Vecam http://www.vecam.org/ Réflexion et action pour l'internet citoyen fr SPIP - www.spip.net Vecam http://vecam.org/local/cache-vignettes/L144xH41/siteon0-dd267.png http://www.vecam.org/ 41 144 Interview : « Il y a un manque d'intérêt pour les bibliothèques et pour l'éducation en Afrique » http://vecam.org/article1232.html http://vecam.org/article1232.html 2009-10-24T14:39:00Z text/html fr Creative Commons Afrique Fils de couturier-homme d'affaires de Dakar et d'une couturière à la maison, titulaire de plusieurs diplomes en gestion-comptabilité, en gestion des ressources humaines et en gestion de coopératives d'épargne et de crédit, Abdoulaye NDiaye, 42 ans, est « chargé des relations extérieures » de la bibliothèque communautaire Ousmane Sembène de Yoff (Sénégal), laquelle ne reçoit aucune subvention et fonctionne à 100%, sur la base du bénévolat. Rencontre. DPH : Quelle est l'histoire de la bibliothèque (...) - <a href="http://vecam.org/rubrique127.html" rel="directory">2008 - 2011 i-jumelages</a> / <a href="http://vecam.org/mot17.html" rel="tag">Creative Commons</a>, <a href="http://vecam.org/mot42.html" rel="tag">Afrique</a> <div class='rss_texte'><p>Fils de couturier-homme d'affaires de Dakar et d'une couturière à la maison, titulaire de plusieurs diplomes en gestion-comptabilité, en gestion des ressources humaines et en gestion de coopératives d'épargne et de crédit, Abdoulaye NDiaye, 42 ans, est « chargé des relations extérieures » de la bibliothèque communautaire Ousmane Sembène [<a href='#nb1' class='spip_note' rel='footnote' title='Ousmane Sembène (1923-2007) est un écrivain, réalisateur, acteur et scénariste (...)' id='nh1'>1</a>] de Yoff (Sénégal), laquelle ne reçoit aucune subvention et fonctionne à 100%, sur la base du bénévolat. Rencontre.</p> <p><span class='spip_document_948 spip_documents spip_documents_center'> <img src='http://vecam.org/local/cache-vignettes/L450xH302/article_9-502f1.jpg' width='450' height='302' alt="" style='height:302px;width:450px;' /></span></p> <p><strong>DPH : Quelle est l'histoire de la bibliothèque communautaire de Yoff ?</strong></p> <p>Abdoulaye N'Diaye : « En général, les bibliothèques sont créées par l'État ou les mairies. Cette fois-ci, ce sont les populations elles-mêmes qui se sont levées et ont décidé la création d'une bibliothèque. Face aux difficultés des élèves et des étudiants - le niveau scolaire est très bas -, qui n'avaient pas de bibliothèque autour de Yoff - il leur fallait faire beaucoup de kilomètres -, on a donc décidé de créer une bibliothèque. Le projet a démarré en 1987, mais la bibliothèque a ouvert officiellement en 1992. Nous avons 12 000 ouvrages actuellement. On a réussi essentiellement le renouvellement de l'équipe, car ce projet est perçu par les habitants comme un projet à soutenir : il s'agit d'instruire et de cultiver les Yoffois. »</p> <p><strong>DPH : Comment parvenez-vous à doter la bibliothèque d'ouvrages ?</strong></p> <p>AND : « Mon rôle est d'aller chercher des fonds, de profiter de mes relations, pour en faire profiter la bibliothèque. Je cherche des gens qui sont de passage à Dakar et qui sont capables d'acheminer des livres, pour les offrir à la bibliothèque. Quand on doit aller dans les ambassades demander des livres, c'est moi qui le fais. La plupart des ouvrages viennent d'Occident : il ne faut pas oublier que la plupart des maisons d'édition sont là-bas. Au début, on a beaucoup travaillé avec les ressortissants yoffois en France, qui nous ramenaient beaucoup de livres. À l'époque, on prenait tout, même les livres en français qui ne collaient pas avec nos programmes. Maintenant, on commence à être plus sélectifs avec les livres. Par exemple, on ne veut plus recevoir les manuels scolaires des écoles primaires de France, car le primaire au Sénégal et le primaire en France, ce n'est plus la même chose. Les livres de terminale par contre, ils nous intéressent, car les programmes sont similaires. Ceux-là, on en a besoin. Mais la bibliothèque n'est pas seulement destinée aux écoliers ou aux gens qui parlent français : on a des romans en plusieurs langues, anglais, espagnol, allemand, arabe... L'ambassade des États-Unis nous a donné des livres de gestion et d'informatique en arabe par exemple. »</p> <p><strong>DPH : Comment fonctionne une bibliothèque communautaire ? </strong></p> <p>AND : « On compte sur le bénévolat des élèves. Nous ouvrons les jours où ces élèves n'ont pas d'école. Les élèves deviennent donc bibliothécaires, trois jours par semaine. On peut recevoir 150 personnes en trois jours. On a trois salles : c'est trop petit par rapport à nos ambitions. Beaucoup de livres sont dans des cartons, ce qui ne veut pas dire qu'on a assez de livres par rapport à nos besoins. Les livres que l'on n'utilise pas, on les donne à d'autres associations pour aider à la création d'autres bibliothèques communautaires dans la région. (...) Dans le pays de Senghor, l'amour des livres et de la culture n'a pas perduré après sa mort. Les politiciens, eux, investissent dans les initiatives qui peuvent leur apporter des électeurs, telle est la logique. Ils viennent s'il y a du monde autour. Ils minimisent l'importance des livres et de la culture, et des bibliothèques comme les autres : les responsables politiques nous ignorent et nous minimisent. Beaucoup de politiciens eux-mêmes n'ont pas fait d'études poussées et certains sont analphabètes. D'où le désintérêt pour les bibliothèques. »</p> <p><strong>DPH : Qui finance votre projet et quels sont vos partenaires ? </strong></p> <p>AND : « Nous avons un partenariat avec une bibliothèque aux États-Unis, mais avec la crise, depuis plusieurs années, ils ne nous envoient plus de livre ni d'argent ! ils faisaient des collectes de fonds pour notre bibliothèque, mais tout cela est fini depuis 4 ans. Nos financements viennent uniquement d'organisations locales assez modestes. La municipalité n'a jamais versé une seule subvention, en trois maires successifs, alors que ce sont les enfants de ces maires qui viennent prendre des livres chez nous ! C'est un manque d'intérêt pour l'éducation, pour les choses culturelles. La mutuelle donne 100 000 francs CFA par an. Les cotisations des membres sont de 500 Francs CFA par lecteur actif (moins d'1 €). Avec les cas sociaux, il y a moyen de s'arranger, car on n'est pas une organisation commerciale. Avec régularité, on peut dire qu'aucun organisme ne nous subventionne. Auparavant, on avait une collaboration avec une association. Le partenariat est rompu depuis longtemps, car elle a été créé sous nos yeux et on n'était pas d'accord avec le mode de fonctionnement qu'ils ont utilisé pour se créer, en se substituant à nous. »</p> <p><strong>DPH : Que s'est-il passé ?</strong></p> <p>AND : « Auparavant, en 1987, on travaillait avec l'Association des ressortissants Yoffois en France (ARYF). C'est ce qui nous permettait d'obtenir des livres au départ. Entre 1987 et 1989, des Français se sont greffés à l'association, et petit à petit ils sont devenus nos interlocuteurs en France, en nous permettant de faire venir des livres par l'intermédiaire de Français qui venaient en vacances à Yoff par exemple. Ils ont créé une autre association pour prendre le relais de l'ARYF et ont mis dans leurs actifs tout ce qu'on avait réalisé avec la bibliothèque et ils ont pris à leur compte tout ce qu'on avait fait ici au Sénégal, alors que cette association venait de naître. C'était parfaitement injuste. Ils disaient qu'on avait pas besoin d'informatique, et nous disaient comment gérer les livres, en plus du fait qu'ils nous disaient qu'en fait, les livres étaient leur propriété et qu'ils avaient un droit de regard sur le fonctionnement de la bibliothèque et que s'ils voulaient, ils pouvaient reprendre les livres... On ne peut pas être à 6000 kilomètres et décider à notre place ! Par exemple, même quand ils venaient on ne changeait pas nos méthodes ; par exemple, ce n'est pas parce qu'on sait qu'ils doivent venir, qu'on doit nettoyer et faire comme si tout était beau ; au contraire, on a envie de montrer les choses comme elles sont. Ils nous intimaient de nettoyer avant qu'ils arrivent, c'est infantilisant ! Ils ne comprennent pas notre mentalité, ils pensent que nous sommes des enfants qui ont besoin d'une cravache et d'être frappés pour avancer, alors que nous, on veut la liberté pour avoir notre autonomie : c'est surtout ça notre problème. C'est une question de respect. »</p> <p><strong>DPH : Comment l'Internet intervient-il dans votre projet ? </strong></p> <p>AND : « C'est un complément à la documentation. On ne veut pas rester à l'état de bibliothèque, mais ce qu'on doit avoir, c'est un centre de documentation, d'information et de loisirs. C'est ça notre objectif et dans ce cadre-là, l'Internet a sa place : sur place, on pourrait accéder à différentes bibliothèques universitaires, mais on a un seul ordinateur actuellement, lequel n'est pas tellement performant. Si on en avait d'autres, on pourrait les connecter à l'Internet, car la zone est reliée depuis fort longtemps. On ne peut pas se suffire des livres. »</p> <p><strong>DPH : Qu'est ce que vous apporterait « <i>I-Jumelage</i> » ? </strong></p> <p>AND : « Ca nous apporterait des éléments supplémentaires pour la réalisation de notre projet de centre d'information de documentation et de loisirs. Les gens qui viennent à la bibliothèque et les bénévoles qui gèrent la bibliothèque ont besoin de formation pour savoir comment faire des blogs par exemple. On voudrait créer des formations autour de l'informatique, surtout pour confectionner des blogs, apprendre les techniques d'écriture sur clavier pour permettre aux élèves d'apprendre à écrire très tôt, sur le cinéma populaire, fait par les gens eux-mêmes, grâce à des téléphones portables : toutes ces idées, « <i>I-jumelage</i> » nous a permis de les découvrir et ça serait intéressant de les appliquer chez nous. Nous avons la chance à Yoff d'avoir Internet depuis longtemps. Il faut saisir cette chance. »</p> <p><strong>DPH : Comment percevez-vous le lien entre les associations africaines et la présence, dans le dispositif « <i>I-jumelage</i> » d'une association française qui coordonne le projet ?</strong></p> <p>AND : « Lier les associations africaines entre elles est nécessaire pour moi car pour un développement harmonieux de l'Afrique, il faut que les gens partagent. Le fait que ce soit une association française qui chapeaute encore les associations africaines, sur un plan, c'est regrettable. Mais il faut comprendre que ça ne peut pas venir de n'importe qui, car on n'a pas les moyens ici. On aurait souhaité que l'initiative vienne de nous-mêmes, Africains, mais heureusement le processus est démocratique. C'est ça le plus important : chacun est libre de s'engager s'il le veut. On n'est pas contraint par Vecam, c'est ça qui compte. »</p></div> <hr /> <div class='rss_notes'><p>[<a href='#nh1' id='nb1' class='spip_note' title='Notes 1' rev='footnote'>1</a>] Ousmane Sembène (1923-2007) est un écrivain, réalisateur, acteur et scénariste majeur de l'Afrique contemporaine.</p></div> Interview « Internet permet de sensibiliser aux problèmes des droits de la femme » http://vecam.org/article1231.html http://vecam.org/article1231.html 2009-10-24T14:38:00Z text/html fr Creative Commons Afrique À 32 ans, Halima Oulami est directrice d'une ONG de défense des droits de la femme à travers l'audiovisuel et l'Internet. Basée dans les quartiers pauvres de Marrakech (Maroc), l'ONG El Amane (« la sécurité... pour la femme ») se sert des Technologies de l'information et de la communication (TIC) comme d'outils pour que les femmes se battent pour mieux défendre leurs droits. Rencontre. DPH : Quels sont les problèmes que vous combattez au Maroc ? Halima Oulami : « Dans notre région, un des problèmes les (...) - <a href="http://vecam.org/rubrique127.html" rel="directory">2008 - 2011 i-jumelages</a> / <a href="http://vecam.org/mot17.html" rel="tag">Creative Commons</a>, <a href="http://vecam.org/mot42.html" rel="tag">Afrique</a> <div class='rss_chapo'><p>À 32 ans, Halima Oulami est directrice d'une ONG de défense des droits de la femme à travers l'audiovisuel et l'Internet. Basée dans les quartiers pauvres de Marrakech (Maroc), l'ONG El Amane (« la sécurité... pour la femme ») se sert des Technologies de l'information et de la communication (TIC) comme d'outils pour que les femmes se battent pour mieux défendre leurs droits. Rencontre.</p></div> <div class='rss_texte'><p><strong>DPH : Quels sont les problèmes que vous combattez au Maroc ?</strong></p> <p>Halima Oulami : « Dans notre région, un des problèmes les plus fréquents est celui des jeunes filles qui quittent l'école ou refusent d'y aller. Les violences faites aux femmes sont également un fait inquiétant. Dans mon quartier, j'ai vécu la discrimination : les frères et les hommes ont toujours plus de droit que les filles, car ce sont eux qui subviennent aux besoins de la famille, selon la tradition. Personnellement, j'ai toujours été hantée par l'idée d'être meilleure que mes frères. On est censés aider notre mère à la maison, ne pas faire d'études, tandis que nos frères vont s'amuser. J'ai vécu la violence contre ma mère, contre les femmes de mon quartier. J'ai rêvé d'être avocate. Mais mon père était analphabète, comme ma mère. Il n'a pas vraiment d'expérience dans les études, comme personne dans ma famille d'ailleurs. Je suis la première personne de ma famille à être rentrée à l'université. Je ne savais pas où elle se trouvait, à Marrakech. Dans cette cité universitaire, il y a deux universités : droit et Lettres. On a trouvé beaucoup de gens devant l'université de droit, et peu devant l'université de lettres. Moi j'avais décidé depuis le début que je voulais faire du droit mais je me suis finalement inscrite en histoire géographie, c'est plus proche de moi par rapport à d'autres branches. J'ai fait mon mémoire sur « la gestion de la communauté », par l'intermédiaire de mon prof de droit à l'université. Par la suite, j'ai fait un stage à la commune pour faire une étude sur les problèmes du quartier Sidi Youssef Ben Ali, un quartier pauvre sur la route de Ouarzazate. »</p> <p><span class='spip_document_946 spip_documents spip_documents_center'> <img src='http://vecam.org/local/cache-vignettes/L450xH302/article_8_bis_-68cc6.jpg' width='450' height='302' alt="" style='height:302px;width:450px;' /></span></p> <p><strong>DPH : Comment se déroule votre combat ?</strong></p> <p>H.O : « J'ai créé cette association en 2003. Actuellement nous sommes treize. Nous avons commencé des ateliers d'éducation sur les droits humains de la femme. Qu'est ce qu'un droit, une convention nationale ? Comment peut-on vraiment travailler ensemble ? Nous organisons des formations aux droits de la femme et nous leur apprenons notamment les conventions internationales. L'objectif est d'informer au maximum sur les droits des femmes. L'un des axes de notre stratégie est de former les autres associations, pour mobiliser au maximum sur ce thème. Nous avons commencé par notre quartier ; après deux ans, on a commencé à travailler avec d'autres quartiers de Marrakech, et on a mis en place comme stratégie la formation d'autres associations pour mobiliser davantage sur ce thème ; les animatrices que l'on forme enseignent dans leur langue maternelle, l'amazigh ou l'arabe, ça dépend des régions à Marrakech. On a mis en place des cours d'alphabétisation pour encourager les femmes à venir à l'association. Il y a des femmes qui ne veulent pas venir pour leurs droits, donc on les convainc de venir pour les cours d'alphabétisation. C‘est un moyen pour nous de les toucher sur le droit des femmes par la suite. Le but est de leur apprendre à avoir l'autonomie économique, elle doit être économique d'abord, pour qu'elles puissent décider pour leur vie. Aujourd'hui, des femmes arrivent à lire et à écrire, d'autres participent à la vie politique, comme électrices, d'autres encore ont réussi à lancer des projets économiques. On a travaillé avec plus de 2000 personnes dans la région de Marrakech : femmes et jeunes. Trois femmes ont créé des associations dans les campagnes. »</p> <p><strong>DPH : Comment aidez vous concrètement ces femmes ? </strong></p> <p>H.O : « Par exemple, un jour, une femme s'est enfuie de chez elle, avec ses deux enfants, victime de violences. Elle ne savait ni lire, ni écrire, ni parler. Elle n'avait aucun papier d'identification, ni pour elle ni pour ses enfants. Elle n'avait rien. Nous avons commencé à faire un carnet civil pour elle : ça a demandé presque six à huit mois. C'est nous qui avons été ses garants auprès de l'administration pour prouver son identité. Elle a obtenu une carte d'identité et aujourd'hui elle travaille au marché, pour vendre du sel, du poivre, des épices, de la cuisine. On lui a donné un petit crédit de 1000 dirhams, qu'elle pouvait rembourser en tranches pendant six mois. Elle a fait le ménage une fois à deux par semaine, ses enfants ont pu être intégrés sans papiers à l'école et nous avons commencé les procédures pour signer le contrat de mariage avec son mari. Malheureusement, il n'a pas assisté à la séance au tribunal. Nous avons proposé à la femme de réfléchir au fait de vivre avec lui et de le convaincre de venir au tribunal, où la plainte était civile et non pénale. Mais il n'a pas voulu. Aujourd'hui, elle loue une maison équipée et elle est aujourd'hui dans un meilleur niveau économique que lui. Elle n'a plus peur de lui parler, elle est comme libérée. C'est lui qui essaie de revenir maintenant. Avec la liberté économique, sa vie a changé et le regard de son mari est différent aujourd'hui. »</p> <p><span class='spip_document_947 spip_documents spip_documents_center'> <img src='http://vecam.org/local/cache-vignettes/L450xH302/article_8-d2dfe.jpg' width='450' height='302' alt="" style='height:302px;width:450px;' /></span></p> <p><strong>DPH : Quel est l'intérêt d'Internet dans votre projet ? </strong></p> <p>H.O : « Internet est très important au niveau de la sensibilisation de la population aux problèmes de droits de la femme ; au niveau de notre communication vis-à-vis des autres associations, pour faire la publicité de nos activités, ou encore la recherche de bailleurs de fonds. La subvention du PNUD s'est terminée cette année. Il reste donc des partenariats avec Global Rights, partenaire pour la Justice ou encore le Fonds mondial pour les droits mondiaux, le Global Fund for Women. L'intérêt d'Internet est de pouvoir publier des films qui montrent la réalité. « <i>I-jumelage</i> » va m'apporter de l'échange d'expérience, la possibilité de travailler ensemble, comme avec une association du Mali, Femmes et Tic, qui travaille sur la vidéo comme moyen de sensibiliser aux problèmes des droits de la femme. »</p></div> Portrait : Le combat de Saran Kaba pour un « leadership » des femmes en Afrique http://vecam.org/article1230.html http://vecam.org/article1230.html 2009-10-24T14:36:00Z text/html fr Creative Commons Afrique Pharmacienne de formation, ancienne ministre des Affaires sociales et de la promotion féminine et de l'enfance en Guinée, Saran Daraba Kaba est la fondatrice du Réseau des femmes de la Mano River Union pour la paix (REFMAP), une des plus importantes structures de la société civile ouest-africaine. Elle promeut la résolution des conflits dans la sous-région et l'émancipation des femmes en Afrique. En 2003, la REFMAP a obtenu le prix des droits de l'Homme de l'ONU. Rencontre à Conakry. « Je suis de (...) - <a href="http://vecam.org/rubrique127.html" rel="directory">2008 - 2011 i-jumelages</a> / <a href="http://vecam.org/mot17.html" rel="tag">Creative Commons</a>, <a href="http://vecam.org/mot42.html" rel="tag">Afrique</a> <div class='rss_chapo'><p>Pharmacienne de formation, ancienne ministre des Affaires sociales et de la promotion féminine et de l'enfance en Guinée, Saran Daraba Kaba est la fondatrice du Réseau des femmes de la Mano River Union pour la paix (REFMAP), une des plus importantes structures de la société civile ouest-africaine. Elle promeut la résolution des conflits dans la sous-région et l'émancipation des femmes en Afrique. En 2003, la REFMAP a obtenu le prix des droits de l'Homme de l'ONU. Rencontre à Conakry.</p></div> <div class='rss_texte'><p>« <i>Je suis de ceux qui, depuis longtemps, ne se contentent plus de relever que les politiques se trompent.</i> » Saran Daraba Kaba fait partie de ces militantes africaines au long parcours, déterminées à avancer et à « <i>faire autre chose que jeter l'oprobe sur les politiques</i> ». À 64 ans, elle est plus que jamais sur le devant de la scène ouest-africaine - sur le front de la résolution des conflits dans la sous-région - et sur le front guinéen, en tant que vice-présidente du Conseil national des organisations de la société civile guinéenne. Vingt ans à travailler, comme « <i>catalyseur du changement</i> » de la société civile. Vingt ans de militantisme, pour arriver, entre autres, à cette conclusion : « <i>Il n'y a de permanent que le changement.</i> »</p> <p>Une phrase particulièrement adaptée à l'actualité de son pays, où une junte militaire, le Conseil national pour la Démocratie et le Développement (CNDD), a pris le pouvoir à la mort du président général Lansana Conté, en décembre 2008, afin d'assurer la « <i>transition</i> » pour des élections « <i>libres et démocratiques</i> ». En 1984, à la mort d'Ahmed Sékou Touré, chantre de l'indépendance de la Guinée, c'est cette même flamme de la « <i>transition</i> » qui avait animé le futur président, le général Conté, chef du Comité militaire de redressement national (CMRN), qui devait se contenter de rester un an ou deux... Au point de se présenter aux élections et de rester... 24 ans au pouvoir.</p> <p><span class='spip_document_944 spip_documents spip_documents_center'> <img src='http://vecam.org/local/cache-vignettes/L450xH302/article_7_bis-93d1b.jpg' width='450' height='302' alt="" style='height:302px;width:450px;' /></span></p> <p>Entre deux séminaires et une rencontre avec le capitaine Moussa Dadis Camara, nouveau « président » de Guinée, Hadja Kaba nous consacre un peu de son temps, « <i>En ce moment, je sens que les choses peuvent déraper en Guinée. Il faut rester sur ses gardes. Il y a des choses intéressantes avec le CNDD, mais il faut laisser chacun jouer son rôle</i> », explique-t-elle. En mire : les multiples casquettes de Moussa Dadis Camara, président auto-proclamé de Guinée qui se fait accuser par le personnel judiciaire d'être « <i>à la fois juge et procureur</i> », par d'autres observateurs de « <i>jouer au prophète</i> » alors qu'il n'est qu'un « <i>militaire</i> », et par d'autres corporations d'être à la fois « <i>pompier et pyromane</i> »... Pas un mauvais diable, pense Saran. Mais un monsieur-à-tout-faire qui joue habilement avec de « <i>vieux mots qui touchent pratiquement tous les pays au monde et qui illustrent une forme de la mondialisation : "corruption", "criminalité", "trafic de drogue"...</i> ». Une façon de faire diversion face aux problèmes de fond qui frappent la Guinée, où « <i>les besoins en matière de santé, de logement, de conditions de vie sont énormes</i> ».</p> <h3 class="spip">À LA TÊTE DE LA REFMAP</h3> <p>Logique, donc, qu'elle fonde avec ses « soeurs » Sierra léonnaises et Libériennes une des organisations les plus efficaces dans la sous-région, en 2000. Sous les auspices de l'Organisation de l'Unité africaine (OUA), de la CÉDÉAO et de l'Organisation des nations-unies (ONU), elle crée le Réseau des femmes du Fleuve Mano pour la Paix (REFMAP), une ONG multinationale qui s'est attachée à traiter les destructions massives d'infrastructures, les mouvements de population, les victimes par centaines de milliers des conflits en Sierra-Léone et au Libéria. Elle agit essentiellement sur quatre pays traversés par le fleuve Mano : Côte d'Ivoire, Libéria, Guinée, Sierra Léone et rassemble aujourd'hui une myriade d'associations (70), réparties dans 33 préfectures. Ses résultats probants lui ont valu de recevoir le Prix des droits de l'Homme de l'ONU en 2003.</p> <p>« <i>Les conflits sont vieux comme l'humanité, inhérents à la vie en communauté. Mais ils deviennent dangereux quand ils amènent la radicalisation des positions, chacun se disant : "j'ai raison"...</i> » Hadja Kaba a suivi une formation à la résolution des conflits à l'université du Cap - une « <i>démarche scientifique qui donne des armes pour analyser les moteurs des conflits</i> » -, puis une autre formation, en 2001, au sein du Nairobi Peace Initiative (NPI). « <i>Ceux qui allument le feu et constituent le fagot de bois ne sont pas souvent ceux qui sont en première ligne. Dans le cas de la Sierra Leone, on a découvert que les principaux acteurs n'étaient pas assis autour de la table des négociations mais signaient des accords de paix. Quelques semaines après, ils étaient violés...</i> »</p> <p>Saran Kaba est particulièrement proche d'Aminata Traoré. L'ancienne ministre de la culture du Mali, égérie des milieux « anti » puis « alter-mondialistes », auteure du <i>Viol de l'imaginaire</i> (Fayard, 2002) est sa « <i>soeur</i> », dit-elle. La verve « alter » en moins. Aminata dit de son amie qu'elle « <i>ne dénonce pas assez</i> », que la vice-présidente du Conseil national des organisations de la société civile guinéenne (en charge des questions politiques) est « <i>trop conformiste</i> » : « <i>elle me demande toujours de m'engager davantage sur le terrain alter-mondialiste, de mettre la main sur la plaie de ces gens-là, les politiques.</i> » Mais « <i>Hadja</i> », comme on l'appelle en Guinée, du fait de ses trois pèlerinages à La Mecque, en 1997, 1999 et en 2000, préfère souffler cette phrase prononcée par ses parents, à l'aube de leur mort : « <i>l'eau chaude et l'eau froide tuent les puces de la même manière. Si l'eau froide tue les puces aussi bien que l'eau chaude, pourquoi perdre de l'énergie à faire chauffer de l'eau ?</i> »</p> <h3 class="spip">« <i>Pas de chèque en blanc !</i> »</h3> <p><span class='spip_document_945 spip_documents spip_documents_center'> <img src='http://vecam.org/local/cache-vignettes/L450xH296/article_7-1ccda.jpg' width='450' height='296' alt="" style='height:296px;width:450px;' /></span></p> <p>La veille, c'est pourtant de l'eau bouillante qu'elle a transmise au groupe d'associations réunies pour le séminaire « <i>I-jumelage</i> », où une trentaine d'associations marocaines, guinéennes, maliennes ou sénégalaises étaient réunies sous les bannières des Français de VECAM et des Guinéens des Amis du futur, afin de créer un réseau panafricain d'associations œuvrant dans le domaine des nouvelles technologies, de l'éducation ou encore du droit des femmes. « <i>Si vous n'êtes pas déterminés à vous battre pour arracher cette équité, ça ne sert à rien de vous battre, vous n'irez nulle part ! Notre génération ne vous donnera pas de chèque en blanc ! De grâce, que votre initiative ne soit pas un feu de paille !</i> », dit-elle à une assemblée visiblement captivée.</p> <p>Applaudissements nourris, émotion palpable dans la salle. « <i>Si la Chine réussit aujourd'hui, c'est qu'elle a calqué sa vision sur la réalité du terrain, au point qu'aujourd'hui, tout le monde fait la courre à la Chine. Mais nous, qu'avons nous fait ? Regardez sur vous, qu'est ce qu'on porte sur nous et qui est fabriqué par nos artisans dans cette salle ? - Les bijoux</i>, répond une directrice d'ONG du Mali. - <i>Bon il n'y en a pas beaucoup</i>, rebondit Hadja Kaba. <i>Tout le reste, c'est le basin vient d'Allemagne, de Hollande, la wax vient des usines d'Angleterre... les tissus sont importés d'Europe, de Chine.. Nous enrichissons l'Occident tous les jours. Combien vont chez les tisserands pour commander deux ou trois boubous dans l'année ? - Il n'y en a plus</i>, réagissent plusieurs associatifs. - <i>Voilà, on a une économie complètement extravertie. Il faut aujourd'hui se servir d'Internet pour avancer plus vite que nous. C'est la plus grande bibliothèque virtuelle au monde. Sur Internet, vous trouvez tout ce qu'il faut pour vivre. Tout !</i> »</p> <h3 class="spip">Dans le « <i>petit lait</i> » du Rassemblement Démocratique Africain</h3> <p>Hadja Kaba est née à la fin de la guerre mondiale, en 1945, d'un père militaire et d'une « <i>femme à douze bras </i> » : « <i>en plus d'élever ses enfants et de tenir sa famille, ce qui est déjà tout un programme, elle faisait de la teinture, du savon, du petit commerce, elle voyageait beaucoup sur le train Conakry-Niger... pour le commerce.</i> » Ses parents étaient des militants de la première heure du Rassemblement démocratique africain (RDA, ancêtre du Parti Démocratique de Guinée, de Sékou Touré). « <i>Je suis née dans une famille où l'on faisait de la politique. J'ai bu ça dans le lait, mais j'ai surtout retenu l'image de parents très au service des autres. Ils n'hésitaient pas à nous priver de nourriture pour le donner à des mendiants, des handicapés, des personnes âgées. Je me rappelle qu'après avoir préparé le repas, elle me donnait toujours un petit bol fermé en me disant</i> "va le donner à untel, mais ne dis pas que c'est moi qui le donne"... »</p> <p>Elle fait ses premières armes politiques en tant que membre du conseil des élèves, dans son école de Dubreka (Basse-Guinée), à l'heure où la Guinée vivait ses premières heures d'État indépendant, préférant « <i>la liberté dans la pauvreté à la richesse dans l'esclavage</i> », selon les mots utilisés par Sékou Touré contre de Gaulle, en 1958. De ces années historiques, elle retiendra notamment « l'expérimentation pédagogique faite sur les élèves cobayes de Guinée » : « <i>Ce sont les progressistes de par le monde, qui ont accouru au chevet de la jeune Guinée, qui fondent le socle de mon identité politique. Quand je suis rentré au collègue, en 1958, l'année où la Guinée venait de prendre son indépendance, la France venait de retirer tous ses enseignants. Les progressistes de par le monde ont accouru au chevet de la Guinée, je suis le produit de cette équipe d'enseignants du monde. L'ancien Premier ministre de Guinée Équatoriale était mon professeur d'espagnol. Les Lecors, venus de Bretagne, étaient mes professeurs de français…</i> » Comme beaucoup d'hommes politiques de par le monde, elle a d'abord été... déléguée de classe, au lycée classique de Conakry, avant d'aller étudier la pharmacie de 1966 à 1970 à Leipzig, puis à Halle (Allemagne), jusqu'à ce que sa bourse soit « <i>coupée</i> ». Dans les universités d'Allemagne aussi, elle sera déléguée de classe et représentante des étudiants...</p> <h3 class="spip">De « <i>Pharmaguinée</i> » aux ministères</h3> <p>De retour en Guinée, en 1970, elle enseignera la pharmacie pendant deux ans avant d'intégrer Pharmaguinée, la « <i>grosse boite</i> » d'État de l'époque. Jeune pharmacienne, elle en gravira « <i>tous les échelons</i> », avant d'être nommée directrice chargée de l'import-export. C'est cette fonction qui lui vaudra d'entrer de plain pied dans le monde politique au poste de Directrice nationale adjointe des exportations au Ministère du commerce extérieur. « <i>On m'a demandé à l'époque de définir une politique de diversification des exportations de la Guinée, pour que le budget de l'État soit moins dépendant de la bauxite</i> [<a href='#nb1' class='spip_note' rel='footnote' title='La Guinée possède les plus importants gisements de bauxite (pour l'aluminium) (...)' id='nh1'>1</a>]<i>. On a commencé à promouvoir des produits comme le Chlorydrate de Kini ou le venin de serpent, qui sera utilisé par l'institut Pasteur en France ; les jus, les fruits tel que la Mangue, dont la Guinée a 72 variétés</i> (presque autant que le nombre de partis politiques en 2009, ndlR). »</p> <p>En 1996, son « <i>savoir-faire dans le secteur privé à but non-lucratif</i> » la « <i>propulse</i> » ministre des affaires sociales et de la promotion de la femme et de l'enfance. De ce passage, elle retiendra essentiellement la « <i>définition des politiques nationales du gouvernement dans ces domaines. On a formé une politique nationale de la promotion de la femme, de la protection de l'enfance et pour l'action sociale... Ce qui reste actuellement, ce sont les équipements ; les motos, les 4x4... Mais un département ministériel, c'est d'abord une politique, une vision. Elles ont été adoptées par le gouvernement. Dans le domaine de la femme, on a mis en place le plan quinquennal "Programme-cadre genre et développement" pour renforcer le leadership féminin et leurs connaissances juridiques.</i> »</p> <p>Déjà, à cette époque, l'axe de travail de Saran Daraba est très clair : faire en sorte que les femmes soient les « leaders » de l'Afrique sur plusieurs plans : indépendance économique, reconnaissance juridique et résolution de conflits. Elle a publié récemment sur Internet un répertoire de compétences et expertises féminines de Guinée de « <i>1000 et quelque CV</i> » de femmes compétentes et expertes du pays [<a href='#nb2' class='spip_note' rel='footnote' title='http://www.femmesdeguinee.net/. Pour le REFMAP :http://www.marwopnet.org/' id='nh2'>2</a>], pour qu'« aucun gouvernement n'ose nous dire « <i>où sont les femmes qu'il faut nommer. On a nommé assez d'hommes incompétents dans ce pays. On va d'abord nommer des femmes incompétentes, et ensuite, des femmes compétentes, je le souhaite !</i> »</p></div> <hr /> <div class='rss_notes'><p>[<a href='#nh1' id='nb1' class='spip_note' title='Notes 1' rev='footnote'>1</a>] La Guinée possède les plus importants gisements de bauxite (pour l'aluminium) au monde et en est le deuxième exportateur au monde.</p> <p>[<a href='#nh2' id='nb2' class='spip_note' title='Notes 2' rev='footnote'>2</a>] <a href="http://www.femmesdeguinee.net/" class='spip_out' rel='external'>http://www.femmesdeguinee.net/</a>. Pour le REFMAP :<a href="http://www.marwopnet.org/" class='spip_out' rel='external'>http://www.marwopnet.org/</a></p></div> Projet « I-jumelage » : comment les TIC peuvent réinventer le panafricanisme ? http://vecam.org/article1229.html http://vecam.org/article1229.html 2009-10-24T14:33:00Z text/html fr Creative Commons Afrique Pendant trois jours, des représentants d'une trentaine d'associations africaines intervenant dans le domaine du droit des femmes, de la santé, de la culture, ou de l'environnement, se sont réunis pour créer « I-Jumelage », un projet d'action collective déjà expérimenté en Amérique Latine par l'association française Vecam. Trois jours de « négociations » où il a été question de « nouvelle coopération » entre des associations convaincues de l'intérêt des Technologies de l'information et de la communication (TIC) (...) - <a href="http://vecam.org/rubrique127.html" rel="directory">2008 - 2011 i-jumelages</a> / <a href="http://vecam.org/mot17.html" rel="tag">Creative Commons</a>, <a href="http://vecam.org/mot42.html" rel="tag">Afrique</a> <div class='rss_chapo'><p>Pendant trois jours, des représentants d'une trentaine d'associations africaines intervenant dans le domaine du droit des femmes, de la santé, de la culture, ou de l'environnement, se sont réunis pour créer « I-Jumelage », un projet d'action collective déjà expérimenté en Amérique Latine par l'association française Vecam. Trois jours de « négociations » où il a été question de « nouvelle coopération » entre des associations convaincues de l'intérêt des Technologies de l'information et de la communication (TIC) dans le développement du continent. Une union rêvée où « 1+1 feraient plus que 2 » ...</p></div> <div class='rss_texte'><p>Ce jour-là, une banderole blanche recouvrait la peinture révolutionnaire dans la salle du 28 septembre 1958, à Conakry (République de Guinée). Le 23 mai 2009, la fermière et le chasseur, vaillants et déterminés à montrer la voie au bon peuple, se font couvrir par une fresque annonçant le séminaire « <i>I-jumelage</i> ». Signe des temps : au rez-de-chaussée du Palais du Peuple, à Conakry, la peinture monumentale qui orne la pièce, datée du référendum où la Guinée de Sékou Touré dit « <i>Non !</i> » à la France de De Gaulle, doit partager son cadre avec 35 associations venues du Mali, du Maroc, du Sénégal ou de la Guinée. Leur point commun : l'envie de participer à un réseau en création d'échange et de coopération pour le développement, qui pourrait les mettre en contact entre elles, mais également avec d'autres associations qui œuvrent dans d'autres continents, comme en Amérique Latine. Un réseau nommé « <i>I-Jumelage</i> », dont le moteur est l'intérêt des Technologies et l'information et de la communication (TIC) de la part des différentes associations. Tout un programme pour un continent où la « <i>fracture numérique</i> » s'agrandit de jour en jour.</p> <p><span class='spip_document_942 spip_documents spip_documents_center'> <img src='http://vecam.org/local/cache-vignettes/L450xH302/article_6_bis2_-9d2f4.jpg' width='450' height='302' alt="" style='height:302px;width:450px;' /></span></p> <p>Un membre des nouvelles autorités guinéennes prend la parole. Long silence, puis discours enflammé. « <i>Vous êtes l'élite de l'Afrique…</i> » À croire que la peinture révolutionnaire inspirait ses mots. S'adressant au parterre de membres d'Organisations non-gouvernementales (ONG) tout juste débarqués des avions, le directeur national de la Jeunesse de Guinée ne tarit pas d'éloges sur ses hôtes. Et entend leur faire comprendre que si les politiques ont échoué, il est de la responsabilité de la « <i>société civile</i> » de s'organiser. Preuve que le rôle des associations en Afrique - dont le nombre n'a cessé d'augmenter depuis les années 80 [<a href='#nb2-1' class='spip_note' rel='footnote' title='Lire L'Afrique des associations. Entre culture, développement et stratégies (...)' id='nh2-1'>1</a>] - n'est plus à démontrer mais que la profusion d'associations, de fondations et d'ONG - profusion provoquée en partie par les conséquences des plans d'ajustements structurels dans les années 80 - entraîne une confusion des rôles que les politiques entretiennent. Mais l'orateur appartient à une administration d'État, laquelle est passée dans les mains d'une junte militaire, le Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) qui, certes, s'est depuis son putsch du 23 décembre 2008, ouverte partiellement à des « <i>civils</i> », mais ne cache pas son mépris des « <i>politiques</i> ». En Guinée, cette suspicion systématique paraît méritée, tant les différents gouvernements des ères Touré et Conté se sont illustrés par leur maîtrise dans l'art du bradage des ressources, de la corruption généralisée et de la disparition de l'État au profit de quelques minorités possédantes.</p> <p>D'un changement de mentalité il est question. Du côté africain, comme du côté européen. Frédéric Sultan, membre bénévole de Vecam, qui se définit comme « <i>le seul Blanc</i> » du séminaire, a tenu à préciser les choses. Discours inaugural : « <i>Dans la bouche d'un Occidental, parler de la coopération, c'est forcément évoquer la question de la colonisation, du rapport de forces (...). D'abord, on doit se dire entre nous ce qu'on met derrière le mot « coopération » et prendre conscience des rapports de force entre nous (...) Voyez, ici, il s'agit essentiellement d'Africains et les seuls Blancs, ce sont les dépositaires du pouvoir, car ce sont eux qui financent. Les 15 ou 20 projets qui émergeront ne seront pas que des additions...</i> » Applaudissements. Puis action. Direction la salle de réunion de l'Hôtel de la petite minière, où les discussions seront vivaces.</p> <p>Dans la salle de réunion, Frédéric Sultan, qui affiche sa proximité avec une des figures de l'association Les Amis du Futur, le directeur de L'Harmattan Guinée, Sansy Kaba Diakité, répète son leitmotiv à l'envi : « <i>I-Jumelage n'est pas une sorte de bourse, c'est un concept, un réseau, dans lequel je n'interviendrai pas et dont vous serez les uniques acteurs et animateurs.</i> » L'enjeu est noble : travailler sur l'interconnexion entre des ONG qui travaillent en Afrique – avec des connexions possibles vers d'autres continents. Le lieu choisi est à la fois historiquement adéquat : La terre de Guinée est hantée par le chantre du panafricanisme, le premier président de la République de Guinée, Ahmed Sékou Touré. La réalité contemporaine est plus terre-à-terre : La Guinée est un des trous noirs de l'Afrique en matière de développement (y compris numérique), un des stigmates étant l'état de son système d'électricité, un des plus inefficaces en Afrique [<a href='#nb2-2' class='spip_note' rel='footnote' title='Lire « En Guinée, les TIC au bon vouloir du courant »' id='nh2-2'>2</a>].</p> <p>Si les membres des quelque 35 associations présentes se connaissent, pour la plupart, ni d'Ève ni d'Adam, les facilitateurs de chacun des quatre pays travaillaient ensemble depuis l'expérience « Fragments du Monde », au début des années 2000 [<a href='#nb2-3' class='spip_note' rel='footnote' title='À propos de « Fragments du Monde », Lire : http://fragmentsdumonde.org/UIE02/articl' id='nh2-3'>3</a>]. Elles évoluent dans des sphères parfois très différentes : de la défense du droit des femmes au Maroc au projet de création d'un journal de lycée à Conakry, en passant par l'éducation des jeunes grâce aux TIC, au Mali, ou le projet d'une usine de couches-culottes en Haute-Guinée, les associations œuvrent dans des domaines parfois très éloignés. Qu'importe : il faut se rassembler, s'unir, se « <i>jumeler</i> ». C'est tout le but de ces quelques jours passés à Conakry de discours en salle de réunion.</p> <p>Il a donc fallu se « <i>mettre en groupes</i> », dégager des « <i>thématiques communes</i> » (l'environnement, le droit des femmes, la culture et les livres, les TIC), penser à « <i>l'après</i> » (plateforme, moyens de communication, rencontres entre associations, envisager un prochain séminaire à l'automne à Kankan) et se féliciter que les trois jours auront permis à des militants africains de rencontrer d'autres militants africains. Le constat est similaire sur plusieurs plans : sous-équipement, logiques de soumission aux bâilleurs de fonds locaux ou aux mécènes internationaux, croyance dans les TIC pour un développement des connaissances... Les projets des acteurs venus du Maroc, du Mali, de la Guinée et du Sénégal ont ce point commun qu'ils illustrent la déliquescence des tissus économiques et la transformation des rapports sociaux au sein des sociétés africaines. Il s'agit partout de palier les déficits profonds des États, par exemple en matière de protection de l'environnement, d'accès aux TIC ou de droit des femmes, (la logique est ici similaire au rôle des associations qui agissent en Europe : combler les fossés creusés par l'absence d'action politique). Quitte à inventer une structure éphémère, imaginaire ou juste utopique (une plate-forme virtuelle), autant lui donner la chance d'être un vrai moyen de construire une efficacité associative africaine qui se passerait, à terme, de l'aide, forcément amicale, des Occidentaux.</p> <p>Si la majorité des séminaristes se sont montrés altruistes et « panafricains », d'autres regrettaient la vision individualiste inhérente à la défense individuelle de chaque projet : « <i>Franchement, les associations présentes ne se soucient que de leurs projets, qu'elles essaient de défendre avant tout, en pensant qu'elles pourront bénéficier des subventions d'Europe</i> », s'inquiète un participant pendant une pause des « négociations ». Pour les autres, le discours consensuel est répété à l'envi : « <i>Nous allons pouvoir échanger, apprendre des projets réalisés dans d'autres pays, et grâce aux TIC, nous allons développer une autre forme de coopération</i> », dit un autre. Sauf que pour lier entre elles les associations africaines, le maître du jet reste européen, car un bon tiers des 130 000 € de subventions ont été obtenues auprès de l'Union européenne.</p> <p><span class='spip_document_943 spip_documents spip_documents_center'> <img src='http://vecam.org/local/cache-vignettes/L450xH295/article_6-8cd39.jpg' width='450' height='295' alt="" style='height:295px;width:450px;' /></span></p> <p>Durant le séminaire, les participants ont reçu la visite d'une égérie de la société civile, Saran Kaba, fondatrice du réseau des femmes du fleuve Mano pour la Paix (REFMAP). Une grande figure du militantisme et de la résolution de conflits, qui ne manquera pas de les mettre en face de cette responsabilité historique de « <i>faire mieux que notre génération. Ce qui marche au Maroc peut marcher au Mali ou en Guinée, et inversement. Quand on est en réseau, on est riches ! Il faut que vous compreniez que vous avez une responsabilité car vous êtes des privilégiés, dans un continent où 60 % des enfants ne vont pas l'école. De grâce, que votre initiative ne soit pas un feu de paille !</i> » [<a href='#nb2-4' class='spip_note' rel='footnote' title='Lire ici : « Saran Daraba Kaba : l'autre Aminata ? »' id='nh2-4'>4</a>]</p> <p>Au bout de trois jours de « <i>négociations</i> », les « micro-projets de coopération » sont là [<a href='#nb2-5' class='spip_note' rel='footnote' title='Liste des micro-projets (Les parenthèses indiquent les partenaires des (...)' id='nh2-5'>5</a>]. Au rez-de-chaussée du Palais du Peuple, où a lieu la clôture du séminaire, Frédéric Sultan prend la parole pour formuler aux participants « <i>une mise en garde publique</i> » : « <i>On a travaillé d'arrache-pied, mais tout le monde en a conscience : on est au premier pas d'un projet long, difficile, complexe, qui représente des défis très importants. Il ne faut pas croire que parce qu'on a mis sur le papier un certain nombre d'idées, les choses vont se réaliser toutes seules. Une fois que chacun sera rentré chez lui, les choses seront encore plus difficiles. On ne sera plus face-à-face. On a fait le plus facile, il faudra passer à l'acte</i> », dit-il avant de remercier tout le monde pour « <i>le plaisir mutuellement partagé pour le travail réalisé pendant trois jours.</i> »</p> <h3 class="spip">« <i>1+1 dépasse 2</i> »</h3> <p>Au terme du séminaire, il est intéressant de noter qu'un certain nombre d'associations ont décidé d'abandonner leur projet au profit d'un mouvement transversal d'« <i>I-Jumelage</i> ». C'était une des conséquences prévisibles : le réseau n'est pas là pour aider tel ou tel projet, mais tous. « <i>Ce n'est pas une addition et 1+1 doivent faire plus que 2</i> », répètent les séminaristes. Ainsi l'usine de couches-culottes de Haute-Guinée est passée à la trappe, tout comme le projet de plateforme sur l'Afrique traditionnelle, un ambitieux projet qui prévoyait de créer un site rassemblant les travaux d'historiens, d'anthropologues, d'auteurs africains sur les traditions africaines. La promotion de l'autonomie économique de la femme et la défense de leurs droits dans les quartiers pauvres et les zones rurales, la promotion des technologies informatiques dans les écoles africaines, les caravanes du livre ont eu plus de succès « <i>transversal</i> » : le lien est sans doute que l'internet et les TIC peuvent apporter à tous les moyens d'une coopération nouvelle, plus rapide et résolument tournée vers l'échange d'expériences.</p> <p>Mais ce serait oublier que si ces associations existent, c'est qu'elles entendent mener une action locale. Et qu'elles ont besoin d'argent. Et cet argent, il existe. Il est agité, doucement, par Frédéric Sultan, le « super-facilitateur » du séminaire qui, d'emblée, a prévenu que les 130 00 euros de subventions seront, à terme, injectés dans les projets transversaux émanant sur la plate-forme « I-Jumelage ». « <i>Ce n'est pas une bourse aux projets</i> », répètera-t-il, conscient que la coopération à l'ère du numérique devra viser le croisement réel des pratiques de solidarité internationale et de solidarité numérique.</p> <p>Changer d'ère, donc : les associations qui ont participé à ce séminaire soutiennent avant tout le tournant numérique et son potentiel en terme de possibilités de développement. D'une part parce que générer des activités autour de l'ordinateur et de l'Internet en Afrique est certainement une voie de débouchés économiques à court terme pour une large partie de la population (cyber-cafés, centres de ressources, maintenance informatique, réparation, etc.) et d'autre part, parce qu'en attendant les ressources générées sur place, il s'agit d'apparaître sur la toile, pour ouvrir des portes, se faire connaître et également pour continuer à postuler à différents financements émanant de tel ou tel organisme, multinationale ou fondation.</p> <p>L'idée selon laquelle l'Occident reste maître du jeu tend à disparaître, même si dans le cas d'espèce que représente la question du matériel informatique, les similitudes avec le marché des voitures est frappant : on recycle ce qui est jeté par le Nord [<a href='#nb2-6' class='spip_note' rel='footnote' title='Lire ici : « Ordinateurs retapées d'Europe pour continent sous-équipé (...)' id='nh2-6'>6</a>]. L'Afrique garde ainsi une vingtaine d'années de retard. Les Africains, qui ne produisent pas d'ordinateur sur place, ont donc ce réflexe de l'importation, inéluctable. L'Europe continue donc d'écouler ses vieilles bécanes. Pour l'instant, la coopération « sud-sud » a (apparemment) encore besoin des vannes du Nord. Jusqu'au jour où l'Afrique viendra « <i>au secours de l'Occident</i> » [<a href='#nb2-7' class='spip_note' rel='footnote' title='L'Afrique au secours de l'Occident, Anne-Cécile Robert, Éditions de l'Atelier, (...)' id='nh2-7'>7</a>]…</p></div> <hr /> <div class='rss_notes'><p>[<a href='#nh2-1' id='nb2-1' class='spip_note' title='Notes 2-1' rev='footnote'>1</a>] Lire <i>L'Afrique des associations. Entre culture, développement et stratégies identitaires.</i> Sous la direction de Momar Coumba Diop et Jean Benoist Éditions Karthala, 2008. Lire une présentation ici : <a href="http://amades.hypotheses.org/36" class='spip_out' rel='external'>http://amades.hypotheses.org/36</a></p> <p>[<a href='#nh2-2' id='nb2-2' class='spip_note' title='Notes 2-2' rev='footnote'>2</a>] Lire « <i>En Guinée, les TIC au bon vouloir du courant</i> »</p> <p>[<a href='#nh2-3' id='nb2-3' class='spip_note' title='Notes 2-3' rev='footnote'>3</a>] À propos de « Fragments du Monde », Lire : <a href="http://fragmentsdumonde.org/UIE02/article.php3?id_article=439" class='spip_out' rel='external'>http://fragmentsdumonde.org/UIE02/article.php3?id_article=439</a></p> <p>[<a href='#nh2-4' id='nb2-4' class='spip_note' title='Notes 2-4' rev='footnote'>4</a>] Lire ici : « <i>Saran Daraba Kaba : l'autre Aminata ?</i> »</p> <p>[<a href='#nh2-5' id='nb2-5' class='spip_note' title='Notes 2-5' rev='footnote'>5</a>] Liste des micro-projets (Les parenthèses indiquent les partenaires des projets transversaux) : <br /><img src="http://vecam.org/skel/puce.gif" width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> « <strong>Elles s'expriment</strong> » (« <i>El Hamane</i> » - Maroc-, « <i>Parlement des jeunes du Réseau des femmes du Fleuve Mano pour la Paix</i> (REFMAP) » - Guinée -, « <i>Femmes et Tic</i> » - Mali -) : mise en place des formations à l'audiovisuel pour réaliser des vidéos sur les violences faites aux femmes. Préparation de plaidoyers auprès des autorités politiques des différents pays sur le droit des femmes.</p> <p><img src="http://vecam.org/skel/puce.gif" width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> « <strong>Appropriation des TIC par l'éducation</strong> » (« <i>Association des jeunes pour la sensibilisation au respect du civisme en Guinée</i> » - Guinée -, « <i>Réseau des jeunes et adolescents pour les populations et le développement</i> » - Sénégal -, « <i>Édutech</i> » - Mali -) : pour une informatisation du système éducatif des pays concernés, à travers 3 sites-pilotes en Guinée et un centre informatique au Sénégal.</p> <p><img src="http://vecam.org/skel/puce.gif" width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> « <strong>Bhantal</strong> », « <i>le progrès</i> » en Poular (« <i>Projet New Deal Magazine</i> » - Guinée - , « <i>Réseau des Jeunes journalistes de Guinée</i> » - Guinée -, « <i>Ciné-Club Tinghir</i> » - Maroc -, « <i>Traits d'union</i> » - Mali). Projet médiatique transversal autour de l'éducation, de l'information, de la défense de l'environnement et de la notion de « <i>communication africaine</i> » (réalisation de films, d'un magazine éducatif, de reportages et d'interviews de consultants sur un site web à créer : <a href="http://www.bhantal.org/" class='spip_out' rel='external'>www.bhantal.org</a>).</p> <p><img src="http://vecam.org/skel/puce.gif" width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> « <strong>Santé de la reproduction des jeunes et des femmes</strong> » (« <i>Espace Communication</i> » - Mali -, « <i>Jeune chambre internationale de Guinée</i> », « <i>Coordination de la Moyenne Guinée</i> », « <i>Les Amis du Futur</i> » - Guinée) : formations communes de femmes et de jeunes (les futurs « pères-éducateurs ») aux problèmes de santé publique et sensibilisation au développement d'activités génératrices de revenus, notamment l'aviculture, la production de savon, de teintures... Le projet prévoit aussi la création d'une plate-forme de blogs sur la sensibilisation aux problèmes sociaux liés à la reproduction (les exclusions sociales liées aux problèmes de grossesse par exemple) et aux problèmes de santé publique (VIH, MST).</p> <p><img src="http://vecam.org/skel/puce.gif" width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> « <strong>Un village, une forêt</strong> » (« <i>Coordination régionale des jeunes de la Guinée forestière</i> », « <i>Al Michal : Protection de l'oasis du Maroc</i> », « <i>coordination de la zone du Manding</i> » - Guinée -) travaillera autour du reboisement de certaines forêts au sud du Maroc, en Haute-Guinée et en Guinée-forestière. L'idée est de lutter contre les effets de la désertification et le déboisement des forêts par les hommes, notamment pour la vente de charbon. Sensibilisation par des films, des affiches puis mise en place d'actions concrètes de « lobbying » auprès des autorités locales de Guinée et du Maroc.</p> <p><img src="http://vecam.org/skel/puce.gif" width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> « <strong>Caravane du livre et TIC</strong> » (« <i>Les Amis du Futur</i> » - Guinée -, « <i>La librairie Hassoun</i> » -Maroc -, « <i>Femmes et Tic</i> » - Mali -) a pour objectif la sensibilisation les citoyens à l'intérêt du livre. Mise en place de caravanes pour la diffusion de films, la promotion du livre et la sensibilisation aux TIC dans les zones rurales.</p> <p><img src="http://vecam.org/skel/puce.gif" width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> « <strong>Citoyens africains</strong> » (« <i>Coordination régionale de la Basse-Guinée </i> », « <i>Système d'information populaire, Centre de ressources pour l'émergence sociale participative</i> » - Sénégal -, « <i>Espace Communication</i> » - Mali -). Objectif : « <i>conscientiser les jeunes dès le bas âge aux valeurs africaines, pour leur dire ce qu'on attend d'eux</i> ». Formations de pères-éducateurs, caravanes de sensibilisation, organisation de conférences, tables rondes, débats, colonies de vacances, voyages d'échange entre le Sénégal, le Mali, la Guinée. Objectif : favoriser les correspondances entre les ressortissants de pays voisins qui ne se connaissent pas, échanger l'expérience en matière de résolution de conflits, développer l'inter-culturel...</p> <p>[<a href='#nh2-6' id='nb2-6' class='spip_note' title='Notes 2-6' rev='footnote'>6</a>] Lire ici : « <i>Ordinateurs retapées d'Europe pour continent sous-équipé</i> »</p> <p>[<a href='#nh2-7' id='nb2-7' class='spip_note' title='Notes 2-7' rev='footnote'>7</a>] <i> L'Afrique au secours de l'Occident</i>, Anne-Cécile Robert, Éditions de l'Atelier, 2006</p></div> Internet, un outil de réconciliation nationale en Guinée ? http://vecam.org/article1228.html http://vecam.org/article1228.html 2009-10-24T14:00:00Z text/html fr Creative Commons Afrique En Guinée, l'armée a tiré sur la foule, et certains voudraient que ce crime d'État ne demeure pas sans nom, sans visages ni sans chiffres. Touré Booba Sidiki est de ceux-là. Il s'est engagé dans un vaste projet de recouvrement des preuves des massacres de 2007 en Guinée. Touré Booka Sidiki a la rage au ventre. « J'ai vu les corps que les gens portaient sur leurs épaules. J'ai assisté au massacre de mes jeunes frères guinéens. Je ne peux pas oublier. » En janvier-février 2007, alors que des dizaines de (...) - <a href="http://vecam.org/rubrique127.html" rel="directory">2008 - 2011 i-jumelages</a> / <a href="http://vecam.org/mot17.html" rel="tag">Creative Commons</a>, <a href="http://vecam.org/mot42.html" rel="tag">Afrique</a> <div class='rss_chapo'><p>En Guinée, l'armée a tiré sur la foule, et certains voudraient que ce crime d'État ne demeure pas sans nom, sans visages ni sans chiffres. Touré Booba Sidiki est de ceux-là. Il s'est engagé dans un vaste projet de recouvrement des preuves des massacres de 2007 en Guinée.</p></div> <div class='rss_texte'><p>Touré Booka Sidiki a la rage au ventre. « <i>J'ai vu les corps que les gens portaient sur leurs épaules. J'ai assisté au massacre de mes jeunes frères guinéens. Je ne peux pas oublier.</i> » En janvier-février 2007, alors que des dizaines de milliers de Guinéens battent le pavé « <i>pour le changement</i> », à l'appel des syndicats pour un changement politique dans ce pays dirigé alors d'une main de fer par feu le général Lansana Conté, l'armée tire sur la foule, causant la mort de plusieurs dizaines de personnes. Les chiffres des ONG font état de 186 morts et 1200 blessés. Alors que les caméras se braquent sur la capitale Conakry, dans tout le pays, des destructions et des disparitions ont lieu. Un massacre qui attirera les caméras européennes. Mais un massacre qui n'a jamais été jugé.</p> <h3 class="spip">« <i>Lutter contre l'ethnicisation </i> »</h3> <p>Plus de deux ans ont passé. Touré Booba Sidiki, directeur depuis 2004 de la Coordination régionale de la jeunesse de la Basse-Guinée veut collecter, recouper, montrer, projeter. Son objectif : arpenter la Guinée de long en large pour traquer les preuves des massacres et les publier, ensuite, sous divers supports : des pages Internet, des courts-métrages, des publications. « <i>Je ne peux pas rester insensible à l'injustice</i> », dit-il. Son ambitieux projet consiste à « <i>recenser les maisons cassées, trouver des preuves, des actes de décès, pour enfin ouvrir une ère de réconciliation nationale en Guinée, où l'ethnicisation des rapports dans la société est en train de devenir un vrai danger. On se souvient tous du Rwanda. Quand on regarde sereinement les faits, la plaie guérit mieux, même s'il y a des cicatrices</i> », dit-il, usant de grands mots (« <i>compréhension », « tolérance », « respect</i> ») et de grands noms (Malcom X, Martin Luther King...)... Son intention est double : il s'agit à la fois d'un travail d'historien contemporain et d'un travail de réconciliation de la jeunesse qui, selon lui, est « <i>divisée en Guinée à cause de l'ethnicisation</i> ». En Guinée, pays qui a, contrairement à ses voisins (le Libéria, la Sierra Léone), toujours été plus ou moins épargné par ce qu'on nomme en Europe les « <i>divisions ethniques</i> », le paysage politique commence, selon de nombreux observateurs, à sérieusement s'« <i>ethniciser</i> ». Il ne se passe pas une semaine sans qu'un parti politique soit créé, soit par un ancien ministre, soit par un regroupement de jeunes, soit par un groupe quelconque. On comptait mi-2009 plus de 70 partis politiques en Guinée !</p> <p><span class='spip_document_941 spip_documents spip_documents_center'> <img src='http://vecam.org/local/cache-vignettes/L450xH303/article_5_bis_-28dc2.jpg' width='450' height='303' alt="" style='height:303px;width:450px;' /></span></p> <p>Pour marquer les esprits, il faut des images. Pour avoir des images, il faut avoir du matériel d'enregistrement, des moyens de transport. Et pour cela, il faut des fonds. Sidi Booba part de zéro, ou presque. « <i> Le Programme des Nations Unies pour le développement</i> (PNUD) <i>a refusé de répondre à nos quatre demandes de subvention !</i> », explique-t-il avant de préciser : « <i>Actuellement, le PNUD travaille en Guinée afin de permettre un dialogue sur la "réconciliation nationale", par rapport à la transition. Très bien. En 2007, nous avons déposé au PNUD un dossier de demande de subvention sur ce même sujet ! On n'a pas eu de réponse. Par la suite, on a ressayé trois fois : toujours pas de réponse. Cette année, inquiets des signes de dérapage en Guinée, le PNUD nous a appelés et deux experts sont venus nous voir pour lancer des appels à projets liés à la transition. Deux ans après, c'est donc le même thème qu'on nous amène : "dialogue social", "réconciliation"... Moi je leur ai dit : "c'est pas nous le problème, c'est vous ! Vous qui ne tenez pas compte de nous, les jeunes." Les indicateurs, les signes qu'ils cherchent, au PNUD, ce sont nous, les jeunes. C'est nous qui connaissons la solution à apporter aux problèmes !</i> » raconte cet homme âgé de... 52 ans.</p> <h3 class="spip">Blocage et pressions</h3> <p>En février 2007, après avoir instauré l'état de siège, Lansana Conté a nommé une personnalité dont la réputation est celle d'un connaisseur de l'économie, l'ancien ambassadeur de Guinée à l'ONU, Lansana Kouyaté. Il est accueilli à Conakry en héros, mais un de premiers actes symboliques, la pose d'un éléphant géant sur le rond-point de Bellevue, à Conakry (en Guinée, l'éléphant est le symbole du régime de Sékou Touré, ndla) fera l'objet d'une vive polémique, notamment de la part des victimes des massacres du Camp Boiro. La feuille de route de M.Kouyaté prévoit l'instauration d'une Commission d'enquête sur les massacres de janvier-février 2007. Une enquête de terrain aurait donc dû permet d'établir avec précision les données des fusillades. Mais devant les blocages du régime, celle-ci a renoncé. À peine la Commission d'enquête logée, dans le centre de Conakry, Lansana Conté donnait l'ordre à la banque de bloquer les comptes de la Commission. Les choses sont claires : la vérité n'éclatera pas au grand jour tant que « <i>le vieux</i> » sera au pouvoir...</p> <h3 class="spip">« <i>Au nom de Dieu</i> »...</h3> <p>Cependant, en 2008, alors que le régime de Conté impose une « fin de règne sans fin » [<a href='#nb3-1' class='spip_note' rel='footnote' title='Lire Odile Goerg, Fin de règne sans fin en Guinée, Le Monde Diplomatique, (...)' id='nh3-1'>1</a>] à son pays, plusieurs représentants des victimes des massacres obtiennent une rencontre avec la première dame de l'époque, Me Henriette Conté, une personnalité au cœur de beaucoup d'« affaires » du pays. Face à elle, plusieurs jeunes issus de diverses organisations de la société civile [<a href='#nb3-2' class='spip_note' rel='footnote' title='La Fondation Diallo Telli, l'association des victimes du Camp Boiro, le (...)' id='nh3-2'>2</a>] lui font part de leur volonté de justice suite aux massacres et souhaitent s'assurer de ce soutien de poids dans la réparation. « <i>Madame la première dame, nous ne demandons pas la vengeance, qui est le premier sentiment qui anime une victime quand elle voit les mêmes personnes qui ont tiré sur la foule circuler dans la rue. Nous réclamons la justice et la vérité</i> », dit un d'eux [<a href='#nb3-3' class='spip_note' rel='footnote' title='In « Cona'cris, La Révolution orpheline », film documentaire de Gilles Nivet, (...)' id='nh3-3'>3</a>]. « <i>Au nom de Dieu, je vous demande de pardonner. Sans pardon, on ne peut pas construire notre pays. Je vous demande de mettre cette situation au compte de notre créateur</i> », a répondu la première dame. En clair : les militaires n'ont tué personne, mais Dieu, lui, est un criminel. La religion est pratique, parfois...</p> <p>Maintenant que le régime de Conté est tombé, Touré Booba reprend confiance. Pour sensibiliser « <i>le monde entier</i> » sur ce drame, il compte sur Internet : « <i>dans le monde entier, des commissions "vérité et réconciliation" ont été mises en place et notre organisation pourrait s'inscrire dans cette longue liste des organisations qui se battent pour la paix et la justice. Nous comptons donc réaliser un site dédié aux massacres et un livre que nous aimerions titrer : </i>"Vérité et témoignages sur les événements de janvier-février 2007". »</p> <h3 class="spip">Prendre appui sur le mémorial du Camp Boiro</h3> <p>En Guinée, pays marqué par 26 années de règne sans partage de Sékou Touré, années pendant lesquelles le chantre de l'indépendance guinéenne fera éliminer plusieurs dizaines de milliers de prétendus opposants et autres contre-révolutionnaires, dans le tristement célèbre Camp Boiro, il est encore difficile, 25 ans après, de parler de cette époque. Elle divise profondément la société guinéenne. Les fantômes de Sékou Touré planent constamment sur la société guinéenne. Face aux crimes de ce régime qui apporta pourtant tant d'espoir sur le plan de l'émancipation panafricaine, des citoyens guinéens ont toutefois entrepris un impressionnant travail de recueil de données et d'identification des victimes, pour en faire un site : le mémorial du Camp Boiro [<a href='#nb3-4' class='spip_note' rel='footnote' title='http://www.campboiro.org/' id='nh3-4'>4</a>].</p> <p>Sidi Booba souhaite s'inspirer de cette base de données pour son projet. Il est en contact avec deux enfants de victimes du Camp Boiro. Comment réagirait le régime actuel, un régime militaire, face à ces accusations contre la Grande Muette ? Si des commissions « vérité et réconciliation » sont en marche, le régime de Dadis Camara a pourtant exercé plusieurs pressions, notamment auprès d'un juge chargé de l'enquête. Pas sûr que ce béret rouge, qui exerçait au moment des massacres, accepte de lever le voile. Son discours par rapport aux méfaits des deux derniers régimes de Guinée est plutôt de l'ordre du « <i>grand pardon</i> », comme il l'a expliqué le 6 février dernier au Palais du Peuple de Conakry : « I<i>l faudra que le peuple de Guinée, y compris les sages, les jeunes, les enfants, puissent pardonner, accepter le pardon !</i> » Un discours qui lui vaudra ce titre tout en subtilité du journal satirique guinéen Le Lynx : « <i> Leurre du grand pardon.</i> » [<a href='#nb3-5' class='spip_note' rel='footnote' title='Le Lynx, 16/02/09. Pour une revue de presse de l'époque, cliquer ici : (...)' id='nh3-5'>5</a>]</p></div> <hr /> <div class='rss_notes'><p>[<a href='#nh3-1' id='nb3-1' class='spip_note' title='Notes 3-1' rev='footnote'>1</a>] Lire Odile Goerg, Fin de règne sans fin en Guinée, Le Monde Diplomatique, avril 2006. <a href="http://www.monde-diplomatique.fr/2006/04/GOERG/13335" class='spip_out' rel='external'>http://www.monde-diplomatique.fr/2006/04/GOERG/13335</a></p> <p>[<a href='#nh3-2' id='nb3-2' class='spip_note' title='Notes 3-2' rev='footnote'>2</a>] La Fondation Diallo Telli, l'association des victimes du Camp Boiro, le Conseil national des organisations de la société civile, l'organisation Guinéenne des droits de l'Homme (OGDH), l'association des jeunes de Guinée (AJG). (liste non-exhaustive).</p> <p>[<a href='#nh3-3' id='nb3-3' class='spip_note' title='Notes 3-3' rev='footnote'>3</a>] In « <i>Cona'cris, La Révolution orpheline</i> », film documentaire de Gilles Nivet, 2009.</p> <p>[<a href='#nh3-4' id='nb3-4' class='spip_note' title='Notes 3-4' rev='footnote'>4</a>] <a href="http://www.campboiro.org/" class='spip_out' rel='external'>http://www.campboiro.org/</a></p> <p>[<a href='#nh3-5' id='nb3-5' class='spip_note' title='Notes 3-5' rev='footnote'>5</a>] Le Lynx, 16/02/09. Pour une revue de presse de l'époque, cliquer ici : <a href="http://www.guineenews.org/articles/outils/print.asp?ID=200922213126" class='spip_out' rel='external'>http://www.guineenews.org/articles/outils/print.asp?ID=200922213126</a></p></div> Des miettes pour l'Afrique, mais les logos des sponsors sont colorés http://vecam.org/article1227.html http://vecam.org/article1227.html 2009-10-24T13:59:00Z text/html fr Creative Commons Afrique Les associations qui oeuvrent pour la promotion du livre ou des TIC en Afrique se heurtent souvent aux vieilles logiques, qui allient celle de la compassion à celle de l'opportunisme. Rencontres croisées à Conakry (Guinée). « L'oralité n'explique pas tout : c'est surtout le manque de ressources qui nous fait défaut. » Arafan Camara, 23 ans, secrétaire chargé des ressources humaines des Amis du Futur, une Organisation non-gouvernementale (ONG) qui promeut les nouvelles technologies et la culture en (...) - <a href="http://vecam.org/rubrique127.html" rel="directory">2008 - 2011 i-jumelages</a> / <a href="http://vecam.org/mot17.html" rel="tag">Creative Commons</a>, <a href="http://vecam.org/mot42.html" rel="tag">Afrique</a> <div class='rss_chapo'><p>Les associations qui oeuvrent pour la promotion du livre ou des TIC en Afrique se heurtent souvent aux vieilles logiques, qui allient celle de la compassion à celle de l'opportunisme. Rencontres croisées à Conakry (Guinée).</p></div> <div class='rss_texte'><p>« <i>L'oralité n'explique pas tout : c'est surtout le manque de ressources qui nous fait défaut.</i> » Arafan Camara, 23 ans, secrétaire chargé des ressources humaines des Amis du Futur, une Organisation non-gouvernementale (ONG) qui promeut les nouvelles technologies et la culture en Guinée, se rend à l'évidence : « <i>Il y a un désintérêt pour les livres et pour la lecture en général : même les ministres ne lisent pas. En Guinée comme dans beaucoup de pays d'Afrique, les bibliothèques publiques sont dépourvues.</i> » Le projet qu'il anime, « Bibliobus », consiste justement à s'attaquer à cette carence observable sur tout le continent. Il s'agit de couvrir différents quartiers de Conakry grâce à une bibliothèque ambulante où les enfants peuvent emprunter gratuitement quelque 500 livres. Mais les faits sont têtus : « <i>le bus, qui nous a été donné par l'ONG</i> Guinée Solidarité [<a href='#nb4-1' class='spip_note' rel='footnote' title='Guinée Solidarité, depuis sa création par Nadine Bari, en 1987, à Strasbourg, (...)' id='nh4-1'>1</a>], <i>est en panne et nous sommes bloqués depuis l'an passé. On souhaiterait avoir cinq rondes par commune, dans cinq communes différentes de la capitale, pour passer dans une vingtaine d'écoles chaque mois, mais le bus est en panne et les ressources nous font défaut. On aurait besoin de moyens financiers pour acheter cinq bus. Il y a tellement peu de bibliothèques...</i> »</p> <p><span class='spip_document_939 spip_documents spip_documents_center'> <img src='http://vecam.org/local/cache-vignettes/L450xH302/article_4-c0bd5.jpg' width='450' height='302' alt="" style='height:302px;width:450px;' /></span></p> <h3 class="spip">Des multinationales, des ambassades, des toiles d'araignée...</h3> <p>Un paradoxe qui saute aux yeux lorsqu'Arafan égrène la longue liste des sponsors qui ont leur nom sur le bus, avant de nous emmener voir le dit bus, garé sur le parking de l'université Gamal Abdel Nasser. Une épave au point mort, dont les toiles d'araignée et la poussière ont pris possession. « <i>Heureusement que nous avons notre bibliothèque du LAF, elle est fixe, dans la commune de Ratoma. C'est la seule du quartier ! </i> » Les élèves peuvent emprunter des livres au tarif de 10 000 Francs Guinéens par an (moins de 2 euros).</p> <p>Dans la longue liste des soutiens au projet du LAF, on trouve un géant mondial de l'agro-alimentaire au passé sulfureux en Afrique (Nestlé), deux dinosaures de l'exploitation des ressources pétrolières africaines (Shell, Total), des opérateurs de télécommunication guinéens (Areeba Guinée, Mouna group technologies), la deuxième société d'assurances de Guinée, la Sonag, une entreprise de conseil en informatique appartenant à un autre géant (Eti S.A, groupe Bull) et la société Bonagui, qui appartient à Coca-Cola. Que des mastodontes, qui ont bien compris l'intérêt de s'allier à des projets culturels en Guinée. Pour Nestlé, il s'agit de redorer un blason que l'affaire du lait en poudre frelaté et les récentes pratiques commerciales agressives, dénoncées par deux études britanniques ces dernières années [<a href='#nb4-2' class='spip_note' rel='footnote' title='À propos du scandale du lait frelaté, lire ici : http://www.lejdd.fr/cmc//internat' id='nh4-2'>2</a>], avaient considérablement terni. Pour les autres, c'est de la publicité moderne et à moindre frais. Les Guinéens étant habitués à voir défiler sous leurs yeux les cadeaux de pacotille des grandes sociétés qui prospèrent dans leur pays (les stades siglés Rusal, les bennes à ordure estampillées Rio Tinto, les T-shirt Orange...), ils ne sont pas étonnés de voir les logos colorés des sociétés occidentales (ou leurs possessions locales) s'associer à des projets visant à développer la culture et la connaissance, sur les ruines d'un système éducatif atomisé en grande partie à cause des injonctions du FMI dans les deux dernières décennies. Les sociétés ne donnent pas un franc guinéen à cette ONG, mais leur nom est associé au LAF, qui promeut la culture et les TIC. La bonne affaire.</p> <h3 class="spip">« <i>De grands noms</i> »</h3> <p>« <i>Les sociétés pétrolières nous offrent deux pleins d'essence par an, mais à part cette petite aide symbolique, ils sont particulièrement avares. Ils se servent de nous pour donner des produits pendant nos tournées dans les quartiers, comme les produits Nestlé, mais on ne récupère rien de plus. Dans les règles de l'art, on devrait enlever leur nom du bus, leur dire de quitter, mais on préfère les garder car ce sont de grands noms et le rapport entre leur notoriété et leur investissement local est énorme ! Les seuls qui nous supportent de façon régulière, c'est le service de coopération et d'action culturelles (SCAC) de l'ambassade de France. Ils nous donnent environ 2700 euros. Mais chaque année, ce budget baisse. Un jour, il n'y aura plus rien.</i> »</p> <p>À l'heure où l'aide publique au développement (APD) ne cesse de diminuer [<a href='#nb4-3' class='spip_note' rel='footnote' title='Selon James Wolfensohn, président de la Banque mondiale, « un monde où l'aide (...)' id='nh4-3'>3</a>], en partie à cause de l'augmentation, au Nord, des budgets alloués par les États aux capacités militaires et aux subventions agricoles, les associations africaines frappent de plus en plus aux portes des multinationales, qui sont perçues par les associations africaines comme des mécènes potentiels. Qu'il s'agisse des États ou des entreprises, en matière de coopération, le rapport entre nord et sud et toujours très ambigu.</p> <p><span class='spip_document_940 spip_documents spip_documents_center'> <img src='http://vecam.org/local/cache-vignettes/L450xH302/article_4_bis_-d6e8a.jpg' width='450' height='302' alt="" style='height:302px;width:450px;' /></span></p> <h3 class="spip">Quels objectifs du Millénaire ?</h3> <p>Au Sénégal, l'ONG de Fambaye Ndoye Thioub n'a de son côté, pas reçu le moindre financement européen. Ni multinationale pétrolière, ni ambassade vertueuse, ni mécène opportuniste. Pourtant, dit cette femme, qui est aussi syndicaliste à l'Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal (UNSAS) et membre des conseils municipaux de Yoff et de Dakar (pour le Parti démocratique du Sénégal, PDS, parti présidentiel), « <i>nous nous inscrivons parfaitement dans les objectifs du millénaire</i> », en référence aux chantiers solennellement définis en septembre 2000 établissant des cibles précises pour 2015 afin d'éradiquer « la misère, la dénutrition, les épidémies ». Des objectifs encore précisés lors du sommet mondial du développement durable de Johannesburg en 2002, mais loin, très loin d'avoir connu le même entrain que celui déployé pour faire face à la faillite des systèmes bancaires aux États-Unis ou en Europe [<a href='#nb4-4' class='spip_note' rel='footnote' title='À propos de ces objectifs (non-atteints) du Millénaire, lire et voir Jean (...)' id='nh4-4'>4</a>]. « <i>L'alphabétisation, la lutte contre la pauvreté, la réduction de la fracture numérique... notre projet englobe tout cela ! Un jour ou l'autre, on trouvera le bon bailleur de fonds, qui trouvera que notre projet est noble</i> », espère cette femme qui s'est donné pour tâche de palier la chute soudaine des revenus des femmes de Yoff, lesquelles dépendent majoritairement des ressources halieutiques.</p> <p>Or, depuis plusieurs années, les pêcheurs du Sénégal ont vu leurs revenus considérablement diminuer. « <i>Les étrangers ont fait un pillage avec des filets non réglementaires. Ce qu'on arrive aujourd'hui à pêcher, d'autres bateaux l'achètent au large</i> », raconte-t-elle, se référant aux bateaux usines chinois qui, tout au long du Golfe de Guinée, écument le moindre flot pour s'accaparer les ressources halieutiques. Le cas échéant, lorsqu'une association ou un rapport dénonce ce pillage en règle, les Chinois noient le poisson avec de généreux dons, comme ce fut le cas avec le gouvernement de Lansana Conté, en 2006 en Guinée, lorsque Greenpeace arraisonna un de ces navires, le dénommé Lian Run N° 14, pour lever le voile sur leurs activités dévastatrices au large de Conakry [<a href='#nb4-5' class='spip_note' rel='footnote' title='Lire ici le rapport de Greenpeace de mars 2006 : http://www.greenpeace.org/canad' id='nh4-5'>5</a>]. Le 26 mars, jour de cette « capture », Pékin a offert la coquette somme d'un million de dollars au gouvernement guinéen. À mettre, bien entendu, sur le compte de son Programme d'assistance à la réduction de la pauvreté en Guinée, un des pays les plus pauvres de la planète.</p> <h3 class="spip">Un blog pour « <i>les hôtels d'Europe</i> »</h3> <p>Face à la paupérisation des zones péchières comme celle de Yoff, au Sénégal, et à la baisse des revenus non seulement des pêcheurs mais également des femmes de pêcheurs, pour qui le commerce du poisson représente une source sûre de revenus, Me Ndoye a tenté de mettre en place une véritable alternative s'appuyant sur les Technologies de l'Information et de la Communication (TIC). Son projet, intitulé « Femmes alph@ne »t, a été mis en place en 2007 afin de permettre à ces femmes « <i>de s'approprier les outils modernes de communication</i> » et à se former aux usages d'internet. Soixante femmes auraient déjà été formées, mais devant le manque de ressources, le projet est en stand-by. « <i>Au début, l'ONG CRESP avait mis à notre disposition du matériel et une salle, mais cette ONG a eu quelques problèmes avec son centre de formation et tout s'est arrêté. La liste des candidates est longue : 35 femmes ont déjà payé leur formation et attendent ! Nous n'avons plus de centre pour former ces femmes-là. Chaque jour, 50 à 60 d'entre elles viennent demander qu'on les forme. Ce n'est pas facile</i> », raconte-t-elle dans l'enceinte de l'Hôtel de la petite minière, où elle est venue participer au séminaire « <i>I-Jumelage</i> », en mai dernier, à Conakry. « <i>Une opportunité d'ouverture pour trouver des partenaires et assurer les frais du centre</i> », dit-elle. « <i>Seule la fondation Sonatel nous a donné un ordinateur. Moi, en tant que présidente, j'en ai donné un : en tout on n'en a que deux ! Vraiment, ce n'est pas sérieux de commencer une formation avec deux ordinateurs ! On s'est dit que si on avait dix PC au départ et que si on avait une aide extérieure pour payer l'électricité, le loyer, l'entretien du local et des machines, on pourrait alors faire vivre le centre mettre en place des formations crédibles.</i> »</p> <p>Non sans une certaine sublimation pour l'Internet, elle imagine que les femmes de Yoff, « <i>dont 90% savent faire la teinture et la couture</i> », pourraient vendre leurs produits grâce à un blog. « <i>À partir d'Internet, ces femmes pourraient avoir des clients quelque part, elles pourraient par exemple avoir une page pour exposer les pagnes, leurs torchons, leurs serviettes, pour les proposer à des hôtels en Europe. L'aéroport est là, tout près, elles pourraient envoyer leurs colis facilement. Ça serait extraordinaire, pour sortir de la pauvreté dans laquelle le manque de ressources de pêche les a plongées. ... c'est un objectif ! Les cotisations ont déjà commencé à affluer, les caisses sont là, elles ont nommé leurs commissaires aux comptes, leurs trésorières... c'est en route ! Mais c'est dur !</i> »</p></div> <hr /> <div class='rss_notes'><p>[<a href='#nh4-1' id='nb4-1' class='spip_note' title='Notes 4-1' rev='footnote'>1</a>] Guinée Solidarité, depuis sa création par Nadine Bari, en 1987, à Strasbourg, a envoyé en Guinée au moins 320 tonnes de matériel réformé par des hôpitaux, des écoles ou des entreprises françaises.</p> <p>[<a href='#nh4-2' id='nb4-2' class='spip_note' title='Notes 4-2' rev='footnote'>2</a>] À propos du scandale du lait frelaté, lire ici : <a href="http://www.lejdd.fr/cmc/international/200838/lait-frelate-nestle-eclabousse_150687.html" class='spip_out' rel='external'>http://www.lejdd.fr/cmc//international/200838/lait-frelate-nestle-eclabousse_150687.html</a>. À propos du lait en poudre, l'OMS estime à quelque 1,5 million chaque année les bébés victimes de l'utilisation inadéquate du lait en poudre. Pour un historique de Nestlé en Afrique, lire ici : <a href="http://ks25722.kimsufi.com/~informat/index.php/historique-du-code.html" class='spip_out' rel='external'>http://ks25722.kimsufi.com/ informat/index.php/historique-du-code.html</a></p> <p>[<a href='#nh4-3' id='nb4-3' class='spip_note' title='Notes 4-3' rev='footnote'>3</a>] Selon James Wolfensohn, président de la Banque mondiale, « <i>un monde où l'aide publique, à 56 milliards de dollars par an, est au plus bas niveau depuis quarante ans, alors que les pays riches dépensent 300 milliards en subventions à leur agriculture et 600 milliards pour leur défense, est "un monde sans équilibre"</i> » (Assemblée annuelle de la Banque et du FMI, Dubaï, septembre 2003).</p> <p>[<a href='#nh4-4' id='nb4-4' class='spip_note' title='Notes 4-4' rev='footnote'>4</a>] À propos de ces objectifs (non-atteints) du Millénaire, lire et voir Jean Ziegler, membre du Comité consultatif du Conseil des droits de l'homme de l'ONU : <a href="http://eco.rue89.com/cabinet-de-lecture/2008/10/27/jean-ziegler-pour-un-tribunal-de-nuremberg-de-la-crise" class='spip_out' rel='external'>http://eco.rue89.com/cabinet-de-lecture/2008/10/27/jean-ziegler-pour-un-tribunal-de-nuremberg-de-la-crise</a></p> <p>[<a href='#nh4-5' id='nb4-5' class='spip_note' title='Notes 4-5' rev='footnote'>5</a>] Lire ici le rapport de Greenpeace de mars 2006 : <a href="http://www.greenpeace.org/canada/fr/presse/communiques/p-cheurs-pirates-demasques-au" class='spip_out' rel='external'>http://www.greenpeace.org/canada/fr/presse/communiques/p-cheurs-pirates-demasques-au</a></p></div> En Guinée, les TIC au bon vouloir du courant http://vecam.org/article1226.html http://vecam.org/article1226.html 2009-10-24T13:12:00Z text/html fr Creative Commons Afrique Trente-cinq associatifs d'Afrique, réunis pendant trois jours, dans un hôtel bien garni de Conakry, avec wifi, dîners, café, eau, électricité en permanence, climatisation, gardiens et chambres coquettes avec télé par satellite : voici le décor d'« I-jumelage », projet projet d'appropriation des Technologies de l'information et de la communication (TIC) concrétisé par un séminaire dans la capitale de la Guinée, du 23 au 27 mai 2009. Les apparences sont trompeuses : la Guinée est un des trous noirs de (...) - <a href="http://vecam.org/rubrique127.html" rel="directory">2008 - 2011 i-jumelages</a> / <a href="http://vecam.org/mot17.html" rel="tag">Creative Commons</a>, <a href="http://vecam.org/mot42.html" rel="tag">Afrique</a> <div class='rss_chapo'><p>Trente-cinq associatifs d'Afrique, réunis pendant trois jours, dans un hôtel bien garni de Conakry, avec wifi, dîners, café, eau, électricité en permanence, climatisation, gardiens et chambres coquettes avec télé par satellite : voici le décor d'« I-jumelage », projet projet d'appropriation des Technologies de l'information et de la communication (TIC) concrétisé par un séminaire dans la capitale de la Guinée, du 23 au 27 mai 2009. Les apparences sont trompeuses : la Guinée est un des trous noirs de l'Afrique en matière d'accès aux TIC.</p></div> <div class='rss_texte'><p>Hôtel de la petite-Minière, Conakry, Guinée, mai 2009. Dans l'enceinte de cet établissement surnommé l'« hôtel des syndicats » (c'est ici que les réunions entre les centrales syndicales guinéennes se tiennent), 35 responsables d'associations, qui, pour la plupart, se rencontrent pour la première fois, sont réunies pour créer ensemble un « réseau » qui servira de base pour plusieurs projets de coopération, d'échanges et de partenariats. Son nom : « I-Jumelage ». Les participants arrivent un par un, convaincus d'un côté que le fait de rentrer en contact avec des associations étrangères qui évoluent dans le même domaine ne peut qu'enrichir les pratiques locales. Convaincues également que la « cagnotte » qui les attend - 130 000 € de subventions, dont 50 000 € issus de fonds de l'Union européenne - leur permettra de mieux atteindre leurs objectifs. À savoir : s'équiper en matériel informatique, équiper les Africains en outils numériques (ordinateurs, téléphones portables…), afin de se servir d'Internet comme un puissant levier de développement .</p> <h3 class="spip">Panafricanisme et développement numérique</h3> <p>Organiser en Guinée un tel séminaire peut paraître parfaitement à la fois tout à fait cohérent et parfaitement incongru. D'un côté, la Guinée est un des pays où les souffles panafricanistes ont été les plus véhéments. Ici s'est créée l'Union Ghana-Guinée-Mali, en 1960. Ici encore s'est pensée l'Unité africaine, au lendemain des indépendances du Ghana de N'Krumah (1957) puis de la Guinée de Sékou Touré (1958) [<a href='#nb5-1' class='spip_note' rel='footnote' title='Deux leaders politiques dont l'amitié était de notoriété internationale, au (...)' id='nh5-1'>1</a>]. Lier les associations africaines en terre guinéenne est donc d'une certaine manière une prolongation de l'histoire de l'édification d'une résistance inter-africaine. Pour l'incongruité de la tenue d'un séminaire sur les technologies de l'information et de la communication, il faut préciser que la Guinée, dont la Société nationale d'électricité (SNE) a longtemps été surnommée « Société des nuits éternelles », est un véritable « trou noir » de l'Afrique en matière de développement et d'état d'avancement numérique. « <i>Nous préférons la liberté dans la pauvreté à l'opulence dans l'esclavage </i> » avait préfiguré le chantre de l'indépendance guinéenne, à sa prise de pouvoir en 1958. Le panafricanisme a tourné à la foire d'empoigne et à la raison du plus fort. Les pays pionniers du panafricanisme, dont la Guinée, ont souffert d'un isolement quasi-continu depuis les indépendances. À l'ère du numérique, cette réalité saute aux yeux.</p> <p>À l'université Lansana Conté de Sonfonia, à Conakry, une des plus grandes universités de Guinée, on compte moins de dix ordinateurs pour environ 16 000 étudiants (droit, sociologie, etc). Chaque matin, Mustapha, étudiant en sociologie, se lève à 5 heures pour être à la fac' à 8 heures. L'électricité n'y fonctionne que par à-coups, les vingt-cinq salles de cours – pour 16 000 étudiants ! – n'étant alimentées que par un seul groupe électrogène, censé fournir du jus de 11 heures à 17 heures. Pas besoin ici de moderniser la fonction publique, déjà amplement dégraissée dans les années 80 grâce au FMI : la plus importante université de Guinée compte un enseignant pour trois cents étudiants. Pas d'Internet, le parc informatique de l'université se limite à quelques ordinateurs périmés, auxquels se sont récemment rajoutés la trentaine de PC prêtés par l'ONG Chaîne informatique sans frontières (CISF), une association basée à Laval (Mayenne). Ratio : un poste pour 400 étudiants. Pour se mettre « <i>en contact avec le monde</i> » et relever ses mails, Mustapha doit donc aller « <i>en ville</i> », dans le quartier des banques et des villas. Là-bas, quelques cyber-cafés proposent aux Conakrykas de se connecter, à raison de 6500 GNF la demi-heure (environ 1 euro). Inutile de dire qu'ils sont bondés car ici, la connexion ne saute que très rarement.</p> <p>L'université Gamal Abdel Nasser, plus proche du centre-ville, est mieux équipée : environ 20 ordinateurs par section, à raison de trois sections par département (trois en tout), soit 180 postes informatiques en totalité. Pour se connecter à Internet, les étudiants doivent au préalable s'abonner à l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF), qui propose dix heures de connexion par semaine au prix de 55 000 GNF (environ neuf euros). « <i>Vingt postes par section, c'est vraiment peu par rapport à l'effectif total de l'université : 16 000 étudiants environ. Dans ma classe, on est 1200 élèves ! C'est toujours la guerre pour avoir un poste et si tu n'es pas patient, tu peux facilement renoncer</i> », explique Arafan, étudiant en troisième année de médecine et membre de l'association Les Amis du futur, qui organise la logistique du séminaire « I-Jumelage ».</p> <h3 class="spip">Wifi hors de prix</h3> <p>Dans l'hôtel du séminaire, c'est wifi à volonté. Une exception en Guinée. « <i>C'est gratuit</i> », indique le gérant, qui oublie de dire que le prix se répercute dans celui des chambres. Installer internet sans-fil dans cet hôtel est le fruit d'une longue bataille technico-administrative : poser le mât de onze mètres qui permet de réceptionner les signaux satellitaires, acheter le modem, prendre un abonnement, puis distribuer le wifi : « <i>L'installation coûte 20 millions de Francs Guinéens</i> (3000 euros) <i>et chaque mois, l'abonnement nous coûte 450 euros, pour une vitesse de 128ko/seconde. Passer à 256ko/seconde est facturé le double</i> », explique-t-il [<a href='#nb5-2' class='spip_note' rel='footnote' title='Pour en savoir plus sur les modes de connexion à l'Internet : (...)' id='nh5-2'>2</a>]. En France, l'ADSL est facturé, hors coût de la « box », environ trente euros par mois…</p> <p>Le fournisseur, Sotelgui, est une des plus importantes entreprises de télécommunication en Guinée. Ancienne entreprise d'État, son capital a été ouvert en 1992 suite à « <i>la politique de désengagement de l'Etat guinéen des activités productives du pays</i> » et au « <i>besoin de restructuration du secteur pour faire face aux nouveaux défis engendrés par l'émergence de la vision du village planétaire</i> », explique le directeur, Thierno Oury Diallo (Aminata.com, 10/03/09). Résultat : une dizaine d'années de partage avec Télékom Malaysia, qui a lâché ses parts en 2003. L'entreprise est donc redevenue guinéenne. Les concurrents se nomment Orange (la société prépare actuellement une contre-offre Internet), Cellcom, Areeba ou encore Intercel. Une floraison d'opérateurs privés qui évoluent tant dans le secteur de la télécommunication sans fil que dans l'Internet. Dans de nombreuses villes de Guinée, les visiteurs sont accueillis par d'énormes pancartes Orange. Des jeux sont annoncés sur des panneaux publicitaires géants aux quatre coins de Conakry et ce jusqu'en Haute-Guinée. À une cinquantaine de kilomètres de la capitale, une publicité énorme, le long de la route (ferrée) de la bauxite, invite les Guinéens à « <i>s'ouvrir au monde</i> ». Mais cette « ouverture »a comme principale épine les coupures d'électricité - ce qui explique le succès des téléphones portables, malgré les difficultés liées au chargement des batteries.</p> <p>Sotelgui est en concurrence avec Orange, qui est un des premiers opérateurs en Guinée depuis peu, grâce à une politique de publicité et d'opérations promotionnelles très agressive. Si l'incursion d'Orange en terre guinéenne est le fruit d'une politique commerciale traditionnelle, dans d'autres pays, la présence de France Télécom est un acquis de la Françafrique.</p> <p>La Guinée, surnommée par beaucoup d'observateurs de « <i>scandale géologique</i> » (en raison de ses très importantes réserves en bauxite et en fer) connaît des retards considérables en matière d'approvisionnement en électricité, au point que le chanteur Tiken Jah Fakoly a intitulé une des ses chansons <i>Conakry électricité (« chacun à son tour, comme chez le coiffeur</i> (...) <i>Quand Madina</i> (un quartier de Conakry, ndlR) <i>a l'électricité, Matoto attend, comme chez le coiffeur... </i> »). Pour réviser leurs cours, les étudiants sont obligés de se placer sous les lampadaires où l'électricité ne saute jamais, comme c'est le cas à l'aéroport international de Conakry. Sur le parking, chaque soir, des dizaines d'étudiants lisent à même le bitume leurs cours...</p></div> <hr /> <div class='rss_notes'><p>[<a href='#nh5-1' id='nb5-1' class='spip_note' title='Notes 5-1' rev='footnote'>1</a>] Deux leaders politiques dont l'amitié était de notoriété internationale, au point que N'Krumah sera nommé co-président de la Guinée lors de son exil en Guinée, en 1966, lorsqu'il fut renversé par un Coup d'État soutenu par la CIA.</p> <p>[<a href='#nh5-2' id='nb5-2' class='spip_note' title='Notes 5-2' rev='footnote'>2</a>] Pour en savoir plus sur les modes de connexion à l'Internet : <a href="" class=''>http://www.cornu.eu.org/texts/l-internet-par-satellite</a></p></div> En Afrique, quand la force de l'image transforme les TIC en outils de sensibilisation http://vecam.org/article1225.html http://vecam.org/article1225.html 2009-10-24T13:04:00Z text/html fr Creative Commons Afrique Dans plusieurs pays africains, des associations utilisent les Technologies de l'information et de la communication (TIC) pour militer en faveur du respect des droits de la femme ou pour alerter sur les effets de l'échec scolaire. Si les TIC ne sont pas une réponse aux problèmes de société, elles peuvent être un outil de sensibilisation puissant, à l'heure de l'image et de la démocratisation des moyens d'enregistrement. Exemples concrets au Mali (« Femmes et TIC ») et au Maroc (« El Amane » et « Cinéclub (...) - <a href="http://vecam.org/rubrique127.html" rel="directory">2008 - 2011 i-jumelages</a> / <a href="http://vecam.org/mot17.html" rel="tag">Creative Commons</a>, <a href="http://vecam.org/mot42.html" rel="tag">Afrique</a> <div class='rss_chapo'><p>Dans plusieurs pays africains, des associations utilisent les Technologies de l'information et de la communication (TIC) pour militer en faveur du respect des droits de la femme ou pour alerter sur les effets de l'échec scolaire. Si les TIC ne sont pas une réponse aux problèmes de société, elles peuvent être un outil de sensibilisation puissant, à l'heure de l'image et de la démocratisation des moyens d'enregistrement. Exemples concrets au Mali (« Femmes et TIC ») et au Maroc (« El Amane » et « Cinéclub Tinghir »).</p></div> <div class='rss_texte'><p>Contrairement à une idée reçue, l'Internet et les Technologies de l'information et de la communication (TIC) ont déjà fait une percée en Afrique. Dans plusieurs pays africains, les indicateurs de « connectivité » reflètent une pénétration relative plutôt favorable aux TIC malgré la faiblesse des infrastructures. Au Burkina Faso, par exemple, on compte 2 ordinateurs et 40 internautes pour 10 00 habitants, soit 85 fois moins que la Belgique [<a href='#nb6-1' class='spip_note' rel='footnote' title='Selon les données de l'Union internationale des télécommunications et la Banque (...)' id='nh6-1'>1</a>]. Un retard criant, qui doit être pondéré par une donnée objective : en évaluant le nombre d'internautes par tranche de revenu, le taux de 19,29 internautes par million de $ de PIB atteint au Burkina Faso est supérieur aux États-Unis (14,29) et même à tous les pays d'Europe. À l'échelle du continent africain, la « télédensité réelle », qui atteste du niveau d'utilisation des lignes fixes et mobiles, est passée de 1,61 pour 100 habitants à 28,11, entre 1993 et 2007 [<a href='#nb6-2' class='spip_note' rel='footnote' title='Kelly, T., Changing ICT Rankings of African Nations. The Southern African (...)' id='nh6-2'>2</a>]. Tout est donc prêt, malgré tout, pour que les technologies de l'information et de la communication profitent aux pays pauvres à priori très éloignés des vitesses atteintes dans l'hémisphère Nord. « <i>La vraie barrière est sociale</i> », précise Assétou Diarra, 24 ans, coordinatrice de « Femmes et Tic », une ONG malienne dont l'objectif est de participer à l'émancipation des femmes au Mali grâce aux TIC.</p> <p>Pour s'attaquer à ce chantier énorme qu'est « <i>le meilleur épanouissement de la femme grâce aux TIC</i> », cette ONG malienne a dégagé deux axes de travail : l'aide aux femmes rurales et l'assistance aux victimes de violences. Dans le premier cas, l'Internet peut être une fenêtre économique, une opportunité de vendre des produits locaux, par exemple, et donc de générer à terme des revenus et des emplois. Dans le second, il s'agit d'un moyen pour mener des actions d'alphabétisation puis d'information sur les droits des femmes. « <i>La femme malienne, comme dans beaucoup de pays africains, a sa place à la maison, auprès des enfants, à assumer les tâches ménagères du foyer. L'ordinateur leur parait donc comme un outil d'homme duquel elles sont socialement exclues. Dans les cyber-cafés, il n'y a pas d'assistance : elles n'y ont quasiment pas accès. Sans parler du prix de la connexion, qui reste un luxe à Bamako : 300 Francs CFA l'heure, soit deux fois plus qu'il y a dix ans. Il n'est donc pas étonnant que les femmes soient réticentes à l'idée de s'accaparer cet outil. Quelqu'un qui n'a pas d'argent et dont la tâche est traditionnellement de s'occuper de la maison n'a aucune raison d'aller se servir d'un ordinateur.</i> » Et c'est toute la mission que s'est donnée cette ONG, soutenue financièrement par l'Institut international pour la coopération et le développement (IICD), partenaire (néerlandais) depuis le début, en 2006, et bâilleur exclusif du projet.</p> <p><span class='spip_document_937 spip_documents spip_documents_center'> <img src='http://vecam.org/local/cache-vignettes/L450xH302/article_2_1-2-c673d.jpg' width='450' height='302' alt="" style='height:302px;width:450px;' /></span></p> <p><strong>L'informatique comme outil de connaissance et fenêtre vers l'autonomie économique</strong></p> <p>« Femmes et Tic » propose aux femmes habitant une zone rurale du Mali, comme celle de Zantiébougou, à 160 kilomètres de Bamako, d'apprendre à faire des « <i>power points en Bambara</i> » afin de montrer comment respecter certaines normes d'hygiène dans la confection de beurre de Karité, ce produit-miracle qui hydrate et traite un nombre impressionnant de désagréments de la peau) d'apprendre à suivre certaines normes d'hygiène dans la confection de leurs produits. L'intérêt ? « <i>Montrer aux populations voisines, qui grâce à cette présentation, à quel point il est important de respecter certains processus et certaines normes d'hygiène dans la fabrication du beurre de Karité. L'Internet dans ce cas-là, pourrait permettre, par l'intermédiaire d'un blog, de faire circuler ce travail. Dans d'autres cas, on aide certaines femmes à mettre en place un petit site commercial pour vendre leurs teintures à l'étranger</i> », explique Assétou, dans la voiture qui la mène au Palais du Peuple de Conakry, pour l'inauguration du séminaire « <i>I-Jumelage</i> », qui s'est tenu du 23 au 26 mai 2009. Pour elle, il s'agit d'utiliser les outils modernes de technologie pour servir de levier de développement, à plusieurs niveaux (économique, juridique, technique…).</p> <p>Pour alerter sur les violences faites aux femmes, la puissance de l'image est également non négligeable. « <i>Nous avons participé récemment à des ateliers avec APC Women</i> [<a href='#nb6-3' class='spip_note' rel='footnote' title='Association for Progressive Communications (APC) Women's networking support (...)' id='nh6-3'>3</a>] <i>sur la confection de vidéos de 6 minutes narrant des histoires de violences faites aux femmes. Certaines de ces vidéos ont été diffusées à la télévision malienne et sur des sites Internet. Le lien qui en découle peut être tout à fait utile, puisque nous travaillons avec une juriste pour aider les femmes victimes de violences à s'armer juridiquement. L'idée, à terme, est de produire une émission de radio pour parler des droits des femmes violentées.</i> » Les TIC peuvent donc, par la force de l'image et celle du récit sur écran, sensibiliser et devenir à terme, une arme efficace pour s'émanciper économiquement ou se défendre juridiquement. Hors d'Afrique de l'Ouest, des réseaux de femmes militantes y ont pensé.</p> <p>À Marrakech, la tâche que s'est assignée Halima Oulami, ressemble peu ou prou à celle que défendent les quelque 72 membres de Femmes et TIC à Bamako. Depuis 2003, cette Marocaine fait fonctionner la structure « El Amane » (« <i>la sécurité</i> »... pour la femme), qui a aidé environ 2000 femmes des quartiers pauvres de Marrakech en trois ans. « <i>Dans notre région, un des problèmes les plus fréquents est celui des jeunes filles qui quittent l'école ou qui refusent d'y aller. Les violences faites aux femmes sont également un fait inquiétant. Dans mon quartier, celui de Sidi Youssef Ben Ali, j'ai vécu la discrimination et j'ai vu la violence, contre ma mère et contre les femmes de mon quartier. J'ai rêvé d'être avocate</i> », se souvient-elle, brisant alors un tabou dans sa propre famille : « <i>Mon père était analphabète, comme ma mère. Il n'avait pas vraiment d'expérience dans les études, comme personne dans ma famille d'ailleurs. Je suis la première personne de ma famille à être rentrée à l'université où j'ai étudié l'histoire la géographie.</i> » Au cours de ce cursus universitaire, elle a réalisé un mémoire sur la notion de « <i>gestion de la communauté </i> » puis un stage dans sa commune, pour « <i>étudier les problèmes de ce quartier pauvre sur la route de Ouarzazate.</i> » En 2003, elle créait El Amane. « <i>Actuellement nous sommes treize membres</i> », explique-t-elle, avant de raconter l'histoire de cette femme qu'El Hamane a aidée... (Lire ici l'interview de Halima Oulami)</p> <p>Ateliers d'éducation sur les droits de la femme, cours d'alphabétisation, apprentissage de l'autonomie économique aux femmes victimes de violences conjugales... Dans tous ces chantiers, les TIC ont un rôle à jouer. « <i>Les conventions internationales sont répertoriées sur l'Internet et durant nos stages de formation, nous leur apprenons à prendre connaissance des droits fondamentaux de la femme. (...) Internet est très important au niveau de la sensibilisation de la population aux problèmes de droits de la femme : au niveau de notre communication vis-à-vis des autres associations, pour faire la publicité de nos activités, ou encore pour la recherche de bailleurs de fonds.</i> »</p> <p><span class='spip_document_938 spip_documents spip_documents_center'> <img src='http://vecam.org/local/cache-vignettes/L450xH302/article_2_1_bis_-2-9c2fc.jpg' width='450' height='302' alt="" style='height:302px;width:450px;' /></span></p> <p><strong>La vidéo sur téléphone portable pour « <i>aider les jeunes à s'en sortir</i> ». </strong></p> <p>Invitée elle aussi à participer à « <i>I-jumelage</i> », Halima Oulami estime que cette plateforme en création va lui apporter de « <i>l'échange d'expérience</i> », notamment sur l'usage de la vidéo comme « <i>moyen de sensibiliser aux problèmes des droits de la femme</i> ». Au cours du séminaire, l'apport de la vidéo pédagogique, sur différents supports, est apparu comme un axe majeur de développement et de coopération possible entre les participants. Les téléphones portables, qui permettent de plus en plus à tout un chacun de tourner des vidéos, apparaissent comme un moyen d'échanger, de donner la parole et d'informer. Le mobile s'est d'ailleurs imposé depuis assez longtemps en Afrique puisque des pays comme la Guinée ou la République Démocratique du Congo ont vu leur nombre de lignes mobiles dépasser celui des lignes fixes en 1998. Le virage sans-fil a déjà plus de dix ans : logique que le téléphone mobile, qui connaît des évolutions technologiques spectaculaires (Internet, photographie, réception de signaux) est un outil privilégié de communication... et d'action.</p> <p>C'est également le moyen de sensibilisation qu'a choisi Abdullah Taibi, 26 ans, basé à Ouarzazate, au Maroc. Fondateur du « Cineclub Tinghir », il réalise dans le cadre de son travail de professeur d'anglais en zone rurale, des petits films sur ... l'échec scolaire. « <i>Un des fléaux au Maroc, avec l'exil vers l'Europe.</i> » Pour montrer et donner à voir les effets de la déscolarisation, il fait réaliser par des élèves, des films destinés... aux élèves. « <i>La région de Ouarzazate est assez conservatrice et le cinéma n'est pas une pratique courante. Nous mettons donc l'accent sur le fait que ces films sont réalisés par des non-professionnels, dans leur langue maternelle,</i> (ici, le Tamazigh) <i>et qu'ils traitent de leurs problèmes. Je leur donne le scénario, je filme et les élèves se voient à l'écran</i> », explique-t-il, avant de lancer sur l'écran de son ordinateur portable un de ses trois courts métrages [<a href='#nb6-4' class='spip_note' rel='footnote' title='Abdullah Taibi a en outre réalisé un court-métrage sur les accidents de la (...)' id='nh6-4'>4</a>] , intitulé « <i>School Failure</i> ».</p> <p>On y voit un jeune garçon, turbulent, qui, au fond de la classe, jette des boulettes de papier sur ses voisins puis décide de quitter la classe, balayant d'un revers de la main le dispositif scolaire qui l'encadre - et une partie de son avenir. La scène suivante le montre imbécile, fer à souder à la main, puis déboussolé, en face d'une photocopieuse, dans une entreprise où il s'est fait embaucher le jour-même comme apprenti. « <i>Il veut travailler mais il ne comprend rien</i> », décrypte Abdullah Taibi. Flash Forward : le déserteur revient sur sa chaise d'école, visiblement convaincu du fait que c'est à l'école que l'on peut apprendre un métier, même si Abdullah le prof d'anglais n'apprend pas à manier le fer à souder ni les photocopieuses. Qu'importe. Le message est passé : « <i> l'idée, c'est que les jeunes voient ce film et qu'ils se disent qu'il est mieux de penser avant d'agir et que dans tous les cas, travailler à l'école constitue le meilleur moyen de s'en sortir. Si les élèves se rendent compte eux-mêmes des conséquences de l'échec scolaire, c'est le but.</i> » Un objectif que l'usage éducatif de quelques téléphones portables et un logiciel de montage contribue à atteindre. « <i>J'essaie de résoudre les problèmes que je constate en confrontant les personnes à leur propre image. L'image est plus forte que la parole surtout que nous, les profs, nous n'avons aucune formation de psychologues… </i> » En attendant de diffuser ces films sur le réseau marocain : « <i>la fondation Mohamed VI a construit un centre éducatif multimédia à Ouarzazate. On a demandé une salle pour le cinéma. Ils ont accepté l'idée, mais nous n'avons aucun budget pour l'équipement cinématographique…</i> »</p></div> <hr /> <div class='rss_notes'><p>[<a href='#nh6-1' id='nb6-1' class='spip_note' title='Notes 6-1' rev='footnote'>1</a>] Selon les données de l'Union internationale des télécommunications et la Banque Mondiale. À ce sujet, lire Pascal Renaud : « <i>La fracture numérique Nord-Sud et les moyens engagés pour la réduire</i> » in... <a href="http://www.tic.ird.fr/article.php?id_article=126" class='spip_out' rel='external'>http://www.tic.ird.fr/article.php?id_article=126</a></p> <p>[<a href='#nh6-2' id='nb6-2' class='spip_note' title='Notes 6-2' rev='footnote'>2</a>] Kelly, T., Changing ICT Rankings of African Nations. <i>The Southern African Journal of Information and Communication</i>, Issue 5, 2005. Voir à : <a href="http://vecam.org/link.wits.ac.za/journal/j05-kelly-ict-rankings.pdf" class=''>link.wits.ac.za/journal/j05-kelly-ict-rankings.pdf</a></p> <p>[<a href='#nh6-3' id='nb6-3' class='spip_note' title='Notes 6-3' rev='footnote'>3</a>] Association for Progressive Communications (APC) Women's networking support programme est visible ici : <a href="http://www.apcwomen.org/" class='spip_out' rel='external'>http://www.apcwomen.org/</a></p> <p>[<a href='#nh6-4' id='nb6-4' class='spip_note' title='Notes 6-4' rev='footnote'>4</a>] Abdullah Taibi a en outre réalisé un court-métrage sur les accidents de la route et projette de réaliser un nouveau film courant 2009 sur les effets du déboisement d'une palmeraie de Ouarzazate (Maroc).</p></div> Enquête : ordinateurs retapés d'Europe pour continent africain sous-équipé http://vecam.org/article1224.html http://vecam.org/article1224.html 2009-10-24T13:03:00Z text/html fr Creative Commons Afrique Approvisionner l'Afrique en ordinateurs peut prendre diverses formes. La philanthropie de quelques mastodontes de l'informatique y participe, tout comme l'action de certaines ONG à but non-lucratif, spécialisées dans le secteur de l'informatique de seconde-main. Parfois les deux sont liés... Il en va des ordinateurs comme des voitures : l'Afrique recycle les vieilles bécanes dont l'Europe ne veut plus. De la petite commune au fond de la Creuse qui change son parc informatique à l'association (...) - <a href="http://vecam.org/rubrique127.html" rel="directory">2008 - 2011 i-jumelages</a> / <a href="http://vecam.org/mot17.html" rel="tag">Creative Commons</a>, <a href="http://vecam.org/mot42.html" rel="tag">Afrique</a> <div class='rss_chapo'><p>Approvisionner l'Afrique en ordinateurs peut prendre diverses formes. La philanthropie de quelques mastodontes de l'informatique y participe, tout comme l'action de certaines ONG à but non-lucratif, spécialisées dans le secteur de l'informatique de seconde-main. Parfois les deux sont liés...</p></div> <div class='rss_texte'><p>Il en va des ordinateurs comme des voitures : l'Afrique recycle les vieilles bécanes dont l'Europe ne veut plus. De la petite commune au fond de la Creuse qui change son parc informatique à l'association écossaise qui décide d'investir dans du matériel neuf, en passant par le particulier qui se fait dépasser par l'évolution technologique fulgurante en ce domaine et décide d'y remédier en achetant une tour qui sera probablement obsolète dans quelques années, voire quelques mois : le matériel à rénover dont se sépare le monde riche puis à exporter pour le continent africain est devenu un marché. Il oscille entre bienveillance de quelques associations caritatives et fausse philanthropie des sociétés informatiques.</p> <p><strong>Compassion, partenariats et TIC</strong></p> <p>À l'heure où la question de la « <i>fracture numérique</i> » - et celle des déchets informatiques [<a href='#nb7-1' class='spip_note' rel='footnote' title='Le développement des activités de recyclage et d'exportation d'ordinateurs (...)' id='nh7-1'>1</a>] - est de plus en plus posée, de nombreuses ONG se créent dans le monde occidental pour acheminer les ordinateurs dont les entreprises, collectivités, administrations et autres associations se séparent, pour les remettre à niveau et les envoyer vers les pays du sud. C'est ce à quoi s'attelle depuis 2008 l'ONG <i>Chaîne informatique sans frontières</i> (CISF), basée à Laval (Mayenne). Ses initiateurs, qui travaillent essentiellement avec la Moyenne-Guinée, un des trous noirs de l'Afrique en matière de développement des Technologies de l'information et de la communication (TIC) ont déjà envoyé l'an passé 250 ordinateurs récents dans les villes de Mamou, Pita et Labé. Un projet né du constat qu'en renouvelant leur stock à peu près tous les trois ans, les entreprises abandonnent leurs ordinateurs ou les détruisent moyennant une taxe. Ce sont donc les principaux pourvoyeurs d'ordinateurs à destination de l'Afrique. « <i>Les ordinateurs qu'on nous cède sont alors transmis à Ateliers sans frontières, une autre ONG qui les rénovent entièrement, prenant en contrepartie deux tiers du stock</i> », expliquent dans une interview à <i>Ouest-France</i>, Michel et Michelle Bellanger, président et trésorière de l'association. « <i>Le matériel est alors soit prêté à des universités, soit utilisé pour former des particuliers à l'informatique en Guinée. Nous n'envoyons que du matériel quasiment neuf.</i> » (14/04/09) Exemple : plusieurs coopératives ont été créées en Guinée, à Mamou, Labé et dans le village reculé de Télimélé. Le but est de générer une activité, en créant des emplois pour faire fonctionner les centres de formation. Cinq ont par exemple été créés à Mamou.</p> <p>Quelques jours après l'interview de <i>Ouest-France</i>, le téléphone de Michel Bellanger sonnait. « <i>C'était une femme qui voulait se débarrasser de son PC, qu'elle n'avait pas allumé depuis des lustres. Elle me demandait aussi si je ne voulais pas de ses vieux vêtements, se disant qu'ils pourraient servir en Afrique et si nous pouvions nous en charger. C'est exactement ce qu'on ne veut pas faire : du caritatif !</i> » Trente ans de compassion humanitaire pour l'Afrique. Trente ans pendant lesquels on a habitué les gens du Nord à penser que les gens du Sud avaient besoin de Bics, de ballons de foot et de vêtements. Il y a eu comme un glissement, comme une opportunité que l'Europe, saoulée de compassion misérabiliste, a saisie, comme par cynisme : refiler à l'Afrique ce dont on ne veut plus, tout en refusant à un bon nombre d'entre eux, de vivre en Europe (la France expulse chaque année 30 000 sans-papiers, dont beaucoup d'Africains), est à la fois une manière de faire le bonheur des pauvres, tout en rassurant les riches.</p> <p>Michel Bellanger, fondateur de cette association après une rencontre avec un jeune Guinéen, dont il était la famille d'accueil, est lié à Microsoft et sollicite l'aide du Fonds mondial de solidarité numérique, une grosse structure institutionnelle (qui a le statut d'association à vocation internationale), créée en 2003 sous l'impulsion de M.Abdoulaye Wade, président du Sénégal et dirigée par l'ultralibéral Alain Madelin. « <i>Cette grosse machine fonctionne sur un mode typiquement néocolonial : elle supporte les gros projets, les projets qu'elle juge valables, c'est-à-dire dont le financement est d'au moins de 500 000 euros [<a href='#nb7-2' class='spip_note' rel='footnote' title='Une affirmation contestée par Jean Pouly, secrétaire général de l'Agence (...)' id='nh7-2'>2</a>], mais les petits, comme nous (environ 100 000 euros), sont constamment marginalisés. Lors du colloque de Lyon, l'offre d'aide financière était clairement adressée aux gros projets</i>. » Pour M. Bellanger, le ver du « <i> néocolonialisme</i> » se trouve là : dans l'appui systématique aux gros projets, aux grosses machines, plutôt qu'aux projets plus modestes mais dont les résultats sur le terrain, quoique moins spectaculaires, sont toutefois bien réels : « <i>Nos initiatives, par exemple, visent à apporter de véritables raisons de rester sur place pour limiter l'exode rural</i> », dit-il, alors que « <i>l'attrait du gros projet</i> » ne vise rien d'autre que de « <i>perpétuer la logique du don</i> », unilatéral et sans suivi, et de favoriser l'entremise des entreprises dans le secteur public. Le partenariat public-privé (PPP) [<a href='#nb7-3' class='spip_note' rel='footnote' title='Ainsi, « la Banque mondiale considère que les pays pauvres sont incapables (...)' id='nh7-3'>3</a>], adopté par les institutions internationales comme un axe politique clair, illustre ainsi cette tendance à la confusion des genres. Les entreprises sont partout, des deux côtés. L'ONG <i>CISF</i> de Laval, a un partenaire encombrant, mais indispensable : la firme de Bill Gates. M. Bellanger a beau estimer qu'en acceptant de se faire équiper tous ses PC avec Windows 2003 par Microsoft, « <i>c'est une façon de faire de la pub pour Bill Gates</i> », il ne voit guère d'autre solution - alors qu'il existe des logiciels libres comme Linux ou Ubuntu, développé par des Sud-Africains. À contre-coeur, il conserve donc son partenariat avec Microsoft, conscient que cette entreprise a des visées monopolistiques en Afrique, mais qu'elle est incontournable.</p> <p><strong>La philanthropie « pragmatique » des firmes occidentales</strong></p> <p>De l'autre côté de la Méditerranée, à Bamako (Mali), M.Abdulaye Diarra, 35 ans, directeur de l'ONG « Edutech » (« éducation technologique »), s'évertue à faire en sorte que les jeunes Maliens « <i>s'approprient</i> » les TIC : « <i>Internet peut permettre l'accès à toutes les informations dont les jeunes ont besoin pour se faire valoir eux-mêmes, en donnant leur vision des faits du monde et s'auto former pour développer leurs propres capacités.</i> » Organisation de débats, de conférences et de séminaires auprès des enseignants, des hommes politiques maliens et des fonctionnaires de l'administration : c'est à un véritable travail de lobbying pro-informatique que se livre ce directeur d'ONG depuis plusieurs années à Bamako. « <i> Il y a une dizaine d'années, les gens ne connaissaient absolument rien à Internet. Je leur disais que sur Internet, on avait tout et que tout était possible grâce à cet outil : l'échange d'informations, la mise en relation et la transcendance entre les disciplines. Aujourd'hui, Internet me semble être à la fois un outil de la globalisation utile si on en fait un usage adapté. Si ça devient un simple outil moderne de colonisation intellectuelle, ça va échouer</i> », estime-t-il dans l'enceinte de l'hôtel de la petite minière, à Conakry, où il participait, en mai dernier, au séminaire « <i>I-jumelage</i> », qui prévoit justement de relier plusieurs associations africaines à l'aide des TIC.</p> <p>Échanger l'information, se mettre en réseau et transcender les disciplines, autant d'objectifs ambitieux, qui doivent cependant passer par la case matériel avant de se réaliser. Pour ce faire, Abdulaye Diarra émet plusieurs hypothèses. Traiter avec les ONG spécialisées dans le recyclage d'ordinateurs pour les pays du sud ou « <i>postuler auprès de Microsoft pour obtenir un PC assorti d'un système d'exploitation récent.</i> » Cette possibilité prend souvent « <i>une à deux années</i> », pour que les bureaux de la compassion des employés de Bill Gates ou de sa fondation se mettent en place. Au cours des cinq dernières années, la firme de l'homme le plus riche du monde aurait « offert » aux associations africaines qui œuvrent dans le domaine de la santé environ 1 milliard de dollars, via la fondation Bill & Melissa Gates. Un milliard auquel se rajoutent les quelque 306 millions de dollars débloqués lors du forum de Davos en 2008, pour le secteur agricole en Asie et en Afrique.</p> <p>En offrant aux ONG ou aux écoles africaines la possibilité de se servir du matériel le plus monopolistique sur le marché de l'informatique - et en organisant des formations à l'utilisation des logiciels Microsoft, comme c'est le cas notamment en Angola, en Namibie et dans de nombreux pays africains -, la firme contribue à ce que cette situation hégémonique perdure. Un don de 7,68 milliards de dollars a ainsi été attribué en 2005 par la Banque Mondiale, pour que Microsoft et CISCO prennent en charge la formation dans des centres universitaires africains, au nom de l'Université virtuelle africaine (UVA), un projet lancé par la Banque Mondiale et co-financé par Microsoft - le président de cette UVA n'est autre que Jacques Bonjawo, « senior manager » au siège mondial de Microsoft, à Redmond (USA). « <i> Une telle situation, où le partenaire privé, fournisseur de l'État ou d'un service public de formation, devient promoteur de la formation, évaluateur et finalement, tel CISCO, certificateur de diplômes, est en contradiction totale avec toute la tradition humaniste sur laquelle repose nos principes d'éducation</i> », relevait alors Pascal Renaud, membre de VECAM et chercheur à l'Unité de recherche « Savoirs & Développement » de l'Institut de recherche et de développement (IRD), lors d'une intervention au colloque Interligne-ASBL à la Faculté universitaire Notre-Dame de la Paix de Namur, en Belgique [<a href='#nb7-4' class='spip_note' rel='footnote' title='http://www.tic.ird.fr/article.php?id_article=126' id='nh7-4'>4</a>] .</p> <p>Un Africain qui apprend l'informatique sur Windows aura tendance, le jour où il voudra s'équiper davantage, à rester dans la même gamme de produits [<a href='#nb7-5' class='spip_note' rel='footnote' title='Cette politique n'est toutefois pas limitée à l'Afrique ou aux pays de (...)' id='nh7-5'>5</a>]. Logique. L'Afrique est un marché qui se prépare et cadeaux de pacotille et autres projets de formations sont des techniques commerciales pensées stratégiquement. « <i>Pour Microsoft, c'est un petit geste qui n'aura aucune incidence sur son leadership mondial. Mais pour les lycéennes c'est un extraordinaire outil qui leur permettra d'entrer de plain-pied dans l'ère des nouvelles technologies de l'information et de la communication</i> », écrivait en avril 2008 un journaliste du site <i>All Africa</i>, à la suite d'un don de cinquante « <i>ordinateurs ultra-mobiles</i> » par Microsoft dans le lycée John Fitzgerald Kennedy (JFK), au Sénégal. On pourrait multiplier les exemples sur tout le continent, tant Microsoft Afrique agit partout. En Philanthrope, évidemment.</p> <p><strong>Le « 100 000ième ordinateur » de Computer Aid</strong></p> <p>« <i>Le matériel que l'on achète pour</i> Edutech <i>nous coûte 150 euros, frais d'import compris</i> », précise M.Diarra, le directeur d'Edutech. Pour se doter en « <i>ordinateurs de seconde main</i> », avant de les louer aux écoles à raison de « <i>2000 Francs CFA (2 à 3 €) par an et par élève</i> », Abdulaye Diarra fait appel à l'organisme <i>Computer Aid</i>, organisation britannique qui se définit comme « <i>le premier fournisseur mondial, à but non lucratif à destination du sud</i> » et célébrait, mi-2009, sur son site Internet, le « <i>100 000ième ordinateur envoyé</i> ». L'ONG demande 42 livres sterling (50 €) par ordinateur, somme à laquelle il faut rajouter 21 € pour une carte d'accès sans-fil à Internet, 28 € pour un lecteur de CD/DVD et 17 € pour être doté d'un modem interne [<a href='#nb7-6' class='spip_note' rel='footnote' title='http://www.computeraid.org/TechnicalSpecs.htm' id='nh7-6'>6</a>]. L'ONG ne finance pas les frais de transport.</p> <p>« <i>En deux ans, nous avons équipé trois écoles avec environ quarante ordinateurs</i> », explique Amadou Dembele, autre membre d'<i>Edutech</i> présent à Conakry pour le séminaire « <i>I-Jumelage</i> ». Un résultat qui, au vu de la moue de son visage, est assez modeste, mais qui, estime-t-il, a de véritables répercutions à Bamako. « <i>Un jour, un électricien dans le secteur du bâtiment est venu nous voir pour bénéficier des cours d'alphabétisation que nous avons mis en place dans nos locaux, car il voulait se parfaire en théorie. Il ne connaissait rien aux ordinateurs</i> », se souvient-il. « <i>Malgré notre faible niveau d'équipement</i> (l'ONG n'a que cinq ordinateurs, plus ou moins performants, pour assurer ses cours d'alphabétisation par les TIC, ndlR), <i>on a réussi avec cet élève, à assurer une véritable continuité : après six ans de formation, il a pu intégrer une école technique et théorique d'électricité</i> », poursuit-il avant de lâcher un éclat de rire nerveux : « <i>Voilà notre but : aider les gens qui veulent s'en sortir grâce à un apprentissage informatique. Certains viennent chez nous en ne sachant pas tenir un stylo et repartent quelques années plus tard en sachant se servir d'un ordinateur. C'est un émerveillement !</i> »</p> <p><strong>Vers le rêve d'une société numérisée ?</strong></p> <p>Grâce à cet apport de matériel « <i>de seconde main</i> », mais relativement performant, les membres d'<i>Edutech</i> estiment qu'un véritable travail de « <i>démystification</i> » a été réalisé. « <i>L'ordinateur, c'était un peu magique pour les Maliens et plus largement, pour les Africains. Avant d'arriver dans cette ONG, je pensais que c'était une boite à génie</i> », se souvient Amadou Dembélé, membre d'Édutech. Abdulaye Diarra, directeur de l'ONG, n'y va pas par quatre chemins : grâce à la redistribution des vieilles bécanes d'Europe vers les écoles et les ONG du Mali, son idéal de société devient de plus en plus réalité : « <i>Je rêve d'une société où tout le monde aurait un ordinateur portable et serait connecté à Internet</i> », explique-t-il. À l'heure où, dans les pays occidentaux, on cherche des remèdes aux effets néfastes de l'informatique au quotidien (égotisme, narcissisme, effets néfastes de la surexposition aux écrans sur la santé mentale et physique, développement d'une société virtuelle et modification des rapports sociaux...), beaucoup en Afrique, voient dans l'Internet et les TIC de véritables leviers de développement. Non sans une certaine sublimation, car, comme le relève pourtant ce directeur d'ONG, l'Internet, avec ses Yahoo, MSN et autres Google, peut également devenir un outil... de « <i>colonisation mentale</i> ».</p></div> <hr /> <div class='rss_notes'><p>[<a href='#nh7-1' id='nb7-1' class='spip_note' title='Notes 7-1' rev='footnote'>1</a>] Le développement des activités de recyclage et d'exportation d'ordinateurs européens vers les pays du sud est lié à la généralisation de l'éco-taxe, adoptée par les pays signataires du protocole de Kyoto. L'adoption par l'UE, en 2005, de la directive RoHS (Restriction of Hazardous Substances), a également largement favorisé l'émergence de cette coopération.</p> <p>[<a href='#nh7-2' id='nb7-2' class='spip_note' title='Notes 7-2' rev='footnote'>2</a>] Une affirmation contestée par Jean Pouly, secrétaire général de l'Agence Mondiale de solidarité numérique, qui a déclaré le 15 février 2008 : « <i>Nous ne finançons pas les grosses infrastructures de télécommunications (backbone ou satellite) mais privilégions les partenariats public-privé, les partenariats Sud-Sud, la réplicabilité, les projets cofinancés, l'usage des logiciels libres. Le montant pluriannuel des projets ne doit pas dépasser 500 000 euros. Ces critères ont été proposés, discutés et adoptés dans le cadre des sommets de Lyon et de Bilbao.</i> » (source : <a href="http://david.fayon.free.fr/interview/pouly.htm" class='spip_out' rel='external'>http://david.fayon.free.fr/interview/pouly.htm</a>)</p> <p>[<a href='#nh7-3' id='nb7-3' class='spip_note' title='Notes 7-3' rev='footnote'>3</a>] Ainsi, « <i>la Banque mondiale considère que les pays pauvres sont incapables d'exploiter ou de mettre sur pied des services publics dignes de ce nom. Pour elle, on ne peut se fier qu'à des entreprises privées</i> », estime Peter Niggli, directeur d'<i>Alliance Sud</i>. À propos des PPP, lire : <a href="http://www.alliancesud.ch/francais/pagesnav/framesE4.htm?T&T_EkAeLt.htm" class='spip_out' rel='external'>http://www.alliancesud.ch/francais/pagesnav/framesE4.htm?T&T_EkAeLt.htm</a></p> <p>[<a href='#nh7-4' id='nb7-4' class='spip_note' title='Notes 7-4' rev='footnote'>4</a>] <a href="http://www.tic.ird.fr/article.php?id_article=126" class='spip_out' rel='external'>http://www.tic.ird.fr/article.php?id_article=126</a></p> <p>[<a href='#nh7-5' id='nb7-5' class='spip_note' title='Notes 7-5' rev='footnote'>5</a>] Cette politique n'est toutefois pas limitée à l'Afrique ou aux pays de l'hémisphère sud : en France, des accords de recherche ont été signés entre l'Institut national de recherche en informatique et automatique (INRIA) et Windows (Microsoft) et la société émet des offres de produits à très bas prix pour les écoles.</p> <p>[<a href='#nh7-6' id='nb7-6' class='spip_note' title='Notes 7-6' rev='footnote'>6</a>] <a href="http://www.computeraid.org/TechnicalSpecs.htm" class='spip_out' rel='external'>http://www.computeraid.org/TechnicalSpecs.htm</a></p></div>