Relieurs

Première phase du Sommet mondial de la société de l’information - SMSI 2002/2003
Note de synthèse Octobre 2004

Etude réalisée en partenariat avec le laboratoire France Télécom R&D - DIH/UCE Programme : Innovations ascendantes.

Avant-propos

Cette note est le fruit d’une exaspération et d’un enthousiasme. Exaspération devant la médiocrité des résultats obtenus par les acteurs de la société civile dans le processus du SMSI, de tant d’heures de travail, d’efforts convergents, de recherche de consensus pour des textes officiels sans vision ni force, exaspération de l’épuisement moral et du dégoût qui taraudent le militant au corps les nuits de rédaction de la pénultième version d’un texte dont on sait déjà qu’il sera refusé...

Et enthousiasme devant le formidable brassage interculturel et inter-politique que représente ce sommet, devant la capacité des militant(e)s impliqué(e)s à dépasser très souvent leurs différences pour gagner en vision commune, devant l’intelligence collective qui a su se mettre en mouvement à l’occasion de cette rencontre onusienne.

À la question récurrente que l’on nous pose et que nous nous posons à nous-mêmes « à quoi ça sert ? », spontanément une seule réponse s’impose. Si le SMSI ne doit avoir qu’une vertu, c’est d’avoir contribué à décloisonner les résistances et les alternatives à la société de l’information pré formatée qui se construit sous nos yeux.

Ce travail de décloisonnement, de reliance entre les luttes, les idées, les imaginaires, les actions, les acteurs a toujours été au cœur de notre éthique comme de nos projets. Le SMSI, rendez vous onusien bancal, peu médiatisé, sans grand pouvoir intrinsèque, agit de fait comme un creuset dont les acteurs de la société civile peuvent tirer parti pour organiser leurs mouvements.

L’idée en filigrane de cette étude est d’étudier le passage de logiques historiques de rassemblements unitaires, de fédérations, dont les mouvements ont éprouvé les limites, à des logiques de réseautage dans la diversité et de fabrication du consensus.

Il ne s’agit pas d’analyser l’ensemble du processus SMSI. Notre étude est limitée à la fois dans le temps et dans l’objet : tout d’abord elle procède par arrêt sur image sur la première phase du Sommet, celle qui court de juillet 2002, date du premier prepcom (comité préparatoire) à Décembre 2003 (la seconde phase qui a débuté en juin 2004 avec un prepcom à Tunis, ne s’achèvera qu’en novembre 2005). Cet exercice est bien évidemment frustrant, d’autant que l’on sent déjà à quel point cette seconde phase va constituer un tournant décisif pour la plupart des questions que nous soulevons ici. La mise en place, décidée à Genève, des deux groupes de travail - sur la gouvernance d’internet et sur les mécanismes de financements - qui se déroule en ce moment même, est à elle seule un extraordinaire laboratoire des questions démocratiques internationales.

Quant à l’objet, nous avons délibérément choisi de nous concentrer sur une approche du Sommet telle que vécue et vue par la « société civile » (nous reprenons ce terme ici tel qu’il est communément utilisé au sein du SMSI et nous reviendrons sur les contours de cette Objet politique non identifié - OPNI dans le cours de la note). Si la première partie de l’étude redonne des éléments généraux indispensables à la compréhension du Sommet dans son ensemble, la seconde se focalise sur les familles d’acteurs impliquées dans le processus. Sans prétendre à l’exhaustivité, nous chercherons à comprendre quels sont les organisations, mouvements, personnes en présence puis à voir dans les troisième et quatrième parties, en nous penchant sur un mouvement spécifique, celui des droits à communiquer, comment ces acteurs ont ou n’ont pas réussi à se relier les uns aux autres au cours de cette première phase d’un processus qui doit durer encore plus de 18 mois.

Nous sommes partis des connaissances, intuitions, analyses accumulées sur le vif au cours de la première phase du SMSI, complétées par des lectures, des recherches Web. Une fois l’essentiel de l’étude réalisée, nous avons interviewé par écrit six acteurs du SMSI, autour de quelques questions qui touchaient aux points névralgiques de la note. Ce « terrain ex post » n’a pas pour vocation de nourrir l’étude par rétroaction mais de montrer les contours de sa subjectivité - subjectivité inhérente au fait que l’auteure a été partie prenante du processus -, de la compléter, le cas échéant de la contredire.

Par ailleurs nous avons choisi de travailler sur les articulations et convergences à travers l’étude des mouvements eux-mêmes et seulement de façon subsidiaire sur leurs prises de positions au cours du SMSI. .

Au final, il s’agit d’une étude qui peut aussi devenir un outil militant, au service du débat, de la connaissance mutuelle, du dépassement des malentendus ou contradictions pour aider à la construction de convergences politiques fortes.

Paris, le 31 Octobre 2004

l’étude complète est disponible sous forme de téléchargement (564 ko).


Posté le 29 décembre 2004

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