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Lettre d’information n°1
juillet 2003 |
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Edito
° Philippe Merlant
Invité
° Julien Lusson
Repères
° Le réveil high tech
de la Chine - L’analyse de Joël de Rosnay
° Avec la Maturation in Vitro,
la Fécondation in Vitro franchit une nouvelle étape
Brèves
° Les associations, "oubliées"
de la décentralisation
° Méthane : effet de
seuil de l’effet de serre ?
° Le RMA : un SMIC au rabais ?
° Levée du moratoire
européen sur les OGM
° IDE : France, terre d’accueil
° Clonage : l’année
2003 pourrait marquer un tournant
°
SMSI : quelles priorités pour les acteurs de la société
civile ?
Voir / Lire
° Mal de terre
° Spinoza avait raison
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Edito
Un outil de veille et de lien
La
newsletter de Transversales Science Culture et du GRIT (Groupe de
Recherche Inter et Transdisciplinaire) que vous avez sous les yeux
va constituer un élément central dans la nouvelle
politique éditoriale que nous mettons en place suite à
l’arrêt de la forme actuelle de Transversales, en mai dernier,
pour raisons économiques (1).
De périodicité mensuelle, cet outil de veille et
de lien permettra de repérer - dans l’actualité
scientifique, technologique, économique, sociale, culturelle
et politique - certains des "signaux faibles"
qui contribuent à dessiner le monde de demain. Le monde dont
nous ne voulons pas et qui ne cesse de nous alarmer. Mais aussi
le monde que nous souhaitons et auquel contribuent, chaque jour
plus influents, nombre de réseaux et d’initiatives de par
le monde.
Autour de trois temps forts (Points de vue, Repères, Brèves),
cette lettre permettra d’investiguer quatre champs principaux :
mutation et technologies de l’information ; révolution du
vivant et écologie ; société et économie
; citoyenneté et démocratie. Conçue à
l’origine comme une newsletter électronique - utilisant
notamment toutes les potentialités de l’hypertexte -,
elle sera aussi présentée dans une version "papier"
(2).
En éditant ce nouvel outil de veille et de lien, le GRIT
reste fidèle à sa vocation initiale : apporter sa
contribution à la construction d’un monde plus humain
et plus solidaire en reliant les connaissances actuellement disponibles
(3).
Pour se pérenniser, cette newsletter a aussi besoin de votre
soutien. A vous de jouer (4) !
Philippe Merlant
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Invité
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3 questions à… Julien Lusson
> CEDETIM - Centre d’études
et d’initiatives de solidarité internationale.
La
constitution européenne qui vient d’être proposée
donne-t-elle un nouveau visage à l’Europe ? Permet-elle
de dessiner un projet de société qui jusqu’ici lui
manquait ?
Sous réserve de la troisième partie, non encore connue,
elle reflète davantage les contradictions et divisions entre
les sociétés européennes qu’elle ne permet
leur dépassement. Privilégiant la réforme institutionnelle
sur l’élaboration des politiques communes, notamment sociale
et économique, elle ne répond donc pas à la
triple crise actuelle écologique, économique et sociale
et au développement des dynamiques de guerre.
Malgré de réelles avancées institutionnelles,
la place centrale laissée à la concurrence, l’absence
de reconnaissance des services d’intérêt général
et le refus de mettre en place une réelle politique économique
européenne active en matière de création d’emploi
de qualité et de protection de l’environnement, n’augurent
rien de bon. On voit mal comment l’Union va pouvoir œuvrer
à ses objectifs de plein emploi et au progrès social !
Les résultats, supérieurs à ceux des deux dernières
conférences intergouvernementales d’Amsterdam et de Nice,
restent d’une faiblesse scandaleuse au regard de la montée
des périls. Le comble serait que la CIG, qui tranchera au
final aboutisse à un résultat encore moins bon !
Quelles en sont les décisions
marquantes et qui risquent d’influer sur le quotidien des citoyens
européens, en positif ou en négatif ?
L’absence de politique économique et sociale et la prédominance
laissée à la concurrence entraînent un dumping
social pesant essentiellement sur les citoyens les plus démunis
et sur les classes moyennes. L’accès aux services de base
est compromis et ces services se dégradent. Le projet ne
répond pas au chômage et à la dégradation
de l’emploi.
La citoyenneté de l’Union n’est pas attribuée
aux résidents des pays tiers, qui ne disposent pas de la
nationalité d’un Etat-membre. Cela institue une discrimination
entre "nationalitaires", "européens"
et ressortissants de pays tiers, ce qui ne favorise pas le repli
de la xénophobie dans nos sociétés, bien au
contraire.
Quelle que soit l’appréciation
que l’on porte sur ce texte, peut on considérer qu’il a permis
de sortir les enjeux européens des mains exclusives des experts
et de les mettre sur la place publique ?
La méthode de la Convention est certes meilleure que celle,
diplomatique, de la CIG, car seule une dynamique d’ouverture des
débats et de confrontation de projets permettra d’avancer
sur la voie d’une Europe répondant aux enjeux d’aujourd’hui.
Mais la Convention n’est pas la place publique. Et il faut s’inquiéter
du fait que les débats en son sein n’aient pas fait l’objet
de réactions fortes au-delà des cercles spécialisés.
Les gouvernements, d’un côté décident d’organiser
cette Convention, conscients des limites des CIG, de l’autre ne
lui assurent aucune publicité pour qu’un réel débat
ait lieu. Cette schizophrénie, dangereuse, démontre
le mépris dans lequel sont tenus les "peuples"
(tant vantés par ailleurs) et conforte la distance entre
les citoyens et leurs institutions, donc le dépérissement
de la démocratie.
Les citoyens et les peuples ne se sont pas d’eux-mêmes, ou
très peu, immiscés dans ce débat. C’est un
signe inquiétant. Il reste encore quelques mois pour comprendre
que c’est aussi, et de plus en plus, au niveau européen que
se joue désormais notre avenir commun et la construction
d’une société juste et solidaire.
En savoir + : le
site de la convention européenne.
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Repères
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Avec
la Maturation in Vitro, la Fécondation in Vitro franchit
une nouvelle étape
[ vivant ]
En juillet 1978, Louise Brown, premier bébé "éprouvette"
conçu par fécondation in vitro (FIV), naissait en
Grande-Bretagne, suivie en 1982 d’Amandine, premier bébé
français conçu par FIV, grâce aux travaux du
professeur René Frydman et du biologiste Jacques Testard.
La FIV
traditionnelle peut se résumer en 3 grandes étapes
: le recueil des cellules sexuelles mâles et femelles (gamètes),
la fécondation en laboratoire, puis le transfert des embryons
dans la cavité utérine de la femme.
La mise en oeuvre de cette technique implique de nombreuses contraintes,
dont notamment : la fertilité de la femme (sa capacité
à ovuler), un traitement hormonal de stimulation ovarienne
de 2 à 5 semaines, et des injections de gonadotrophines chrioniques
pour permettre aux ovocytes de terminer leur maturation avant leur
collecte.
Testée depuis 1965, la technique de maturation in vitro (MIV)
constitue une amélioration notable (mais pas une révolution)
dans la technique de FIV, puisqu’elle permet de prélever
les ovules jeunes, en début de cycle, et de les faire maturer
non plus " in vivo ", mais dans un milieu enrichi en
protéines et en facteurs de croissance pendant 24h à
48h.
Les avantages directs sont nombreux : donner accès à
la FIV aux nombreuses femmes qui ont des troubles hormonaux et/ou
des difficultés à ovuler, ou qui ne supportent pas
les traitements de stimulation ovarienne. Améliorer et faciliter
les conditions de recueil de l’ovule. Raccourcir les délais
de traitement.
Parmi les autres avantages induits : la conservation des ovules
jeunes et des tissus ovariens par congélation est réputée
de meilleure qualité, ce qui autorise les femmes devant subir
un traitement anti-cancéreux stérilisant à
préserver leurs ovules pour une utilisation ultérieure
(ceci règle du même coup les questions d’éthique
posées par la congélation des embryons). Enfin, à
terme, la MIV peut permettre à de nombreux chirurgiens de
pratiquer la FIV, ce qui aura un impact sur l’organisation
actuelle dans la mise en œuvre de ces traitements.
Néanmoins, le taux de réussite de la MIV est encore
faible : environ 200 enfants ont été conçus
selon cette technique dans le monde ces 5 dernières années,
dont le premier en France est Iris,
née le 5 juin 2003 à l’hôpital Antoine-Béclère
(Clamart) dans le service du professeur René Frydman. Cinq
autres grossesses sont en cours ainsi que l’établissement
d’un protocole, ce qui suscite désormais de grands
espoirs. Rappelons que le 2 février 2001 naissait dans le
même hôpital Lilou, issue des techniques de diagnostic
pré-implantatoire (DPI), destinées à sélectionner
et implanter les embryons non atteints de maladies génétiques
récessives dans l’utérus maternel.
En savoir + : les
nouveaux outils de l’AMP
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Le réveil high tech de la Chine
[ société ]
L’analyse de Joël de Rosnay
> Joël de Rosnay, Docteur
ès Sciences, est Président exécutif de
Biotics International et Conseiller du Président de la
Cité des Sciences et de l’Industrie de la Villette.
La
Chine se réveille, mais pas là où on
l’attendait : en trois ans, elle est devenue un des
trois premiers producteurs et consommateurs mondiaux de matériel
électronique. Jusqu’à la fin des années
90, la Chine était surtout considérée
comme un sous-traitant en raison du faible coût de sa
main d’œuvre et de la qualité de ses services.
Mais aujourd’hui, le secteur de l’électronique
grand public et des technologies de l’information est
en croissance rapide : 27% de progression annuelle entre 1993
et 2003.
La Chine s’affirme ainsi comme un producteur et un
consommateur majeur de ces technologies. D’après
la JEITA
(Japan Electronics and Information Technologies Association),
la Chine sera en 2003 le premier producteur mondial de lecteurs
de DVD (62% de la production mondiale en volume) ; de lecteurs
enregistreurs DVD-Rom (40,5%) ; de PC de bureau (36,5%) ;
de PC portables (35,2%) ; de téléphones mobiles
(30,1%) ; de PDAs (26%) ; de téléviseurs couleur
(26,7%) et des stéréos de voiture (26,7%).
Plus de 400 000 Chinois, y compris des résidents de
Taiwan et de Hong-Kong, ont étudié aux Etats-Unis
ces 20 dernières années, pour la plupart en
sciences et technologies. 140 000 sont retournés travailler
en Chine à l’université et dans l’industrie.
Plus de 300 entreprises, dans la seule zone économique
de Shenzhen, ont été créées par
ces rapatriés. Le marché intérieur chinois
pour l’électronique est considérable.
Avant le SRAS, les prévisions 2003 pour les téléphones
portables étaient de 40 millions d’unités
et de 500 millions pour les téléviseurs couleurs.
La Chine compte entre 100 et 200 millions de personnes ayant
un niveau de revenu équivalent à la classe moyenne
américaine. Un nombre en augmentation rapide compte
tenu de la
croissance économique qui atteint 7% par an. La
main d’œuvre totale représente 706 millions
de personnes : 50% dans l’agriculture, (18% du
PIB), 23% dans l’industrie (49%), et 27% dans les services
(33%).
L’écosystème politico-industriel en place
explique pour partie ce dynamisme. L’Etat Chinois a
su profiter de l’attractivité de son territoire
(taille du marché intérieur, coût de main
d’œuvre) pour
"encadrer" les investissements étrangers
(obligation de partenariat local avec participations minoritaires,
transfert d’expérience) et ainsi favoriser la
montée en puissance des compétences locales.
Les entreprises chinoises, devenues compétitives (avec
comme corollaire la montée du chômage), se sont
progressivement autonomisées pour adresser directement
le marché intérieur avec des produits haut de
gamme. A l’instar d’autres pays asiatiques (Japon,
Corée, Singapour), la culture d’Etat a également
favorisé une coordination efficace de l’ensemble
de la chaîne de production (choix des standards, organisation
des rapports de force entre opérateurs et constructeurs,
filières de formation).
Reste que la "success story" chinoise s’arrête
aux portes de la liberté d’expression. Les réglementations
relatives à l’utilisation d’Internet se
succèdent, limitant toujours plus les conditions d’usage
de technologies par essence relationnelles : multiplication
des politiques de contrôle des e-mails, fermetures en
masse de cybercafés, peines encourues pour subversion
pouvant aller jusqu’à la
peine de mort… autant de mesures qui, outre leur
caractère inacceptable pour tout démocrate,
sont en contradiction avec l’idée même
de croissance de la demande en (télé)communication.
Le modèle de développement chinois, avant tout
orienté sur son marché intérieur, ne
pourra pas résister longtemps à ce paradoxe.
Avec ses atouts (esprit d’entreprise, adaptabilité,
culture du travail et des liens familiaux, haut niveau d’éducation,
et paradoxalement, gouvernement centralisé qui favorise
la mise en œuvre rapide de projets majeurs permettant
la modernisation du pays), la Chine saura-t-elle
se transformer en profondeur ? Et surtout passer de son statut
actuel de pays centralisé, totalitaire et autoritaire,
tentant d’appliquer une improbable combinaison d’idéologie
marxiste traditionnelle et de capitalisme, à une démocratie
respectant les droits de l’homme ? La réponse
à cette question déterminera sans doute l’équilibre
du monde pour les 30 prochaines années.
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Brèves
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Les
associations, "oubliées" de la décentralisation
[ citoyenneté ]
La récente grève dans l’Education nationale a mis
en relief les risques inhérents à la nouvelle étape
de décentralisation engagée par le gouvernement Raffarin.
Mais on n’a pas assez prêté attention aux conséquences
dans d’autres secteurs. C’est le cas du tissu associatif, déjà
touché par d’autres mesures gouvernementales : suppression
des emplois jeunes, gel
des subventions... Inquiète du fait que les associations
ne soient même pas évoquées dans le projet de
loi gouvernemental, la CPCA (conférence permanente des coordinations
associatives) tire la
sonnette d’alarme et ouvre le débat en proposant toutes
les
pièces du dossier.
Le
RMA : un SMIC au rabais ?
[ citoyenneté ]
A force de dénoncer les "faux RMIstes", le discours
de culpabilisation des pauvres a fini par accoucher d’un projet
de loi : celui du 7 mai 2003 qui, outre la décentralisation
du RMI, crée un revenu minimum d’activité (RMA). Objectif
affiché par François Fillon, ministre des Affaires
sociales : "aider les allocataires à sortir d’une
situation d’assistance et rendre l’emploi
financièrement attractif". Pour 140 E de plus que
le RMI par mois, un allocataire se verrait proposer un contrat de
travail à mi-temps (son RMI étant intégralement
versé à l’entreprise). Comme le souligne l’hebdomadaire
Politis, le nouveau projet aboutit à contourner le SMIC.
Les trois principales associations de chômeurs et précaires
(AC !, l’Apeis et le MNCP), soutenues par une vingtaine d’associations
et syndicats (dont le SNU, principal syndicat de l’ANPE), font circuler
une pétition
contre ce projet.
IDE
: France, terre d’accueil
[ économie ]
Certains chiffres tordent le coup aux idées reçues.
Le rapport "Trends
and recent developments in foreign direct investment" de
l’OCDE place la France, ce pays aux "rigidités"
et à la pression fiscale parfois si décriées…
en tête des pays de l’OCDE en terme d’afflux
de capitaux étrangers sur 2002 (hors Luxembourg). Un
petit camouflet pour les experts du World Economic Forum, qui via
leur très médiatique "overall
competitiveness ranking", avaient relégué
la France au 30ème rang mondial. L’attractivité
d’un pays ne se résume donc pas (quelle surprise !)
à une simple question d’incitation fiscale. Géographie,
climat, qualité de vie, taille du marché intérieur,
niveau de protection sociale, stabilité politique et économique,
infrastructures de transports et aménagement du territoire,
niveau de formation et qualité de la recherche… autant
de critères "hors prix" qui participent aux choix
d’implantation. La France possède sur ces questions
de nombreux atouts et l’action publique n’y est pas
totalement étrangère. Toujours cette fameuse "pression
fiscale"…
En savoir + : Conseil
d’Analyse Économique - rapport Compétitivité
- mai 2003 ;PNUD
- Rapport mondial sur le développement humain - 2002 ;
Documentation
française - Les graphiques de l’économie.
Armand Petitjean nous a quitté
Armand Petitjean vient de mourir dans ses Cevennes ou il s’était
retiré depuis 50 ans. Très proche du GRIT et
de Transversales dont il a été un des fondateurs,
directeur de collection au Seuil, un des parrains de l’écologie
politique, de l’écologie cognitive et d’Ecoropa, il
représente pour beaucoup de penseurs internationaux
un repère des plus importants. Voir ses articles dans
Transversales sur la technoscience,les thèmes de Rio,
la découverte de Hans Jonas...
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Méthane
: effet de seuil de l’effet de serre ?
[ vivant ]
Le risque d’une libération massive de méthane
(gaz à effet de serre 70 fois supérieur au CO2) stocké
au fond des mers, comme il y a 251
millions d’années, se précise : au-delà
d’un seuil de température, les
hydrates de gaz, qui se forment à haute pression et basse
température, se déstabilisent et libèrent le
méthane. Bien qu’on ignore encore quelle proportion rejoint
vraiment l’atmosphère, la
hausse de température pourrait être beaucoup plus
rapide et importante que prévue, et confirmer les hypothèses
développées par Hubert Reeves (cf Voir / Lire).
Levée
du moratoire européen sur les OGM
[ vivant ]
L’Union Européenne lèvera dans les prochains
mois son moratoire
de 1999 sur les OGM : le Parlement européen a adopté
la semaine dernière une législation stricte sur l’étiquetage
et la traçabilité de ces organismes. La présence
d’OGM dans les aliments devra être signalée à
partir d’un seuil de 0,9%. Même si les Etats membres ont reçu
l’autorisation de "séparer" les cultures
OGM et traditionnelles, la question de leur exploitation à
l’air libre et des risques de contamination associés
demeure posée. De plus, si des études de quelques
mois sur des animaux semblent démontrer l’inocuité
des OGM, les effets à long terme de leur consommation chez
l’homme demeurent inconnus. Enfin, les cultures OGM ont un
impact économique fort, puisque leur exploitation nécessite
de racheter les semences annuellement. Les OGM rouvrent donc le
débat sur la propriété privée des espèces
végétales et vivantes au sens large.
En savoir + : veille
citoyenne sur les OGM.
Clonage
: 2003 pourrait marquer un tournant
[ vivant ]
L’actualité du clonage en 2003 relance une problématique
ouverte depuis quelque temps (voir Transversale 4T 2002 p.64, "La
reproduction humaine sur le devant de la scène", J.
Robin) sur les règles d’éthique liées
à ce domaine.
Ainsi, à la mort
de Dolly, la première brebis clonée, le 15 février
2003, répond un succès, le
clonage d’un mulet, premier membre de l’espèce
équine aux Etats-Unis, le 29 mai, puis d’un second,
le 10 juin 2003.
Le clonage humain continue de faire débat, notamment à
l’occasion d’une
conférence internationale sur le sujet qui s’est tenue
à Berlin du 17 au 18 mai, dont l’objectif était
d’établir des règles d’éthique
communes sur le clonage thérapeutique de l’embryon
humain, et évoquer
le clonage reproductif (en France,
le clonage reproductif est interdit depuis le 30 janvier 2003).
La principale association de médecins américains (AMA)
en a profité le 17 juin pour se positionner
clairement et favorablement sur le clonage thérapeutique,
et la commission européenne vient tout juste de proposer
quelques règles de financement de ces projets au Parlement
le 9 juillet 2003.
SMSI
: quelles priorités pour les acteurs de la société
civile ?
[ cyber ]
La préparation du Sommet
mondial de la société de l’information se poursuit.
Réunis à l’UNESCO en inter-session, gouvernements,
secteur privé et société civile poursuivent
la préparation de la déclaration
de principe et du plan d’action qui seront finalisés
à Genève en décembre prochain.
Difficile pour les acteurs de la société civile de
faire entendre leur voix, au moment ou les positions se durcissent
autour d’enjeux tels le "droit à communiquer",
la diversité linguistique, les logiciels libres et les brevets,
la gouvernance de l’Internet... Plusieurs centaines d’ONG, réseaux
ont co-signé un document pointant leurs priorités.
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Voir / Lire
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Mal de terre - Hubert Reeves, Editions Seuil
Construit sur la forme d’un dialogue avec le philosophe Frédéric
Lenoir, le dernier ouvrage de l’astrophysicien Hubert Reeves
est à mettre d’urgence entre toutes les mains. Complet,
limpide et particulièrement argumenté, Mal de
Terre donne en effet à tous les non spécialistes
de l’environnement, petits et grands, l’occasion de
se sensibiliser en profondeur à l’ensemble des maux
qui rongent notre planète. Réchauffement climatique,
gaspillage énergétique, épuisement des ressources
naturelles, malnutrition, pollution des sols et de l’eau,
gestion des déchets, atteintes à la biodiversité…
rien n’est oublié. Toujours aussi didactique, Hubert
Reeves clarifie pour chaque sujet les concepts et hypothèses
manipulés, fournit un grand nombre de prévisions chiffrées,
et donne quelques pistes pour sortir d’une situation devenue
insoutenable. Un livre d’utilité publique.
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Spinoza avait raison - Antonio R. Damasio,
Ed. Odile Jacob
Cet ouvrage, d’une lecture attrayante, suit la publication
antérieure de A. Damasio L’erreur de Descartes
(Od. Jacob 1995). En rendant un hommage appuyé au philosophe
portugais Spinoza (1632-1677), A. Damasio, directeur du département
de neurobiologie de l’université de l’Iowa, retrace
ses recherches récentes qui ouvrent une méditation
importante sur la recherche du bonheur et d’une vie meilleure.
Les "émotions primaires" (joie, tristesse, peur,
colère, surprise, dégoût) coucourent à
la formation des "sentiments". Ainsi, "les sentiments
de douleur ou de plaisir forment le soubassement de notre esprit,
esprit qui est une seule et même chose que le corps"
comme l’écrit Spinoza.
Creusant des pistes ouvertes par Darwin, Freud, le psychologue américain
William James et Henri Laborit, notre auteur progresse dans la description
des liens organiques qui rattachent les émotions aux sentiments,
grâce en particulier aux progrès conjoints des neurosciences
et de l’imagerie cérébrale. Il en vient à
avancer l’hypothèse étayée que les émotions
sont la source principale des comportements éthiques, de
l’art, du droit et font ainsi le lit de l’organisation
de la société.
Grâce à ce que Spinoza nomme le "conatus"
(c’est-à-dire en termes biologiques actuels, l’agrégat
de dispositions contenues dans les circuits cérébraux
qui, dès lors qu’elles sont enclenchées par
des conditions internes ou environnementales, recherchent à
la fois la survie et le bien-être"), les connaissances
nouvelles peuvent changer la donne humaine.
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Président et directeur de la publication : Joël de Rosnay
Groupe d’orientation : Jacques Robin, Laurence
Baranski, Philippe Merlant, Annie Battle, Thierry Taboy, Patrick
Viveret, Jean Zin, Valérie Peugeot.
Equipe de rédaction :Philippe
Merlant (rédacteur en chef), Valerie Peugeot, Thierry
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