SMSI-84 Coup de feu autour du piano

Bonjour,

Vendredi 19.

Je viens d’arriver à Genève. Grands locaux des organisations internationales. Couloirs bruissants. Rencontres, éléments d’information épars, discussions que l’on voudrait avoir le temps d’approfondir...

Dans un quart d’heure j’irai à une réunion du groupe Contents and Themes, réunion des activistes de la société civile qui rédigent les propositions alternatives à la déclaration des Etats et au Plan d’action.

Entre temps je connecte mon portable.

Je viens de lire un article qui m’a grandement fait plaisir. C’est de Thierry Dupont, qui m’avait interviewé il y a quelques jours. Je me retrouve tout à fait dans sa synthèse (pour celles et ceux qui ne me connaissent pas, je suis encore plus bavard en paroles que par mail... c’est dire le travail de synthèse du journaliste. Merci). http://transfert.net

Faut que je fasse gaffe à ne pas avoir les chevilles qui gonflent, je ne tiens pas forcément à faire la fortune des bottiers.

Mais le pari stupide SMSI-100 commence à la fois à me peser (c’est long de trouver deux heures chaque jour), mais aussi à me plaire (car ça me permet - et m’oblige - de synthétiser plusieurs années d’accumulation de réflexions et d’informations).

J’ai promis 100 messages en 100 jours d’ici au Sommet de décembre à Genève. Pas forcément 1 par jour, même si ce serait la bonne moyenne. De toute façon, chacun picore ce qu’il veut ; reçoit et poubellise ; archive pour plus tard, ouais plus tard... Il faut se dire que l’intéret comme le plaisir est déjà grand à écrire chaque jour sur le sujet que je travaille depuis des années.

Mais pour tenir le rythme, il me faut aussi avoir des accès réseau. Et ici c’est très bien.

Actuellement, je suis dans la grande salle où en plus des ordinateurs qui permettent une connexion on trouve des tas de câbles et des accès WI-FI pour rejoindre la grand route à partir du portable. Un élément essentiel de toute bonne infrastructure de conférence, et demain de toute infrastructure publique offrant des accès à l’internet.

Je me souviens, au début des années 90, alors que je participais à une commission de préfiguration de la Bibliothèque nationale de France, d’avoir suggéré qu’il faudrait prévoir des tables avec un câblage éthernet intégré, car bientôt les chercheurs et les utilisateurs de la bibliothèque viendraient non seulemment avec leur portable, mais aussi avec le désir de rester connectés au reste de leur archives, de leurs échanges, de leurs outils.

Effrayée par le prix d’un tel câblage, la commission avait rejeté l’idée. J’avais certes un peu raison en pronostiquant ce type de pratique sociale qui est visiblement devenu habituel dès que l’on permet aux gens de se servir d’une infrastructure d’accès (dans les salles de conférences, dans les cybercafés,...). Mais j’avais grandement tort... et les décisionnaires de la BnF qui ont rejeté cette proposition doivent se frotter les mains : un tel câblage, s’il avait été effectué à l’époque, aurait coûté excessivement cher. Mais de surcroît, les prises BNC qu’on aurait vraisemblablement utilisées ne permettraient plus la connexion, étant incompatibles avec les cartes ethernet RJ45 qui existent aujourd’hui... Et de toute façon, le réseau sans fil (Wi-Fi) permet maintenant de multiplier les connexions sans câble, sans prise, ... C’est donc le moment d’installer dans les lieux publics d’accès à l’information des bornes Wi-Fi... Oui, mais qui nous dit que demain on n’aura pas changé de norme, ce qui rendra obsolète la décision ? Bien malin qui peut savoir... Il faut bien un jour commencer. Et dire que des pays pauvres doivent se colletiner ce genre de choix sans même avoir les moyens de notre Bibliothèque nationale.

Bon, vous avez lu jusqu’ici. Vous avez lu ce petit compte-rendu sans objet, ces paroles moins focalisées que dans les autres messages.

Vous vous intéressez donc aux cuisines et aux arrières-cuisines d’une petite opération médiatique personnelle. Il vous sied un peu d’imaginer le chef derrière son fourneau et de sentir le coup de feu autour du piano.

Ce qui montre une fois de plus que les médias ne parlent toujours que d’eux-mêmes...

Et que de plus ça plaît aux lecteurs.

Hervé Le Crosnier

Posté le 20 septembre 2003

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