5 objections au logiciel libre

1. Le logiciel libre détourne l’attention des enjeux sociaux liés à l’informatisation du travail.

Le logiciel libre est à l’informatique ce que le développement durable est pour le développement. C’est-à-dire une manière de restreindre des enjeux sociaux cruciaux à des questions techniques, de portée plus limitée. Le logiciel libre s’oppose ainsi au logiciel payant.

Mais qui peut s’opposer à la fois au logiciel libre et au logiciel payant ? C’est-à-dire à l’informatisation à outrance du travail ? Au gigantisme des organisations de travail (multinationales et administrations) qui découle de cette informatisation ? A l’intensification du travail ? etc.

http://desinformatiser.blogspot.com/2005/06/e­tre-responsable-dfaire-lemprise.html

2. Le logiciel libre fait croire à un capitalisme à visage humain.

Les partisans du logiciel libre n’ont de cesse de dénoncer les monopoles tels que celui de Microsoft. Mais ce faisant, ils ne font que préconiser une économie de prestations de service, à la place d’une économie de produits. On ne fait que passer d’un « business model » à un autre. On ne remet nullement en cause la puissance démesurée de l’industrie informatique, compte tenu de l’absence de contre-pouvoirs et de débats publics. Au contraire, on relance et on légitime la démesure informatique.

Le logiciel libre nous confirme donc dans notre impuissance face à cet « impensé informatique » (selon l’expression de Pascal Robert), où les seuls discours autorisés à son propos sont de l’ordre des « batailles » industrielles d’un côté, et de l’étroite spécialisation technique des professionnels d’autre part.

http://www.enssib.fr/bibliotheque/documents/t­heses/robert/robert.html

3. Le logiciel libre complète, plutôt que ne concurrence, le logiciel payant.

Les grandes organisations, et particulièrement les multinationales, sont bien équipées en matière de progiciels (ERP, CRM, etc.) dont les coûts d’achat et de mise en place sont souvent hors de portée des plus petites entreprises. Ce type de business était de fait réservé au gros éditeurs (SAP, ...) et aux grosses SSII.

Par contre, avec le logiciel libre, les PME deviennent un marché accessible. La boucle est bouclée : les PME font pouvoir être reliées informatiquement aux multinationales, et suivre les mêmes modèles de gestion, de contrôle et d’intensification du travail.

4. Le logiciel libre diffuse le productivisme.

Bien loin de constituer une nouveauté radicale, l’infrastructure informatique donne corps à des doctrines managériales productivistes qui ont leur consistance historique, par ailleurs ajustées au contexte consumériste plus global de nos sociétés.

Le logiciel libre ne change rien à cela. Au contraire, il aggrave la situation en abusant du mot « libre » qui fait croire que l’informatique pourrait être quelque chose de subversif. Or, il n’en est rien. Le logiciel libre de fait qu’ôter quelques barrières économiques et juridiques qui pouvaient dans certains cas ralentir la diffusion de l’informatique.

5. Le logiciel libre fait croire en l’immatérialité de l’économie.

Le débat sur le logiciel libre est excessivement « technique », en cela qu’il est centré sur les aspects de l’informatique pure. On pense ainsi très mal l’informatique, car on raisonne toujours indépendamment des usages concrets.

Or, la diffusion de technologies de l’information et de la communication (TIC) ne fait qu’accélérer des échanges commerciaux qui se soldent par le transport de marchandises bien réelles.

La logistique moderne promet ainsi, par l’informatisation de la chaîne logistique, de produire et de diffuser les marchandises à la demande, à partir des données issues de l’emprise publicitaire et marketing. Cette logique de flux tendu informatisé, réservée à l’usage des consommateurs occidentaux, ne doit pas nous faire oublier les conséquences écologiques dramatiques sur l’environnement global. La production à la demande est concomitante avec des flux de marchandises trop petits pour le transport ferré, ce qui a pour conséquence l’accroissement phénoménal du trafic routier (responsable en Europe de 84 % des émissions de CO2 imputables aux transports).

http://desinformatiser.blogspot.com/2005/05/r­elocaliser-lconomie-dsinformatiser-le.html

Posté le 15 juin 2005

©© Vecam, article sous licence creative common

20 commentaire(s)
> 5 objections au logiciel libre - 9 août 2005, par benoit

Désolé pour le retard dans la lecture de cet article et ma réponse.

Partisan de longue date des logiciels libres et des idées dont ils sont porteurs, je me permets les commentaires suivants :

1) Le logiciel libre détourne l’attention des enjeux sociaux liés à
l’informatisation du travail.

Je suis tout à fait convaincu du contraire : l’utilisation de logiciels libres permet aux utilisateurs de se libérer d’un certain nombre de carcans imposés par l’informatique propriétaire, notamment parce qu’il devient possible de gommer les différences entre les grandes et les petites structures.

Les utilisateurs de logiciels libres disposent pleinement des 4 libertés attachées à la GNU GPL et il est de leur seule responsabilité d’utiliser et de faire respecter ces droits sans les brader. Il suffit de lire (et de prendre le temps de comprendre) la GNU GPL pour voir qu’il ne s’agit pas de mettre en oeuvre quelques astuces techniques pour permettre un accés gratuit à l’informatique mais d’une volonté claire et nette de fournir les outils nécessaires au respect de la liberté de tous les utilisateurs, au sens noble du terme.

De plus, le reproche formulé par l’auteur à propos des enjeux sociaux qui seraient détournés par l’existence des logiciels libres me semble totalement décalé :
- il n’y a en la matiére aucune raison de distinguer les logiciels libres du reste de l’informatique
- bien entendu, l’informatique est un outil très puissant, utilisé par les grandes structures pour mieux gérer leurs activités mais en restant dans le cadre légal fixé par les lois et les rapports de force entre les acteurs sociaux.

L’informatique n’est qu’un outil soumis aux lois et aux décisions réglementaires prises entre les acteurs sociaux.

2. Le logiciel libre fait croire à un capitalisme à visage humain.

Le logiciel libre n’est pas une doctrine politique qui viserait à lutter contre le capitalisme ou à en favoriser l’extension.

Les logiciels libres ne dénoncent pas Microsoft. Là encore, il suffit de lire les publications de la FSF et/ou de l’OpenSource pour comprendre que Microsoft n’est pas dans la même catégorie que les logiciels libres : d’un coté vous avez les logiciels libres (gratuits ou commerciaux) et de l’autre vous avez les logiciels propriétaires (gratuis ou commerciaux). Il me semble donc tout à fait inutile ici d’adopter et de diffuser la position partisane de Microsoft qui craint de perdre ses bénéfices et préfére, jusqu’à présent, calommier les logiciels libres et leurs créateurs plutot que d’améliorer ses produits.

Par contre, l’auteur semble ignorer les aspects communautaires des logiciels libres : ils en sont un complément indispensable pour comprendre l’enthousiasme des utilisateurs et les qualités évidentes des logiciels libres. En particulier, le fonctionnement relativement désinterressé de ces communautés pourrait peut être inspirer positivement l’auteur en matiére de lien social...

Enfin, les développeurs de logiciels libres sont aussi (et même avant tout) des utilisateurs de l’informatique. L’auteur semble considérer que nous ne nous soucions pas des usages de l’informatique : à ses yeux nous ne sommes presque plus des humains mais des techniciens bornés qui ne vivent que pour leur passion technique. Heureusement cela est faux, en partie grace au contexte fourni par les logiciels libres et la licence GNU GPL.

3. Le logiciel libre complète, plutôt que ne concurrence, le logiciel payant.

L’auteur utilise le terme "payant" de façon erronée à mon sens car les logiciels libres peuvent être gratuits et commerciaux (et donc payants). Par contre, je suis d’accord avec lui pour reconnaitre que grâce aux logiciels libres on peut considérer que les PME et les petites structures peuvent accéder à des outils informatiques de même niveau technique que ceux utilisés par les grandes entreprises.

Par contre, je ne partage pas sa conclusion car l’existence même des logiciels libres permet de ne pas enfermer les PME dans des réseaux possédés par seulement quelques uns... Les logiciels libres sont pour l’essentiel basés sur des spécifications techniques ouvertes et accessibles à tous afin de favoriser les échanges de données et d’informations. Bien entendu, cela facilite la libre concurrence et limite la dépendance des PME à un seul donneur d’ordre.
Toutefois, une fois encore l’auteur semble reprocher aux logiciels libres leur incapacité à faire disparaitre les monopoles et les situations de domination exclusive, là où les états semblent avoir lamentablement échoués ! Ce n’est évidemment pas le role des logiciels libres de se substituer aux lois, aux réglementations, aux pouvoirs politiques et judicaires, aux diverses expressions démocratiques.

4. Le logiciel libre diffuse le productivisme.

C’est le propre de l’informatique que d’aller vite pour réaliser des taches simples. C’est le résultat du progrés technique et d’une longue démarche des hommes pour améliorer leurs connaissances et leurs conditions de vies. Notre société occidentale est basée essentiellement sur le capitalisme et nous sommes souvent des consommateurs forcenés, souvent responsables de nombreux gaspillages et apres aux gains : le productivisme me semble plutot être le reflet de l’état de notre société.

Le productivisme n’a pas attendu l’émergence des logiciels libres ni l’apparition de l’informatique et des moyens de production automatisés pour exercer ses ravages : le passage de l’ére du cheval à celle de la machine à vapeur avait déjà en son temps suscité de nombreuses objections...

5. Le logiciel libre fait croire en l’immatérialité de l’économie.

L’auteur semble avoir oublié de nombreux autres moyens de communication : la téléconférence, le téléphone, le fax, etc ...
Et pourquoi oublier les autres types de logiciels ?

Ce texte me fait penser aux arguments développés par Bill Gates lorsqu’il expliquait très sérieusement qu’il faut absolument préserver l’identité américaine et lutter férocement contre les affreux communistes qui créent et diffusent des logiciels libres !

Certes, personne ne nie que l’informatique participe à la dégradation de notre environnement mais elle nous donne aussi accés à de nombreux progrés techniques. Pourrait on encore faire marche arriére et vivre sans l’informatique ? Je ne le pense pas, au contraire, notre futur immédiat semble bien devoir être encore plus informatisé et automatisé, et la productivité en augmentation !

De plus, pourquoi occulter les avancées des logiciels libres par rapport aux logiciels propriétaires ? Pourquoi ignorer (négliger ?) les aspects communautaires ? Cela dérangerait il l’auteur de reconnaitre les aspects positifs des logiciels libres ?

R. Stallman, le gouroux fondateur de la FSF, a toujours expliqué que la démocratisation des logiciels libres était souhaitable mais pour que cela s’effectue correctement, sans dérapage, nous devions absolument nous focaliser sur la diffusion des idées afin d’éviter l’affaiblissement du mouvement des logiciels libres et sa dilution.

Ce texte me semble être un exemple bien concret des craintes exprimées par R. Stallman et à mon sens les objections formulées ne concernent pas vraiment les logiciels libres mais l’informatique en général et le progrés technique.

J’aurais aimé que ce texte mentionne les apports des logiciels libres pour améliorer notre cadre de vie, par exemple en autorisant légalement le partage des travaux de programmation, en reconnaissant que les logiciels libres sont fait pour des utilisateurs et par des utilisateurs, que les logiciels libres participent à la formation et l’émancipation des défavorisés, etc...

Bref, la communauté des logiciels libres a encore de gros progrés à faire pour diffuser ses idées dans le public sans qu’elles soient dénaturées. Serions nous à ce point victime du consumérisme comme le suggérait R. Stallman ?

Le logiciel libre est constructif - 6 juillet 2005, par PhiX

Le Logiciel Libre est un mouvement intellectuel basé sur le partage des connaissances qui permet de se libérer des contraintes des licences propriétaires.

Vos arguments laissent à penser que le Logiciel Libre se proclamerait de Gauche. Ça n’a aucun sens, car le Logiciel Libre n’est pas un parti politique.

C’est précisément ce que je trouve extraordinaire dans ce mouvement : il réussit l’exploit de rassembler des gens d’opinions différentes autour d’un projet commun et avec les mêmes objectifs !

Mais permettez moi de répondre à vos objections.

« 1. Le logiciel libre détourne l’attention des enjeux sociaux liés à l’informatisation du travail. »

Il ne détourne l’attention que de ceux qui le veuillent bien et n’empêche personne de prendre du recul par rapport aux enjeux sociétaux.

« 2. Le logiciel libre fait croire à un capitalisme à visage humain. »

Le Logiciel Libre n’est pas anti-économique. On peut gagner sa vie en vendant ses services et apportant sa contribution à l’état de l’art.
Je ne vois pas ce qu’il y a de scandaleux là-dedans.

« 3. Le logiciel libre complète, plutôt que ne concurrence, le logiciel payant. »

C’est actuellement vrai, mais qu’en sera-t-il dans dix ou vingt ans ?

« 4. Le logiciel libre diffuse le productivisme. »

C’est mal de faire son travail mieux, plus rapidement et plus facilement ?

« 5. Le logiciel libre fait croire en l’immatérialité de l’économie. »

Le Logiciel Libre ne se préoccupe pas d’économie, qui passe après la liberté de l’utilisateur.

Je vous invite à vous rendre à une conférence de Richard stallman et à lui opposer vos "objections". Vous ne serez pas déçu du voyage.

> 5 objections au logiciel libre - 30 juin 2005

réponse à PhiX, lequel a écrit :

<< Dans votre article, vous prétendez faire objection au Logiciel Libre, alors que les objections que vous exprimez concernent l’informatisation en général.

La preuve, c’est qu’à aucun moment n’est exprimée une seule objection sur ce qui définit un Logiciel Libre, c’est-à-dire les quatre libertés suivantes :

1. Liberté d’utiliser le logiciel sans restrictions et pour tous usages 2. Liberté de faire et distribuer des copies 3. Liberté d’étudier le fonctionnement du logiciel 4. Liberté d’améliorer le logiciel et de redistribuer ses modifications pour en faire profiter la communauté

Qu’avez-vous à objecter à ces libertés ? Rien je suppose, donc votre article est hors-sujet.
>>

Relisez les objections que je fais. Si vraiment l’informatisation est ce que j’en dis (intensification du travail, mise au travail, croyance en l’immatérialité de l’économie, ...), alors les libertés que vous citez ne font pas qu’aggraver ces problèmes, tout en reportant à plus tard le moment où les informatiseurs se préoccuperont des conséquences de leurs actes, au lieu de se retrancher derrière leurs prétendus droits à informatiser qu’ils ont renommés "logiciel libre". Plus le logiciel est libre et plus l’irresponsabilité des informatiseurs pourra s’ériger en compétence d’expert.

Quand les partisans du logiciel libre se demanderont, par exemple, comment le libre pourrait permettre aux utilisateurs de modifier ou même simplement paramétrer les logiciels qui constituent leur poste de travail, et donc décider librement de l’organisation de leur travail, alors on entrera peut-être dans le vif du sujet...

> HS - 29 juin 2005, par PhiX

Dans votre article, vous prétendez faire objection au Logiciel Libre, alors que les objections que vous exprimez concernent l’informatisation en général.

La preuve, c’est qu’à aucun moment n’est exprimée une seule objection sur ce qui définit un Logiciel Libre, c’est-à-dire les quatre libertés suivantes :

1. Liberté d’utiliser le logiciel sans restrictions et pour tous usages
2. Liberté de faire et distribuer des copies
3. Liberté d’étudier le fonctionnement du logiciel
4. Liberté d’améliorer le logiciel et de redistribuer ses modifications pour en faire profiter la communauté

Qu’avez-vous à objecter à ces libertés ? Rien je suppose, donc votre article est hors-sujet.

Etranges réactions au texte de Deun - 17 juin 2005, par Philippe Aigrain - http://www.debatpublic.net/Members/...

Je suis très surpris de l’incompréhension des questions que pose Deun. En mettant sur la table des objections non-triviales aux approches libres, loin de se situer en ennemi de celles-ci il contribue à un débat qui ne peut que les renforcer en les sortant de leurs limites actuelles. Deux de ces objections, celle concernant l’informatisation de l’économie et celle portant sur les relations avec l’écologie et l’environnement sont au coeur de ma réflexion, et je voudrais saluer l’opportunité d’analyse qu’il propose sur ce plan. Je viens d’écrire un texte consacré plus précisément à ces aspects. En attendant sa disponibilité (sous licence CC bien sûr), on pourra se reporter aux analyse de Cause commune : l’information entre bien commun et propriété, Transversales-Fayard, 2005. (lien)

> 5 objections au logiciel libre - 17 juin 2005, par Rodolphe Quiédeville

Monsieur DEUN,

Farouche partisan du modèle du logiciel libre je suis à premier abord assez interloqué par vos propos, mais je prends tout de même le temps d’une deuxième lecture. Et cette deuxième lecture m’ammène à la conclusion qu’effectivement le logiciel libre ne résoud pas les problèmes qui ne le concernent pas. Je ne comprends pas pourquoi vous reprochez au libre l’informatisation de l’économie. Sans le logiciel libre l’économie serait tout aussi libérale et la fuite en avant ne serait pas ralentie.

J’ai l’impression en fait que vous avez une dent contre l’informatisation de la société (et cela ne pourrait vous être reproché) et que vous êtes déçu de ce que le logiciel libre ne résolve pas ce problème. Mais comme il serait trop simple d’attaquer le modèle propriètaire vous vous en prenez au libre, ce qui ne pourra qu’augmenter votre audience.

Pour finir je trouve pluot surpenant qu’un militant de la décroissance, et un farouche opposant de la toute puissance informatique comme vous tienne ses propos sur blogger.com, système géré par la société Google, mais visiblement vous n’êtes pas à une contradiction prêt.

Cordialement,

> 5 objections au logiciel libre - 15 juin 2005

Monsieur,
A la lecture de votre article je constate que soit
vous êtes actionnaire de Microsoft et défendez votre beurre ou
que vous n’etes pas très bien informé sur le développement des logiciels libres
Vous êtes en effet libre de choisir de payer jusqu la fin des temps pour des outils qui devraient être gratuits comme Word. Excel, etc...Avec certains américains et leur mentalité de pétrolier, le but est de vous tenir sous leur dépendance financière sans le savoir et de rentabiliser des produits à l’excès... Dans 50 ans vous petits enfants payeront word etc 200 Euros, Blanche Neige 30 etc ?
Moi j ai librement choisi autre chose

> 5 objections au logiciel libre - 15 juin 2005

Monsieur
Vous ne semblez pas très informé sur le développement des logiciels libres surtout quand vous affirmez que " Le logiciel libre complète, plutôt que ne concurrence, le logiciel payant.,etc"
Je pense que les logiciels libres sont l’avenir de l’informatique et plus en plus en personnes, d’organismes privées ou publiques songent à passer sous GNU/Linux et y passent de plus en plus le tout sans pub... Toujours à propos de votre phrase, vous n’avez pas l’air d’être au courant qu’un majorité de serveurs dans le monde tournent sous Linux ...Dire que le logiciel libre complète plutôt que ne concurrence est une ineptie

> 5 objections au logiciel libre - 15 juin 2005, par Valérie Peugeot

note de l’association Vecam : le site de vecam est ouvert à toute contribution (non diffamatoire, raciste...). En l’espèce cet article est en complète contradiction avec les positions de l’association qui s’engage depuis plusieurs années aux côtés des défenseurs du logiciel libre et du rééquilibrage des droits de proposiété intellectuelle... mais le débat est libre et ouvert ! :-)

> 5 objections au logiciel libre - 16 juin 2005, par sebastien maniglier - archi-art

Cher Deun,

J’ai une objection importante à faire à votre texte :
"Le logiciel libre est à l’informatique ce que le développement durable est pour le développement. C’est-à-dire une manière de restreindre des enjeux sociaux cruciaux à des questions techniques, de portée plus limitée."
Si je peux comprendre l’argument que le logiciel libre permet de boucler la couverture du marché et d’imposer un modèle de management (cf. Richard SENETT, Le travail sans qualités, ou Jeremy RIFKIN, La fin du travail), je ne peux laisser passer l’idée que le logiciel libre et le DD réduisent les enjeux sociaux à des questions techniques :
1- sur les logiciels libres, je ne suis pas spécialiste de la question, toutefois je pense que la licence GPL, ou creative commons participent à la non privatisation d’un bien produit pour la collectivité. A l’heure où la fracture numérique produit de l’exclusion, aussi bien sur le plan local dans les quartiers, et planétaire (NORD/SUD), la gratuité des outils peut permettre aux plus vulnérables de [se] produire, et de participer à l’expression citoyenne sur des modes de partage pour le bien de la collectivité, autrement dit à un GENERAL INTELLECT (cf. André GORZ, L’Immatériel).
2- DEVELOPPEMENT DURABLE n’a absolument rien à voir avec des mesures TECHNIQUES. LE DD est avant tout POLITIQUE est consiste en la prise en compte des enjeux CONCOURANTS liés au SOCIAL, à L’ECONOMIQUE et à l’ENVIRONNEMENTAL (Kyoto) et depuis Johannesburg, au CULTUREL. Le DD est la prise de conscience d’une société qui remet à plat ses modèles puisque la durabilité des équilibres planétaires et locaux semblent bien compromis. Le DD est la définition ouverte d’une société en projet dans laquelle le débat sur les trajectoires technologiques a très largement sa place à condition qu’il ne soit pas assujettie aux intérêts du CAPITAL et à son bras armé : le MANAGEMENT !
3- Alors des opportunistes (managers notamment) cherchent à occuper le terrain du DD et technicisent la question, il s’agit de pratiques déviantes ! Sauf erreur, le management comme la gestion, avec tout l’attirail des outils de contrôle, évacuent le politique et régulent les flux. D’autres territorialisent, la Haute Qualité Environnementale par exemple est bien un aspect technique du DD mais il lui manque comme par hasard la dimension territoriale (et donc politique) pour ne s’intéresser qu’aux aspects constructifs !

Bien à vous,

sebastien maniglier

> 5 objections au logiciel libre - 16 juin 2005, par sebastien maniglier - archi-art

Cher Deun,

J’ai une objection importante à faire à votre texte :
"Le logiciel libre est à l’informatique ce que le développement durable est pour le développement. C’est-à-dire une manière de restreindre des enjeux sociaux cruciaux à des questions techniques, de portée plus limitée."
Si je peux comprendre l’argument que le logiciel libre permet de boucler la couverture du marché et d’imposer un modèle de management (cf. Richard SENETT, Le travail sans qualités, ou Jeremy RIFKIN, La fin du travail), je ne peux laisser passer l’idée que le logiciel libre et le DD réduisent les enjeux sociaux à des questions techniques :

1- sur les logiciels libres, je ne suis pas spécialiste de la question, toutefois je pense que la licence GPL, ou creative commons participent à la non privatisation d’un bien produit pour la collectivité. A l’heure où la fracture numérique produit de l’exclusion, aussi bien sur le plan local dans les quartiers, et planétaire (NORD/SUD), la gratuité des outils peut permettre aux plus vulnérables de [se] produire, et de participer à l’expression citoyenne sur des modes de partage pour le bien de la collectivité, autrement dit à un GENERAL INTELLECT (cf. André GORZ, L’Immatériel).

2- DEVELOPPEMENT DURABLE n’a absolument rien à voir avec des mesures TECHNIQUES. LE DD est avant tout POLITIQUE est consiste en la prise en compte des enjeux CONCOURANTS liés au SOCIAL, à L’ECONOMIQUE et à l’ENVIRONNEMENTAL (Kyoto) et depuis Johannesburg, au CULTUREL. Le DD est la prise de conscience d’une société qui remet à plat ses modèles puisque la durabilité des équilibres planétaires et locaux semblent bien compromis. Le DD est la définition ouverte d’une société en projet dans laquelle le débat sur les trajectoires technologiques a très largement sa place à condition qu’il ne soit pas assujettie aux intérêts du CAPITAL et à son bras armé : le MANAGEMENT !

3- Alors des opportunistes (managers notamment) cherchent à occuper le terrain du DD et technicisent la question, il s’agit de pratiques déviantes ! Sauf erreur, le management comme la gestion, avec tout l’attirail des outils de contrôle, évacuent le politique et régulent les flux. D’autres territorialisent, la Haute Qualité Environnementale par exemple est bien un aspect technique du DD mais il lui manque comme par hasard la dimension territoriale (et donc politique) pour ne s’intéresser qu’aux aspects constructifs !

Bien à vous,

sebastien maniglier

> 5 objections au logiciel libre - 16 juin 2005, par pikapika

logiciel libre ne s’oppose pas à logiciel payant mais à logiciel propriétaire.

visiblement vous ne maitrisez pas le sujet que vous abordez.

> 5 objections au logiciel libre - 16 juin 2005

<< Monsieur, A la lecture de votre article je constate que soit vous êtes actionnaire de Microsoft et défendez votre beurre ou que vous n’etes pas très bien informé sur le développement des logiciels libres Vous êtes en effet libre de choisir de payer jusqu la fin des temps pour des outils qui devraient être gratuits comme Word. Excel, etc...Avec certains américains et leur mentalité de pétrolier, le but est de vous tenir sous leur dépendance financière sans le savoir et de rentabiliser des produits à l’excès... Dans 50 ans vous petits enfants payeront word etc 200 Euros, Blanche Neige 30 etc ? Moi j ai librement choisi autre chose >>

Monsieur,

J’ai bien compris la différence que vous mentionnez entre logiciel payant et logiciel libre.

Mais je fais remarquer que cette "bataille" entre "libre" et "payant" se situe à l’intérieur de l’industrie informatique, car il est évident que le libre débouche sur une économie de prestations, sur lesquels se penchent des intérêts professionnels avant tout.

Les simples citoyens utilisateurs de micro-informatique n’ont, eux, que rarement payé les logiciels payants (M$ ou autre), faut-il le rappeler ?

Je pense par ailleurs que la dépendance à l’égard de l’informatique va bien au delà de ce que vous dites (qui est vrai). Il faut pour cela aller voir les usages concrets, pas ceux des experts, mais ceux des utilisateurs au travail.

Ainsi, Yannick Thebault, à propos Neogia, un ERP Open source dont il est un des contributeurs, avance que : "il ne faut pas oublier que quelque soit la license du logiciel, les besoins métier de l’entreprise restent les mêmes" (1). Une telle déférence envers les "besoins" productivistes des directions d’entreprise relativise grandement la posture anti-capitaliste des défenseurs du logiciel libre.

La société Néréide se dit ainsi spécialisée dans l’intégration d’ERP en logiciel "libre". Un ERP, ce n’est pas un simple tableur ou traitement de texte. Il s’agit d’automatiser des chaînes administratives et de faire remonter des informations de performances financières vers la direction. Pensez-vous que parler de logiciels "libres" a un sens pour les salariés utilisant de tels progiciels ?

Deun

(1) http://demo.nereide.biz:8080/websit...

> 5 objections au logiciel libre - 16 juin 2005

<< logiciel libre ne s’oppose pas à logiciel payant mais à logiciel propriétaire.
>>

Effectivement, c’est bien pour ça que je parle d’économie de prestations (qui peut s’appuyer plus facilement sur le libre), opposée à une économie de produits. C’est évidemment là une vue très simplifiée de l’industrie logicielle.

Mais là n’est pas l’essentiel. Comme l’écrit ci-dessus Sébastien Maniglier, une des objections au libre est qu’il sert à "boucler la couverture du marché et [à] imposer un modèle de management". Voir mon message à propos des ERP ci-dessus.

Deun

> 5 objections au logiciel libre - 16 juin 2005, par Hervé Le Crosnier

Le débat est assez bien connu, il dure depuis un (des ?) siècles, et on trouve même une formule pour le résumer :
"si on regarde de près l’exploitation, les plus salauds de tous, ce sont quand même les ouvriers. Pensez : sans eux, il n’y aurait pas de patrons".

Hervé Le crosnier

> 5 objections au logiciel libre - 16 juin 2005

<< Le débat est assez bien connu, il dure depuis un (des ?) siècles, et on trouve même une formule pour le résumer : "si on regarde de près l’exploitation, les plus salauds de tous, ce sont quand même les ouvriers. Pensez : sans eux, il n’y aurait pas de patrons".

Hervé Le crosnier
>>

... dit-il en fermant le débat... et en ouvrant le placard au cadavre.

> 5 objections au logiciel libre - 17 juin 2005

A Sébastien maniglier,

Merci pour votre réponse.

Le reproche que l’on peut faire au développement durable est ne pas interroger le développement en lui-même, et ses présupposés. Parler de fracture numérique, notamment, masque le fait que l’on est train d’exporter un ensemble de valeurs, un mode de vie, etc, qui sont en fait très particuliers, culturellement et historiquement. Je ne vois pas de quel droit on généraliserait (universaliserait) une situation où le travail collaboratif, la mise au travail, l’organisation du travail, le commandement, passent de plus en plus par des artefacts logiciels et communicants.

Nous nous complaisons là dans le "technique", au sens où se mot signifie des enjeux sociaux qui ne sont pas suffisamment explicités.

Voyez les réponses qui me sont faites ici. Je ne connaîtrais pas suffisamment le sujet du logiciel "libre". Qu’est-ce signifient ces discours d’autorité si ce n’est la défense d’un principe de spécialisation étroite (informatique, juridique, etc) à partir de quoi, on l’imagine bien, on entend contruire par ailleurs des expertises surplombantes ? Les experts sont de bien piètres démocrates. Ils règlent certains problèmes, mais seulement s’ils ont le monopole de leur définition. C’est la condition de leur efficacité.

Deun

> 5 objections au logiciel libre - 17 juin 2005

<< 17 juin 2005, par Rodolphe Quiédeville

Monsieur DEUN,

Farouche partisan du modèle du logiciel libre je suis à premier abord assez interloqué par vos propos, mais je prends tout de même le temps d’une deuxième lecture. Et cette deuxième lecture m’ammène à la conclusion qu’effectivement le logiciel libre ne résoud pas les problèmes qui ne le concernent pas. Je ne comprends pas pourquoi vous reprochez au libre l’informatisation de l’économie. Sans le logiciel libre l’économie serait tout aussi libérale et la fuite en avant ne serait pas ralentie.

J’ai l’impression en fait que vous avez une dent contre l’informatisation de la société (et cela ne pourrait vous être reproché) et que vous êtes déçu de ce que le logiciel libre ne résolve pas ce problème. Mais comme il serait trop simple d’attaquer le modèle propriètaire vous vous en prenez au libre, ce qui ne pourra qu’augmenter votre audience.

Pour finir je trouve pluot surpenant qu’un militant de la décroissance, et un farouche opposant de la toute puissance informatique comme vous tienne ses propos sur blogger.com, système géré par la société Google, mais visiblement vous n’êtes pas à une contradiction prêt.

Cordialement,
>>

Vous dites que le logiciel libre ne résout pas les problèmes qui ne le concernent pas.

A mon avis, c’est justement dommage qu’ils ne veuillent pas le faire : c’est vers cela que j’aimerais que le débat s’oriente à vrai dire, parce que je pense qu’il pourrait le faire (ce qui suppose de questionner vraiment l’informatique).

Mais pour commencer, on ne peut plus nier que le libre est associé au même productivisme contre lequel les promoteurs du libre, qui osent très souvent la posture anti-capitaliste, donnent souvent l’impression de lutter.

Pour ce qui est de blogger.com, vous marquez un point, là :)

Deun

> 5 objections au logiciel libre - 23 juin 2005, par jul - Libre et sphère commercial

Article intéressant, non car il apporte des réponses avec lesquelles de suis d’accord, mais des questions auxquelles j’ai envie de trouver des réponses.

Je suppose en vous lisant qu’il est possible que vous fassiez une confusion entre le discours sur le logiciel libre et le logiciel libre lui même.

Par rapport à l’affirmation de complémentarité du libre par rapport au « propriétaire » dans la sphère marchande, je suis pas tout à fait d’accord. Quoi qu’en dise certain fana de l’open source français (qui résument le libre à faire du blé sur les gogos qui travaillent gratuitement) le libre est juste a-commercial, perpendiculaire à la sphère marchande, c’est pour ça que les clauses nc (non commerciale) ont peu ou pas de sens dans le logiciel libre.

Après, il me semble quand vous parler de productivisme induit par le logiciel libre que vous mélangiez la manu-facture du logiciel avec son utilisation. Aucun artisan aussi éthique soit-il ne peut empêcher un mauvais usage de des outils qu’il crée. Le logiciel libre n’est pas responsable des récupérations, et des détournements fait en son nom.

Enfin, j’essaierais de trouver le temps de faire une réponse plus détaillée :)

> 5 objections au logiciel libre - 24 juin 2005

En réponse à jul :

<< Je suppose en vous lisant qu’il est possible que vous fassiez une confusion entre le discours sur le logiciel libre et le logiciel libre lui même.
>>

C’est plus compliqué que ça. Non seulement le discours sur le logiciel libre est envahissant, mais il s’agit d’un discours qui ne parle pas d’informatique. Les partisans du logiciel libre ne parlent pas d’informatique mais de leur boulot, de leur "passion" post-adolescente, de tout ce que vous voulez, mais certainement pas des contextes d’usages concrets de l’informatique (allez voir sur mon site pour savoir de quoi je parle). Leur seule critique porte sur le monde propriétaire. Mais le monde propriétaire et le monde du "libre" est d’accord sur l’essentiel : aucune force ne doit entraver les "créateurs" informatiques, source d’une "innovation" dont on se garde bien d’expliquer en quoi elle consiste par rapport à qui existe déjà. Comme vous le dites, ils jugent que "aucun artisan aussi éthique soit-il ne peut empêcher un mauvais usage de des outils qu’il crée"... ce qui veut bien quoi, si ce n’est que les usages de leurs outils ne les intéressent pas ?

Deun