RENCONTRES EUROPEENNES SUR LA DEMOCRATIE ET LES RESEAUX MULTIMEDIA

25-26-27 SEPTEMBRE 1997

PARTHENAY - FRANCE

A l'initiative de VECAM

Veille Européenne et Citoyenne sur les Autoroutes de l'information et le Multimédia

ACTES


Nous remercions pour leur soutien :
Commission Européenne - DG XIII
Ministère de la Culture - DDF-DGLF
Fondation L. Mayer pour le Progrès de l'homme
Région Nord Pas de Calais - Secrétariat d'Etat au Commerce Extérieur
Ville de Parthenay
INSA -
ACCT - Agence de la Francophonie


Du 25 au 27 septembre 1997, se sont déroulées à Parthenay, les rencontres européennes sur " La Démocratie et les réseaux multimédia".
Voici l'ensemble des documents que nous avons regroupés à cette occasion.
Vous en souhaitant bonne lecture,
VECAM

SOMMAIRE
  Quelle démocratie à l'ère informationnelle?
  Les ambitions de VECAM
  Le programme des rencontres
  Accueil par Michel Hervé
  Intervention d'ouverture par Edith Cresson
  Propos introductif par Véronique Kleck
  Les espaces numérisés de Parthenay
  Débat : Pratiques de pouvoir : participation et technologies de l'information et de la communication
  Synthèse des travaux en ateliers
  Propositions d'orientation des politiques publiques
  Débat : Quels espoirs pour la démocratie et la citoyenneté ?
  Conclusions par Jacques Robin
  Intervention de clôture par Robert Verrue
  Déclaration : Pour des technologies de la communications au service de la citoyenneté et de la démocratie
  Annexes

Quelle démocratie à l'ère informationnelle?

Au delà de la vogue médiatique autour d'Internet et du multimédia, nous assistons à une mutation d'importance qui voit une diffusion accélérée des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) dans la société. Le virtuel, le cyberespace, le multimédia, le numérique ne sont que les signes avant-coureurs d'une révolution profonde qui n'a pas encore révélé son vrai visage mais qui déjà traverse la société de part en part.
Il existe aujourd'hui un quiproquo sur la manière d'aborder ces technologies. Il y a une vision dominante qui se contente de plaquer, "par le haut" ces outils sur la société telle qu'elle est ; cette approche méconnaît l'ampleur des mutations sociétales qui sont en cours et continue de privilégier la piste réductrice uniquement orientée sur la croissance de l'économie de marché.
Or les nouvelles technologies de l'information et de la communication ne peuvent être assimilées à des technologies parmi d'autres. Car elles interviennent partout où les hommes manipulent et échangent des signes (textes, images, sons, données) ; autrement dit dans la quasi-totalité des activités humaines depuis le monde du travail jusqu'à celui de la vie de la cité, en passant par la formation, la culture... Elles concernent ainsi tous les hommes parce qu'en modifiant profondément leurs façons d' échanger, elles bouleversent leurs manières de vivre ensemble, de s'organiser, de produire. Nous vivons une crise fondamentale de la représentation qui touche notre intelligence du monde et de nos sociétés et modifiera peut être le sens de la présence de l'homme sur Terre.
Pour autant, les NTIC imposées par le haut, ne réussissent pas à elles seules à créer du lien social. Elles doivent s'enraciner dans un "humus culturel et social". Ce ne sont pas les techniques seules mais les citoyens qui peuvent permettre une véritable innovation des usages. Le paradoxe est que les organisations doivent d'abord elles-mêmes se transformer sur un modéle de fonctionnement participatif et en réseau, pour pouvoir pleinement utiliser les NTIC. Il n'y a donc pas de fatalité ni de déterminisme technologique mais bien la place pour un débat et pour des choix politiques sur les usages suscitant de nouvelles créativités, renforçant le lien social et favorisant des processus d'intelligence collective.
L'enjeu est politique plus que technologique. La révolution informationnelle est avant tout une mutation organisationnelle : elle provoque la remise en question de nombreux pouvoirs, elle donne plus d'importances aux initiatives locales de terrain, elle oblige à re-penser des pratiques démocratiques plus participatives et à inventer une citoyenneté plus active.
Sommes-nous prêts en Europe à une telle "révolution copernicienne" du politique?


Les membres du conseil scientifique de VECAM : Pierre Calame, Michel Hervé, Alain d'Iribarne, Véronique Kleck, Pierre Levy, Stéphane Martayan, Philippe Monnin, Philippe Quéau, Jacques Robin, Joël de Rosnay, Franck Sérusclat, Patrick Viveret.

Les ambitions de VECAM

VECAM - Veille Européenne et Citoyenne sur les Autoroutes de l'information et le Multimédia - est une association loi 1901 créée à la veille du G7 de février 1995 consacré à la "société de l'information". S'appuyant sur un large réseau international d'échange d'expériences sur les utilisations citoyennes des technologies de la communication et sur un conseil scientifique de forte notoriété, VECAM mobilise toutes ses ressources pour faciliter l'appropriation sociale de ces technologies par la compréhension des enjeux sociétaux qui y sont liés et par la maîtrise de leurs usages.
Les partenaires de VECAM considèrent les technologies de la communication comme susceptibles de devenir le levier d'une démocratie de participation, ce qui suppose la capacité à mobiliser les moyens pour faire émerger une appropriation collective de ces nouveaux outils. Le succès d'une telle évolution dépendra pour l'essentiel d'une volonté politique fortement affirmée.
Lors des Rencontres européennes de Parthenay III consacrées à la "Démocratie et aux réseaux multimédia", VECAM réunit ses partenaires et entend contribuer à l'émergence d'une véritable demande sociale et d'une parole collective européenne à même de peser sur les choix politiques qui conditionnent l'avenir de nos sociétés.
C'est dans cet esprit que VECAM est membre fondateur de l'Alliance Européenne des Réseaux Citoyens - European Alliance for Community Networking - largement représentée dans le cadre de ces rencontres.
Citoyenneté et Démocratie sont liées à l'évolution des systèmes de communication : si les citoyens ne parviennent pas à s'approprier ses technologies, le risque est grand de les voir exclusivement utilisées à des fins de simple consommation marchande.
C'est pourquoi, VECAM entend attirer l'attention des États membres de l'Union européenne et de l'opinion publique mais aussi les grandes entreprises du secteur des télécommunications sur la gravité des enjeux auxquels ils se trouvent confrontés, partageant ainsi la responsabilité des effets pervers comme des ouvertures bénéfiques qu'auront permis leurs décisions...ou leur absence de décision.

A l'issue de ces Rencontres, une déclaration politique rassemblant les propositions et orientations formulées par l'ensemble des participants sera largement rendue publique ; ce manifeste participera au débat public appelé par le Premier Ministre français dans son discours d'Hourtin et régulièrement encouragé par la Commission européenne.

Programme


Jeudi 25 septembre LE TEMPS DU VOYAGE
13h45 Séance pleinière


CITOYENNETÉ ET NOUVELLES TECHNOLOGIES
DE L'INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION


INTRODUCTION
----Michel HERVÉ, Maire de Parthenay


OUVERTURE
----Edith CRESSON, Commissaire européen

OBJECTIFS ET METHODE DE LA RENCONTRE
----Véronique KLECK, Secrétaire Générale de VECAM

15h30 LE VOYAGE DANS LA VILLE
Les participants aux rencontres sont invités à découvrir les espaces numérisés de cette ville médiévale et rurale, sites bien concrets de l'In Town Net : la Maison de la Citoyenneté Active, la Mairie, la Maison des Cultures de Pays, l'entreprise Hervé Thermique.
Tous les citoyens de Parthenay démontrent leurs usages des NTIC au service des habitants de la ville et de sa région. Venues de toute l'Europe, d'autres expériences et usages seront présentés par leurs animateurs. Des installations multimédia (vidéo, cédérom, accés In Town Net, Intranet, Internet) présenteront librement les usages européens et citoyens de ces outils. Deux écoles de Parthenay seront cablées dans le cadre de la première opération Netday en France. Le parcours sera guidé par un jeu de piste mis spécialement en place par les organisateurs du FLIP (Festival Ludique International de Parthenay).

21h00
Soirée Débat
PRATIQUES DE POUVOIR : PARTICIPATION ET TECHNOLOGIES DE L'INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION
Les transformations induites par les nouvelles technologies de l'information et de la communication interrogent la sphère politique tout autant que les champs économiques, sociaux et culturels. Les deux caractères traditionnels de l'action politique - rôle déterminant de l'Etat-nation et forme hiérarchique d'organisation - sont en effet fortement mis en cause par la logique de réseau. Celle-ci articule les différents niveaux territoriaux (du local au mondial) et s'établit sur un modéle transversal beaucoup plus que vertical. Cette situation est favorable à des approches libertaires et auto-organisatrices mais aussi à des nouvelles formes de dominations voire d'exclusions.

Comment trouver le juste équilibre entre ce risque de nouvelle dominance et le risque inverse de bureaucratie rigide ? Comment la multi - appartenance que favorisent les NTIC peut -elle être une richesse sans devenir une source de dispersion des individus et d'éclatement du lien social et civique?
Comment le changement radical induit par l'économie immatérielle centrée sur l'abondance plus que sur la rareté, sur la transaction plus que sur la production transforme-t-il les conditions de la gouvernance ?
En quoi les transformations psychologiques du rapport au temps et à la réalité sont elles porteuses de dangers ou d'opportunités pour les individus ou les groupes?

Débat animé par :
Patrick VIVERET, Rédacteur en chef de TRANSVERSALES Science/culture
Avec la participation de
Alain AMBROSI, Vidéazimut - Montréal - Québec, Michel HERVE, Maire de Parthenay - France, George NAHON, Microsoft - France, Joël DE ROSNAY, Directeur du Développement des relations internationales, Cité des Sciences et de l'Industrie - Paris - France

Vendredi 26 septembre LE TEMPS DES ECHANGES D'EXPÉRIENCES
9h00 ATELIERS 1, 2, 3, 4.


19h30 DINER


21h00 CAFE PHILOSOPHIQUE
PRATIQUES ARTISTIQUES ET NOUVELLES TECHNOLOGIES : ETAT DES LIEUX ET PERSPECTIVES
Coordinateur : Fazette BORDAGE, Coordinatrice de Trans Europe Halles - Paris - France
Animateur : Jean Christophe THÉOBALT, Délégation au Développement et aux Formations, Ministère de la Culture - Paris - France
Exposé introductif : Niels AZIOSMANOFF, Président Fondateur d'ART 3000 - Paris - France
L'Estaminet est un bar associatif dans le quartier médiéval de Parthenay. Café Philosophique pour la circonstance, le débat est consacré à la place des Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication dans la création artistique.

23h00 SAKEN'S NUIT TECHNO



ATELIER 1
Mairie
Territoires et citoyenneté locale.
Favorisant la circulation de l'information hors des circuits hiérarchiques traditionnels, les technologies de l'information et de la communication donnent un rôle grandissant aux communautés de citoyens organisées au niveau local autour de centres d'intérêts communs. Elles sont donc un formidable catalyseur de créativité et de "citoyenneté active". Ces technologies posent aussi la question du développement local et de l'aménagement du territoire. Le paradoxe est que plus se développent les échanges dé-spatialisés, plus il y a en retour de demandes fortes d'ancrage local des activités sociales, sur des territoires, lieux de vie riches en identités et en interactions. Les villes comme les régions apparaissent comme des espaces territoriaux privilégiés pour expérimenter ces nouvelles pratiques civiques.
A partir d'expériences concrétes de terrain, il s'agira dans cet atelier de mesurer les potentialités des NTIC au service de la citoyenneté locale et en terme de développement local : dans quelle mesure et comment ces technologies peuvent elles contribuer au renouveau de la citoyenneté et des pratiques de pouvoirs ? quels sont les rôles nouveaux que peuvent jouer les acteurs publics ? et les réseaux civiques ? quels sont les nouveaux rapports politiques qui s'ébauchent ainsi entre institutions et société civile ? En quoi les NTIC peuvent jouer un rôle clef en matière de développement local et d'aménagement du territoire ?
Coordinateur
Denis PANSU, Résolutions - Paris - France
Animateur
Leda GUIDI, responsable du réseau citoyen IPERBOLE - Bologne - Italie
Exposé introductif
Emmanuel EVENO, Centre interdisciplinaire d'Études Urbaines, maître de conférence - Toulouse - France
Parmi les participants
Tiné Jean AKAKPO ISSOLA, Centre SYFED - Lomé - Togo
Brigitte BOIRRET, Réseaux d'échange de savoirs - Parthenay - France
Jean Claude BOURNEZ, Cybercentres - Ville de Strasbourg - France
Steven CLIFT, Démocraties on line - Minneapolis - USA
Geoff COX, Work of Art, University of Plymouth - Exeter - UK
Guy HASCÖET, IRISI, Conseil Régional du Nord Pas de Calais - France
Emmanuel MARCOVITCH, le Métafort -France
Antoine MOREAU, Réseau À Pantin - France
Paul SLACHMUYLDER, Association européenne d'information sur le développement rural - Bruxelles - Belgique

ATELIER 2
Maison de la citoyenneté active
Acquisition de savoirs
L' intégration des nouvelles technologies de l'information au sein du système éducatif, outre l'amélioration substantielle des conditions d'enseignement qu'elle autorise, offre de nouvelles perspectives au questionnement pédagogique : autonomisation et responsabilisation des apprenants, refonte des modes organisationnels et hiérarchiques vers plus de transversalité, impacts et environnements virtuels sur le processus de construction du sens.
Aborder la question des technologies dans le milieu scolaire, suppose non seulement de s'interroger sur les moyens humains et logistiques d'accompagnement nécessaires, mais implique une réflexion sur le renouveau de la mission même des systèmes nationaux d'éducation, seule susceptible de fonder les bases d'une politique de développement des technologies de l'information et de la communication cohérente. Si l'école apparaît comme le premier lieu d'apprentissage en matière de citoyenneté active, les exigences de cette dernière, que ce soit au niveau de la ville, de l'Europe ou du monde impliquent d'étendre les réflexions précédentes aux modalités de l'apprentissage tout au long de la vie.
Coordinateur
Thierry TABOY, VECAM - Paris - France
Animateur
Pierre VALOIS, centre de formation populaire - Montréal - Québec
Exposé introductif
Franck SÉRUSCLAT, sénateur - Paris - France

Parmi les participants
Michel ARNAUD, Centre National d'Education à Distance - Poitiers - France
Pierre BONGIOVANNI, Tohu-Bahut, CICV - Hérimoncourt - France
Jacques JANSEN, CESO - Valkenburg - Pays Bas
Lazare KI-ZERBO, Centre d'Etude pour le Développement Africain - Ouagadougou - Burkina Faso
Gilles LEMIRE, Université Laval - Québec
Santiago LORENTE, ETSI - Madrid - Espagne Henri VAN de KRAATS, association Parthenet - Parthenay - France
Maurice YERLES, Boutique Média - Rennes - France


ATELIER 3
Entreprise Hervé Thermique
Nouveaux modes de travail
La mondialisation de l'économie et le nouvel environnement concurrentiel obligent les entreprises à améliorer sans cesse leur capacité à traiter rapidement des volumes toujours plus grands d'information : logiciels de travail en groupe (groupware), solutions réseau (Inter/Intranets), systèmes d'automatisation des procédures (workflows), plates-formes d'échange (commerce électronique)... autant de nouveaux outils qui favorisent une meilleure fluidité de l'information et des services immatériels. Une telle situation n'est pas sans changer profondément la relation au travail. L'entreprise flexible demande une grande autonomisation/responsabilisation des acteurs; l'interactivité homme-machine et la capacité à travailler dans un univers abstrait deviennent déterminantes.
Deux grandes questions se posent dés lors :
- celle de l'acceptation d'une nouvelle organisation du travail. Favoriser la responsabilisation impose un "aplatissement" des hiérarchies. De plus, nombre de personnes ne sont pas préparées à l'évolution en cours, et il convient de s'interroger sur les modalités d'accompagnement nécessaires.
- celle du volume d'emploi ensuite. Dans une économie "monde" à dominante immatérielle, la délocalisation d' une partie des activités dans des pays à faible coûts de main d'oeuvre se répand. Le commerce électronique supprimant les intermédiaires, les processus d'automatisation font craindre une dégradation du volume d'emploi. Mais de nouveaux métiers émergent.
Le processus destruction/création d'emploi est donc à analyser en profondeur.

Coordinateur
Guy AZNAR, sociologue, Président de l'Association Européenne pour une Citoyenneté et une Économie Plurielles - Paris - France
Animateur
Valérie PEUGEOT, secrétaire générale Europe 99 - Paris - France

Exposé introductif
Alain d'IRIBARNE, LEST - CNRS - Aix en Provence - France

Parmi les participants

Jean Paul BAQUIAST, coordinateur IFI - Paris - France
Alain BRON, informaticien, écrivain - Paris - France
Dominique BROCARD, Admiroutes - Paris - France
Michel DECLUNDER, BBS Grand Place - Lille - France
Marie Claude HAMON, EDF - GDF, Institut du management - Paris - FranceIrmeli LUUKKO, Paraddis project - Tampere - FinlandeBruno OUDET, Internet Society, Chapitre Français - Paris - France
Francis SENCEBER, Directeur de FSC - Parthenay - France

ATELIER 4
Maison des cultures de pays
Monde et réseaux de citoyenneté

Si pour l'Européen, démocratie et citoyenneté sont deux termes proches, pour les autres peuples, les rapports au(x) pouvoir(s) s'inscrivent dans des logiques complexes oùles deux termes sont susceptibles de revêtir plusieurs sens. Pour avoir trop rapidement assimilé la démocratie aux seules institutions politiques représentatives de type occidental, on manque aujourd'hui de clés permettant de comprendre ce qui se joue dans de nombreux pays du monde. En outre, on identifie souvent mal ou trop tard les risques de régressions possibles qui pointent à l'horizon car les enjeux de la démocratie relèvent autant sinon plus des esprits et de la culture que des institutions.
Dans un premier temps, en discutant des conditions de l'ouverture sur le monde des individus - citoyens, on cherchera à préciser comment la pratique démocratique européenne peut déboucher sur une prise de responsabilité plus éclairée de l'Europe envers les autres peuples, notamment ceux du Sud et de l'Est.
Dans un second temps, on examinera le potentiel offert par les technologies de l'information pour décloisonner les peuples et affranchir les individus de visions par trop limitées et réductrices des dynamique sociales et politiques de leur propre pays ainsi que celles des autres nations.

Coordinateur
Louise LASSONDE, Fondation du devenir - Genève - Suisse

Animateur
Gérald BERTHOUD, anthropologue, Université de Lausanne - Suisse

Exposé introductif
Papa Ndiaye DIOUF, Institut Universitaire d'Études du Développement - Genéve - Suisse

Parmi les participants

Pierre BARGE, AEIDL, Observatoire Européen Leader - Bruxelles - Belgique
Sergio CAREDDA, AEGEE, European Student association - Bruxelles - Belgique
Georges CHARRIERE, Réseau Grands Lacs Africains - Genéve - Suisse
Yves COCHET, Député Vert - France
Kari PAAKKUNAINEN, University of Helsinki - Finlande
Diana SENGHOR, Institut Panos - Paris - France
Frédéric WALL'ICH, Toonet, Art et Mutations Technologiques - Paris - France



Samedi 27 septembre LE TEMPS DE LA PROPOSITION


9H00 Séance pleinière
QUELS ESPOIRS POUR LA DÉMOCRATIE ET LA CITOYENNETÉ ?
PROPOSITION DES ATELIERS EXPOSÉ par les rapporteurs des mesures à mettre en oeuvre pour promouvoir les opportunités sociales des technologies de la communication et limiter leurs risques.
SYNTHESE par Michel AUTHIER, Président de TRIVIUM - Paris - France
L'ALLIANCE EUROPÉENNE POUR LES RÉSEAUX CITOYENS - EACN
Michael MULQUIN, Communites on line - Brighton - Royaume Uni

10h00 Débat
Animé par Philippe MONNIN, Président de VECAM
avec la participation de :
François BELORGEY, représentant du Secrétaire d'Etat au Commerce Extérieur, France Guy HASCÖUET, Député vert, vice Président de la Région Nord Pas de Calais, France Pierre OUDART, Chargé de mission aux NTIC à la DGLF, Ministère de la Culture, France Franck SÉRUSCLAT, Sénateur, France

11H00
CONCLUSIONS par Jacques ROBIN, Directeur de la lettre TRANSVERSALES Science/Culture

11h30
CLÔTURE : Robert VERRUE, Directeur Général, Commission Européenne, DG XIII

Accueil par le maire de Parthenay


Michel Hervé


Je suis très heureux d'accueillir ici Madame le Commissaire européen en charge de l'éducation et de la recherche. Pour elle et pour les Parthenaisiens ce n'est jamais qu'une visite de plus parmi toutes celles qu'elle nous a fait l'honneur d'accepter.
Dés les premiers jours du nouveau gouvernement de gauche en juin 1981 à aujourd'hui, que de rencontres où nous avons pu mesurer son courage face aux agriculteurs, son énergie pour défendre les industriels, sa volonté de Premier ministre pour casser les conservatismes qui furent malheureusement pour une fois plus forts qu'elle et aujourd'hui sa conviction pour l'Europe communautaire comme seul chemin pour redonner espoir, apaisement, et imagination à nos compatriotes. Edith c'est aussi une amie bien avant 1981 qui m'a apporté un soutien de tous les instants et qui pour moi est une femme exemplaire qui fait l'honneur des femmes et qui devrait nous les hommes nous rendre plus modestes.
Je voudrais aussi accueillir tregrave;s chaleureusement toutes celles et tous ceux qui ont fait un voyage long, difficile, et onéreux pour venir au plus profond de la France rurale dans cette petite ville ou ce gros bourg à l'histoire médiévale selon le prisme de référence, réputé pour sa viande parthenaise et qui défraye la chronique avec ses expérimentations numérisées.
Je voudrais enfin dire la joie que j'ai à retrouver à l'occasion de ces Rencontres tous ceux et toutes celles qui partagent avec moi la conviction que les chemins de la démocratie sont encore et toujours à explorer afin d'éviter pour l'avenir les errements du plus meurtrier siécle de l'histoire de l'humanité que fut le nôtre. Et si nous pensons à Hitler ou à Staline, nous savons bien que l'histoire ne se résume pas à un simplisme réducteur qui condamne quelques individus pour oublier le rôle de tous les autres. La lutte pour la démocratie n'est pas prête de s'achever.
C'est l'honneur des Rencontres de Parthenay I que d'avoir recherché dans les cadres institutionnels, l'entreprise, la ville, l'Europe, les fondements et les errements de la démocratie, c'est encore l'honneur de Parthenay II d'avoir mesuré l'importance du savoir, des savoirs pour affermir la citoyenneté consciente et vigilante face aux monopoles d'expertise et aux représentants élus.
Ce sera, enfin, j'espère la réussite de ces troisièmes rencontres que de rechercher en quoi les nouveaux outils de multimédia bouleversent notre représentation du monde, en quoi paradoxalement dans cet univers technologique à venir l'homme sera plus que jamais au coeur de la société, en quoi enfin les sciences humaines, les arts et la philosophie, atrophiés par un siècle de sciences dures seront plus que jamais prioritaires pour accompagner l'émergence des nouvelles technologies de... l'information et de la communication sous peine d'implosion sociale au coeur de nos sociétés. Pour ma part, je crois que les organisateurs autour de l'association VECAM et de la Maison Grenelle ont créé les conditions nécessaires à une réussite exceptionnelle et ceci pour trois raisons. En premier lieu, par la diversité des participants. Vous êtes venus d'Afrique, d'Amérique du Nord, des quatre coins de l'Europe. Vous êtes pour la plupart des acteurs de terrain, animateurs associatifs, universitaires, responsables de collectivité locale, agents de développements, dirigeants de grands groupes industriels et de PME de haute technologie, artistes, fonctionnaires, agriculteurs, journalistes, chercheurs, commerçants, étudiants etc. Cette grande diversité d'expérience et de parcours rassemblés pendant trois jours est une extraordinaire richesse, une fantastique opportunité pour de véritables rencontres et pour des découvertes réciproques et des échanges d'expériences. Nous savons bien que c'est grâce a ces enrichissements mutuels que naissent des hybridations, des idées, des projets nouveaux. Nous aurions pu le faire sur l'Intemet, dans cet univers despatialisé dont chacun ici se préoccupe. Mais ce n'est pas le moindre paradoxe des nouvelles technologies de l'information et de la communication que d'augmenter la capacité des échanges virtuels et tout à la fois de rendre plus nécessaire encore la rencontre réelle comme si ces technologies n'étaient que des amorces de besoins plus profonds.
En deuxième lieu, par la prise en compte du temps, ce fameux temps réel si cher aux informaticiens qui efface l'idée même du temps. Ici, on a redonné du temps au temps en le décomposant : le temps du voyage pour stimuler notre curiosité, le temps de l'échange pour affirmer nos convictions et le temps de la proposition pour consolider notre volonté d'agir. Et tout ceci dans un colloque hors du temps ou plutôt entre parenthéses. Le temps justement de mettre en perspective nos actions, de leur redonner du sens. Nous voyons bien l'autre paradoxe de ces technologies qui accélèrent et compriment le temps et qui nous imposent la poésie, la méditation pour ne pas perdre l'équilibre.
En troisième lieu, le lieu de Parthenay. Non pas par ce que Parthenay est un lieu magique, vous n'y rencontrerez pas la fée Melusine comme le prétendent les conteurs de la Maison des Cultures de Pays. Pas non plus parce que comme dans bien d'autres villes nous sommes attentifs à ces nouvelles technologies du multimédia. Mais parce qu'ici le numérique n'est qu'un outil parmi tous les autres déjà inventés par l'homme et parce qu'ici nous sommes attentifs aux usages par les citoyens de ces technologies et plus encore parce qu'ici nous nous intéressons aux effets de ces usagers sur la société, sur son organisation, son éducation, sa politique, sa culture. Vingt ans de travail sur le développement local nous ont conduit tout naturellement à utiliser l'information de proximité comme matériau de la création individuelle et la communication interactive comme support à la création collective - c'est tout.
Notre démarche n'a rien de médiatique, c'est juste le prolongement avec de nouveaux outils d'une conception de l'homme pour lui-même, pour les autres, pour son environnement. La recette est simple : prenez comme chef cuisinier un Maire autodidacte surtout pas un énarque pour ne pas perdre le sens des réalités. Mettez des pensées de Guattari (pour l'écosophie), Habermas (pour la passion), Jonas (pour la responsabilité). Liez-le tout avec Edgar Morin (pour la pensée complexe).... Ah j'oubliais : il vous faut un faitout : à Parthenay nous avons pris les meilleurs sur le marché Microsoft, Siemens, France Télécom. Quant au feu nécessaire pour faire bouillir la marmite, répondez aux appels d'offres de la Commission européenne : elle vous donnera le funding.

Pour conclure, sachez tout de même que la tregrave;s grande joie qui éclaire mon visage en cet instant n'est pas due à l'ouverture de ce colloque bien que je m'en réjouisse, ce n'est pas dûau fait qu'il y a un an jour pour jour les premiers Américains venaient visiter officiellement notre ville numérisée, suivis quelques mois plus tard par des responsables japonais que nous retrouverons à nouveau le 30 octobre prochain. Non, c'est dûau fait tout simplement que je fête aujourd'hui, 25 septembre, le premier anniversaire de ma petite Jade, une jolie blonde dont je suis amoureux fou et qui me donne encore la force d'agir pour espérer cette éternelle chimère : un monde meilleur, avec ou sans multimédia.


Intervention d'ouverture.

Edith CRESSON. Commissaire Européen




Etre citoyen, c'est-à-dire vivre dans la cité sur un pied d'égalité réelle avec les autres, va bien au-delà du simple respect des régles formelles qui régissent notre vie collective. La véritable citoyenneté ne peut être pour chaque individu que le fruit d'un long apprentissage. Si cet apprentissage dépend de sources et d'influences multiples, l'une d'entre elles est essentielle : je veux parler ici, vous vous en doutez bien, du rôle essentiel que joue l'école en ce domaine. Or, avec l'avènement du multimédia 3 nous commençons à vivre une mutation en profondeur de tout ce qui concerne l'éducation et la formation. De toutes les technologies nouvelles que nos sociétés ont du intégrer au cours de ce siécle, aucune n'aura eu sans doute un impact aussi fort sur les différents aspects de notre vie.
Au cours de ces derniers siécles, chaque nouvel outil de communication a modifié en profondeur le fonctionnement notre société. Ils ont élargi notre champ d'action et nous offert des perspectives de développement qu'on imaginait pas avant eux. Mais à chaque fois, il a fallu se battre pour que ceux-ci soient au service de l'individu, de sa libération et de son épanouissement. En ce domaine l'histoire s'est constamment répétée : que ce soit avec l'imprimerie, mais aussi avec la radio et encore, d'une certaine manière aujourd'hui, avec la télévision.

Le multimédia est un outil d'une ampleur exceptionnelle. Il provoque même chez certains un engouement qui leur fait perdre tout sens critique. Pourtant, nous le savons tous, cette sorte de technologie n'est pas neutre. Ses qualités mêmes sont a double tranchant : sa convivialité, sa mobilité, la simplicité de son usage, son coût relativement accessible pour la plupart des individus: tout ceci est bien sûr particulièrement attrayant, mais peut également ouvrir la voie à de dangereux dérapages. Je ne voudrais pas m'étendre trop longtemps sur les usages pervers qu'on a déjà pu enregistrer : trafic de toutes sortes, propagande insidieuse de milieux révisionnistes ou réseaux d'information pour pédophiles ...Sur ce dernier point, j'ai d'ailleurs été amené à intervenir l'an dernier à la Commission qui s'est saisie de ce problème. C'est pourquoi, au-delà de l'appropriation purement technique de cet outil performant, nous devons veiller a ce qu'il prenne sa juste place, sans débordements, dans notre société. Nous ne pouvons pas bien sûr nous priver des bénéfices considérables qu'il nous offre. Mais nous devons le maîtriser : il ne sera que ce que notre société voudra en faire. Ce contrôle social est indispensable. Pour toutes ces raisons, il est bon que 1 école s'en saisisse et que les responsables de la démocratie locale s'y investisse avec le plus grand nombre de citoyens.

En entrant à l'école, en faisant irruption dans le champ de la pédagogie, on voit bien que cet outil touche à quelque chose d'essentiel qui est à la base même de notre contrat social. Au-delà de ce qui ne peut être considéré comme une aventure technologique de plus, comme notre siécle en a déjà tant connu, il nous appartient de tout mettre en oeuvre pour que se maintienne le lien si fort en notre pays entre l'éducation et la démocratie. Il nous faut donc découvrir les nouveaux moyens qui nous permettront de continuer à faire entrer dans les faits cette nécessite" comme le réclamait Condorcet "d'établir entre les citoyens une égalité de fait, et rendre réelle 1'égalité politique reconnue par la loi." Et il continuait, je le cite. "Tel doit être le premier but d'une instruction nationale. "
Se pose donc à nous, aujourd'hui cette question importante pour l'évolution de notre démocratie : le multimédia triomphant sera-t-il une chance supplémentaire pour l'exercice de la citoyenneté ou, au contraire, risque-t-il d'aggraver les exclusions que nous constatons trop souvent aujourd'hui?

1 - Entrer dans la société de l'information : à la fois une nécessité et une chance La période que nous vivons est marquée par le double phénomène d'une explosion de l'information et de la multiplication des émetteurs. Ceci obligera désormais chacun d'entre nous à être capable d'en maîtriser le flux, et ceci tant pour sa vie privée que dans sa vie professionnelle. Sur le plan économique la véritable richesse résidera désormais davantage dans la maîtrise de l'information que dans l'appropriation des biens matériels.
L'école a donc à jouer un rôle primordial dans le nouveau paysage qui se dessine devant nous. C'est elle qui devra en effet fournir à l'élève - donc au citoyen de demain - les compétences, les savoirs et les références qui lui permettront de rechercher les informations dont il a besoin, de les sélectionner, de les exploiter et d'en vérifier les sources. C'est-à-dire de participer pleinement à la vie de sa communauté, sur le plan économique, culturel ou politique. D'une façon plus large, l'avènement de la société de l'information est au coeur des problèmes aujourd'hui posés aux Européens :
- elle a en effet commencé dans de nombreux secteurs d'activité, à modifier la nature et organisation du travail.
- elle aura une incidence de plus en plus marquée sur les contenus et les conditions d'accés au savoir.
- elle nous commande de réfléchir à l'évolution sociale et économique de nos sociétés, si nous voulons maintenir à la fois notre place dans la compétition mondiale et conforter notre modéle culturel, afin de bien répondre aux attentes et aux besoins de nos concitoyens.

Cette évolution profonde nous offre une chance qu'il nous faut saisir pour adapter et rénover notre conception et nos systèmes d'éducation et de formation:
- en les organisant désormais comme un processus permanent d'intégration et d'adaptation;
- en se saisissant des nouveaux outils que nos apportent l'évolution des technologies;
- en renouant les méthodes pédagogiques pour un usage optimal de ces outils

2 - Le multimédia en Europe : quelle est la situation?
Or, en tous ces domaines, les Européens, et les Français en particulier, ont beaucoup à faire pour se mettre au bon niveau. Ainsi, on évalue qu 'en France le taux d'équipement atteint un micro-ordinateur pour trente élèves, quand aux Etats-Unis il est déjà d'un micro-ordinateur pour huit élèves.
Le même retard se constate quand on examine l'accés à Intemet des écoles européennes ou la mise en réseau des équipements disponibles. Moins de 10% des écoles européennes disposaient d'un accés à Internet en 1995 contre 50% des écoles publiques aux Etats-Unis et même 65% pour les écoles secondaires.
Concernant la mise en réseau des équipements, elle ne concerne que 5% des écoles françaises ou allemandes. Seuls les pays scandinaves parviennent à un niveau vraiment opérationnel avec plus des trois-quarts d'écoles connectées.
Au-delà du problème que nous pose ce retard en matière d'équipements, il convient également de S'interroger sur la valeur pédagogique de ces technologies. Les expériences d'enseignement s'appuyant sur ces outils sont encore trop récentes ou trop limitées pour qu'on puisse en mesurer tout l'impact. Il existe cependant quelques évaluations auxquelles nous pouvons nous référer avec confiance. Celles réalisées par l'Office of technological assessment, aux Etats-Unis, par le National council for education technology, en Grande-Bretagne ou par différents industriels assistés par de pédagogues (IBM, Apple). Toutes font apparaître une amélioration tregrave;s sensible des performances tant des élèves que des enseignants. Celle-ci se traduit entre autre par une augmentation de la capacité d'assimilation et un moindre échec scolaire. Elles nous montrent également que le potentiel pédagogique fourni par ces technologies repose en fait sur une participation accrue de l'élève à l'acte pédagogique. Le multimédia est donc un moyen complémentaire et performant d'acquisition des connaissances.
Le caractère convivial de ces technologies stimule la créativité, les capacités de communication et d'adaptation, en particulier pour les individus en difficulté d'insertion.
Mais tous ces éléments positifs ne doivent pas nous faire oublier que l'outil ne fait pas de miracles à lui seul. Pour en tirer le meilleur parti, il réclame en particulier une formation spécifique des enseignants. Leur fonction qui jusqu'à présent était principalement de dispenser des connaissances doit en effet évoluer vers un rôle d'accompagnement d'élèves rendus plus autonomes dans leur apprentissage.

3 - L'action de la Commission
Ce constat général a conduit la Commission à adopter à la fin de l'an dernier un plan d'action "pour mieux apprendre dans la société de l'information". Il repose sur quatre grandes lignes d'action :
- l'organisation en Europe d'un réseau d'écoles par l'interconnexion des réseaux existants;
- la stimulation d'une production de contenus multimédias européens d'une haute qualité pédagogique;
- la formation des enseignants, pour les rendent aptes à l'intégration de ces nouveaux instruments dans leur pratique;
- l'information des différents acteurs sur les opportunités pédagogiques offerts par ces outils. Ces quatre objectifs sont en bonne voie de réalisation. -
- Ainsi, le "réseau européen des écoles" sur Internet sera inauguré avant la fin de cette année. Il s'appuiera sur un ensemble de services d'information et d'assistance pédagogique destinés aux enseignants, aux élèves et aux parents.
- De même tous les gouvernements de l'Union sont aujourd'hui résolus à former de manière systématique et continue les enseignants à l'utilisation des nouvelles technologies comme support de leur enseignement..

C'est dans cet esprit qu'ont été conçus les premiers NetDays européens. Il se dérouleront, comme vous le savez, a travers les quinze Etats membres, du 18 au 25 octobre 1997. Ces journées exceptionnelles s'annoncent déjà comme le franchissement d'un seuil décisif dans l'utilisation d'Intemet par les écoles. Elles s'appuient en effet sur une mobilisation remarquable tant des autorités publiques que des industriels sur l'ensemble du territoire de l'Union.
Tout nous permet d'attendre de cette vaste opération, qui se répétera dans les années à venir, une appropriation plus large et mieux intégrée d'Internet aux pratiques pédagogiques, sans oublier le vaste champ d'expérimentation ainsi ouvert par les nouvelles connexions entre écoles.
Pour en illustrer toute la dimension, je voudrais seulement souligner que plus de 300 projets multimédias ont été préparés par les écoles et les collectivités locales avec le soutien des entreprises des technologies de l'information et de la communication. Le domaine couvert par ces projets est tregrave;s étendu. Ils portent en effet à la fois :
- sur des thèmes proprement scolaires (histoire, géographie, mathématique),
- mais aussi culturels (découverte musicale, initiation à l'archéologie, cinéma, musée),
- certains d'entre eux traitent de l'actualité (lutte contre le racisme, droits de l'homme, environnement...).

Ces projets donneront lieu à des échanges entre plus de 10000 écoles en Europe disposant d'un accés à Intemet. En outre, la plupart d'entre eux proposent des journées "portes ouvertes" et des conférences avec la participation de personnalités politiques et industrielles locales, régionales, nationales ou européennes. Faire entrer nos écoles dans la société de l'information exige effectivement un effort de tous. Les Partenariats entre les secteurs public et privé sont donc de toute évidence la clé du succés d'une telle initiative. C'est dans cet esprit que quinze entreprises du secteur multimédia se sont organisées dans un "Partenariat Européen pour l'Education" (European Education Partnership) pour mobiliser leurs ressources en faveur de nos écoles, avec le soutien des autorités publiques à tous les niveaux.

Ce "Partenariat Européen pour l'Education" est une contribution décisive du secteur privé que la Commission européenne souhaite encourager au sein d'une "fondation privée pour le multimedia éducatif". Cette fondation aura pour vocation de rassembler les principaux acteurs en Europe du multimédia, de l'audiovisuel, des télécommunications et de l'enseignement afin de promouvoir l'usage des nouvelles technologies à l'école et dans tous les lieux où l'on apprend. Sa mission, qui a reçu le soutien des 15 ministres de l'éducation de l'Union, sera de concilier les intérêts des industriels, des organisations et des autorités publiques au sein d'une structure légère dont les contours seront dessinés par les acteurs qui s'y impliqueront.
- Elle agira en tant que centre de réflexion sur 1 évolution des technologies et des pratiques éducatives.
- Elle jouera le rôle de pôle de référence et d'échange entre les acteurs pour la diffusion des "bonnes pratiques" de partenariat privé-public.
- Elle devra favoriser la création de nouveaux partenariats dans les Etats membres et les régions, et de mettre en relation les associations déjà constituées au niveau local ou national.
- J'ajouterais enfin que cette fondation sera également amenée à jouer un rôle actif dans le parrainage de projets pédagogiques basés sur l'usage des réseaux d'information et de communication.
Je ne puis donc que me féliciter de constater que Parthenay participe au premier rang a ce vaste mouvement d'ensemble. En connectant aujourd'hui deux écoles primaires (l'une privé, l'autre publique), votre ville se place au coeur de la démarche qui commande notre entrée dans le XXIème siécle.
Je voudrai profiter de la circonstance qui m'est offerte aujourd'hui pour insister sur le fait que si les Etats membres et la Communauté européenne ont un rôle déterminant à jouer et des responsabilités importantes en ce domaine, les échelons régionaux et locaux sont décisifs pour la réussite de la mutation en cours. Du fait de leur proximité des besoins tels qu'ils sont exprimés concrétement, ils sont en effet des acteurs privilégiés et indispensables.
Je sais que cela ne représente pour vous que la première étape d'une action pédagogique de fond, menée depuis plus d'un an et demi pour favoriser une appropriation concréte des nouveaux outils d'information par les citoyens eux-mêmes. Ouverte sur la cité, l'école parait devoir être un lieu stratégique dans cette démarche sociale des nouvelles technologies.

Conclusion

Je souhaiterai d'ailleurs témoigner à quel point cette orientation est désormais partagée par l'ensemble des européens. En effet, tout au long du vaste débat qui a caractérisé l'année européenne pour l'éducation et la formation tout au long de la vie, en 1996, il était intéressant de constater combien les acteurs concernés ont exprimé leurs préoccupations quant à l'accés pour tous des outils de la société de la connaissance. Tous ont manifesté avec force l'importance qu'ils attachaient au phénomène de l'exclusion. En nous appuyant sur cette prise de conscience, il est clair que désormais nous pouvons aller plus avant.
Il faut que tous les jeunes européens, sans discriminations, puissent entrer de plain-pied dans la révolution du multimédia. Dans le bouleversement en cours, tout "décrochage" d'une partie de la jeunesse aurait des conséquences dramatiques pour l'avenir de notre société. Ces nouveaux outils qui nous sont aujourd'hui proposés par la technologie doivent nous permettre d'offrir à chacun sa chance, non seulement pour l'accés à l'emploi mais aussi comme citoyen à part entière. C'est donc avec le plus grand intérêt que je prendrai connaissance de vos travaux et de la réflexion.