6 - Connaissance, réseaux et citoyenneté : pourquoi le libre accès ?

L’art de se raconter des histoires

Dans un livre important [1], Yochaï Benkler utilise une métaphore intéressante pour exprimer la façon dont les sociétés s’organisent : elles se racontent toutes des histoires, nous dit l’auteur, mais les circonstances entourant ces récits peuvent varier de bien des manières. Il sélectionne trois modalités de récits qui balisent assez bien trois phases de notre histoire : le monde pyramidal des églises et des royautés absolutistes, celui des mass-médias et enfin le monde distribué ou réparti qui émerge (peut-être) avec l’internet. Plus précisément, voici comment Benkler décrit, de façon colorée pourrait-on ajouter, la diversité de ces récits d’une société à une autre :

« En ce qui concerne sa façon de vivre et de raconter des histoires, chaque société suit un ensemble de coutumes. Dans les sociétés rouges et bleues, tout le monde est occupé toute la journée et personne ne raconte d’histoire, sauf le soir. Le soir, dans chacune de ces sociétés, tout le monde se réunit sous une grande tente et un conteur qui a été désigné s’assoit devant le public et raconte des histoires. Ce n’est pas qu’on interdise à qui que ce soit de raconter des histoires ailleurs. Mais, dans ces sociétés, en prenant en considération les pressions de l’emploi du temps, si quelqu’un décidait de s’assoir à l’ombre au milieu de la journée pour raconter une histoire, personne ne s’arrêterait pour l’écouter. Chez les rouges, le conteur occupe une position héréditaire et il décide seul (ou seule) des histoires à raconter. Chez les bleus, le conteur est élu chaque soir par simple majorité des voix. Tout membre de la communauté est éligible s’il se propose comme conteur de la soirée, et chacun a le droit de voter. Chez les verts, les gens racontent des histoires toute la journée, et partout. Tous racontent des histoires. Les histoires dans chacune de ces sociétés jouent un rôle très important pour comprendre et jauger le monde. Elles correspondent aux façons dont les gens décrivent le monde tel qu’ils le connaissent. Elles servent de terrain d’essai pour imaginer comment le monde pourrait être, et elles servent à séparer le bon et le souhaitable du mauvais et de l’indésirable. Les sociétés sont isolées les unes des autres et n’ont pas accès à d’autres sources d’information. » [2]

Filons cette métaphore et voyons comment elle s’applique aussi à la production et transmission des connaissances. Laissant de côté le cas de figure des rouges, la situation des bleus, un peu plus complexe, mérite que l’on y arrête un peu. Les votes désignant le conteur du soir correspondent évidemment aux choix que chacun de nous faisons quand nous achetons un quotidien, un périodique, un livre ou un disque. Ce raisonnement s’étend, bien sûr, aux séances de cinéma et aux canaux de télévision. La conséquence est bien connue de chacun d’entre nous : une vaste majorité se concentre sur quelque choix et la diversité tend à décroître. Elle dépasse certes la diversité des récits des rouges, mais pas de manière écrasante. En bref, le système de décision régi par choix libre à travers la médiation d’un marché revient souvent à focaliser la perception des choix possibles sur seulement quelques-uns d’entre eux. En bout de ligne, même si le processus politique diffère du tout au tout de la société des rouges, le résultat, lui, ressemble étrangement à celui de la société autocratique derrière une façade de plus grande liberté et même de démocratie. Les bleus vivent dans le monde de la consommation.

La dernière société, celle des verts, repose au contraire sur une immense variété d’histoires émergeant de partout et susceptibles d’être entendues par tous les groupes, même les plus marginaux. Ce monde est limité non pas de l’extérieur, mais simplement par la capacité d’attention et d’assimilation de chaque individu. En fait, la société des verts est réellement la seule qui donne sa place maximale à l’individu tout en construisant un ensemble qui le dépasse de plusieurs ordres de grandeur. Et puisque les histoires semblent circuler parmi les verts un peu à la manière des blagues ou des rumeurs dans nos sociétés, un intense travail de vérification s’impose : il faut « parler » et « parler » encore pour tenter de voir plus clair, de voir plus profondément, et ainsi de pouvoir prendre des décisions, condamnées à demeurer partielles, voire même partiales dans une certaine mesure. Cette dialectique de la proposition, de la vérification et de la décision fonde l’engagement personnel au sein des diverses dynamiques sociales que l’individu peut percevoir. C’est à la fois le prix et l’objectif d’un comportement d’individus citoyens.

Le citoyen peut bien raconter des histoires totales, globales, mondiales, mais il n’exprime jamais que le point de vue d’une monade – pour reprendre la terminologie de Leibniz [3] – sur ce monde indéfiniment et même peut-être infiniment complexe. De plus, ce même citoyen ne peut exister que dans la mesure où il se spécifie par des histoires un peu différentes des autres et où elles lui sont attribuées. Apparaît alors cette fascinante tension entre le besoin de différence et la nécessité de ne pas faire verser cette différence dans l’aliénation. Dans ce dernier cas, en effet, l’histoire racontée deviendrait incompréhensible et son conteur serait coupé de son auditoire. Le principe d’une différence distinctive fait donc surface et donne à nos monades des qualités qui les rapprochent en fait du concept de phonème en linguistique. En effet, le phonème n’existe que par le jeu d’un ensemble fini de distinctions par rapport à d’autres phonèmes. Situé quelque part entre l’atome et le tout, le phonème offre une métaphore utile pour penser le sujet en réseau, l’acteur qui pour exister doit se reposer sur un certain degré de reconnaissance émanant des autres. De la même façon, un citoyen dans la société des verts n’est ni l’émanation d’un pouvoir/parole au sommet, ni l’atome autarcique (et doté de « propriétés ») que voyaient apparaître de nombreux philosophes au XVIIe siècle, en particulier John Locke. Il se situe dans un réseau où il occupe une place si et seulement si celle-ci contribue de façon distincte au réseau. Telles sont les conditions de « l’existence » dans ce type de contexte, avec ce type d’individualité.

La République des sciences

La République des sciences, province tardivement révélée de la République des lettres, retient de celle-ci la recette fondamentale d’un échange de nouvelles idées, théories et thèses, entre pairs dispersés dans diverses grandes villes d’Europe. L’existence d’un embryon de système postal et la possibilité d’utiliser le latin comme véhicule de communication à peu près universel a permis de catalyser dans l’Europe des XVIe et XVIIe siècles une grande conversation sur la philosophie de la nature, qui n’a pas cessé de s’amplifier depuis. En essence, cette grande conversation entre virtuosi – pour reprendre le terme satirique dont se servit en particulier Thomas Shadwell [4] pour se moquer de tous ces philosophes d’un nouveau genre – était ouverte à tous. En principe, seule l’intelligence et un brin d’éducation suffisaient. La République des sciences, dans ses principes de base, répondait donc en fait aux critères de la société des verts que nous décrit Benkler.

Hélas, l’histoire nous montre aussi que l’état optimal d’une forme sociale ne correspond pas forcément à l’équilibre stable et, de ce fait le côté optimal de ce groupe ou ensemble peut se dissiper. Par exemple, il est bien connu que l’intervention de l’imprimé dans la conversation scientifique, notamment avec l’apparition des premiers « journaux scientifiques » à partir de 1665, engendra bon nombre de conséquences bénéfiques : les idées circulaient plus largement ; elles étaient mieux conservées, dans un état stable, et le même pour tous les lecteurs, ce qui permettait à la fois de créer des documents de référence et de régler des questions de priorité. La conversation, en somme pouvait à la fois s’élargir en audience et se standardiser dans ses modalités. Mais ces instruments puissants offraient aussi de nouveaux moyens pour exercer des formes nouvelles de pouvoir. Le véhicule de diffusion des connaissances, l’imprimé, devint partie prenante dans la construction du prestige et de la visibilité. Un auteur encore peu connu ou respecté pouvait espérer voir son ombre porter plus loin s’il arrivait à loger un texte dans une revue hautement appréciée par l’ensemble de la nouvelle République. Parfois, le nom de la revue faisait plus pour la visibilité d’un texte que la qualité intrinsèque du texte. De ceci découlait une grande évidence : quiconque disposait du pouvoir d’exclure dans le contexte de telles publications disposait du même coup d’un pouvoir redoutable (et redouté) sur la République des sciences. La fonction éditeur est donc venue compléter la fonction auteur, chère à Michel Foucault[Michel Foucault, « Qu’est-ce qu’un auteur ? », Bulletin de la Société française de philosophie, 63e année, No 3 (juillet septembre 1969), 73-104. Ce texte a été reproduit dans Michel Foucault, Dits et écrits. 1954-1988 (Paris, Gallimard, 1994), tome I, pp. 789-813, suivi d’un débat pp. 813-21.]]. D’un côté, elle étayait cette fonction auteur en lui donnant une assise non plus simplement personnelle, mais bien institutionnelle ; de l’autre elle métamorphosait la fonction auteur en lui ajoutant des paramètres dictés par des marchés. Ainsi, la société des verts philosophes de la nature incorporait toujours plus de caractéristiques de la société des bleus. À un certain point, que l’on peut dater autour de 1960, les deux fonctions se sont inextricablement greffées l’une sur l’autre, créant au passage des combinaisons plus ou moins heureuses pour l’évolution de la grande conversation savante du monde, ou du moins le rêve qu’elle incarnait. Un entrelacs de capital symbolique et de capital tout court a progressivement donné lieu à la construction de formes de pouvoir tout à fait extraordinaires dans lesquelles de très grandes maisons d’édition et de très grandes institutions et/ou laboratoires se sont alliés pour graduellement construire une sorte d’oligarchie mi-savante, mi-commerciale, excluant au passage une grande partie du monde. Une situation qui perdure aujourd’hui. Rappelons-nous une fois encore que le droit d’exclure est peut-être la plus puissante et souvent la moins discutable modalité de pouvoir.

Au détour de cette perte graduelle du républicanisme scientifique, la grande conversation savante s’est organisée selon un principe de concurrence toujours plus intense et limité à quelques joueurs. La science repose fondamentalement sur un certain niveau de qualité permettant de produire toujours plus d’expériences et d’observations susceptibles d’être ensuite reliées au sein d’une belle histoire ou interprétation. Mais lorsque le système scientifique s’est recentré sur le principe de la concurrence, il s’est graduellement donné l’apparence d’olympiades permanentes dont la logique ne visait plus à identifier la qualité, mais bien à célébrer l’excellence.

La différence entre qualité et excellence est essentielle. La qualité se détermine par rapport à des seuils en dessous desquels elle disparaît complètement, tandis que l’excellence se marque par des vainqueurs dans des compétitions qui semblent dire que rien ne vaut hors des meilleurs. Or, les conditions par lesquelles on entre dans la course influencent beaucoup les résultats. Les chercheurs de pays ou institutions plus pauvres ne sont pas aussi bien équipés que leurs collègues des pays et institutions riches ; ils ne disposent pas d’une documentation aussi complète et accessible et, de ce fait, ils ont peu de chances d’émerger parmi les vainqueurs de ces courses constantes qui règlent en fait les pyramides de l’autorité scientifique. Invisibles, reléguées dans la masse des tâcherons, sans grande possibilité de faire marque de quelque manière que ce soit, ces armées de chercheurs, même ceux susceptibles de sortir vainqueurs de certaines joutes, ne peuvent jamais pleinement jouer leur rôle et accomplir ce que leur valeur réelle et leurs connaissances leur permettraient de produire s’ils étaient situés dans les bonnes institutions. Une situation qui renforce le brain-drain, l’aspiration des chercheurs vers les pays et institutions les mieux dotés.

La transformation de la République des sciences en oligarchie scientifique engendre donc beaucoup de pertes. Une bonne partie de la production scientifique des pays du Grand Sud est publiée dans des revues dédaignées et négligées par les grands centres de l’oligarchie, souvent en langue locale et non en globish, requis par les « publications internationales ». Effet d’entraînement, l’oligarchie scientifique, forte de l’audience et des citations de ses revues, concentre également les leviers d’orientation déterminants les choix politiques et financiers, plaçant ainsi les grands axes de la recherche entre les mains d’une minorité de scientifiques. Ceux-ci, évidemment, correspondent à l’image que l’on se fait généralement de l’excellence : prix Nobel ou grands prix nationaux (de quelques nations), directeurs de grands laboratoires, comités scientifiques de revues à forte audience, etc.

De tout ceci résulte un paradoxe : les questions scientifiques, si théoriques soient-elles, ont vraisemblablement des réponses à valeur universelle. En d’autres mots, la validité de la réponse est la même partout. Mais la raison d’être de la question qui la précède est beaucoup moins évidemment d’intérêt universel. Très probablement, la question tend à répondre à des préoccupations qui correspondent souvent aux préoccupations théoriques des gens au sommet et aux besoins économiques des régions riches de la planète. Les rares scientifiques du Tiers-Monde qui arrivent à se faire reconnaître dans un tel système n’y parviennent qu’en s’inscrivant dans l’ordre des préoccupations dictées par l’oligarchie et l’instrument utilisé pour exprimer ces désirs s’appelle la quête de l’excellence. En bout de ligne, les pays pauvres subventionnent les pays riches en leur offrant une partie significative de leur potentiel scientifique pour résoudre des problèmes qui, le plus souvent, ne sont pas les leurs. Ainsi peut-on commencer à expliquer la faiblesse des études sur le paludisme ou d’autres maladies graves largement présentes dans la zone tropicale pauvre, mais pas en Europe ou en Amérique du Nord. Les raisons pour lesquelles il existe des maladies dites « négligées », alors même qu’elles touchent un grand nombre de personnes ne sont donc pas si mystérieuses ; au contraire, elles mettent en lumière de manière particulièrement exemplaire les inégalités face aux connaissances que subissent les chercheurs et, par voie de conséquence, les populations des pays pauvres.

Restaurer la République des sciences

De la perspective esquissée ci-dessus, il n’est pas difficile d’entrevoir les contours d’une action politique sur le système scientifique mondial. Même si les sciences se sont constituées en proclamant à haute voix qu’elles ne voulaient pas se mêler de politique – une attitude qui, selon Bruno Latour, n’a conduit qu’à un paradoxe, celui de produire une politique visant à exclure la politique [5] – il n’empêche que cette petite société de plusieurs millions d’êtres humains ne peut échapper aux exigences de la vie en société, de la polis. Restaurer la République des sciences consiste au moins à redonner une chance à tous les participants, et cette chance elle-même se compose de plusieurs éléments. Des laboratoires, évidemment, mais, à défaut de grands laboratoires coûteux, l’accès aux données permet déjà de s’approcher du niveau expérimental ; il permet aussi de revisiter des résultats qui, autrement, demeurent confinés dans quelques limbes scientifiques, résultats condamnés à demeurer en garantie quasiment virtuelle des interprétations publiées, mais rarement ramenées à la lumière. L’accès libre aux données constituerait donc déjà un pas important dans la bonne direction.

Cela dit, l’importance de l’accès libre aux publications scientifiques est encore plus importante ; non seulement l’accès libre facilite-t-il la réflexion des chercheurs partout où ils se trouvent, mais il permet également de dispenser une éducation de meilleure qualité en offrant de la science une représentation plus proche des frontières de la recherche.

Comment obtenir l’accès libre ? D’abord en créant de nouvelles revues scientifiques en libre accès et en constituant pour cela des services pour l’édition et diffusion de telles revues. Chacun connaît Public Library of Science. Moins cité, mais pourtant encore plus passionnant est l’exemple de SciELO [6] au Brésil, particulièrement éclairant dans ce contexte. Le projet de SciELO est de promouvoir les sciences nationales des pays d’Amérique Latine, et plus généralement des pays en développement, en offrant en libre accès des revues savantes et scientifiques de haute qualité, entièrement soutenues par des fonds publics. Ce soutien des fonds publics se justifie par ailleurs très aisément : l’argent public soutient déjà la recherche, les locaux, les salaires des chercheurs, les produits chimiques, et la phase de publication est partie intégrante du cycle complet de la recherche. De plus, la publication ne coûte environ que 1 à 2 % au grand maximum du coût de la recherche. Et parce que les revues ne valent réellement que par leur prestige et visibilité, tout est mis en œuvre pour introduire ces revues dans le Science Citation Index ou Scopus, tout en créant par ailleurs une mesure de l’impact de ces revues qui soit indépendante de ces dispositifs commerciaux. Bref, SciELO offre un point d’ancrage riche et extrêmement cohérent auquel pourraient se rallier de nombreux pays. L’Afrique du Sud l’a bien compris, elle qui a entrepris une expérience pilote à cet égard depuis l’été 2008.

La deuxième façon d’obtenir l’accès libre repose sur la création de dépôts institutionnels, de dépôts nationaux, de dépôts thématiques pour les publications et les prépublications qui sont par ailleurs diffusées dans le système des revues. S’ils suivent des normes internationales comme OAI-PMH [7] (Open Archive Initiative – Protocol for Metadata Harvesting), les travaux versés dans ces dépôts ne seront pas invisibles, bien au contraire, ils entreront même dans les canaux internationaux de diffusion de l’information scientifique. De plus, ces dépôts peuvent se coordonner entre eux pour former des consortia divers, ou bien peuvent servir de base à des développements variés, favorisant le « data mining », ainsi que la création de nouvelles formes de valeur symbolique.

Le but ultime de ces développements tactiques et stratégiques correspond à la vision d’une recherche scientifique mondiale réellement placée au service de toute l’humanité et non pas simplement d’une minorité d’êtres humains. Il correspond également à une méthode visant à reconstituer l’ensemble de la grande conversation pour tout simplement en améliorer la qualité générale, ainsi que les procédures conduisant à privilégier certaines questions au moins pour un temps. Pour se limiter aux questions médicales, le problème de l’acné juvénile des adolescents de l’Atlantique-nord n’est probablement pas le domaine de recherche le plus urgent en ce moment sur la planète, et celui de la virilité faiblissante de nombreux occidentaux vieillissant aurait probablement pu attendre quelques décennies de plus pour être « résolu ».

Le modèle des logiciels libres – et l’ordre dans lequel se sont effectués divers développements – paraît constituer un exemple intéressant d’une république particulière où connaissances et modes de décision sur les orientations à suivre se sont conjugués pour donner des résultats réellement impressionnants. Une véritable politique de développement des logiciels s’est ainsi exprimée sans pour autant passer par un jeu de pouvoirs structurés sur le modèle trop classique de la pyramide ou de la hiérarchie.

Ce n’est pas ici le lieu de développer ces hypothèses ; simplement y faire allusion devra suffire. Mais ces quelques remarques démontrent combien les avantages d’une restauration de la République des sciences sont évidents tout en pointant dans la direction d’innovations illimitées qui pourront se développer dans les années et décennies à venir, au fur et à mesure que notre civilisation s’appropriera plus avant les possibilités ouvertes par la numérisation en réseau. Ces tendances ouvertes par le libre accès peuvent finalement se résumer très simplement : elles apparaissent rapidement comme les conditions de possibilité d’un renversement de l’oligarchie scientifique, actuellement dominante, en faveur d’une République des sciences où peut se déployer la grande conversation qui caractérise la société des verts dont Yochaï Benkler nous a révélé l’importance.

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Jean-Claude Guédon, après avoir étudié la chimie s’est tourné vers l’histoire des sciences et a obtenu son Ph. D. dans cette discipline à l’Université du Wisconsin-Madison (USA) en 1974. Il étudie et enseigne les réseaux électroniques et diverses questions reliées à la publication électronique dans le département de littérature comparée de l’Université de Montréal. Il s’est fait connaître pour ses travaux sur l’Internet, sur la publication électronique et sur l’économie politique des publications savantes, créant notamment la revue Surfaces, première revue électronique universitaire du Canada.

En 2001, il a participé à la réunion qui a donné naissance à la Déclaration de Budapest (février 2002), lieu de naissance du mouvement en faveur de l’accès libre. Il a également participé aux travaux du programme d’information de l’Open Society Institute. Ancien vice-président de la Fédération canadienne des Sciences humaines (2006-8), il a reçu divers prix pour ses travaux.

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[1] The Wealth of Networks (New Haven, Conn., Yale U. Press, 2005). Traduction française La richesse des réseaux : Marchés et libertés à l’heure du partage social, Yochaï Benkler, Presses de l’Université de Lyon, 2009, 603 p. (ISBN : 978-2729708047).

[2] The Wealth of Networks, p. 162.

[3] On trouvera quelques indications sur le concept de monade dans l’article de Wikipédia (version française) du même nom : http://fr.wikipedia.org/wiki/Monade...). L’article « Monadology » de la version anglaise de Wikipedia complète utilement la première référence. Voir http://en.wikipedia.org/wiki/Monadology

[4] On trouvera tout le texte de la pièce, The Virtuoso (1676) de Shadwell à l’URL suivant : http://www.letrs.indiana.edu/cgi-bi... ;idno=P2.0865

[5] La formule de Latour vise évidemment à marquer le fait que se déclarer apolitique ou au-delà de la politique ne constitue qu’une forme particulière de politique, mais exprimée sous la forme d’une dénégation. Par ailleurs, travailler à exclure la dimension politique de la recherche scientifique correspond clairement à une action politique. Voir Bruno Latour, « Socrates and Callicles’ Settlement – or, the Invention of the impossible Body Politic », Configurations (1997), 5, 232. Quoted in H. Nowotny, Peter Scott and Michael Gibbons, Rethinking Science. Knowledge and the public in an Age of uncertainty (Cambridge, Polity Press, 2001), p. 2.

[6] http://www.scielo.org

[7] Le protocole OAI et ses usages en bibliothèques, François Nawrocki, janvier 2005. http://www.culture.gouv.fr/culture/...

Posté le 2 mai 2011

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