Domaine public : une ascension plutôt que la chute !

"Monter au domaine public" plutôt que de "tomber dans le domaine public"

Domaine public : une ascension plutot que la chute !

Les débats préparatoires du SMSI mettent en évidence de façon magistrale la force des mots pour la rédaction des déclarations. Aucun mot ne parait anodin, chaque formule est soupesée, et aprement discutée. Au fonds du débat sur ce que peut être la société de l’information, on trouve de plus en plus la défense du bien public et du domaine public. Je fais donc une proposition de vocabulaire propice à faire évoluer significativement les esprits autant qu’à clarifier voire radicaliser le débat. Il s’agit de changer un mot concernant le passage de la sphère privée à celle de la sphère publique. Remplaçer « tomber » par « monter ». L’antique et désormais provisoire formule : « Tomber dans le domaine public » deviendrait alors : « Monter au domaine public ». « Monter au domaine public » est autrement plus porteur d’espoir et d’ambition que d’y choir. Monter, c’est s’élever plutot que de déchoir. Plutot que d’être seulement déchu de ses droits, l’auteur pourrait y voir une consécration favorisant la plus large connaissance et circulation de son oeuvre. Le droit d’auteur n’est pas seulement une affaire commerciale, c’est aussi un droit à la reconnaissance. Dans nombre d’études sur les motivations de gens au travail, la reconnaissance dispute largement la première place à la rémunération. Les auteurs sont ils des êtres humains si différents ? Point n’est besoin de décret pour que chacun, s’il est convaincu du bien fondé de la défense du bien public comme valeur politique, utilise dans sa production quotidienne de discours et de documents la formule que je propose.

« Monter au domaine public » c’est aussi inciter à réfléchir d’avantage sur les conséquences qu’il peut y avoir à étendre sans limite ce qui devient une confiscation abusive d’un bien au détriment du patrimoine de l’humanité. « Monter au domaine public » enfin c’est mettre en accord une volonté de plus en plus largement exprimée avec les mots pour le dire.

Posté le 5 mai 2003

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