Panel A : Sciences & Démocratie : quels enjeux ?

Notes sur les interventions des plénières

Hugh Lacey, (Scientia Studia, Brésil)

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Hugh Lacey

Nous devons nous interroger sur l’idée de l’objectivité, et celle de servir les biens communs

Première proposition : à la fois la science et la démocratie ont été mis en cause par les pratiques actuelles.

Seconde proposition : changer les priorités de la recherche. D’aucun rejettent les valeurs traditionnelles de la science.

La science a une place à prendre en s’éclairant des pratiques des mouvements sociaux, à l’image de Via Campesina qui défend l’idée de la souveraineté alimentaire. Les mouvements indigènes montrent que les méthodologies scientifiques employées ne sont pas en phase avec leur sujet d’étude lui-même. Il faut inventer d’autres modèles de relations que la science mainstream.

Une telle démarche nous permettrait de définir ce que nous voulons organiser pour le futur.

Silvia Ribeiro, ETC Group, Bureau du Mexique

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Silvia Ribeiro

Nous travaillons sur les impacts qu’imposent les destruction écologiques sur la société. Nous dénonçons la convergence des technologies BANG (Bit, Atome, Neurone et Gène). Nous préférons ce terme qui est significatif à celui de NBIC, plus neutre et utilisé dans les rapports.

Nous vivons une crise globale, écologique, sociale et financière. Devant la modification du climat par les activités industrielles, les gens prennent conscience du premier choc. Mais un deuxième choc se prépare par la manipulation de la planète elle-même. Les dix dernières années ont connu une concentration sans précédent des entreprises de contrôle de la vie.

Il y a des chercheurs qui commencent à questionner cet ordre de construction de la science et de la technologie. Il y a aujourd’hui plus de 700 produits en vente avec des particules nanotechnologiques, mais aucune critique publique, alors même que les études de toxicologie ne sont pas effectuées. Il y a les diverses techniques de géo-engineering, sans que soient maîtrisées les conséquences. La fertilisation des mers a été mise sous moratoire grâce aux actions de la société civile l’an dernier à Bonn au sein de la CDB. Ce qui n’arrive pas à empêcher la pollution actuelle menée par le bateau Polarstern. Il y a le développement de la génétique extrême, qui a débuté avec les transgéniques, mais se poursuit aujourd’hui par la biologie synthétique.

L’arrivée d’Obama et la nomination du prix Nobel de physique Steven Chu au Ministère de l’énergie sont des signes que des choses peuvent changer, mais il faut faire attention, car il veut substituer au pétrole des techniques et non une réflexion globale sur les usages énergétiques.

Janine Guespin, Espace Marx et Transform !, France

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Janine Guespin

Pour libérer la science des pressions du néo-libéralisme, il faut un cadre qui dépasse la communauté scientifique, mais qui doit néanmoins intégrer directement les chercheurs.

Les choix actuels de recherche sont faits principalement par les multinationales. Face à cette mainmise, une partie des scientifiques estiment que cela irait mieux si on pouvait dégager une science fondamentale. Nous ne le pensons pas, car la technoscience intègre les divers les applications dans la recherche. Même si en sens inverse, c’est le discours néo-libéral qui réduit la science aux innovations, et donc au marché.

Les scientifiques seuls ne peuvent répondre à ce défi sur la connaissance. Un dialogue avec les mouvements sociaux peut les aider à repérer la présence des marchés dans le fonctionnement même du discours scientifique. Hors beaucoup de scientifiques limitent leur discours de critique à la demande d’une plus grande autonomie.

D’un autre côté, les citoyens, confrontés aux menaces liées aux nouveaux produits innovants, tendent à critiquer la science elle-même. Le débat porte alors sur les risques, ce qui crée une situation de méfiance qu’il nous faut surmonter. On a masqué le rôle fondamental de la science par sa réduction à l’innovation.

Pour résoudre les difficultés, il faut inventer des lieux de dialogue, ijnstiller de la démocratie. Il y a pour cela les espaces de lutte citoyennes, mais aussi des espaces institutionnels, au niveau des institutions scientifiques, ou des pouvoirs publics, locaux ou nationaux. Il ne faut pas négliger non plus les interventions internes aux entreprises, à l’image de l’intervention directe des travailleurs d’un laboratoire Sanofi travaillant sur les maladies des pauvres pour refuser de la fermeture de leur outil d’étude, jugé non rentable.

Anita Rampal, All Indian People Science Network, Inde.

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Anita Rampal

Je suis physicienne, je vais vous parler du discours de la science. Les chercheurs estiment qu’ils sont en train de lire le grand livre de la nature. Mais il faut aussi agir pour transformer le monde.

Je parle de l’engagement personnel des chercheurs.

La science à l’école vise avant tout à créer une élite. Certains chercheurs refusent cette façon d’enseigner la science, qui est décontextualisée.

Exemple de la manière d’enseigner les sciences alimentaires. Les aliments sont partie intégrante de toutes les cultures, comment intégrer ces savoirs dans l’enseignement universitaire des sciences des aliments ?

Lire la forêt est tout aussi important que de lire les livres. Il y a de nombreuses traces des cultures et des humains, de la nature.

La moitié des jeunes ne terminent pas leurs études primaires en Inde. Comment construire les parcours de savoir scientifique en tenant compte de ce type de situation ?

Priscilla Faulhaber, Museu de Astronomia é Ciências Afins (MAST/MCT), Brésil

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Priscila Faulhaber

Quelle usage de la science pour la détermination des peuples. La science crée des hiérarchies, c’est un système de domination par les élites. Les connaissances collectives sont expropriés, sous une forme néo-coloniale.

Au lieu de garder la vision des bénéfices en ligne de mire, il faut au contraire poser une vision alternative, pour réduire les inégalités.

L’Amazonie a toujours représenté un enjeu pour les pouvoirs au Brésil. Les musées sont intégrés dans les autres institutions d’enseignement et de recherche. Il y a un populisme, positiviste qui s’exprime en Amazonie. Ce qui conduit à marginaliser les chercheurs qui sont en phase avec les populations indigènes.

Edna Castro, Universidade Federal do Para-NAEA, Brésil

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Edna Castro

Nous sommes au 21ème siècle, mais la pensée de la science est restée en retard, qui conserve une perspective « évolutioniste » : il faut politiser le champs de la science pour lui faire accéder au niveau démocratique.

Les arguments défendants le productivisme de la science reposent sur la nécessité de développer le marché brésilien dans le marché international. Les thèmes de recherche sortent de la décision des scientifiques. Ils s’alignent sur les intérêts des marchés, pour l’usage des produits de la forêt, le développement de l’agro-business.

L’Amazonie a un potentiel de biodiversité et de diversité culturelle si important qu’il nous faut changer la façon d’aborder la recherche scientifique et de changer les politiques en ce domaine. Il y a un sous-équipement de la recherche en Amazonie (3% des ressources, alors qu’il y a 10% de la population brésilienne).

Il nous faut aussi reconnaître comme un système de connaissance ce qui nous vient des peuples d’Amazonie.

Hervé Le Crosnier (notes prises en direct par Hervé Le Crosnier, seul responsable des erreurs qui se seraient glissées)

Posté le 12 février 2009

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