divertissement supplémentaire et un moyen
de consommer davantage.
- Enfin, une minorité substantielle de personnes sera totalement
exclue du phénomène.
L'enjeu actuel n'est pas le potentiel de cette technologie ou sa capacité
à soutenir la démocratie. En réalité, Internet
représente un risque d'augmentation des inégalités
et d'aggravation des problèmes de notre société.
Cette conférence est une occasion formidable de réfléchir
à la façon d'éviter ces dangers et d'aider, grâce
aux potentiels de cette technologie, les citoyens à participer
réellement à la société. Par ailleurs, nous
devrions chercher à savoir comment étendre l'expérience
de Parthenay, en France et dans toute l'Europe.
Alain AMBROSI
Face aux disparités internationales, il me semble que les problèmes
qui se posent aujourd'hui à Parthenay ne se posent pas de la même
façon dans le monde. A ce sujet, je souhaiterais tout d'abord dire
que les disparités entre le Nord et le Sud et le risque qu'elles
augmentent nous obligent, en tant que réseau international, à
intervenir au niveau des politiques internationales de communication.
On essaie, par exemple, d'intervenir auprés de l'Union Internationale
des Communications qui joue toujours un rôle important dans la législation
internationale puisque toutes les législations nationales de la
communication sont calquées sur cette législation internationale.
Nous devons donc intervenir à différents niveaux.
J'aimerais ensuite souligner l'importance des lieux d'intervention. Les
problèmes sont très différents selon que l'on se
trouve à Parthenay ou à Sao Paulo. Par conséquent,
une vision globale du phénomène est fondamentale.
De la salle
J'aimerais commenter les propos que m'a tenus récemment un très
important homme politique. Il m'expliquait que face à notre société
d'information, le pouvoir politique ne dispose pas des outils nécessaires
pour faire changer les choses. Ainsi, le plan, la loi, la mission d'une
personne qualifiée, l'action concertée sont autant d'outils
inadaptés à la complexité de notre société.
Par conséquent, c'est à nous tous qu'incombe la responsabilité
de dupliquer l'expérience de Parthenay. C'est par des expériences
concrètes, sur le terrain, que l'on pourra changer notre société.
Michel HERVE
J'aurais tendance à dire que je me méfie de plus en plus
du pouvoir des hommes. En revanche, le pouvoir collectif des lieux me
paraît moins dangereux. Je pense que c'est vers cette solution que
l'on s'oriente. A l'avenir, nous aurons à créer des solidarités
à travers des lieux virtuels mais aussi réels. Je serais
alors très heureux que Parthenay compte parmi ces lieux.
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