Echos des Rencontres Moustic, SupAgro, Montpellier 24-28 mars 2015

Coopération et partage

Il s’agit de « former à coopérer » et de « se former en coopérant ». Dans cette rencontre, les auditeurs sont acteurs, formés et formateurs. C’est pour eux l’occasion de présenter leurs projets, de trouver des synergies, des collaborations et surtout des idées. Et celles-ci n’ont pas manqué tout au long de ces trois jours.

Le programme associait une partie classique, quatre conférences données par des personnalités ou des spécialistes, et des formats très originaux pour inciter les participants à s’impliquer. Parmi eux, les « tables de découvertes » qui réunissaient 6 à 10 participants autour d’un porteur de projet pendant 15 minutes , les « accélérateurs de projets » dans lesquels 10 à 20 participants travaillaient une heure avec une méthode quasi-militaire mais apparemment efficace pour trouver des solutions aux problèmes exposés.

Dans ces réseaux de collaboration, nulle référence à facebook, linkedin ou tweeter qui, cela a été souvent affirmé, ne répondent pas au besoin de la coopération... Cette démonstration est un autre acquis de Moustic. Elle répond aux inquiétudes formulées par Louis Pouzin lors de sa conférence d’ouverture sur le thème de « l’Empire Internet face à ses colonies ».

Louis Pouzin est avec Kahn et Vin Cerf, un des cofondateur de la technologie IP. Avec son humour habituel, Louis nous a expliqué qu’au travers du nommage, c’est à dire du monopole qu’ils détiennent sur la gestion des noms de domaine, les États-Unis dominaient Internet et en retiraient des profits considérables qui, à l’image des colonisateurs du XIX et XXème siècle, leur permettaient d’imposer leurs entreprises d’informatique qui, nous le savons, rapatrient d’énormes bénéfices.

Hébergé par SupAgro qui lance une nouvelle licence professionnelle sur la conduite de projets collaboratifs, Moustic 2015, ne pouvait pas oublier les MOOC. Après quelques mise en garde, Christine Vaufrey a tenté avec brio, de nous convaincre de l’intérêt de cette nouvelle version, up to date, de l’enseignement par ordinateur. Mais, a demandé un des participants, comment apprendre à faire des MOOC ? Sans aucune mooquerie, j’ai proposé d’écrire un livre... Internet est sans aucun doute un outil remarquable pour apprendre comme pour conserver et transmettre des savoirs. EAO, E-learning, MOOC... Bien sûr. Mais la publicité faite autour des MOOC de Harvard, du MIT et d’autres grandes universités américaines ne doit-elle pas nous interroger sur la stratégie poursuivie par nos amis américains. On peut regretter que cet autre aspect des MOOC n’ai pas été abordé.

Moustic a maintenant plus de 8 ans. Ces rencontres, qui se tiennent tous les deux ans à Montpellier réunissent, chaque année, un peu plus de monde. Avec près de 200 participants, cette session est indéniablement un succès. Un de ses atouts et non le moindre est d’avoir mis en évidence la multiplicité des initiatives sociales s’appuyant sur les TICs et leur richesse imaginative. Pour la même raison, Moustic est aussi une fourmilière d’innovations technologiques. De ce point de vue, le pari de ses créateurs, Michel Elie de « OUI » et Laurent Marseault de « Outils réseaux » est gagné. L’intérêt de ces rencontres pour la dynamique locale et régionale, n’est plus à démontrer. Il reste cependant à en assurer la pérennité en passant à la vitesse supérieure comme cela a été montré dans le cadre d’un atelier « accélérateurs de projets ».

Le site des 8èmes rencontres Moustic : http://moustic.info/2015/wakka.php?wiki=PagePrincipale