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Rencontre avec les acteurs montréalais de l’Internet citoyen

À l’occasion d’un voyage à Montréal, Raul Montéro et Valérie Peugeot ont pu rencontrer une quinzaine d’acteurs impliqués dans la vie associative québécoise et acteurs de l’Internet citoyen.

Cette rencontre, organisée par le Carrefour mondial de l’Internet citoyen (http://www.globalcn.org), porteur en 2002 des Troisièmes rencontres mondiales de l’Internet citoyen, avait un triple objectif : présenter 3 dynamiques dans lesquelles Vecam est impliquée, identifier les projets québécois et tisser des passerelles entre les deux rives de l’Atlantique.

Étaient présents, outre le Carrefour, l’association Communautique (http://www.communautique.qc.ca), Amarc (Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires, http://www.amarc.org), Acceso/Bellanet (association canado-latino américaine, déjà partenaire des I-Jumelages, http://www.acceso.or.cr/), Icéa (Institut de coopération pour l’éducation des adultes, http://www.icea.qc.ca), une association travaillant sur l’accessibilité des personnes handicapées aux TIC, le centre Saint-Pierre, organisation d’éducation populaire (http://www.centrestpierre.cam.org),le laboratoire LabCMO (Laboratoire de communication médiatisée par ordinateur, http://cmo.uqam.ca/) de l’UQÀM (Université du Québec à Montréal).

Les 3 projets présentés par Vecam sont l’Espace Métis (http://www.espacemetis.org), Écrits publics (http://www.ecrit-public.net) et les I-Jumelages (http://www.vecam.org/i-j).

Vecam a présenté les projets de l’Espace Métis et d’Ecrits publics en proposant que les contenus de ces deux espaces puissent être mutualisés et co-écrits avec les acteurs québécois. Plusieurs acteurs sont, en effet, en train de refonder leurs sites Internet (c’est le cas du Carrefour, de Communautique, Icéa...) et l’objectif est de voir comment ces passages en sites dynamiques, tous des CMS utilisant des logiciels variés (Plone pour le Carrefour, Maison pour Communautique...), pouvaient être porteurs d’une logique d’agrégation de contenus et de syndication.

Dans le cas de Communautique, d’ici un mois va être lancé un site spécifique, intitulé « l’espace associatif », assez similaire à Métis dans sa vocation : répondre aux besoins communautaires (soit associatifs dans le monde québécois) en matière de TIC. En 2001, Communautique a publié un recueil d’une trentaine d’expériences d’associations en matière de TIC, autour de thèmes comme les médias communautaires, les jeunes et les TIC, etc. C’est ce recueil qui va servir de base de contenus à « l’espace associatif », chaque communauté pouvant désormais réactualiser en ligne sa fiche. Chaque association va disposer d’un espace personnalisé. Le site comportera aussi un système de calendrier personnalisé et mutualisé ainsi que des forums thématiques. Un des objectifs est d’amener des gens qui ne sont pas des spécialistes de ces questions à s’exprimer au travers de ces forums. C’est, comme Métis, un outil francophone. Communautique se lance également dans un travail de syndication à travers le GITI (gestion de l’information en technologies de l’information). Plusieurs groupes communautaires dispersés à travers le Canada, se rejoignent pour partager des services. Communautique veut pouvoir, d’une part, orienter les demandes vers les acteurs locaux marchands ou non, susceptibles de répondre aux besoins spécifiques des groupes communautaires, d’autre part, aider les personnes à affiner leur demande de manière à ,ensuite, s’adresser à un fournisseur avec les connaissances nécessaires pour pouvoir dialoguer avec ce dernier. Le GITI est un outil collaboratif, basé sur la syndication, à partir d’un site Spip, mais qui risque de migrer vers un autre logiciel.

La plupart des personnes présentes se sont dites intéressées par l’idée d’une « corbeille » de contenus communs, corbeille décentralisée, dans laquelle les différents sites puissent à la fois contribuer et puiser. Cette démarche devra être réfléchie après le lancement des nouveaux sites concernés.

Plusieurs personnes ont exprimé leur préoccupation sur la difficulté des individus à contribuer, à remplir des fiches etc. et la tendance pour chaque organisation à créer son propre site plutôt que de contribuer à une nouvelle plateforme.

Sur le premier point, soit la difficulté à contribuer, Vecam a expliqué que c’était justement pour cette raison que l’initiative « écrit public » avait été lancée. Dans les pays à forte connectivité, la difficulté n’est plus tant celle de l’accès au sens étroit du terme, que celle du saut psychologique d’une posture de consommateurs d’informations, à celles de créateurs de contenus. Quant au second point, il est évident que l’on n’empêchera chaque association de faire son propre outil, ce qui n’est pas nécessairement souhaitable. Cependant, la syndication doit justement permettre de trouver des logiques de mutualisation dans la diversité. L’enjeu est de permettre une « syndication fine », de manière à ne pas agréger tout et n’importe quoi, mais bien permettre à chaque structure de choisir dans les sites des autres les contenus qui leurs sont utiles, par thème, par territoire, etc.

La question de l’accessibilité des sites cités aux publics mal ou non voyants a été posée. Seul le futur site du Carrefour respecte les normes en matière d’accessibilité. Les autres sites ont eu tellement de difficulté à être développés techniquement que cette dimension n’a pas pu être prise en compte, au grand regret des porteurs. Ainsi SPIP a été critiqué pour son non respect des normes d’accessiblité.

Les Webtrotteurs qui participent d’une démarche « d’écrit public » tournés vers un public de jeunes, sont en train de modifier leur fonctionnement. Au Québec, le Rocajq était l’animateur unique des Webtrotteurs. À partir de mars 2005, de nouveaux acteurs pourront participer à la dynamique, ce qui ouvre et accentue sa dimension de travail en réseau.

Il a été suggéré que la démarche « Écrit public » puisse entrer en relation avec la Fédération internationale des journaux de rue (INSPA - international newsstreet papers association) ?

La dynamique de I-jumelages, avec son double travail sur l’interculturalité et sur le renouvellement des modes de coopérations Nord-Sud, a suscité un vif intérêt de la part des Québecois présents. La technologie doit jouer un rôle de médiation entre les communautés de base, sans intermédiaire institutionnel. Les I-jumelages sont une recherche-action sur la manière dont le Sud peut aider le Nord et inversement.

Pour les organisations du Sud ce nouveau type de relations Sud-Nord sont perçues comme une véritable opportunité.

Vecam a donc proposé de commencer à imaginer des I-jumelages triangulaires, associant un acteur latino-américain, un acteur québecois et un acteur européen.

Les questions de fonctionement ont beaucoup tourné autour du multilinguisme.

Ainsi le dispositif mis en place pour le site des I-jumelages est à plusieurs niveaux :
- Dans le site même, qui est quadrilingue, les formulaires facilitent le travail des traducteurs et le suivi des traductions effectuées et modifiées.
- Entre les groupes jumelés, les facilitateurs veillent à ce qu’il existe toujours un interlocuteur susceptible de parler la langue de l’autre "jumelé".
- Entre les facilitateurs, deux langues de travail sont requises minimalement, soit l’anglais et l’espagnol.

Suite à cette rencontre, plusieurs rendez vous bilatéraux sont prévus pour poursuivre l’implication des groupes communautaires québécois, et leurs innovations, dans les différentes dynamiques proposées par Vecam.

Valérie Peugeot, Raul Montero, martine

Mise en ligne: 6 octobre 2004