Brèves de Vecam - Aout Septembre 2017

Sommaire

Rien à cacher, ah bon ?
Plus que quelques jours pour aller voir au cinéma "Nothing To Hide" du réalisateur Marc Meillassoux... mais pas de panique, bientôt une diffusion en quatre langues sous licence Creative Commons ! Et dès à présent une bande annonce visible ici. Pour démonter le vieux cliché "je n’ai rien à cacher", l’auteur ausculte l’ensemble des métadonnées du smartphone d’un certain Monsieur X et lui présente ensuite, devant caméra, les résultats de cette récolte. Comme le confie l’auteur à NextImpact (accès payant), le fil conducteur du film "est de se demander quelle société nous sommes en train de construire, à répéter unanimement, et avec beaucoup de suggestions de la part de différents pouvoirs, entreprises et personnes comme Eric Schmidt, qu’on a rien à cacher. Ce n’est peut-être pas de la haute philosophie, mais on s’interroge sur la place de l’humain lorsque nous acceptons la surveillance à un niveau jamais connu dans le passé.

Oracle du Net : derrière les algorithmes
Toujours autour des questions de surveillance et de vie privée, nous vous invitons à expérimenter "l’oracle du net", le nouvel outil proposé par LINC, le laboratoire d’innovation numérique de la CNIL, réalisé par la designer Victoria Duchatelle. Après avoir installé un petit plugin dans votre navigateur (pour l’instant uniquement Chrome, demain Firefox), utilisez votre souris pour crayonner les différents zones de votre page de recherche google, de le fil d’actualité votre compte Twitter ou encore celui de votre page Facebook... et laissez vous guider pour découvrir se qui se cache derrières les algorithmes. Pédagogique et graphique, l’oracle du net est à mettre entre toutes les mains.

Quand Saillans fait école
Mi 2014, une petite commune de la Drôme, d’un peu plus d’un millier d’habitants, Saillans, s’est fait connaître en élisant une liste citoyenne alternative à celle des édiles traditionnels. Depuis, une expérience active de participation citoyenne se développe. Après trois ans, 1/3 des habitants sont très au courant des activités dans la ville, et y participent, 1/3 sont au courant sans participer, 1/3 n’ont pas rejoint le mouvement. Plus, Saillans est devenu un lieu de ralliement de ceux qui pensent que la commune est le premier lieu d’une possible rénovation de la vie collective : une rencontre nationale s’est tenue du 15 au 18/09 (350 personnes ), à l’invitation de l’association Curieuses démocraties et du mouvement La Belle Démocratie. Une quinzaine « d’Assemblées locales » ont confirmé par leur présence être en cours de développement – on en trouve 22 sur le site de la LBD ; des animations pour présenter l’expérience de Saillans et les méthodes de préparation des futures élection municipales, depuis la base, sont disponibles sur le site. La culture du numérique pour la coopération entre citoyens était très présente, avec la présence de personnes comme Laurent Marseault et Manuel Ibanez ; de même que la compétence partagée d’animateurs de métier.

Les communs à la Conférence mondiale du Web
A mettre dans vos tablettes dès à présent, le "off" de la Conférence Mondiale du Web qui sera placé sous le signe des communs à Lyon en avril 2018
Après Florence en 2015 (http://www.www2015.it/), l’une des plus prestigieuse conférence sur le numérique, à savoir la Conférence mondiale du Web (anciennement WWW) se tiendra à Lyon pour la seconde fois de son histoire du 23 au 27 avril 2018. Cette année, le "off" de la conférence sera organisé par des acteurs locaux des communs et il est fort à parier qu’elle donnera davantage la part belle aux initiatives ouvertes et autogérées.

Luttes sociales en numérique
Nous signalons un peu tardivement, mais il n’est jamais trop tard pour bien faire, la parution d’un ouvrage écrit à six mains consacrés à un sujet sous exploré ou souvent rabattu à quelques clichés : le rôle des technologies de communication dans les mouvements sociaux contemporains.
Dans "Mobilisations numériques, Politiques du conflit et technologies médiatiques" par aux Presses de l’École des mines, Fabien Granjon, Venetia Papa et Gökçe Tuncel enquêtent au plus près de mobilisations anciennes ou récentes.
"Les conflits sociaux s’appuient sur des " armes matérielles " et notamment sur les technologies de communication qui, dès leur genèse, y ont joué un rôle central. Les politiques du conflit reposent ainsi sur une variété de médias qui, aujourd’hui, relèvent assez largement de l’informatique connectée, de plus en plus portable et mobile. De la Révolution bolchévique aux Indignados, de la lutte de libération algérienne aux Révolutions arabes, en passant par les groupes Medvedkine ou Radio Alice, MOBILISATIONS NUMERIQUES rend compte de la rencontre entre technologies médiatiques et luttes sociales.
Il s’agit, d’une part, de relativiser le caractère supposé inédit de l’usage des technologies de communication par les mouvements sociaux contemporains et, d’autre part, de rentrer dans le détail de ce que ceux-ci font des outils numériques les plus récents qui supportent leurs activités essentielles tout en déplaçant, parfois, certaines de leurs " manières de faire "." (4ème de couverture)

Pour que e-administration ne rime pas avec exclusion
Nous avons eu plusieurs fois l’occasion à Vecam (par exemple ici) d’alerter sur les risques liées à la dématérialisation accélérée des services administratifs. Si personne ne conteste que celle-ci fasse le bonheur de nos argentiers comme de la plupart de nos concitoyens bien contents de ne pas avoir à se déplacer pour obtenir une fiche d’état civil ou une attestation de la sécurité sociale, le risque de double ou triple peine pour d’autres concitoyens est plus prégnant que jamais. Aux exclusions sociales, culturelles, linguistiques, l’absence d’interface humaine avec l’administration risque tout simplement de constituer un accélérateur du phénomène déjà massif de non recours au droits. Bonne nouvelle : la mairie de Paris semble avoir pris la mesure du phénomène et déploie progressivement dans différents arrondissements un service de facilitation numérique. C’est en tout cas ce qu’annonce Fabrice Beaulieu, directeur du programme « Compte parisien » dans un entretien accordé à la lettre du COEPIA. Il s’agit dit-il "d’un dispositif d’appui à l’utilisation des services numériques, qui est offert aux usagers de la Ville de Paris dans leur mairie d’arrondissement. Concrètement, des agents accompagnent les usagers dans la recherche d’informations sur paris.fr (le site internet institutionnel), l’utilisation de téléservices de la Ville, et même ceux de certains autres services publics comme la CAF." Une initiative à suivre donc !

Rencontres Co-construire : apprendre à coopérer
A la toute fin du mois d’août – 30 et 31/08 -01/09 - a eu lieu à deux pas de Tournai, en Belgique la première rencontre équivalente à celles de Moustic (Montpellier) et du Forum des usages coopératifs (Brest). Son nom est Co-construire : 350 personnes ont partagé des démarches de coopération en mixant analyses des enjeux, méthodes d’animation et outillage numérique. Une équipe belge est maintenant constituée et l’expérience sera certainement renouvelée. Parmi les moments les plus marquants, notons une « conférence introductive sans conférencier » et une conférence finale de Lilian Ricaud sur la Stigmergie. Le site est riche de traces très complètes (dessins et prises de notes collaboratives). Par rapport aux rencontres équivalentes en France on peut noter : plus de pragmatisme, la présence du monde économique, moins d’intérêt pour les enjeux sociaux et sociétaux.