Conférence introductive de Rosa Azevedo, Présidente de l’UNAMAZ, Union des Universités d’Amazonie.

Notes sur les interventions des plénières

Notes prises en direct sur l’intervention de Rosa Azevedo. La conférence a été introduite par une responsable universitaire d’Amazonie, ce qui a un sens particulier, dans le cadre du Forum se tenant au coeur de cette région si essentielle pour la biodiversité et la diversité culturelle.

Ce premier forum, dans toutes ses dimensions est un grand pas pour les relations entre les associations, les ONG et les questions scientifiques. Le fait qu’il se tienne en Amazonie est aussi significatif.

Nous menons ici une guerre contre la faim, la dévastation de l’Amazonie et la disparition des langues. Quelles sont les conditions pour casser le modèle de la science dominante qui accompagne ces destructions ? Quelles sont les pratiques nécessaires pour développer un nouveau modèle de la connaissance ?

Je viens du Vénézuela, je vis en Amazonie depuis trois décennies. Les sciences répondent très lentement aux changements de la société. Il faut rompre avec des barrières qu’installe la science et la façon dont elle est gérée dans les Universités. Il faut un engagement des scientifiques pour accepter le dialogue avec les populations prêtes à ce débat. La recherche en Amazonie est encore marginale, et ne représente que 3% de la production scientifique brésilienne, alors qu’elle regroupe 10% de la population. Il reste beaucoup de travail à faire pour être à la hauteur.

Nous sommes confrontés à de nombreux problèmes politiques et environnementaux. Quelle limitation de pouvoir les populations peuvent imposer aux chercheurs, pour les aider à vivre la rupture nécessaire sur la manière de faire de la science. Cela est vraiment clair pour les sciences sociales, qui doivent aider à rompre avec les politiques qui sont menées en Amazonie. Mais c’est aussi vrai sur les question environnementales, sur les changements climatiques.

C’est difficile de penser la science en tant que citoyen. C’est un défi énorme, que nous devons relever.

Avec le Forum des Amazones, vous allez rencontrer une autre manière de produire de la connaissance. Il y a une demande de la société par rapport à la science, mais nous pensons aussi que la science a besoin d’être en phase et engagée avec la société qu’elle étude. Aucune science n’est autonome par rapport aux enjeux de société. Nous devons, comme chercheurs, garder une modestie qui nous invite à penser que ce que nous étudions est aussi connu par les populations. Les connaissances des peuples représentent une autre façon d’être au monde qu’il nous faut entendre.

La poursuite de ce Forum appelle la construction d’un réseau de chercheurs qui acceptent de remettre en cause leurs stratégies de pouvoir pour travailler avec les mouvements sociaux, avec les peuples, et dans l’intérêt global de toute la société. La recherche en Amazonie est au coeur de ce défi.

Rosa Azevedo, Présidente de l’UNAMAZ, Union des Universités d’Amazonie.

(notes prises en direct par Hervé Le Crosnier, seul responsable des erreurs qui se seraient glissées)

Posté le 31 janvier 2009

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