Les textes fondateurs de VECAM

L’appel et la déclaration de février 1995

La déclaration fondatrice de VECAM se compose d’un texte introductif, synthèse des contributions reçues d’associations et de personnalités du monde entier, impliquées, à des titres divers dans les enjeux citoyens et sociaux de ces nouvelles technologies. Ce texte est complété par une déclaration proprement dite dont les signataires veulent, à l’occasion de la réunion du G7 de février 1995 sur la société de l’information, manifester leurs préoccupations et souligner, tant à l’égard des gouvernements que de l’opinion, l’importance de ces enjeux et les principes qui devraient en orienter la maîtrise.


(( Appel fondateur de l’association VECAM

Chances et risques pour la citoyenneté et le lien social

Appel préalable à la déclaration fondatrice de VECAM

« Multimédia : les voies d’une maîtrise sociale » ))

Alors que les nouvelles techniques du multimédia et des autoroutes de l’information offrent de formidables moyens d’échange de toute nature à toutes les échelles - du local au planétaire - et dans toutes le cultures, les citoyens risquent d’être considérés avant tout comme des consommateurs. L’enjeu est de taille : soit les citoyens seront perçus comme des utilisateurs sujets et ils participeront pleinement aux connaissances et aux savoirs avec « évaluation-réflexion » et interactivité humaine : soit ils seront innondés par les propositions d’objets et de services dont l’interactivité serait limitée à la relation Homme-système. Ils n’auraient plus qu’à zapper sur l’éventail de données innombrables provenant de quelques producteurs.

Il existe pourtant, depuis quelques années, des initiatives porteuses d’un usage social et culturel de ces nouvelles technologies : les coordinations de scientifiques et de citoyens à la base d’internet, le réseau international laborieusement tissé par l’Association for Progressive Communication - APC -, les réseaux associés DPH (Dialogue pour le progrès de l’homme), les activités de groupes humains et d’ONG actifs dans la télévision associatives et proche des organisations populaires, les projets de « villes numérisées » en Europe pour une appropriation socio-culturelles des technologies multimedia, les campagnes pour une télévision non violente notamment en direction des enfants, les expériences d’utilisation d’outils télématiques et multimédia pour la coordination des initiatives de citoyenneté active...toutes initiatives avancées dans telle ou telle région du monde, voire au niveau international.

Mais, force est de constater que ces expériences sont marginalisées par le poids des acteurs économiques et politiques impliqués dans les enjeux de la compétition mondiale sur les marchés les plus solvables. Les grandes firmes productrices de réseaux de télécommunication, de système de traitement et de communincation, de terminaux (téléphoniques, télévisuels, informatiques..) ou de programmes (ludiques, culturels, informationnels...) sont aujourd’hui engagées dans une compétition gigantesque pour leurs positionnements stratégiques sur des marchés qu’elles prévoient en croissance explosive.

Elles se tournent vers les Etats pour exiger à la fois la libéralisation et la dérégulation seules capables, à leurs yeux, de garantir la mondialisation des marchés, condition de rentabilisation de leurs investissements. C’est l’objet de la réunion ministérielle du G7 qui se tiendra à Bruxelles les 25 et 26 février 1995.

Le vice-président américain Albert Gore, père du programme « the National Information Infrastructure » a déclaré : « il revient à la libre entreprise d’assuer le développement de ce secteur essentiel pour l’avenir ». On ne peut être plus clair quant à une lecture exclusivement économiste des enjeux de cette révolution. Mais puisque celle-ci est « appelée à modifier notre manière de vivre et de travailler ensemble » et que « les pays qui ne s’engageraient qu’à demi (dans cette voix) pourraient en moins de dix ans se voir confrontés à un déclin désastreux (...) et à une forte réduction d’emploi », qu’en est-il de cet autre versant, plus fondamental encore de la mutation en cours : celui même du lien social et de la citoyenneté ?

De nombreuses questions se posent - et nous vous en soumettons quelques unes ci-après - que le grand jeu stratégique des firmes et des Etats, tout entier dominé par les contraintes de la compétitivité, refoule ou ignore.

Dès lors et avant qu’il ne soit trop tard, comment mobiliser les énergies pour en minimiser les risques et en valoriser les chances ? La révolution informationnelle est une chose trop grave pour en laisser pratiquement la mise en œuvre aux seuls soins des « industriels » - du contenant ou du contenu - et du marché.

C’est pourquoi nous souhaitons contribuer à la prise de parole au niveau international des acteurs engagés dans des initiatives porteuses d’une demande sociale et, de ce fait, potentiellement d’une maîtrise sociale des usages de ces technologies au service du lien social et de la citoyenneté.

Une telle maîtrise peut être recherchée par deux voix complémentaires :
- expérimenter et promouvoir de nouveaux modes d’utilisation et de régulation de ces outils dans le souci de faire du citoyen un acteur :
- contribuer à l’émergence de mouvements et de forces capables d’infléchir dans ce sens les politiques publiques et les éventuels effets pervers du seul jeu des marchés.

Nous sommes persuadés de l’urgence d’une meilleure mise en synergie de tous. Voici quelques questions, repondez-nous !

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Posté le 17 septembre 2006

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