La fracture numérique : changer de prisme

Piste de proposition

La fracture numérique doit :
-  dépasser la question de la connectivité sans la négliger ;
- être réintégrée dans une vision mondiale, et pas seulement sous l’angle " pays du sud ", car elle reproduit les anciens schémas de l’assistanat aux pays du sud ;
- poser l’enjeu des usages : modèles de consommation mondialisée versus modèle ouvert intégrant la co-production dans les contenus et par les outils
-  être considérée comme une question, pas seulement marchande, mais de bien commun, à ce titre faire l’objet d’un traitement politique par tous les acteurs concernés , parmi lesquels les États jouent un rôle central. Le partenariat entre États, entreprises et secteur non marchand, aussi positif soit-il, ne doit pas servir d’excuse à un désengagement public ;
-  s’appuyer sur les initiatives et piste de propositions des réseaux de l’Internet citoyen acteurs des sociétés de l’information, à l’instar du " partenariat mondial des réseaux de l’Internet citoyen ".

Contexte

Aujourd’hui les instances se sont multipliées - Dot force du G8, Task force de l’ONU, Sommet mondial de la société de l’information de l’IUT, PNUD etc. - qui toutes se penchent sur les enjeux de fracture numérique. Cette approche pose plusieurs problèmes :
-  la dispersion des efforts entre le différentes instances ;
-  la concentration de la réflexion sur la connectivité, aux dépens des questions de contenus, de formation et de pratiques coopératives et de participation ;
-  la prégnance de l’approche marchande pour résoudre cette question ;
- la reproduction d’une vision Nord-Sud traditionnelle ; en effet, la fracture numérique est une question commune au Nord et au Sud, dès qu’on ne la ramène pas simplement à son volet connectivité bien que celui-ci soit évidemment essentiel. On constate que lorsqu’il s’agit de construire de nouveaux usages, les pays du Sud sont aussi créatifs que les pays du Nord, dès lors qu’on ne parle pas que d’équipement. C’est là une rupture majeure - fini le Nord qui aide le Sud, le Sud peut aussi aider le Nord, où s’aider lui-même - qu’il ne faut pas laisser passer.

Aussi, la fracture numérique doit être considérée dans son sens le plus large comme la différence qui existe entre usagers dans la double capacité d’accéder et de contribuer à la production de connaissances et de sens véhiculées sur Internet. Accéder à la connaissance signifie bénéficier pleinement des informations qui circulent sur Internet et d’en faire un usage approprié à sa culture, ses capacités, ses besoins, ses intérêts et ses aspirations. Contribuer à la connaissance signifie participer pleinement au partage d’information par le dialogue, la production et diffusion de sa propre information, être en mesure de participer plènement au débat public

Pour combler cette fracture, les politiques et les programmes doivent considérer l’accès proprement technique (infrastructures, points d’accès individuels et collectifs, matériel, logiciel, habiletés techniques de base de l’usager) comme nécessaire mais non suffisant. Elles doivent prendre en compte les nombreuses barrières d’ordre économique, social, éducationnel, linguistique, physique, culturel, religieux, générationnel, de genre, qui empêchent l’usager d’accéder et de contribuer au contenu véhiculé et à son usage approprié. Les programmes d’accès doivent combiner la connectivité technique, la formation à la technique de base, l’éducation et la formation continue ainsi que la création d’une diversité de contenus pertinents et enrichissants, adaptés aux intérêts et besoins d’audiences et publics variés. Les politiques d’accès doivent éviter de ne viser que le seul accès individuel et privilégier l’accès collectif à travers des lieux publics ; elles doivent par ailleurs éviter d’encourager une approche de consommation passive d’information commerciale ou publique. Elles doivent au contraire valoriser et favoriser la participation et la créativité tant individuelle que collective, pour faire usage de la manière la plus active qui soit du potentiel d’interactivité offert par les TIC dans les champs du social, de l’économique, du culturel et de la vie démocratique.

Une grande diversité de points d’accès publics, une incitation à la formation de réseaux sur les territoires locaux ou thématiques, des formations adaptées, une variété de contenus sont des critères de base d’une telle approche.

Les programmes d’accès doivent être envisagés sur le long terme et être révisés régulièrement en fonction de l’évolution de la technologie et de l’observation des usages en tenant compte de la pertinence sociale autant qu’économique, des besoins, de la formation appropriée et des coûts nécessaires à leur pérennité dans les différents contextes socio-économiques, géographique (urbain/rural), générationnel et culturel.

Posté le 3 octobre 2002

©© Vecam, article sous licence creative common

5 commentaire(s)
> La fracture numérique : changer de prisme - 10 décembre 2003, par Webmaster - aLaide.com - Dictionnaire - fracture numérique

Suite à l’importance qu’a pris la notion de la fracture numérique, nous avons rajouté ce terme au dictionnaire du site alaide.com, site dédié à l’information et à la formation informatique. Je serais reconnaissant des personnes qui donneraient des commentaires sur notre définition.

> La fracture numérique : changer de prisme - 1er novembre 2002, par gentelman

Oui, à condition d’avoir les moyens suffisant d’accéder à ce mode ce communication.

La démocratisation doit s’effectuer coûte que coûte, c’est une fenêtre ouverte sur le monde.

Il faut que toutes les écoles de France soient équipés d’ordinateur via une connection internet.

Il faut dévelloper les réseaux, rendre l’accés aux haut débit compétitif, c’est le seul moyen de permettre à la couche rurale de posséder à leur tour d’internet.

L’état doit jouer son rôle, France télécom aussi au travers de son portail interactif tel que Wannadoo.

> La fracture numérique : changer de prisme - 21 octobre 2002, par Jean-Louis Fullsack

On joue un peu sur les mots et on reste flou au mieux sur la problématique de l’accès physique au réseau de (télé)communication. Il faut donc plus clairement annoncer votre position : l’accès doit-il ou non être l’élément de base -c’est à dire sine qua non- sur lequel on conçoit puis réalise les contenus selon vos idées ? Elles me semblent pour la plupart pertinentes.

En d’autres termes acceptez-vous une approche commune en deux volets particuliers -accès et contenus-, chacun ayant sa propre problématique mais qui ne peuvent être disjoints dans la mise en oeuvre de "réseaux citoyens" ?

Par ailleurs, votre analyse du "contexte" est à la limite du procès d’intention en affirmant qu’un des problèmes est "la concentration de la réflexion sur la connectivité AU DEPENS des questions de contenus ..." La position de CSDPTT que je représente dans le processus SMSI n’est pas exclusive "des questions de contenus" ; cela n’a pas empêché le Collectif et la Plénière des ONG de passer à la trappe mes propositions en matière de thèmes dans leurs documents "officiels".

La focalisation exclusive sur l’Internet -instrumentalisé comme seul vecteur de la communication- est à la fois partiale et partielle. Dois-je vous rappeler que les médias audiovisuels sont aussi "citoyens" par rapport aux applications que l’Internet, et leur réception est infiniment plus souple, économique et spatialement distribuée ! De même, savez-vous vraiment ce que l’on peut faire avec un simple accès au réseau commuté ? A vous lire on a des doutes, et on est consterné de votre approche réductrice.

Cette approche réductrice vous empêche en outre de prendre en compte d’autres problématiques dans le champ immédiat et conditionnant les applications qui retiennent l’essentiel de vos réflexions et propositions. Je ne prends qu’un exemple : l’énergie ! A vous lire il n’y a aucun problème pour connecter le terminal Internet ; il suffit de le brancher ... On peut rêver, mais pas dans un processus où l’on s’engage sérieusement.

En l’état, je ne suis pas prêt à signer un document aussi flou et incomplet. Alors, si nous avons la chance d’être à Bucarest (éternel problème de financement lorsqu’on est une "petite" ONG) on fera entendre à nouveau notre voix : c’est aussi celle de nos partenaires africains avec lesquels nous réalisons certes modestement, mais efficacement l’accès de leurs concitoyens au réseau ET A SES CONTENUS. Et en plus avec et grâce à leur PARTICIPATION.

Permettez-moi enfin un regret : celui de voir des ONG françaises plus "embarquées" dans les aventures transocéaniques AU DEPENS réel d’une coaventure hexagonale, c’est-à-dire d’une coordination entre ONG françaises partageant les mêmes valeurs. VECAM en tête.

Jean-Louis Fullsack
CSDPTT

> La fracture numérique : changer de prisme - 28 octobre 2002

Cher Jean-Louis,

Je réagis ici à titre personnel à votre message, je laisse aux autres co-auteurs le soin de se prononcer.

Je ne peux qu’être en complet accord avec vos deux premiers paragraphes : accès et contenus sont deux problématiques distinctes mais qui interagissent.

Sur votre troisième paragragraphe, nous ne visions evidemment pas CSDPTT malgré toute l’importance que nous accordons aux travaux de cette association, mais toutes les institutions publiques nationales et internationales et les entreprises qui se sont emparées du thème de la fracture numérique au cours des dernières années.

Concernant la focalisation sur l’Internet, elle me laisse perplexe. En effet un paragraphe entier de ces propositions portent sur les medias combinés, le multimédia au sens premier.
de plus à Montréal nous avons consacrés pulsieurs séances de travail à ce thème,. Aussi je crois que nous sommes en phase, et le thème mérite d’être encore approfondi.

Plus globalement je suis désolée que ces pistes de réflexion "réductrices" vous "consternent". Je crois qu’il y a un malentendu fondamental entre nous sur le statut de ces pistes de propositions. Elles n’appellent en aucun cas votre signature donc ne prenez pas la peine de ne pas signer. Elles sont là uniquement pour créer du débat, échanger, faire progresser les idées et nous aider les uns les autres à nous sensibiliser aux problématiques que nous portons, parfois de façon isolée.

En revanche je serais ravie que vous puissiez rédiger une proposition sur les questions de l’énergie que nous rajouterions dans ce site (ou sur tout autre thème de votre choix). Pour l’instant la fonction d’inscription en ligne n’est pas disponible car tout le site de VEcam est en chantier, en attendant je me ferais un plaisir de poster toute propsition.

Dernier point : il me semble difficle d’accuser VECAM de négliger le territoire français, sachant que cette association est membre fondateur des réseaux VIlles Internet et I3C. C’est au sein de ce dernier réseau que nous menons un débat collectif en vue du sommet mondial de la société de l’information. En tout état de cause, sur des problématiques telles que celles qui nous occupent, je ne vois pas comment nous pouvons les penser uniquement dans le cadre national. Il nous faut articuler en permanence le local, le national et l’international, ceci a toujours été le souci de VECAM.

Valérie Peugeot, Vecam

> La fracture numérique : changer de prisme - 1er novembre 2002, par gentelman

bien mais pas assez clair, trop fouilli ton texte. Si tu veux qu’on le lise débroussaille le.