Introduction

Vecam, dont l’acronyme d’origine était « Veille citoyenne sur les autoroutes de l’information et de la communication » a eu 25 ans en 2020. Fondée dans le prolongement du G7 de Bruxelles en 1995, à l’aube d’une nouvelle « société de l’information », cette association a accompagné le développement et la diffusion des technologies numériques depuis les balbutiements du web jusqu’à la montée en puissance des GAFA. Durant ces 25 années, la question numérique s’est profondément transformée. Les évolutions technologiques, mais aussi la rencontre avec d’autres sphères d’engagement – comme les médias citoyens, l’écologie, l’altermondialisme – n’ont cessé de renouveler les enjeux travaillés par Vecam, et de réorienter ses actions. Pour autant, l’association semble avoir tenu un cap définit par la conviction que le développement technologique devait être mis au service de l’émancipation individuelle, de la cohésion sociale et de la démocratie : il s’agit dès lors de favoriser une appropriation sociale et politique des technologies par les citoyens, les organisations et les décideurs politiques. L’unité à long terme de l’association est également le produit d’un mode d’organisation spécifique qui prend son modèle sur le réseau décentré qu’est l’internet : pendant 25 ans, Vecam n’a eu de cesse de créer des liens entre personnes, entre structures et entre idées. Dès lors, l’association n’a jamais été isolée, mais s’inscrit au cœur d’un vaste espace de réflexion et d’action sur les enjeux sociaux des technologies de l’information. À travers 25 années de vie de Vecam, c’est toute l’évolution d’un mouvement pour l’internet citoyen que l’on peut saisir, ses moments d’enthousiasme comme ses périodes d’essoufflement ou de désillusion. En raison de son engagement international, Vecam permet également un décentrement du prisme occidental qui caractérise trop souvent l’histoire des mouvements sociaux sur internet. Elle ouvre aussi une porte vers les différentes formalisations européennes, africaines ou latino-américaines de ces questions.

Ce rapport s’appuie sur une enquête de six mois sur l’histoire de Vecam. Il mobilise la riche documentation des sites web archivés [ 1 ] de l’association combinée à une recherche en ligne (revues de presses, sites partenaires, etc.) effectuée pour l’essentiel via Internet Archive. Il bénéficie également d’archives personnelles, mises à disposition par les membres de l’association, que nous avons pu consulter pour illustrer, vérifier ou compléter des informations. Il s’appuie enfin sur une série d’entretiens auprès de treize membres de Vecam et trois partenaires internationaux [ 2 ] que nous remercions ici du temps qu’ils nous ont consacré.

Ces différents matériaux permettent tout d’abord de décrire la trajectoire et les principales réalisations de l’association, organisées autour de cinq actions fortes (I). Dans un second temps, ils ouvrent une réflexion sur les spécificités de l’association et son mode d’organisation (II).

 

Anne Bellon
Mai 2021.

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