[SMSI-61] Des villes dans tous leurs Etats

Bonjour,

Vendredi 5 décembre s’est achevé le "Sommet Mondial des Villes et des Pouvoirs Locaux dans la société de l’information" qui s’est tenu à Lyon et mercredi 12 décembre s’ouvrira le "Sommet mondial sur la Société de l’Information" à Genève.

A Genève, les 191 Etats des Nations-Unies montreront leur difficulté à imaginer un monde en réseau qui ouvre une place nouvelle aux citoyen(ne)s, qui soit centré sur leur vie réelle et qui accentue leur pouvoir coopératif pour résoudre les crises écologiques, économiques et guerrières qui menancent le 21ème siècle ; leur incapacité à penser un réseau d’information, d’expression et de connaissance qui définisse vraiment un outil commun pour mieux accéder aux "Objectifs du millenaire". Les tractations de couloir qui se déroulent encore devraient permettre aux représentants des gouvernements de signer une "Déclaration commune". Mais nul ne se trompe plus sur son caractère creux, vague, gonflé de phrases aux stéroïdes pour mieux masquer la vacuité du projet.

Nul n’imagine que les mots ronflants seront suivis d’applications concrètes. Le souffle est dispersé.

Oh qu’il est facile d’écrire : "article 21 : La capacité de chacun d’accéder à l’information, aux idées et au savoir et d’y contribuer est essentielle dans une société de l’information inclusive." quand dans le même temps on interdit aux pays qui n’ont pas les moyens de se payer les brevets pharmaceutiques d’utiliser le savoir commun pour fabriquer des médicaments génériques. Hypocrisie, faux-semblants, et intérêts commerciaux bien-compris : le SMSI par l’inconsistence même de ses déclarations de replâtrage laisse filer la recomposition des pouvoirs à l’oeuvre autour des "industries de l’information" et de la "propriété intellectuelle". Au profit des trusts du Nord, et à l’encontre des populations du monde entier.

La société civile a d’ores et déjà su tirer ce constat, et refuse de se plier à endosser un "plus petit dénominateur commun" qui saboterait les espoirs que l’on peut mettre dans une autre répartition de l’information, de l’éducation, de la connaissance et de la culture. Elle met actuellement la dernière main à une déclaration indépendante, qui sera comme un programme mondial des acteurs de la société civile pour ne pas laisser tomber les espoirs mis dans le processus tri-partite, et pour agir, ensemble, vers des buts communs centrés sur les intérêts des peuples et des individus.

C’est dans ce cadre que le Sommet de Lyon prend toute son importance.

Devant la faillite des Etats, minés de contradictions géopolitiques, les Villes et les Pouvoirs locaux s’appuient sur les relations de proximité que tissent les élus locaux avec leurs populations pour proposer une mise en réseau citoyenne.

Bien sûr tout n’est pas rose. Les villes ne pèsent pas encore assez dans le monde pour organiser une force de paix et de coopération. Bien sûr les élections locales sont aussi parfois l’occasion de l’émergence de potentats locaux. Bien sûr les décisions des villes restent soumises aux décisions législatives nationales. Bien sûr les brahmanes des multinationales savent aussi convaincre les villes des bienfaits de leur technologies et récupérer ainsi l’argent public au profit de leurs empires économiques.

Mais les villes doivent aussi et toujours faire avec les associations, les institutions de base (les écoles primaires, les bibliothèques) et pour cela leurs décisions se font en partenariat avec la mobilisation des acteurs directement concernés. Alors cela permet de construire des réseaux mondiaux. Réseaux de villes, réseaux des institutions à partir de l’échelle locale et réseaux des associations civiques de ces villes.

C’est cette dynamique qui existe dans la "Déclaration de Lyon" qui a été adoptée vendredi dernier. Une dynamique qui propose un objectifs à portée de main : utiliser les TIC pour faire reconnaître les réseaux de villes sur la scène mondiale, pour tisser des liens de coopération décentralisée, et enfin pour irriguer à partir des villes les régions rurales avoisinantes. http://www.cities-lyon.org/fr/decla...

Le réseau est alors pris dans sa capacité à garder l’informel des relations tout en renforçant son impact global. A partir d’actions concrètes d’échange et de contact, à plusieurs niveaux.

Le gros milliers d’élus locaux du monde qui étaient présents à Lyon ont indiqué qu’une "société de l’information en réseau" se construira à partir des opérations conjointes à la base, à partir de la démocratie de proximité et de son extension.

Un indice d’espoir avant la douche froide que risque d’être le Sommet de Genève.

Hervé Le Crosnier

Posté le 7 décembre 2003

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