Vecam http://www.vecam.org/ Réflexion et action pour l'internet citoyen fr SPIP - www.spip.net Vecam http://vecam.org/local/cache-vignettes/L144xH41/siteon0-dd267.png http://www.vecam.org/ 41 144 La facilitation d'un forum de discussion dédié à une catastrophe naturelle http://vecam.org/article1175.html http://vecam.org/article1175.html 2010-03-23T15:55:23Z text/html fr Claire Brossaud Appropriation des outils vecam-F Revue-reseau-TIC i-jumelage Introduction Cet article présente un processus de facilitation au sein d'un forum de discussion portant sur une catastrophe naturelle qui s'est déroulée à Bourg-en-Bresse les 15, 16 et 17 avril 2005. Au cours de ces trois jours, pluies et neige en abondance touchent fortement l'Est de la France, le long d'une ligne allant des Vosges à la Haute-Loire : routes coupées, hébergements d'urgence d'automobiliste, 50 000 foyers privés d'électricité en Rhône-Alpes et Franche Comté. Le dimanche 16 avril au (...) - <a href="http://vecam.org/rubrique124.html" rel="directory">Les figures de la facilitation de la coopération avec les TIC</a> / <a href="http://vecam.org/mot40.html" rel="tag">Appropriation des outils</a>, <a href="http://vecam.org/mot49.html" rel="tag">vecam-F</a>, <a href="http://vecam.org/mot68.html" rel="tag">Revue-reseau-TIC</a>, <a href="http://vecam.org/mot75.html" rel="tag">i-jumelage</a> <div class='rss_texte'><h3 class="spip"> Introduction</h3> <p>Cet article présente un processus de facilitation au sein d'un forum de discussion portant sur une catastrophe naturelle qui s'est déroulée à Bourg-en-Bresse les 15, 16 et 17 avril 2005 [<a href='#nb1' class='spip_note' rel='footnote' title='Cet article s'appuie sur une recherche-action réalisée par un laboratoire de (...)' id='nh1'>1</a>]. Au cours de ces trois jours, pluies et neige en abondance touchent fortement l'Est de la France, le long d'une ligne allant des Vosges à la Haute-Loire : routes coupées, hébergements d'urgence d'automobiliste, 50 000 foyers privés d'électricité en Rhône-Alpes et Franche Comté. Le dimanche 16 avril au matin, 84 résidents d'une maison de retraite située dans le quartier des Baudières sont évacués. Trente familles d'un immeuble sont également relogées et 38 propriétés sont touchées directement par les inondations. La décrue intervient dès le 17 avril. À l'occasion de cette catastrophe, notre équipe d'étude installe un forum de discussion sur un site Internet baptisé Technorisque pour savoir comment ceux qui sont concernés par l'événement s'approprient les technologies de l'information et de la communication en pareille situation.</p> <p>Le site a existé de l'automne 2003 à novembre 2008. La mise en place de ce forum a permis de constater que la catastrophe fut « apprivoisée » par les habitants de Bourg-en-Bresse grâce à trois figures emblématiques de la facilitation, que nous allons décrire successivement. Le rôle du « facilitateur-modérateur », tout d'abord, porte sur les conditions d'existence opérationnelles du forum de discussion que nous avons mises en place. Nous verrons ensuite que la facilitation s'appuie également sur une reconnaissance de la complexité du phénomène « catastrophe naturelle », ce qui nous conduira à dégager la figure d'un « facilitateur-passeur ». Nous nous situons ici au niveau du contenu des échanges sur le site. Enfin, la facilitation se révélera, à travers le modèle du « facilitateur-animateur », comme une façon d'organiser et d'orienter la discussion selon des tâches et des rôles dévolus à chacun des participants. L'aspect fonctionnel des interactions sera alors davantage pris en compte.</p> <h3 class="spip">La figure du « facilitateur-modérateur » : stimuler la participation des acteurs</h3> <p>La fonction de modération, à dissocier de celle de webmestre, peut être assimilée à la facilitation lorsqu'elle consiste à s'occuper des conditions d'accès matérielles de la communication - les aspects physiques et techniques de la transmission des messages sur un forum de discussion par exemple – et qu'elle fait appel à une médiation humaine.</p> <p>Jusqu'à ce que nous allions à Bourg-en-Bresse en avril 2005, le site Technorisque était un site d'information comme beaucoup d'autres. Il donnait accès à l'ensemble de l'étude et possédait des rubriques dédiées à d'autres événements qui s'étaient déroulés plusieurs années auparavant. L'installation par nous-mêmes, auteurs, du forum de discussion a créé les conditions préalables à l'échange entre les participants : en « fabriquant » l'outil, nous avons donné aux usagers la possibilité de s'en emparer pour communiquer. Mais, si la possibilité d'accès à l'outil technique est indispensable, elle ne garantit pas pour autant son appropriation. D'autres facteurs sont intervenus en effet dans la participation des membres de la petite communauté.</p> <p>D'une part, le site a fonctionné de manière synchrone avec les événements à Bourg-en-Bresse. L'actualité et le lien avec des événements qui concernent directement les personnes est un facteur d'entraînement. La réactivité du modérateur s'est avérée un élément déterminant de la facilitation. Et, sur un sujet comme les catastrophes naturelles, la participation des acteurs est d'autant plus importante que l'outil technique permet cette réactivité [<a href='#nb2' class='spip_note' rel='footnote' title='C'est d'ailleurs pourquoi, dans des situations extrêmes comme celle-ci, la (...)' id='nh2'>2</a>].</p> <p>D'autre part, les conditions d'accès technique (et non plus seulement physique) au forum ont influé aussi sur le processus de facilitation. Le travail du modérateur consista à sélectionner et à préparer les supports de l'interaction, à faire comprendre les ressorts techniques et organisationnels de la technologie employée, à créer un confort avec les outils utilisés, puis à en assurer enfin la promotion. Nos messages ont consisté principalement à cadrer ou à recadrer la discussion autour du sujet des intempéries, à encourager le dialogue, à préciser les implications des partenaires interpellés dans la discussion (celui de la mairie de Bourg-en-Bresse et le nôtre en particulier) et à donner des conseils pratiques en informatique (une personne nous a notamment demandé comment insérer des photos en ligne).Quant au fait d'interpeller l'opinion sur l'existence du forum, cela a pu se faire dès le 18 avril grâce à des démarches de notre équipe auprès des journaux et radios de Bourg-en-Bresse et à l'accrochage de petites affichettes dans des endroits stratégiques de la ville (immeubles touchés par les inondations, commerçants, lieux publics, etc.). Une fois l'accès à l'outil effectué, la navigation, l'arborescence, la qualité de l'interface, les procédures d'inscriptions ont représenté également des éléments essentiels du processus de facilitation.</p> <p>La facilitation, lorsqu'elle est outillée par un support numérique, est soumise à une contrainte forte qui est liée à la nature du dispositif technique. Les travaux récents sur les communautés en ligne ont montré qu'un site ou un forum résiste d'autant mieux à l'usure qu'il dispose d'une modération continue et régulière. Il en va de même pour l'expérimentation relatée ici.</p> <h3 class="spip">La figure du « facilitateur-passeur » : aider à définir un espace réflexif pour les acteurs</h3> <p>L'accès au forum de discussion a pris le relais des médias traditionnels auprès d'une population invisible, qui ne s'était pas encore exprimée dans la ville. La première vocation du forum a donc consisté à permettre cette expression. Quelqu'un est même venu pour « se lâcher » selon les termes d'un participant au forum ; un autre a cru au complot dans l'imputation des causes aux intempéries ; il faut que la parole se libère ! précise encore l'un d'entre eux. Nous retrouvons ici la vocation des cellules de prises en charge psychologique dans les situations de crise, qui permettent d'apprivoiser le drame et d'exprimer sa douleur et sa colère. À Bourg-en-Bresse, l'intensité de la détresse est certes moins présente que pour d'autres catastrophes naturelles plus tragiques, mais elle reste néanmoins significative. Le fait de s'exprimer librement, de façon plus ou moins exutoire, est nécessaire mais non suffisant pour être assimilé totalement à la facilitation.</p> <p>La progression de la discussion atteste en effet que les internautes peuvent dépasser peu à peu leur statut de victime à condition de devenir des producteurs de savoir. Les participants ont cherché à accueillir des assistances techniques liées à la modération mais aussi et surtout des collaborations et des demandes d'information sur des thèmes concernant la catastrophe. Deux individus ont été très enclins à assumer cette posture, mais l'un d'entre eux, un ancien ingénieur dont les parents étaient férus d'histoire locale, possédait vraiment une connaissance de la catastrophe dans sa « physicalité » et sa localité : il connaissait par exemple le rôle précis des vannages dans la circulation des eaux fluviales, les taux de pluviométrie récents, les zones historiquement inondées, etc. Il était capable d'identifier des acteurs ou des éléments hétérogènes du sinistre en les mettant en relation les uns avec les autres. Il distillait ainsi ses connaissances à chaque fois qu'une incompréhension se présentait sur la catastrophe. « Facilitateur-passeur », il décodait les enjeux portés par la complexité des inondations tout en anticipant les tensions et les désaccords potentiels autour de l'événement. Il était agile pour faire le lien entre des points de vue éventuellement antagonistes et pour aider à définir un espace réflexif entre les différents acteurs concernés par le risque et sa prévention.</p> <p>Ce facilitateur-là est un « passeur en généralité ». Ainsi, le débat s'est enrichi de procédés argumentatifs que l'on retrouve dans la plupart des systèmes de délibération publique. L'événement, de par sa prise en charge collective, est devenu moins marqué par la détresse, le ressenti et la subjectivité.</p> <h3 class="spip">Le « facilitateur-animateur » : organisation du cadre social de la rencontre</h3> <p>La facilitation s'est donnée à voir enfin dans les rôles tenus par les participants sur le forum. Ainsi, la facilitation est apparue plus aisée si l'un des membres du groupe endossait le rôle d'animateur. Au sein du forum, on a pu voir par exemple comment chaque partenaire impliqué dans la catastrophe, présent ou absent de la discussion (sinistrés, experts, institutions, etc.), a été apostrophé. On a pu également regarder comment ceux qui assument cette fonction d'animateur, principalement les deux personnes qui étaient aussi des « passeurs », détectent les problèmes et les globalisent. Les participants au forum se plaignaient par exemple de l'irresponsabilité du maire de Bourg-en-Bresse dans le système d'alarme des pompiers au plus fort de la crue. « L'animateur » a surfé sur Internet pour trouver les obligations du premier magistrat de la ville, qui était en outre une bonne connaissance :<i> J'ai cherché sur Internet, comme j'ai le temps, je suis chez moi. Et donc j'ai envoyé cette information qui collait bien à la réalité. Les gens se plaignaient qu'ils n'avaient pas été prévenus, le maire n'avait pas fait ceci-cela… Le maire a pour obligation de prévenir le syndic. Il ne faut pas tout mettre sur le dos du Maire, il ne peut pas aller sonner à toutes les portes hein. Et bien là, j'ai envoyé les obligations du Maire</i> (extrait d'entretien). « Le facilitateur-animateur » a défini ainsi qui participe à l'histoire racontée sur le forum, ainsi que les lieux virtuels et/ou réels où elle se déroule.</p> <p>Le « facilitateur-animateur » gère et programme aussi les temps de la rencontre en définissant éventuellement les lieux, horaires et fréquences des échanges. Sur le forum du site Technorisque, le plus actif de la discussion fut le seul à poster un message signalant qu'il serait absent pendant quinze jours. Le « facilitateur-animateur » orchestre enfin la discussion en étant à l'écoute, en clarifiant les points de vue et la place de chacun (un participant fut défini après coup par celui qui s'est improvisé « animateur » comme étant un parasite sur le forum de discussion) et en montrant une relative neutralité dans ses prises de position. C'est aussi celui qui a responsabilisé le groupe par rapport à l'atteinte de ses objectifs et qui s'est assuré que le collectif continuait de travailler sur la bonne voie. L'équipe support de l'étude a tenu par moment ce rôle d'animation.</p> <p>D'une manière générale, l'animateur accompagne l'échange en étant souvent interpellé comme le « référent » ou le « garant » de la discussion. Il gère les incompréhensions ou les conflits, il aide à la relance des échanges et représente bien un interlocuteur privilégié aux yeux des autres participants. Il se soucie enfin souvent de laisser une trace des débats sur un support de communication.</p> <h3 class="spip"> Conclusion</h3> <p>Au terme de cet article, la facilitation, lorsqu'elle est outillée numériquement, apparaît sous l'angle de trois figures principale. Le « facilitateur-modérateur » est celui qui permet aux échanges de se dérouler et de se réguler au plan technique. Il met en place le dispositif technologique, le situe dans un cadre organisationnel et formule les règles de son bon fonctionnement. Le « facilitateur-passeur » organise quant à lui le contenu des échanges. Il joue un rôle d'expert sur un sujet donné en le situant systématique dans un environnement (social, économique, technologique, etc.) complexe. Il sait mettre en relation les différents éléments d'un système, et ils les portent à la connaissance des autres. Enfin, le « facilitateur-animateur » est celui qui permet aux échanges de fonctionner au sein d'une dynamique de groupe. Il organise non plus le cadre technique de la rencontre mais sa régulation sociale dans un collectif. Il est le garant des objectifs visés par les échanges et il donne à ce collectif les moyens d'y parvenir.</p> <p>Dans tous les cas, le processus de facilitation apparaît comme une façon de faire advenir des échanges sociaux outillés par la technique dans une perspective collaborative ou participative.</p></div> <hr /> <div class='rss_notes'><p>[<a href='#nh1' id='nb1' class='spip_note' title='Notes 1' rev='footnote'>1</a>] Cet article s'appuie sur une recherche-action réalisée par un laboratoire de recherche du CNRS pour le compte du Ministère de l'environnement et du développement durable en 2005. Claire Brossaud (coord.), Alain Milon (dir.), Virginie Tournay, Marion Feigenbaum, « Production et circulation de quelques usages numériques en situation de catastrophes naturelles : <a href="http://www.technorisque.net »/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://www.technorisque.net »</a>, GRASS-CNRS, Ministère de l'environnement et du développement durable, 2005. Voir aussi Claire Brossaud, « Usages des TIC et rapports à l'incertitude en situation de catastrophes naturelles », Développement durable et territoires, Dossier 11 : Catastrophes et Territoires, mis en ligne le 06 novembre 2008. URL : <a href="http://developpementdurable.revues.org/index6772.html" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://developpementdurable.revues....</a>.</p> <p>[<a href='#nh2' id='nb2' class='spip_note' title='Notes 2' rev='footnote'>2</a>] C'est d'ailleurs pourquoi, dans des situations extrêmes comme celle-ci, la radio ou la radio-fréquence est souvent utilisée par les autorités, car elle représente un média très réactif.</p></div> Facilitation http://vecam.org/article1176.html http://vecam.org/article1176.html 2010-03-23T15:55:19Z text/html fr Andrew Feenberg et Cindy Xin Appropriation des outils vecam-F Revue-reseau-TIC i-jumelage Article original en anglais La facilitation est l'art du leadership dans la communication de groupe. Un facilitateur est une personne qui remplit ce rôle de leadership. Dans les milieux en ligne, ces termes sont souvent employés de manière interchangeable avec « modération » et « modérateur ». La facilitation, tant à distance qu'en présentiel, vise à promouvoir un climat social agréable et un échange de perspectives animé. Le facilitateur en ligne ressemble à son équivalent en présentiel à bien des (...) - <a href="http://vecam.org/rubrique124.html" rel="directory">Les figures de la facilitation de la coopération avec les TIC</a> / <a href="http://vecam.org/mot40.html" rel="tag">Appropriation des outils</a>, <a href="http://vecam.org/mot49.html" rel="tag">vecam-F</a>, <a href="http://vecam.org/mot68.html" rel="tag">Revue-reseau-TIC</a>, <a href="http://vecam.org/mot75.html" rel="tag">i-jumelage</a> <div class='rss_chapo'><p><a href="http://vecam.org/article1185.html" class=''>Article original en anglais</a></p></div> <div class='rss_texte'><p>La facilitation est l'art du leadership dans la communication de groupe. Un facilitateur est une personne qui remplit ce rôle de leadership. Dans les milieux en ligne, ces termes sont souvent employés de manière interchangeable avec « modération » et « modérateur ».</p> <p>La facilitation, tant à distance qu'en présentiel, vise à promouvoir un climat social agréable et un échange de perspectives animé. Le facilitateur en ligne ressemble à son équivalent en présentiel à bien des égards. Voici comment est décrite la facilitation dans une description classique (Hiltz et Turoff, 1978, p. 23-24) :</p> <p>« <i> Pour qu'une conférence informatisée soit réussie, le modérateur doit travailler très fort pour remplir à la fois les rôles d'« hôte social » et de « président/e d'assemblée ». En tant qu'hôte social, il/elle est tenu-e de transmettre des invitations chaleureuses, d'envoyer des messages privés d'encouragement complimentant ou, au moins, commentant les contributions des participants, ou de suggérer des contributions selon leurs qualifications. En tant que président/e d'assemblée, il/elle doit préparer un ordre du jour initial alléchant, résumer ou clarifier fréquemment ce qui se passe, essayer d'exprimer le consensus émergent ou demander un vote formel ; sentir et annoncer quand il est temps de passer à un nouveau sujet. Sans ce genre de rôle actif de modérateur, une conférence ne peut prendre son envol. </i> »</p> <h3 class="spip"> Les classifications des activités de facilitation</h3> <p>Une approche classique consiste à classer les activités de facilitation en quatre catégories : pédagogique, social, gestionnaire et technique. Le rôle pédagogique concerne l'apport de connaissances et d'idées spécialisées par l'enseignant, l'utilisation de questions et suggestions pour encourager les réponses des élèves et pour centrer les discussions sur des concepts essentiels. En outre, en servant de modèle par un son propre comportement, l'enseignant prépare les étudiants à diriger eux-mêmes des activités pédagogiques.</p> <p>Un enseignement en ligne réussi nécessite un environnement social agréable. Le rôle social de l'enseignant consiste à promouvoir les relations humaines, à valoriser et à reconnaître les contributions des étudiants, à offrir aux étudiants les possibilités de développer un sentiment de cohésion de groupe, à maintenir l'unité de groupe, et à aider les étudiants à travailler ensemble pour une cause commune.</p> <p>Le rôle gestionnaire concerne les activités d'organisation, de procédure et d'administration. Ce rôle consiste à établir les objectifs, les calendriers, les règles de procédure et les normes de décision.</p> <p>Le rôle technique concerne la responsabilité d'assurer le confort et l'aisance des participants lors de l'utilisation du système de réseau et du logiciel de conférence. Ce rôle nécessite que le facilitateur maîtrise la technologie.</p> <p>Une question importante lors de discussions sur la pédagogie en ligne concerne ce que l'on a appelé la « présence didactique » La présence didactique se définit comme la capacité des participants, en particulier des enseignants, à concevoir des expériences éducatives, à fournir un enseignement direct, et à faciliter la discussion. Dans ce contexte, la facilitation consiste à identifier les points d'accord et de désaccord, à rechercher le consensus, à reconnaître les contributions des étudiants et à poser des questions, à approfondir et à résumer les discussions, à instituer une nétiquette, et à identifier et à gérer les idées reçues.</p> <p>Comme la plupart des nombreuses publications scientifiques sur le sujet, ces approches décrivent la facilitation en ligne dans des termes correspondant aux activités en présentiel. Toutefois, les correspondances ne sont pas exactes. Les différences subtiles entre la facilitation en ligne et en présentiel sont dues aux différences entre les moyens de communication dans les deux milieux.</p> <p>Une approche de la facilitation par la communication [<a href='#nb2-1' class='spip_note' rel='footnote' title='Note de traduction : L'expression utilisée dans le texte original est : “ (...)' id='nh2-1'>1</a>] insiste plutôt sur les différences entre les activités en ligne et en présentiel. Elle met en lumière les activités spécifiques de la facilitation en ligne. Celles-ci peuvent être distinguées dans un but d'analyse des autres activités des facilitateurs, telles que la gestion sociale des relations personnelles dans le groupe, le soutien technique pour les participants éprouvant des difficultés, et les pratiques pédagogiques telles que poser des questions et expliquer des concepts. L'attention portée à ces différences permet d'accéder à une compréhension plus complète du milieu en ligne et des exigences particulières qu'il fait peser sur les facilitateurs. (Pour une liste complète des fonctions de communication, consultez le tableau ci-joint.)</p> <h3 class="spip">Établir un modèle de communication</h3> <p>En présentiel, le défi pour le facilitateur est d'assurer à chacun une chance de parler en gérant habilement le tour de parole. Le tour de parole n'est pas un problème dans les forums en ligne asynchrones. Au lieu de cela, le facilitateur en ligne est principalement occupé à compenser l'absence des repères tacites habituels qui permettent aux partenaires de discussion de se comprendre et de se reconnaître mutuellement face à face. La tâche première et fondamentale du facilitateur en ligne est de construire la réalité sociale de la rencontre électronique en choisissant un modèle de communication pour le groupe. Dès que nous entrons dans une pièce, nous nous orientons plus ou moins consciemment en fonction des indices tacites que nous remarquons dans le cadre du processus de communication que nous sommes sur le point de rejoindre. Ces indices contextuels établissent un modèle de communication partagée, d'où découlent des rôles, des normes et des attentes.</p> <p>Puisqu'aucun signe tacite visible dans l'environnement n'établit un modèle de communication en ligne, les facilitateurs doivent généralement faire un choix explicite pour le groupe qu'ils dirigent, en réduisant l'étrangeté du milieu à travers la définition d'un contexte familier avec un système de rôles et de règles qui imite la vie de tous les jours. Le facilitateur doit préciser les normes de comportement en ligne au début de la vie du groupe.</p> <p>Ces fonctions de contextualisation sont importantes pour soulager l'anxiété que quelques-uns des participants vivent dans un milieu de communication qui n'est pas défini à l'avance par des indices tacites. Lorsqu'un modèle de communication est mis en place, le facilitateur doit jouer le rôle spécifique de leadership qu'il implique, soit le président d'assemblée, l'hôte, l'enseignant, ou l'amuseur. Ce rôle consistera en partie à surveiller la conformité avec le modèle de communication et à rassurer les participants quant au caractère approprié de leurs contributions à la discussion, ou si elles ne sont pas appropriées, à les guider doucement vers une meilleure compréhension du modèle. Pour maintenir la conversation sur les rails, le facilitateur doit aussi offrir à l'occasion des « méta-commentaires » explicites qui abordent les problèmes de communication rencontrés par le groupe dans son ensemble. Maintenir les motivations à participer</p> <p>Les motivations à participer à un forum en ligne sont souvent extrinsèques, comme les exigences d'un emploi ou la notation des élèves. Cependant, la cohésion sociale d'un forum en ligne dépend des motivations qui émergent au cours de l'interaction. A cet égard, les forums en ligne ressemblent aux rencontres et aux classes en présentiel qu'ils imitent. La préoccupation pour les notes est généralement insuffisante pour maintenir une discussion intéressante en classe, et la facilitation est nécessaire pour maintenir la motivation à participer aux cours en ligne. Les élèves apportent une certaine curiosité et un désir de briller en classe. La facilitation utilise ces motivations. L'enseignant éveille la curiosité des élèves et le suspense garde les étudiants attentifs jusqu'à ce qu'elle soit satisfaite. Certains faits ou concepts surprenants captent l'attention et suscitent des commentaires. La reconnaissance de la contribution stimule le désir de contribuer à nouveau. Chaque enseignant est conscient de ces dynamiques et les utilise pour faciliter la discussion en classe. Les étudiants en ligne répondent aux mêmes stimuli ; seul l'environnement est différent.</p> <p>Cette différence est cependant considérable. Des malentendus peuvent être rapidement corrigés en classe, laissant une marge d'ambiguïté et d'erreur beaucoup plus grande sur un forum en ligne où la confusion peut prendre plusieurs jours à se régler. La clarté d'expression est donc requise de tous et du facilitateur avant tout. Parfois, cela implique de développer des sujets et leurs commentaires beaucoup plus longuement que cela se ferait face à une classe. De la même manière, la reconnaissance de la contribution des étudiants est un fardeau plus lourd en ligne, où les étudiants ne voient pas la réponse tacite de leurs camarades et ont ainsi besoin d'être rassurés plus fréquemment par l'enseignant.</p> <p>Malgré ces difficultés, les étudiants apprécient les discussions en ligne bien facilitées et apprennent beaucoup en écrivant au sujet des concepts de leur domaine d'études. Il y a quelque chose d'excitant à se connecter quotidiennement et à chercher la prochaine série de messages, qui peuvent inclure des réponses à ses propres commentaires et de nouvelles perspectives introduites par l'enseignant. La participation à un forum de discussion en ligne peut se transformer en une « dépendance » qui incite les étudiants à revenir jour après jour tout au long du semestre.</p> <div style="border: 1px dotted gray; margin: 20px 0px 20px 15px; padding: 8px;position: relative;"><span style="position: absolute; top: -10px; left: 15px;background-color: white;display: block;padding-left: 5px;padding-right: 5px;">Facilitation : Fonctions de communication</span> <div> <h3 class="spip">Fonctions de contextualisation :</h3> <p>1) Ouvrir les discussions : Le modérateur doit fournir un commentaire d'ouverture qui expose le thème de la discussion et établit un modèle de communication. Le modérateur peut périodiquement faire des propositions de sujet ou des « incitations » à la prise de parole qui ouvrent sur de nouvelles discussions dans le cadre du thème général du forum.</p> <p>2) Établir les règles : suggérer des règles de procédure pour la discussion. Certaines normes sont règlées par la forme et le style des messages d'ouverture du modérateur. D'autres sont explicitement formulées dans les commentaires de la discussion.</p> <p>3) Définir les priorités : gérer le forum, sélectionner un ordre et un enchaînement de thèmes et de sujets de discussion. Le modérateur précise en général une partie ou la totalité des priorités avec les participants au départ.</p> <p>4) Référer : La conférence peut être mise en contexte en référant à du matériel rendu disponible sur Internet, comme des hyperliens, ou à du matériel hors ligne tels que des manuels scolaires.</p> <h3 class="spip">Les fonctions de suivi :</h3> <p>5) Reconnaître : référer explicitement aux commentaires des participants pour leur assurer que leur contribution est appréciée et la bienvenue, ou pour corriger les malentendus à propos du contexte de la discussion.</p> <p>6) Inciter à la discussion : adresser des demandes de commentaires à des personnes ou au groupe. L'incitation à la discussion consiste à poser des questions et peut être formalisée par des « devoirs » ou des tâches. Elle peut être effectuée par des demandes publiques sur le forum ou par des messages privés.</p> <p>7) Évaluer : La réussite des participants peut être évaluée par des tests, des séances de révision, ou d'autres procédures formelles.</p> <h3 class="spip">Les méta-fonctions : </h3> <p>8) Méta-commenter : des remarques au sujet d'éléments comme le contexte, les normes ou les priorités du forum, ou au sujet de problèmes comme le manque de clarté, le manque de pertinence et la surcharge d'information. Les méta-commentaires jouent un rôle important dans le maintien des conditions d'une communication réussie.</p> <p>9) Mettre les idées en corrélation : résumer l'état de la discussion et trouver des points communs aux commentaires des participants. Cette fonction joue un rôle dans la reconnaissance des auteurs des commentaires mis en lien, et les invite souvent implicitement à poursuivre la discussion de manière à faire avancer les priorités de la conférence.</p> <p>10) Déléguer : Certaines fonctions de modération, telles que les synthèses, peuvent être attribuées à des participants pour une courte ou plus longue période.</p> </div> </div> <h3 class="spip">La facilitation et l'enseignement</h3> <p>Les dix fonctions de communication décrites dans le tableau maintiennent le flot de la conversation en ligne indépendamment de son objet et de son contenu. Elles seront effectuées d'une façon ou d'une autre dans n'importe quel groupe en ligne réussi. Parfois, la responsabilité d'assurer la discussion est largement distribuée parmi les membres du groupe, Chacun effectuant occasionnellement une des fonctions ; parfois, elle est principalement à la charge d'un seul facilitateur. Il y a de fortes raisons pour préférer ce dernier modèle dans un cours en ligne.</p> <p>Dans l'éducation en ligne, une facilitation habile est un enseignement habile. Il n'y a pas de pédagogie alternative disponible. Cela est dû aux limitations intrinsèques du médium. Les cours magistraux en ligne, à travers du matériel écrit ou de la vidéo, ne possèdent pas les qualités interactives essentielles à un bon enseignement. Le problème n'est pas les cours magistraux en tant que tels. Dans une petite salle de classe, l'enseignant peut encourager l'interaction en restant ouvert aux commentaires et questions, mais cette flexibilité est perdue lors de cours magistraux reproduits en ligne. Ceux-ci se distinguent peu des conférences qui elles-mêmes, ne constituent pas une expérience d'enseignement. Des solutions techniques sophistiquées utilisant la vidéo interactive sont encore trop compliquées pour la plupart des enseignements en classe. En réponse à cette limite, les éducateurs en ligne utiliseront plutôt la discussion sur des forums asynchrones car c'est ce se rapproche le plus de l'expérience familière de la classe.</p> <p>Comme dans une classe, la facilitation en ligne de discussions offre à l'enseignant de nombreuses occasions pour faire progresser la compréhension des élèves. Dans ce contexte, les fonctions de communication de la facilitation ne sont pas purement sociales, détacchées du contenu éducatif. De nombreuses activités sociales et pédagogiques s'effectuent mieux dans le cadre de l'exécution des fonctions de communication. Par exemple, le maintien d'un environnement agréable exige la reconnaissance rapide des contributions individuelles, afin que personne ne se sente mis à l'écart. De même, les concepts sont souvent expliqués lors de l'ouverture de discussions à l'aide de propositions de sujets.</p> <p>Les synthèses et les commentaires de la discussion ont une importance particulière pour la pédagogie en ligne pratiquée par de nombreux enseignants. Comme fonction de communication, la mise en relation des idées échangées permet au groupe de faire le bilan des accords et des désaccords et de suivre les progrès accomplis quant à ses priorités. Ceci s'accomplit en identifiant dans un texte les ressemblances avec un certain nombre de commentaires précédents. Pour écrire ces synthèses, il est nécessaire d'examiner attentivement les archives des discussions, de manière à se rappeler des contributions antérieures, à clarifier des expressions confuses, à identifier des thèmes, à faire des liens.</p> <p>Dans le cadre d'un cours en ligne, ces activités créent des occasions pédagogiques. La synthèse peut faire davantage que simplement résumer la discussion dans les termes d'une nouvelle discussion. Elle permet de relier les contributions des étudiants aux thèmes du forum, et les concepts plus avancés dans la discipline de l'enseignant avec les idées et les expériences des élèves. C'est un moyen particulièrement efficace d'accroître la présence didactique dans le cours en ligne.</p> <h3 class="spip">Conclusion</h3> <p>La formation en ligne a à peine plus de 20 ans. Durant cette courte période, il y a eu de nombreuses discussions au sujet de la facilitation dans les publications scientifiques (voir suggestions de lecture), mais les mêmes thèmes réapparaissent sans cesse. De manière générale, ces publications scientifiques ne sont pas basées sur des recherches poussées, mais sur l'expérience pratique. Néanmoins, il existe un solide consensus quant aux aspects essentiels de la facilitation en ligne. Les divers angles d'approche des commentateurs contribuent à la construction d'une image complète de cet art. D'autres recherches sur la facilitation apporteront sans doute de nouveaux éléments à notre compréhension de cette importante activité, mais on en connait déjà suffisamment pour former les nouveaux enseignants.</p> <p>(Traduction en français par Geneviève Szczepanik)</p></div> <hr /> <div class='rss_notes'><p>[<a href='#nh2-1' id='nb2-1' class='spip_note' title='Notes 2-1' rev='footnote'>1</a>] Note de traduction : L'expression utilisée dans le texte original est : “ communication-theoretic approach”</p></div> <div class='rss_ps'><h3 class="spip">Suggestions de lecture</h3> <p>Anderson, T., L. Rourke, Garrison, D. R, Archer, W. (2001). “Assessing teaching presence in a computer conferencing environment.” Journal of Asynchronous Learning Networks 5(2).</p> <p>Berge, Z. L. (1995). “Facilitating Computer Conferencing : Recommendations from the Field.” Educational Technology 15(1) : 22-30.</p> <p>Feenberg, A. (1989). The Written World. Mindweave : Communication, Computers, and Distance Education. R. Mason and A. Kaye (Eds.). Oxford : Pergamon Press : 22-39.</p> <p>Hiltz, S. R. and M. Turoff (1978 & 1993). The Network Nation : Human Communication via Computer. Cambridge, MA : MIT Press.</p> <p>Paulsen, M. F. (1995). Moderating Educational Computer Conferences. Z. L. Berge & M. P. Collins (Eds.). Computer-mediated communication and the on-line classroom in Distance Education. Cresskill, NJ : Hampton Press.</p></div> Les figures de la facilitation de la coopération avec les TIC http://vecam.org/article1183.html http://vecam.org/article1183.html 2010-03-23T15:55:17Z text/html fr Frédéric Sultan, Stéphane Couture Appropriation des outils vecam-F Revue-reseau-TIC i-jumelage La plupart des activités collectives d'aujourd'hui, en particulier les activités militantes et citoyennes, ne sauraient se passer des échanges de courriels, des conversations en réseaux, de la publication sur Internet, du partage d'information dans des bases de données ou, plus récemment, des échanges au sein de réseaux numériques sociaux tels que Facebook, Twitter, ou autre. Cependant, ce ne sont pas les technologies à elles seules qui organisent la coopération entre ces acteurs sociaux. Les (...) - <a href="http://vecam.org/rubrique124.html" rel="directory">Les figures de la facilitation de la coopération avec les TIC</a> / <a href="http://vecam.org/mot40.html" rel="tag">Appropriation des outils</a>, <a href="http://vecam.org/mot49.html" rel="tag">vecam-F</a>, <a href="http://vecam.org/mot68.html" rel="tag">Revue-reseau-TIC</a>, <a href="http://vecam.org/mot75.html" rel="tag">i-jumelage</a> <div class='rss_texte'><p>La plupart des activités collectives d'aujourd'hui, en particulier les activités militantes et citoyennes, ne sauraient se passer des échanges de courriels, des conversations en réseaux, de la publication sur Internet, du partage d'information dans des bases de données ou, plus récemment, des échanges au sein de réseaux numériques sociaux tels que Facebook, Twitter, ou autre. Cependant, ce ne sont pas les technologies à elles seules qui organisent la coopération entre ces acteurs sociaux. Les organisations, réseaux, collectifs, associations ou groupes se dotent de formes d'animation, de coordination, de médiation qui se déploient en s'appuyant sur ces technologies. Dans ces coopérations numériques, certaines personnes assument un rôle particulier de facilitation, en agissant de manière plus ou moins visible et volontaire comme initiateur, ressource technique ou médiateur, et tentent d'articuler les technologies aux activités du collectif. Le nombre et la nature de ces intervenants n'a cessé de s'élargir. Parfois, ce sont des militants bricoleurs et formés « sur le tas » qui assument ce rôle. D'autres fois, ce sont des professionnels, issus de corps de métiers de plus en plus éloignés de l'informatique. La facilitation de la coopération avec les technologies de communication est finalement une activité qui peut se faire discrète au sein du collectif.</p> <p>Quelles formes prend la facilitation, et quelle est l'importance de cette activité dans les processus de coopération soutenus par les technologies de l'information ? Pour répondre à cette question, nous avons réuni neuf articles qui concernent divers champs d'action. Un portrait à plusieurs facettes de la facilitation se dégage de la mise en relation de ces différentes expériences. Cet article vise à présenter une synthèse de ce dossier thématique.</p> <h3 class="spip">Des techniques et des humains</h3> <p>Pour faciliter la coopération, les technologies ont évidemment une grande place : cartes mentales pour appuyer le développement d'idées, wikis et dispositifs d'écriture pour partager les idées, etc. Ce rôle des technologies en tant qu'acteurs de la facilitation ressort particulièrement de l'entrevue réalisée avec Nicolas Taffin. Typographe de métier, Nicolas Taffin insiste sur l'importance de l'interface d'utilisation, de l'ergonomie. Pour reprendre ses termes, l'outil est un objet qui dialogue avec la matière ; un bon outil permet d'amplifier l'humanité contenue dans le geste productif. Jean-Michel Cornu expose pour sa part les avantages des schémas heuristiques – encore appelés cartographies mentales – comme outil pour penser collectivement et résoudre les conflits. La cartographie mentale permet, selon lui, au groupe de se voir lui-même. La tâche du facilitateur (humain) est donc, dans ce cas, de « montrer le groupe au groupe ».</p> <p>Dans le texte d'une présentation réalisée par Gustave Massiah, celui-ci nuance toutefois le rôle déterminant des technologies dans le processus de facilitation. Exposant la construction du Forum Social Mondial, Gustave Massiah affirme que bien que les techniques ouvrent de nouveaux horizons, elles ne sont pas en elles-mêmes porteuses des formes d'organisation sociale. Les technologies et l'organisation d'un espace, le forum social dans ce cas-ci, s'influencent de manière réciproque plutôt qu'elles se déterminent de manière causale. Sur un plan plus macro-sociologique, Gustave Massiah affirme toutefois que les technologies sont une source de tension et de changements potentiels, en particulier parce qu'une génération de jeunes chômeurs éduqués s'empare aujourd'hui de ces technologies pour élaborer et mettre à profit une culture du net propice au développement des mouvements sociaux.</p> <h3 class="spip">Mettre en scène des expériences de coopération</h3> <p>La plupart des articles du dossier montrent la facilitation comme la mise en scène d'une expérience ou d'une situation de coopération où les participants sont invités à s'impliquer. Ainsi, Claire Brossaud définit le processus de facilitation comme « une façon de faire advenir des échanges sociaux outillés par la technique dans une perspective collaborative ou participative ». Andrew Feenberg et Cindy Xin la définissent, quant à eux, comme « l'art du leadership dans la communication de groupe ». Le talent du facilitateur, dans ce contexte, tient à sa capacité à organiser des activités et à leur donner un style qui correspond à l'esprit du groupe en action.</p> <p>Pour bien fonctionner, ces activités ont aussi besoin d'éléments, tels qu'un scénario, des repères suffisamment connus par tous pour servir de codes, et des objectifs plus ou moins partagés, qui vont contribuer à la dynamique d'échange (ou de coopération). Les analyses présentées par Andrew Feenberg et Cindy Xin, Frédéric Sultan ou Jean-Michel Cornu illustrent comment ce besoin peut être satisfait. A. Feenberg et C. Xin associent à la facilitation un ensemble de 10 actions classées en 3 types de fonctions : actions de contextualisation, de suivi et méta-fonctions. Claire Brossaud propose de son côté trois rôles du facilitateur, soit le « modérateur » qui stimule la participation des acteurs, le « passeur » qui aide à définir un espace réflexif pour les acteurs, et finalement l'« animateur » qui organise le cadre social de la rencontre.</p> <p>Dans son analyse, Claude Henry décrit différentes micro-expériences de coopération qu'il a mises en scène, et auxquelles il a invité les membres du réseau Beijaflor : prise de décision collective à l'aide d'un sondage en ligne, documentation des pratiques par l'écriture collective de pages wiki. L'auteur met notamment en avant la métaphore du « jardinier » pour décrire ce travail de facilitation. Nicolas Taffin discute pour sa part, du récit de son expérience de création d'un site Internet destiné aux typographes qui vont fabriquer ensemble la semaine des Rencontres internationales de Lure en exploitant au mieux les disponibilités des membres de l'association. Enfin, le réseau RTP-doc a mis en scène le personnage collectif de Roger T. Pédauque comme signataire collectif de différents textes. Pour J.M. Salaün (dans la préface commentée par F. Sultan), ce choix d'utiliser un pseudonyme collectif visait à incarner la communauté et à atténuer la personnalisation parfois très vive qui existe dans le monde scientifique. Dans ces exemples, le facilitateur, la facilitatrice, s'attache à réunir les conditions de la coopération en provoquant la situation et en organisant l'activité du collectif dans l'espace et le temps.</p> <p>Ces mises en scène d'expériences de coopération et de communication sont souvent perçues comme secondaires en regard de l'objectif premier : acquérir des connaissances, survivre à une catastrophe naturelle, organiser des rencontres, publier des livres, etc. La facilitation est un moyen plutôt qu'une fin, et une activité qui doit généralement demeurer en arrière-plan, au profit de l'émergence d'un sens et d'une intelligence collective. Cependant, en se donnant comme raison d'être dans le collectif de vivre et faire vivre cette « expérience de communication », le facilitateur et la facilitatrice expriment une créativité et font de leur geste une prestation artistique (ou spirituelle) articulée aux outils de communication. La facilitation est une activité qui relève en quelque sorte de la mise en scène et qui implique un certain style dans ses façons de faire, de s'exprimer, de présenter les règles, de modérer, etc. D'ailleurs, Andrew Feenberg la décrit bien comme un art du leadership, ce qui met bien l'accent sur le caractère intuitif de cette activité. Pour reprendre les mots utilisés par Nicolas Taffin dans sa description du bon fabriquant d'outil, nous pourrions dire que la facilitation vise également à amplifier l'humanité contenue dans le geste productif.</p> <h3 class="spip">« Produire du collectif »</h3> <p>Une autre composante essentielle de la facilitation semble être l'idée de faire advenir un collectif porté par un idéal commun. Cette idée ressort explicitement de l'expérience d'animation du réseau Beijaflor décrite par Claude Henry. L'auteur considère la facilitation non pas seulement comme étant orientée vers un objectif pragmatique (produire du contenu dans ce cas), mais également tournée vers l'objectif de « produire du collectif ». Le site Internet dont il s'occupe est certes un outil de travail collaboratif pour les membres du réseau, mais il participe également à la construction de l'identité même du groupe en lui donnant une existence permanente sur le web. L'auteur fait également ressortir différentes figures de la facilitation. Le facilitateur peut y prendre la figure du « jardinier », garant de la qualité de l'organisation et de la pérennité des outils numériques, ou encore celle du « voisin », plus près de l'entraide, où une personne plus expérimentée dans l'usage des outils de communication accompagne son « voisin ». Ces deux facettes se rejoignent pour faire de l'activité de facilitation un facteur de l'émergence d'une communauté partageant des valeurs et des pratiques.</p> <p>Nous pouvons reconnaître cette façon de faire advenir le collectif dans les projets de la maison d'édition C&F Editions ou les pratiques de « cartographie mentale » décrites par Jean- Michel Cornu. Dans le premier cas, il s'agit d'élargir le groupe des personnes sensibilisées aux enjeux du débat sur les biens communs de la connaissance et aux pratiques de diffusion qui leur sont associées. Dans cette figure de l'éditeur, le facilitateur joue un rôle de passeur entre les auteurs et les lecteurs possibles ou en devenir. Jean-Michel Cornu décrit, quant à lui, un facilitateur qui permet au groupe de se voir lui-même et de reconfigurer les conflits qui le traversent.</p> <p>Enfin, Jean-Michel Salaün, animateur de la rédaction collective de l'ouvrage « Le document à la lumière du numérique », a pour objectif de constituer une communauté, qui sera force de proposition dans les politiques publiques de la recherche. Ses pratiques le rattachent à une figure que l'on pourrait appeler « dictateur bienveillant » - figure que l'on retrouve par ailleurs souvent dans les communautés du logiciel libre - qui se caractérise par la concentration du pouvoir aux mains d'une personne, acceptée par tous, afin de permettre au collectif d'atteindre son but pragmatique. Dans cette forme d'organisation, la position dominante du leader du projet est équilibrée par la possibilité pour chacun, à tout moment, d'entrer et de sortir de la coopération. Elle est aussi encadrée par la codification des droits d'usage des productions collectives à travers l'usage d'une licence de propriété intellectuelle ou un accord entre les participants, comme cela est le cas pour RT. Pédauque.</p> <h3 class="spip">Une nécessaire politisation de la facilitation</h3> <p>Finalement, le texte de Joëlle Palmieri nous amène à poser un regard critique sur ces pratiques de la facilitation avec les technologies de communication. Proposant une réflexion féministe, l'auteure soutient la nécessité d'une politisation de l'activité de facilitation. Elle remarque que ce sont le plus souvent des hommes – et des hommes blancs - qui occupent les rôles dominants dans les pratiques de facilitation, et en particulier lorsque cette activité relève de la conception des technologies. Analysant notamment la situation des femmes dans les pays du sud, elle note que la facilitation se limite souvent à permettre l'accès aux outils, et que les femmes restent confinées à un rôle de simple utilisatrice. La facilitation doit donc tenir compte des différences, voire des frontières de genre, au risque de les creuser. Plus largement, les formes sociales, de même que les pratiques de facilitation qui en découlent, sont toujours, comme le rappelle l'analyse féministe de Joëlle Palmieri, articulées à des inégalités qui passent souvent inaperçues. Leur politisation conditionne l'émergence d'un acteur social qui se reconnaisse dans la figure du facilitateur des processus de coopération à travers l'usage des TIC.</p></div> Accompagner la collaboration entre réseaux avec des outils numériques, l'expérience de ACH/ Beijaflor http://vecam.org/article1184.html http://vecam.org/article1184.html 2010-03-23T15:55:14Z text/html fr Frédéric Sultan Appropriation des outils vecam-F Revue-reseau-TIC i-jumelage Il semble évident que l'usage de la Toile par des collectifs porteurs d'initiatives alternatives économiques et politiques améliore sensiblement leur efficacité. Il s'avère cependant que cette évolution est lente. Tout semble se passer comme si, après une diffusion forte de l'usage du mail et de la pratique de la recherche d'information sur la toile, le pas à franchir pour être actif dans le Web2 ne s'effectue que de manière très progressive. L'auteur de ces lignes a eu la chance d'être partie prenante (...) - <a href="http://vecam.org/rubrique124.html" rel="directory">Les figures de la facilitation de la coopération avec les TIC</a> / <a href="http://vecam.org/mot40.html" rel="tag">Appropriation des outils</a>, <a href="http://vecam.org/mot49.html" rel="tag">vecam-F</a>, <a href="http://vecam.org/mot68.html" rel="tag">Revue-reseau-TIC</a>, <a href="http://vecam.org/mot75.html" rel="tag">i-jumelage</a> <div class='rss_texte'><p>Il semble évident que l'usage de la Toile par des collectifs porteurs d'initiatives alternatives économiques et politiques améliore sensiblement leur efficacité. Il s'avère cependant que cette évolution est lente. Tout semble se passer comme si, après une diffusion forte de l'usage du mail et de la pratique de la recherche d'information sur la toile, le pas à franchir pour être actif dans le Web2 ne s'effectue que de manière très progressive. L'auteur de ces lignes a eu la chance d'être partie prenante d'une tentative d'appropriation des TIC [<a href='#nb3-1' class='spip_note' rel='footnote' title='TIC : technologies de l'information et de la communication' id='nh3-1'>1</a>], lors de la naissance du Collectif Beijaflor/ACH.</p> <h3 class="spip">Le collectif Beijaflor autour du « bien vivre »</h3> <p>Dans le contexte de crise grave que traverse la Planète, de multiples groupes [<a href='#nb3-2' class='spip_note' rel='footnote' title='On pense en particulier au mouvement d'« associationisme » qui désigne un (...)' id='nh3-2'>2</a>] s'investissent dans l'expérimentation d'alternatives au système dominant. Des expérimentations significatives, encore trop contraintes par le système dominant, ont vu le jour dans différents domaines, tels que l'agro-écologie, les monnaies alternatives, le travail personnel « sur soi », les villes écologiques, une culture de l'être et non plus de l'avoir, etc. ; sans qu'une orientation d'ensemble, politique, ne se dégage pour l'instant… Dans ce moment d'attente de mutation, ou, si on veut être plus optimiste, de mutation engagée, et face à l'ampleur de la tâche d'invention d'un autre mode de vie, on voit divers réseaux tenter de se regrouper, pour être plus visibles…et plus forts !</p> <p>C'est sous les grands arbres du Parc de la Tête d'Or (Lyon, France), début juillet 2008, lors des 4° Dialogues en Humanité [<a href='#nb3-3' class='spip_note' rel='footnote' title='Dialogues en humanité est une rencontre annuelle ouverte à tous proposée par (...)' id='nh3-3'>3</a>], qu'est née l'idée d'un réseau de réseaux porteurs de potentialités créatrices, face aux menaces multiples de notre monde contemporain. « beijaflor », le nom de cet inter-réseaux, a fonctionné comme un code entre les membres pour désigner « l'Alliance civique pour l'Humanité » (ACH).</p> <p>Le groupe partage la conviction que nous sommes dans un moment historique de crise systémique qui se caractérise par une double tension : <br /><img src="http://vecam.org/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-1d287.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> La domination de l'économie sur la vie politique mène à une rupture des liens avec une société civile porteuse de potentialités positives multiples et immenses. Il faut rapidement retrouver une relation vivante avec le politique et viser une société dans laquelle l'humain retrouve un lien serein avec lui-même, avec les autres et avec ses milieux naturels et environnementaux. <br /><img src="http://vecam.org/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-1d287.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> L'échec des tentatives historiques récentes de changement de paradigme social nous interpelle. Nous pensons qu'il est possible de le dépasser, si nous reconsidérons la question humaine dans les organisations démocratiques à reconstruire, dans la ville, dans les associations et, bien entendu, dans l'entreprise !!!</p> <p>L'intention du Collectif était donc d'œuvrer à la mise en synergie de ceux qui agissent et partagent des valeurs et des pratiques pour remettre l'Humain et la Nature au centre de leurs aspirations.</p> <p>La question humaine – bien vivre et bien mourir - comme question politique (Patrick Viveret [<a href='#nb3-4' class='spip_note' rel='footnote' title='http://fr.wikipedia.org/wiki/Patric...' id='nh3-4'>4</a>]) et la nécessité pour chacun de lier transformation personnelle et transformation sociale, constituent un « principe supérieur commun » à ce réseau de réseaux.</p> <p>Une année sera nécessaire pour cerner précisément l'identité du collectif, préciser ce que nous voulions, devions ou pouvions faire, tout en tirant parti de nos expériences antérieures pour ne pas échouer.</p> <p>On trouvera une présentation de la démarche et des réseaux membres sur l'espace collaboratif « beijaflor [<a href='#nb3-5' class='spip_note' rel='footnote' title='http://beija-flor.info' id='nh3-5'>5</a>] ». Dix-huit en tout, dont quatre plus importants, se sont engagés dans l'expérience. Ils rassemblent une petite centaine de personnes, francophones, dont une poignée hors de France. Premiers pas avec un wiki Nous relier par les vertus du numérique a été une idée immédiatement acceptée ; idée lancée et rendue opérationnelle par l'auteur de ces lignes qui joue le rôle de facilitateur.</p> <p>Avant la constitution de ce collectif , chacun des réseaux utilisait, souvent modestement, mail et Web et entrevoyait l'utilité de faire collectivement un pas en avant dans les pratiques numériques. L'originalité de cette expérience de facilitation des usages d'outils numériques tient à la diversité des réseaux à mettre en collaboration.</p> <p>Le point de départ est l'ouverture d'un espace wiki [<a href='#nb3-6' class='spip_note' rel='footnote' title='Cette installation se fait avec le support de l'équipe Outils-réseaux (...)' id='nh3-6'>6</a>] et d'une liste de discussion. Une première mise en forme du wiki fût proposée durant le mois de septembre 2008, avec l'objectif qu'elle soit discutée au cours d'une rencontre physique, deux mois plus tard. Des petits menus déroulants très simples, (des onglets, bien visibles en page d'accueil) signalent le découpage du site en fonction de la visée de l'inter-réseaux : « Accueil », « Textes de référence », « La démarche », « Les réseaux membres », « Les réseaux partenaires ». Ces onglets sont compréhensibles directement par chacun et permettent d'accéder à des menus ouvrant sur différentes pages. Un mini-blog devait compléter le wiki mais, piraté, il a été mis en sommeil.</p> <p>Le choix du wiki fut commandé par le désir de commencer très simplement, et de ne monter en complexité, par ajout de fonctionnalités, qu'une fois effectuées les premières prises en main par un petit nombre de membres. Un autre choix s'est révélé crucial : n'obliger personne à s'identifier sur le wiki. Des expériences précédentes sur des groupes de même culture numérique [<a href='#nb3-7' class='spip_note' rel='footnote' title='On désigne par culture numérique le niveau de savoir-faire dans les usages (...)' id='nh3-7'>7</a>] montraient qu'une procédure d'identification risquait de produire une exclusion d'un bon quart des membres, fatale à la poursuite du processus.</p> <h3 class="spip"> Jardinage et voisinage numériques</h3> <p>Dans un premier temps, ce fut le facilitateur/ « jardinier » [<a href='#nb3-8' class='spip_note' rel='footnote' title='La connotation naturaliste du mot « jardinier », proposée à titre de boutade (...)' id='nh3-8'>8</a>], aidé par une spécialiste des outils les plus récents (vidéo/son), qui a enrichi les différentes pages, et suscité la mise en place des pages de présentation de chacun des réseaux membres par eux même. Quelques personnes à l'aise avec ces techniques (trois personnes sur un groupe d'alors une soixantaine) se sont saisies de cette proposition, mais ne développent guère d'activité par la suite, peut-être en attente d'une avancée – technique ou relationnelle - plus rapide.</p> <p>Puis, plus intéressant, un second groupe entre dans le jeu, voyant l'adéquation entre la visée du collectif en train de se structurer et les informations rassemblées. Au début ce sont des contributions techniquement très simples, passer en édition et écrire « au kilomètre » - c'est à dire sans soin particulier de mise en forme textuelle - ou le plus souvent, transférer par copier-coller un texte écrit précédemment. Les membres « experts » du premier groupe aident les autres. Cette « facilitation par voisinage », dans laquelle celui qui sait un peu plus que l'autre enseigne au second ce qu'il sait (le processus se déroulant de proche en proche), ne durera guère.</p> <p>En novembre 2008, certaines actions vont permettre de déployer de nouvelles fonctionnalités proposées par le facilitateur (moi-même, on l'aura compris). Mais plus tard, des demandes commencent à émaner du groupe, par exemple « pourrait-on être prévenu quand une page du wiki est modifiée ? ».</p> <p>Ainsi, il est décidé de préparer une prise de position à l'occasion du soixantième anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. Ceci conduit à une écriture à plusieurs mains, via l'usage du wiki et l'échange de e-mails, puis à un sondage [<a href='#nb3-9' class='spip_note' rel='footnote' title='Il a suffit de préparer un tableau de questions sur le site de Google (...)' id='nh3-9'>9</a>] portant sur ce texte. La nouveauté de cette pratique surprend, intéresse, et il y a suffisamment de participation pour que le texte soit validé.</p> <p>En mars 2009, deux journées de travail sur le « vivre et décider ensemble » et sur la construction de l'identité de l'inter-réseaux sont l'occasion d'organiser un sondage sur les attentes des participants. Le sondage, placé sur le wiki, permet à tous de voir les intentions déclarées et aux animateurs de mieux calibrer la journée. L'efficacité de cet outil simple a fait beaucoup pour la « promotion » de l'espace numérique auprès des membres encore réticents.</p> <p>Le facilitateur, aidé par plusieurs rapporteurs, tente d'assurer la conservation dynamique de la mémoire de ces deux journées, qui malgré la mise à disposition des outils, peine à se concrétiser. De nombreux rappels sont nécessaires, et la collecte se révèle partielle.</p> <p>Une tentative malheureuse d'usage d'un réseau social, via le site activiste « WiserEarth [<a href='#nb3-10' class='spip_note' rel='footnote' title='Http ://www.wiserearth.org' id='nh3-10'>10</a>] », portée par quelques membres de BeijaFlor, souligne en creux l'importance de la facilitation.</p> <p>Certains sont tentés de mettre en attente ou de se replier sur des actions « bilatérales ». Mais l'ensemble tient bon. Un nouveau groupe d'animateurs émerge en vue d'une rencontre qui aura lieu au terme d'une année, date à laquelle un consensus devra être trouvé sur l'identité et les actions communes à engager. Le « look » de l'espace collaboratif est amélioré à la marge. Surtout, l'effort « d'édition » partagée se poursuit.</p> <p>L'inter-réseaux cherche actuellement un second souffle. Il a précisé quelques principes généraux, comme celui de la subsidiarité (ne rien faire dans l'inter-réseaux qui soit déjà fait dans l'un des réseaux). De manière plus précise, on a mis à jour la nécessite de deux grandes fonctions :</p> <p>En premier lieu, maintenir entre les réseaux un lieu d'échange, de savoir et de recherche sur la question du mieux être ; être « un lien, un liant » ; renforcer l'interdépendance entre collectifs par « pollinisation » ; donner de la visibilité, mutualiser, et innover dans le mieux-être (être dans son intégrité personnelle dans la vie collective) dans tous les processus de transformation du Monde, en percevant en toute chose les dimensions politiques (la gestion féconde des tensions entre les groupes) et économiques.</p> <p>Et en second lieu, repérer les éléments majeurs à la fois risques et chances pour l'humanité encore insuffisamment couverts par des réseaux de la société civile mondiale tels que par exemples : les atteintes à la biodiversité ; les risques de dérapage nucléaire, l'appropriation citoyenne de la monnaie. La facilitation, entre la technique et la socialisation du collectif La facilitation, telle qu'elle a été brièvement décrite dans ce texte, a largement permis qu'un fil rouge demeure dans le temps, par la construction d'une mémoire collective structurée, disponible à tout moment. Le groupe se serait dissous assez rapidement sans la volonté d'un tout petit noyau de personnes, quatre dont le facilitateur. Il est fort possible que le second souffle soit trouvé… Il y aura alors une autre facilitation.</p> <p>L'analyse de cette période montre que la facilitation, par le « jardinage » de l'espace collaboratif et les nombreuses invitations à participer sous différentes formes, a pour objectif à la fois de produire du contenu et également de « produire du collectif ».</p> <p>Proposer un premier outil très simple ; convaincre les plus experts qu'il faut commencer ainsi ; préparer une maquette, au mieux avec un petit groupe de non-experts, la présenter devant l'ensemble du groupe, le plus rapidement possible ; attendre que des besoins s'expriment pour faire émerger de manière partagée de nouveaux besoins et proposer des fonctionnalités spécifiques nouvelles ; aider chacun à maîtriser les fonctions les plus simples ; lorsque le désir est là, suscité par des pratiques réussies, savoir proposer sans retard, de nouvelles fonctionnalités ; ouvrir des séries de pages cohérentes qui pourront être alimentées par tous ensuite. Travailler la mise en page, sans usage excessif des techniques dernier cri, mais rester attentif à ce qui émerge de réellement utile et appropriable par tous.</p> <p>Tout ceci demande au facilitateur d'être bien intégré au pilotage collectif de l'inter-réseaux et de « sentir » les différentes forces au sein du collectif, d'agir en tant que passeur entre les membres, sans s'interposer. L'idéal est d'être un petit noyau - deux personnes - pour l'édition : gestion des pages, cohérence du contenu, mise en mémoire, visualisation, et un petit groupe pour l'accompagnement au cas par cas, avec le plus possible d'accompagnement « par voisinage ».</p> <p>Un double appui technique extérieur est nécessaire : une gestion technique (mise en place initiale, serveur, « capacitation » technique du (ou des) facilitateur(s)) et un éclairage des « possibles techniques » : l'équipe Outils-réseaux [<a href='#nb3-11' class='spip_note' rel='footnote' title='http://outils-reseaux.org/' id='nh3-11'>11</a>] a joué ces deux rôles techniques, l'immédiat et le prospectif, et une autre personne a aussi aidé à imaginer de nouveaux dispositifs techniques .</p> <p>Les besoins de facilitation sont immenses. La facilitation n'a pas encore trouvé sa reconnaissance fonctionnelle, et encore moins professionnelle. C'est plus que nécessaire dans la société moderne qui doit réinventer ses modes de fonctionnement collectifs, quels qu'ils soient. Dans notre cas, la facilitation a trop reposé sur une personne retraitée bénévole ayant eu l'opportunité de suivre et d'être un peu acteur de l'évolution des usages collectifs du numérique depuis une quinzaine d'années, comme chercheur et praticien associatif.</p></div> <hr /> <div class='rss_notes'><p>[<a href='#nh3-1' id='nb3-1' class='spip_note' title='Notes 3-1' rev='footnote'>1</a>] TIC : technologies de l'information et de la communication</p> <p>[<a href='#nh3-2' id='nb3-2' class='spip_note' title='Notes 3-2' rev='footnote'>2</a>] On pense en particulier au mouvement d'« associationisme » qui désigne un courant de pensée née pendant « du printemps des peuples » que fût la période des révolutions – passagères – de 1848 en Europe. L'idée de « l'association » est née à cette époque pour faire face à l'idée de contrat dont les partisans du libéralisme économique souhaitaient la généralisation. Cette pensée sera bousculée par le développement des idées marxiennes. Elle est reprise en France par une école de sociologie et de philosophie politique autour d'Alain Caillé et de Roger Sue. Elle est diffusée par la revue du Mauss . On s'intéresse ici à la partie du tissu associatif issu des idées de 48, donc investi dans l'expérimentation d'alternatives au système dominant.</p> <p>[<a href='#nh3-3' id='nb3-3' class='spip_note' title='Notes 3-3' rev='footnote'>3</a>] Dialogues en humanité est une rencontre annuelle ouverte à tous proposée par Patrick Viveret, <a href="http://dialoguesenhumanite.free.fr/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://dialoguesenhumanite.free.fr/</a></p> <p>[<a href='#nh3-4' id='nb3-4' class='spip_note' title='Notes 3-4' rev='footnote'>4</a>] <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Patrick_Viveret" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://fr.wikipedia.org/wiki/Patric...</a></p> <p>[<a href='#nh3-5' id='nb3-5' class='spip_note' title='Notes 3-5' rev='footnote'>5</a>] <a href="http://beija-flor.info/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://beija-flor.info</a></p> <p>[<a href='#nh3-6' id='nb3-6' class='spip_note' title='Notes 3-6' rev='footnote'>6</a>] Cette installation se fait avec le support de l'équipe Outils-réseaux <a href="http://outils-reseaux.org/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://outils-reseaux.org</a></p> <p>[<a href='#nh3-7' id='nb3-7' class='spip_note' title='Notes 3-7' rev='footnote'>7</a>] On désigne par culture numérique le niveau de savoir-faire dans les usages des outils numériques des différents membres du groupe.</p> <p>[<a href='#nh3-8' id='nb3-8' class='spip_note' title='Notes 3-8' rev='footnote'>8</a>] La connotation naturaliste du mot « jardinier », proposée à titre de boutade dans un premier temps, s'est révélée utile pour désigner celui qui est le « garant » de la qualité de l'organisation et de la pérennité des divers outils numériques.</p> <p>[<a href='#nh3-9' id='nb3-9' class='spip_note' title='Notes 3-9' rev='footnote'>9</a>] Il a suffit de préparer un tableau de questions sur le site de Google Documents. Ensuite est généré sur ce même site une ligne de code informatique que l'on recopie sur une page de wiki - on désigne cette opération par le terme : mettre un « widget »-. Le tableau et son contenu est alors lisible par tous sur la page du wiki choisie.</p> <p>[<a href='#nh3-10' id='nb3-10' class='spip_note' title='Notes 3-10' rev='footnote'>10</a>] Http ://<a href="http://www.wiserearth.org/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>www.wiserearth.org</a></p> <p>[<a href='#nh3-11' id='nb3-11' class='spip_note' title='Notes 3-11' rev='footnote'>11</a>] <a href="http://outils-reseaux.org/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://outils-reseaux.org/</a></p></div> Facilitation http://vecam.org/article1185.html http://vecam.org/article1185.html 2010-03-23T15:55:03Z text/html en Andrew Feenberg et Cindy Xin Appropriation des outils vecam-F Revue-reseau-TIC Translation in French Facilitation is the art of leadership in group communication. A facilitator is one who fulfills this leadership role. In online settings, these terms are often employed interchangeably with “moderating” and “moderator.” Facilitation in both online and face to face settings aims to promote a congenial social atmosphere and a lively exchange of views. The online facilitator resembles his or her face-to-face equivalent in important respects. Here is how facilitation is (...) - <a href="http://vecam.org/rubrique124.html" rel="directory">Les figures de la facilitation de la coopération avec les TIC</a> / <a href="http://vecam.org/mot40.html" rel="tag">Appropriation des outils</a>, <a href="http://vecam.org/mot49.html" rel="tag">vecam-F</a>, <a href="http://vecam.org/mot68.html" rel="tag">Revue-reseau-TIC</a> <div class='rss_chapo'><p><a href="http://vecam.org/ecrire/?exec=articles&id_article=1176" class=''>Translation in French</a></p></div> <div class='rss_texte'><p>Facilitation is the art of leadership in group communication. A facilitator is one who fulfills this leadership role. In online settings, these terms are often employed interchangeably with “moderating” and “moderator.” Facilitation in both online and face to face settings aims to promote a congenial social atmosphere and a lively exchange of views. The online facilitator resembles his or her face-to-face equivalent in important respects. Here is how facilitation is described in one classic account (Hiltz and Turoff: 1978, pp 23-24):</p> <p><i>"In order for a computerized conference to be successful the moderator has to work very hard at both the 'social host' and the 'meeting chairperson' roles. As social host she/he has to issue warm invitations to people; send encouraging private messages to people complimenting them or at least commenting on their entries, or suggesting what they may be uniquely qualified to contribute. As meeting chairperson, she/he must prepare an enticing-sounding initial agenda; frequently summarize or clarify what has been going on; try to express the emerging consensus or call for a formal vote; sense and announce when it is time to move on to a new topic. Without this kind of active moderator role, a conference is not apt to get off the ground. "</i></p> <h3 class="spip">Classifications of Facilitating Activities</h3> <p>One popular approach to classifying facilitation activities is to separate them into four categories: pedagogical, social, managerial, and technical. The pedagogical role concerns the teacher's contribution of specialized knowledge and insights to the discussion, using questions and probes to encourage student responses, and to focus discussion on critical concepts. In addition, by modeling such behavior, the teacher prepares the students to lead the pedagogical activities themselves.</p> <p>Successful online teaching requires a friendly social environment. The social role of the teacher includes promoting human relationships, affirming and recognizing students' inputs, providing opportunities for students to develop a sense of group cohesiveness, maintaining the group as a unit, and helping students to work together in a mutual cause.</p> <p>The managerial role concerns organizational, procedural, and administrative activities. This role involves providing objectives, setting timetables, setting procedural rules and decision-making norms. The technical role concerns responsibility for ensuring participants' comfort and ease in using the network system and the conferencing software. It requires the facilitator to be proficient with the technology.</p> <p>An issue of some importance in discussions of online pedagogy concerns what has been called “teaching presence.” Teaching presence is defined as the extent to which the participants, especially the teacher, are able to design educational experiences, provide direct instruction, and facilitate discourse. In this context, facilitation involves identifying areas of agreement and disagreement, seeking consensus, acknowledging student contributions and posing questions, prompting and summarizing discussions, establishing a netiquette, and diagnosing and dealing with misconceptions.</p> <p>Like most of the large literature on the subject, these approaches describe online facilitation in terms of corresponding face-to-face activities. However, the correspondences are not exact. The subtle differences between online and face-to-face facilitation is due to the differences in the means of communication in the two settings.</p> <p>A communication-theoretic approach to facilitation emphasizing the differences between online and face-to-face activities. This approach highlights the specific communicative activities belonging to the online facilitating role. These can be distinguished for analytic purposes from other activities of facilitators such as the social management of personal relationships in the group, technical support for participants with difficulties, and pedagogical practices such as asking questions and explaining concepts. Focusing on these communicative differences is helpful in gaining a fuller understanding of the online setting and the special demands it makes on facilitators. (For a full list of communicative functions, see the accompanying Table.)</p> <h3 class="spip">Establishing a Communication Model </h3> <p>In face-to-face settings the facilitator's most difficult challenge is insuring everyone a chance to speak through the skillful management of turn taking. Turn taking is not a problem in asynchronous online forums. Instead, the online facilitator is mainly engaged in compensating for the absence of the usual tacit cues that enable communication partners to understand and recognize each other when face-to-face. The online facilitator's first and most basic task is to construct the social reality of the electronic encounter by choosing a communication model for the group. As soon as we enter a room, we orient ourselves more or less consciously in function of tacit cues we notice in the context of the communication process we are about to join. These contextual cues establish a shared communication model from which flows roles, norms, and expectations.</p> <p>Since no tacit signs visible in the environment establish a communication model on-line, facilitators typically must make an explicit choice for the group they lead, reducing the strangeness of the medium by defining a familiar context with a system of roles and rules imitated from everyday life. The facilitator must outline the norms of online behavior early in the life of the group. These contextualizing functions are all-important in relieving some of the anxiety participants experience in a communication setting that is not defined in advance by tacit cues. Once a communication model has been established, the facilitator must play the specific leadership role it implies, such as chairperson, host, teacher, or entertainer. In part, this role will consist in monitoring conformity with the communication model and reassuring participants that their contributions to the discussion are appropriate, or where they are not, gently guiding them toward a better understanding of the model. To keep the conversation on track the facilitator must also occasionally offer explicit “meta-comments” which broach communication problems encountered by the group as a whole.</p> <h3 class="spip">Sustaining Motivations to Participate </h3> <p>Members of an online forum often have extrinsic motivations to participate such as job requirements or grades. But the social cohesion of an online forum depends not only upon the extrinsic motives participants bring from their off-line lives, but also on the intrinsic motives that emerge in the course of the interaction. In this respect too, online forums resemble the face-to-face meetings and classes they imitate. Without skillful facilitation, concern for grades is usually insufficient to sustain an interesting classroom discussion. Similarly, facilitation is necessary to maintain participation in online classes. Students bring some measure of curiosity and a desire to shine to the classroom. Facilitation works with these motivations. The teacher awakens the students' curiosity and the suspense keeps the students attentive till it is satisfied. Surprising facts or concepts excite interest and provoke comments. Recognition for contributing stimulates the desire to contribute again. Every teacher is aware of these dynamics and plays on them in facilitating classroom discussion. Students online respond to the same stimuli; only the environment is different.</p> <p>This difference is, however, considerable. Misunderstandings can be rapidly corrected in the classroom, leaving a far larger margin for ambiguity and error than in an online forum where confusion may take days to straighten out. Clarity of expression is thus required of everyone and of the facilitator above all. Sometimes this means writing far longer topic raisers and summary comments than would seem appropriate spoken in front of a class. Similarly, recognizing student contributions is a heavier burden online, where students do not see the tacit response of their comrades and so need more frequent reassurance from the teacher.</p> <p>Despite these problems, students enjoy well facilitated online discussions and learn a great deal from the practice of writing about the concepts of their field of study. There is something exciting about the daily rhythm of signing on and looking for the next batch of messages, which may include responses to one's own comments and new perspectives introduced by the teacher. Participation in an online discussion forum can acquire an “addictive” quality that keeps the students coming back for more day after day throughout the term.</p> <div style="border: 1px dotted gray; margin: 20px 0px 20px 15px; padding: 8px;position: relative;"><span style="position: absolute; top: -10px; left: 15px;background-color: white;display: block;padding-left: 5px;padding-right: 5px;">Facilitation: Communicative Functions</span> <div> <h3 class="spip">Contextualizing functions:</h3> <p>1. Opening Discussions. The moderator must provide an opening comment that states the theme of the discussion and establishes a communication model. The moderator may periodically contribute “topic raisers” or “prompts” that open further discussions within the framework of the forum's general theme.</p> <p>2. Setting the norms: suggesting rules of procedure for the discussion. Some norms are modeled by the form and style of the moderator's opening comments. Others are explicitly formulated in comments that set the stage for the discussion.</p> <p>3. Setting the agenda: managing the forum over time, selecting an order and flow of themes and topics of discussion. The moderator generally shares part or all of the agenda with participants at the outset.</p> <p>4.Referring. The conference may be contextualized by referring to materials available on the Internet, for example, by hyperlinking, or offline materials such as textbooks.</p> <h3 class="spip">Monitoring functions:</h3> <p>5. Recognition: referring explicitly to participants' comments to assure them that their contribution is valued and welcome, or to correct misapprehensions about the context of the discussion.</p> <p>6. Prompting: addressing requests for comments to individuals or the group. Prompting includes asking questions and may formalized as "assignments" or tasks. Prompting may be carried out through public requests in the forum or by private messages.</p> <p>7. Assessing. Participant accomplishment may be assessed by tests, review sessions, or other formal procedures.</p> <h3 class="spip">Meta functions: </h3> <p>8. Meta-commenting: remarks directed at such things as the context, norms or agenda of the forum; or at solving problems such as lack of clarity, irrelevance, and information overload. Meta-comments play an important role in maintaining the conditions of successful communication.</p> <p>9. Weaving: summarizing the state of the discussion and finding threads of unity in the comments of participants. It recognizes the authors of the comments it weaves together, and often implicitly prompts them to continue along lines that advance the conference agenda.</p> <p>10. Delegating. Certain moderating functions such as weaving can be assigned to individual participants to perform for a shorter or longer period.</p> </div> </div> <h3 class="spip">Facilitation and Teaching </h3> <p>The ten communicative functions outlined in the Table maintain the flow of the online conversation regardless of its purpose and content. They will be performed one way or another in any successful online group. Sometimes responsibility for maintaining the flow is widely distributed among members of the group, each of whom occasionally performs one or another function, sometimes it is concentrated primarily in a single facilitator. There are strong reasons to prefer the latter pattern in the online class.</p> <p>In online education, skillful facilitation is skillful teaching. There is no alternative pedagogy available. This is due to inherent limitations of the medium. Online lecturing, either in print or video, lacks the interactive qualities essential to good teaching. The problem is not with lecturing as such. In a small classroom the teacher can encourage interaction by remaining open to comments and questions, but this flexibility is lost when lectures are reproduced online. Online lectures thus differ little from ordinary reading assignments, which by themselves hardly constitute a classroom experience. Technically sophisticated solutions employing interactive video are still too complicated for most classroom instruction. In response to this limitation, most online educators employ discussion in asynchronous forums as the nearest practical equivalent to a familiar face-to-face classroom experience.</p> <p>As in a face-to-face class, online facilitation of discussion offers the teacher many opportunities to advance students' understanding. In this context, the communicative functions of facilitation are not purely social, distinct from the delivery of educational content. Many social and pedagogical activities are best carried out in the course of performing the communicative functions. For example, maintaining a friendly environment requires recognizing individual contributions promptly so that no one feels left out. Similarly, concepts are often explained in the context of opening discussions with topic raisers. Weaving comments are of particular importance in the online pedagogy practiced by many teachers. As a communicative function, weaving enables the group to take stock of agreements and disagreements and to mark its place on its agenda. This is accomplished by grasping in one text the pattern found in a number of previous comments. To write weaving comments, it is necessary to review the discussion archive carefully, refreshing the memory of earlier contributions, clarifying confused expressions, identifying the themes, making connections.</p> <p>In the context of an online course, these activities create pedagogical opportunities. The weaving comment can do more than just summarize the previous discussion in the language of that discussion. It can connect student contributions to the themes of the forum and apply higher level concepts from the teacher's discipline to the students' ideas and experiences. This is a particularly effective way of enhancing teaching presence in the online class.</p> <h3 class="spip">Conclusion</h3> <p>Online education is scarcely more than 20 years old. In that short period, there have been many discussions of facilitation in the literature (see suggested reading) but the same themes reappear over and over. For the most part this literature is not based on elaborate research but on practical experience. Nevertheless, there is a well grounded consensus on the essential aspects of online facilitation. The different emphases of different commentators help to build a full picture of the art. No doubt further research on facilitation will contribute new elements to our understanding of this important activity, but enough is already known to inform the practice of teachers new to the field.</p></div> <div class='rss_ps'><h3 class="spip">For Further Reading</h3> <p>Anderson, T., L. Rourke, Garrison, D. R, Archer, W. (2001). “Assessing teaching presence in a computer conferencing environment.” Journal of Asynchronous Learning Networks 5(2).</p> <p>Berge, Z. L. (1995). “Facilitating Computer Conferencing: Recommendations from the Field.” Educational Technology 15(1): 22-30.</p> <p>Feenberg, A. (1989). The Written World. Mindweave: Communication, Computers, and Distance Education. R. Mason and A. Kaye (Eds.). Oxford: Pergamon Press: 22-39.</p> <p>Hiltz, S. R. and M. Turoff (1978 & 1993). The Network Nation: Human Communication via Computer. Cambridge, MA: MIT Press.</p> <p>Paulsen, M. F. (1995). Moderating Educational Computer Conferences. Z. L. Berge & M. P. Collins (Eds.). Computer-mediated communication and the on-line classroom in Distance Education. Cresskill, NJ: Hampton Press.</p></div> Mouvements de femmes ou féministes et TIC : politiser la facilitation http://vecam.org/article1186.html http://vecam.org/article1186.html 2010-03-23T15:54:45Z text/html fr Joelle Palmieri Des frontières numériques à l'innovation sociale et politique, les embûches se multiplient. Les mouvements de femmes ou féministes n'échappent pas à ce jeu d'équilibre, d'autant qu'ils sont pour la plupart contaminés par le discours dominant sur la fracture numérique de genre. Cette rhétorique entend faciliter l'accès aux infrastructures et logiciels, au détriment du contrôle et de la production des contenus, fiefs très masculins. Si bien que la majorité des efforts de facilitation en matière d'appropriation (...) - <a href="http://vecam.org/rubrique124.html" rel="directory">Les figures de la facilitation de la coopération avec les TIC</a> <div class='rss_chapo'><p>Des frontières numériques à l'innovation sociale et politique, les embûches se multiplient. Les mouvements de femmes ou féministes n'échappent pas à ce jeu d'équilibre, d'autant qu'ils sont pour la plupart contaminés par le discours dominant sur la fracture numérique de genre. Cette rhétorique entend faciliter l'accès aux infrastructures et logiciels, au détriment du contrôle et de la production des contenus, fiefs très masculins. Si bien que la majorité des efforts de facilitation en matière d'appropriation des TIC par les femmes s'avère moins politique que technique. Les stratégies mises en œuvre passent davantage par l'outillage, sans le dépasser, laissant les femmes « de la base » face à leur invisibilité. Cette subordination, confortée par la division des rôles sociaux de sexe, n'en est que plus aggravée. Seule piste rompant avec cette relation dominant/dominé : laisser émerger des savoirs de femmes ou de jeunes, implicitement considérés comme non savants.</p></div> <div class='rss_texte'><p>Cette analyse prend ses racines dans une expérience d'observations et de pratiques dans le mouvement Genre et TIC. Elle se nourrit de la création et de la direction d'une Agence féministe d'informations, les Pénélopes, créée en France en 1996 [<a href='#nb4-1' class='spip_note' rel='footnote' title='Les Pénélopes – http://www.penelopes.org (aujourd'hui fermé)' id='nh4-1'>1</a>]. Cette agence a produit un magazine féministe mensuel en ligne en trois langues jusqu'en 2004, une émission de télévision hebdomadaire en direct d'une heure en 2000, puis des programmes audiovisuels pendant deux ans, et une émission de radio sur le croisement des regards entre féministes d'Europe de l'Est et Centrale et d‘Europe de l'Ouest. Chacun de ces espaces d'expression a systématiquement été ouvert au plus grand nombre, soit par la participation, soit par la production.</p> <p>Ensuite, cet investissement a permis de créer des sites Web et de former à leur maintenance des organisations de femmes engagées dans l'économie solidaire en France [<a href='#nb4-2' class='spip_note' rel='footnote' title='Femmes en réseau - http://www.femmes-actives.org/xfer.php3 (aujourd'hui (...)' id='nh4-2'>2</a>]. Il s'est poursuivi à l'échelle internationale, notamment par la création d'une Agence de presse féministe iranienne en 2006 [<a href='#nb4-3' class='spip_note' rel='footnote' title='Agence Shahrzad News - http://www.shahrzadnews.org/index.php' id='nh4-3'>3</a>], ou encore par la formation d'organisations de femmes sur l'utilisation stratégique des TIC pour la mise en lumière des inégalités de genre, en Europe centrale et orientale de 2000 à 2007 [<a href='#nb4-4' class='spip_note' rel='footnote' title='Women's Information Technology Transfer - http://www.witt-project.net/' id='nh4-4'>4</a>].</p> <p>Ces expériences se sont prolongées en Afrique, et en particulier au Sénégal et en Afrique du Sud, par l'étude des impacts politiques des usages Internet des organisations de femmes pour lutter contre les dominations, masculine, d'une part, Nord/Sud, d'autre part, ce qui permet de comparer les modalités de facilitation entre organisations de femmes et féministes via les TIC, selon divers contextes géopolitiques, et dans la perspective d'une analyse critique selon le genre de l'appropriation politique des TIC.</p> <h3 class="spip">Une Société de l'information dominée par le Nord et par les hommes</h3> <p>Dans les pays du Sud, et en particulier en Afrique, qui est largement considérée au Nord comme le continent le plus marginalisé en termes de Société de l'information [<a href='#nb4-5' class='spip_note' rel='footnote' title='L'évaluation du taux de pénétration africain par L'union internationale des (...)' id='nh4-5'>5</a>], les institutions internationales se concentrent sur la fracture numérique, et, pour certaines, sur la fracture numérique de genre, qui a plus ou moins été discutée au cours du Sommet mondial de la société de l'information en 2003 et 2005 [<a href='#nb4-6' class='spip_note' rel='footnote' title='Bamako 2002 : Placer le genre au centre du Sommet Mondial sur la Société de (...)' id='nh4-6'>6</a>]. La façon dont elle est abordée se focalise sur l'accès aux infrastructures [<a href='#nb4-7' class='spip_note' rel='footnote' title='Voir Kemly Camacho : http://vecam.org/article548.html' id='nh4-7'>7</a>]. Pourtant, les frontières nationales créent des frontières à l'expression, à la génération d'idées, à la production de contenus et à leur diffusion, de la même façon qu'elles entravent la libre circulation des êtres humains. Autant de facteurs qui rendent toute tentative de facilitation de l'appropriation politique des TIC difficile, sinon vaine ou inopérante.</p> <p>Quelques exemples. Les femmes et les filles ont moins accès à l'éducation [<a href='#nb4-8' class='spip_note' rel='footnote' title='Selon l'Unesco, « sur les 21 pays où le taux d'illettrisme des adultes est (...)' id='nh4-8'>8</a>] et sont donc moins à l'aise face à un ordinateur, voire n'en ont jamais utilisé. Les femmes ont davantage la charge de la garde des enfants et n'ont donc n'ont pas le temps d'aller au cybercentre [<a href='#nb4-9' class='spip_note' rel='footnote' title='Selon l'Institut international des statistiques sur l'Internet, Internet (...)' id='nh4-9'>9</a>]. Les femmes, plus touchées par la pauvreté que les hommes [<a href='#nb4-10' class='spip_note' rel='footnote' title='Selon la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique, « Les femmes (...)' id='nh4-10'>10</a>], n'ont même pas accès à l'électricité.</p> <p>Ces frontières de genre ne sont pas exclusivement centrées sur les questions d'accès et de capacités [<a href='#nb4-11' class='spip_note' rel='footnote' title='Pourtant, le CRDI estime que ces obstacles liés à l'accès et aux capacités est (...)' id='nh4-11'>11</a>] et concernent principalement le contrôle et le contenu, comme cela a été observé par ENDA Tiers-Monde dans son étude sur la fracture numérique de genre dans les pays d'Afrique de l'Ouest en 2005 [<a href='#nb4-12' class='spip_note' rel='footnote' title='Fracture numérique de genre en Afrique francophone : une inquiétante réalité (...)' id='nh4-12'>12</a>]. Au-delà, on constate que les entreprises de télécommunication sont privées, que leurs propriétaires majoritairement des hommes [<a href='#nb4-13' class='spip_note' rel='footnote' title='Il n'existe pas d'études sur les propriétaires des entreprises de (...)' id='nh4-13'>13</a>]. Ce secteur économique est le plus rentable après celui de l'armement [<a href='#nb4-14' class='spip_note' rel='footnote' title='SCHILLER (D.), Digital Capitalism : Networking the Global Market System, (...)' id='nh4-14'>14</a>]. Par ailleurs, l'Internet incarne de façon latente, c'est-à-dire non concertée par les opérateurs de télécommunication, un des principaux espaces où s'organise l'industrie de la pornographie [<a href='#nb4-15' class='spip_note' rel='footnote' title='POULIN (R.), Le marché mondial du sexe au temps de la vénalité triomphante - (...)' id='nh4-15'>15</a>], le commerce des corps de femmes à haute plus-value financière, et ce de manière incontrôlée, non légiférée, impunie et sous pouvoir masculin.</p> <p>Concrètement, ce sont principalement des hommes, et, en particulier, des hommes blancs, qui programment des logiciels, y compris dans le mouvement des logiciels libres [<a href='#nb4-16' class='spip_note' rel='footnote' title='PALMIERI (J.), Tics, genre : même combat !, Les Penelopes, Paris, 2004 - (...)' id='nh4-16'>16</a>]. Des hommes – majoritairement en position de pouvoir à l'échelle locale ou nationale –choisissent d'installer un cybercentre dans un quartier ou un village. La majorité des contenus (texte, audio, vidéo...) est « écrite » et diffusée par des hommes [<a href='#nb4-17' class='spip_note' rel='footnote' title='De nombreuses études ont mis en lumière notamment en matière d'inégalités de (...)' id='nh4-17'>17</a>]. Ils parlent plus facilement sur les forums, chats et blogs, alors que les femmes sont davantage présentes pour les conseils beauté et autres stratégies de séduction [<a href='#nb4-18' class='spip_note' rel='footnote' title='WEISER (E.), Gender Differences in Internet Use Patterns and Internet (...)' id='nh4-18'>18</a>]. Encore aujourd'hui, la facilitation des et par les TIC est une activité largement dominée par les hommes.</p> <h3 class="spip"> Des alternatives à valider</h3> <p>En Afrique du Sud, de nombreuses organisations de femmes en lutte contre les violences et la pandémie du sida facilitent, depuis la fin de l'apartheid, l'écriture et la publication de mémoires de Sud-Africaines. De nombreux livres ont été publiés, des sites Web, ou leurs rubriques, ouverts, qui révèlent des histoires personnelles de femmes. Quand ces femmes témoignent elles-mêmes et dans leur propre langue, ces mémoires publiées forment contre-pouvoir, dans la mesure où leur parole resterait inconnue, enfouie sous le tapis d'une société ségrégationniste, raciste et patriarcale. Des femmes rurales, en particulier, ont ainsi eu accès au temps et à l'espace pour réfléchir à leurs vies et pour partager leurs expériences avec d'autres. Cet exercice leur a permis de se recentrer sur des revendications comme le droit à la terre communale dans le but de la cultiver et sur de nouvelles priorités comme celles d'assurer les conditions de subsistance, lutter contre le sida, mettre en avant l'égalité de genre… Ailleurs, à Johannesburg, des femmes séropositives parlent de leur maladie, isolent les responsabilités, découvrent l'intime, voire le tabou, c'est-à-dire la sexualité. Elles couchent sur papier ou disent leur vie quotidienne. Chaque histoire personnelle est ensuite partagée en groupe et devient un bien et un savoir collectifs. Cette activité prend alors toute sa valeur politique, remettant en cause l'individuation – au sens existentialiste – des « cas » et leur non-prise en compte à l'échelle nationale.</p> <p>En Afrique de l'Ouest, aux Mali, Burkina Faso, Sénégal, des jeunes, regroupés en associations, se sont prononcés contre l'excision en utilisant les TIC comme lieux de débat et d'expression citoyens, via un blog, des listes de discussion, etc., rompant avec toute logique sanitaire, pourtant mise en œuvre depuis vingt ans et ayant fait la preuve de son inefficacité. Filles et garçons ont pu s'exprimer librement sur leur engagement. Cette approche concertée et facilitée par une équipe de chercheures, les a dépassés au point qu'ils ont dû se confronter aux questions relatives aux relations de genre, de génération, à la citoyenneté et à son exercice, aux droits, dont celui à la communication, aux violences, à la sexualité... En particulier, la faible présence de la parole des filles, bilatéralement et implicitement tolérée, a révélé une inconnue, qui, si les TIC n'avaient pas été utilisées comme tremplin, n'aurait jamais émergé. Si bien que les jeunes filles ont enfin pu mesurer le réel poids des pressions sociales et entrevoir les moyens de les transgresser, notamment en identifiant leur rôle dans les sphères privée et publique. Les jeunes garçons, de leur côté, ont réalisé que l'excision dépassait largement les questions de tradition ou de religion, asseyant une domination sociale des hommes sur les femmes, qui les concerne et les aliène, certes pas de la même manière ni au même niveau, mais autant que leurs contemporaines.</p> <p>Cette expérimentation a confirmé que « La production endogène des contenus, par les filles et par les garçons, séparément, collectivement, et en face à face, a ouvert sur l'apprentissage du débat, des processus, de la réflexion, de l'analyse critique et réflexive, de la transversalité – nécessitant le renouvellement, la ré-interrogation, la mise en perspectives, indispensables à l'évolution des approches de l'humain, des pensées et des constructions sociales » [<a href='#nb4-19' class='spip_note' rel='footnote' title='MOTTIN (M.-H.) et PALMIERI (J.), excision : les jeunes changent l'Afrique (...)' id='nh4-19'>19</a>]. Le défi des méthodologies développées a consisté à confier aux jeunes générations les rênes du débat sur des concepts savants qu'ils ont eux-mêmes élaboré. Aussi elles innovent, car comme l'ouvrage le conclut : « Il s'agit moins de voir "à quoi les TIC pourraient servir" que de voir "ce que les TIC apportent de nouveau, changent, et politisent” ».</p> <h3 class="spip">Dépasser l'outil et politiser la facilitation par les TIC</h3> <p>Le manque de contrôle et de contenu des femmes sur les TIC réduit efficacement les moyens de penser le monde et de le transformer, d'inverser les relations entre dominé et dominant. Aussi, toute entreprise de facilitation, à défaut de creuser les frontières, doit en tenir compte. Elle ne peut se contenter de créer l'outillage nécessaire à l'expression de revendications, mais doit systématiquement politiser l'ensemble des contextes où elle s'applique.</p></div> <hr /> <div class='rss_notes'><p>[<a href='#nh4-1' id='nb4-1' class='spip_note' title='Notes 4-1' rev='footnote'>1</a>] Les Pénélopes – <a href="http://www.penelopes.org/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://www.penelopes.org</a> (aujourd'hui fermé)</p> <p>[<a href='#nh4-2' id='nb4-2' class='spip_note' title='Notes 4-2' rev='footnote'>2</a>] Femmes en réseau - <a href="http://www.femmes-actives.org/xfer.php3" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://www.femmes-actives.org/xfer.php3</a> (aujourd'hui fermé)</p> <p>[<a href='#nh4-3' id='nb4-3' class='spip_note' title='Notes 4-3' rev='footnote'>3</a>] Agence Shahrzad News - <a href="http://www.shahrzadnews.org/index.php" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://www.shahrzadnews.org/index.php</a></p> <p>[<a href='#nh4-4' id='nb4-4' class='spip_note' title='Notes 4-4' rev='footnote'>4</a>] Women's Information Technology Transfer - <a href="http://www.witt-project.net/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://www.witt-project.net/</a></p> <p>[<a href='#nh4-5' id='nb4-5' class='spip_note' title='Notes 4-5' rev='footnote'>5</a>] L'évaluation du taux de pénétration africain par L'union internationale des télécommunications montre cependant que la connectivité physique à Internet augmente rapidement.</p> <p>[<a href='#nh4-6' id='nb4-6' class='spip_note' title='Notes 4-6' rev='footnote'>6</a>] Bamako 2002 : Placer le genre au centre du Sommet Mondial sur la Société de l'Information, Caucus sur le Genre, Conférence préparatoire régionale africaine du Sommet mondial sur la Société de l'information (2002) - <a href="http://smsi.francophonie.org/IMG/html/bko2002genre.html" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://smsi.francophonie.org/IMG/ht...</a></p> <p>[<a href='#nh4-7' id='nb4-7' class='spip_note' title='Notes 4-7' rev='footnote'>7</a>] Voir Kemly Camacho : <a href="http://vecam.org/article548.html" class='spip_url spip_out' rel='nofollow'>http://vecam.org/article548.html</a></p> <p>[<a href='#nh4-8' id='nb4-8' class='spip_note' title='Notes 4-8' rev='footnote'>8</a>] Selon l'Unesco, « sur les 21 pays où le taux d'illettrisme des adultes est estimé supérieur à 50%, 13 sont situés en Afrique subsaharienne. Les femmes comptent pour les deux-tiers ». (The long road to literacy in Africa, 2002). Par ailleurs, selon l'Onu, « 19 pays africains subsahariens présentent des taux d'alphabétisation des femmes inférieurs à 30% et on estime à moins de la moitié des filles âgées de 6 à 11 ans qui vont à l'école » (Africa Recovery, Vol.11#4 - March 1998, page 11).</p> <p>[<a href='#nh4-9' id='nb4-9' class='spip_note' title='Notes 4-9' rev='footnote'>9</a>] Selon l'Institut international des statistiques sur l'Internet, Internet World Stats, il n'existe pas de données régionales désagrégées par sexe sur le nombre d'utilisateurs africains de l'Internet, mais le taux d'accès africain global est estimé à 5,6% (Internet World Stats, 2008 - <a href="http://www.internetworldstats.com/stats.htm" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://www.internetworldstats.com/s...</a>). Concernant la pénétration de la téléphonie mobile, le journal Africa Telcom News l'évalue en 2004 à 30,4% et estime qu'elle augmente très rapidement (<a href="http://www.africantelecomsnews.com/Factbook_form.html" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://www.africantelecomsnews.com/...</a>). Selon la Commission des études de l'Afrique de 2004, le téléphone mobile semble être « un outil neutre au genre » (<a href="http://www.commissionforafrica.org/english/report/background/scott_et_al_background.pdf" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://www.commissionforafrica.org/...</a>).</p> <p>[<a href='#nh4-10' id='nb4-10' class='spip_note' title='Notes 4-10' rev='footnote'>10</a>] Selon la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique, « Les femmes africaines constituent la majorité des pauvres tant en milieu urbain que rural (atteignant plus de 70% dans certains pays) ». Seventh African Regional Conference on Women (Beijing + 10) - Decade Review of the Implementation of the Dakar and Beijing Platforms for Action : Outcome and the Way Forward, Addis Ababa, 12-14 October 2004 - <a href="http://www.uneca.org/acgs/OutcomeBeijing.pdf" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://www.uneca.org/acgs/OutcomeBe...</a></p> <p>[<a href='#nh4-11' id='nb4-11' class='spip_note' title='Notes 4-11' rev='footnote'>11</a>] Pourtant, le CRDI estime que ces obstacles liés à l'accès et aux capacités est une priorité : Rathgeber (E.) et Adera (E.), L'inégalité des sexes et la révolution de l'information en Afrique, CRDI, 2002</p> <p>[<a href='#nh4-12' id='nb4-12' class='spip_note' title='Notes 4-12' rev='footnote'>12</a>] Fracture numérique de genre en Afrique francophone : une inquiétante réalité - Réseau genre et TIC - Etudes et Recherches, n° 244 - Enda éditions, Dakar, 2005 - <a href="http://www.famafrique.org/regentic/indifract/fracturenumeriquedegenre.pdf" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://www.famafrique.org/regentic/...</a></p> <p>[<a href='#nh4-13' id='nb4-13' class='spip_note' title='Notes 4-13' rev='footnote'>13</a>] Il n'existe pas d'études sur les propriétaires des entreprises de télécommunications, mais si l'on regarde les noms des propriétaires de chaque opérateur intervenant en Afrique, comme ailleurs, on peut voir que le directeur est un homme.</p> <p>[<a href='#nh4-14' id='nb4-14' class='spip_note' title='Notes 4-14' rev='footnote'>14</a>] SCHILLER (D.), Digital Capitalism : Networking the Global Market System, The MIT Press, 1999</p> <p>[<a href='#nh4-15' id='nb4-15' class='spip_note' title='Notes 4-15' rev='footnote'>15</a>] POULIN (R.), Le marché mondial du sexe au temps de la vénalité triomphante - L'essor du système proxénète dû à la mondialisation, Sisyphe, 2004 - <a href="http://sisyphe.org/article.php3?id_article=908" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://sisyphe.org/article.php3?id_...</a></p> <p>[<a href='#nh4-16' id='nb4-16' class='spip_note' title='Notes 4-16' rev='footnote'>16</a>] PALMIERI (J.), Tics, genre : même combat !, Les Penelopes, Paris, 2004 - <a href="http://www.penelopes.org/xarticle.php3?id_article=5364" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://www.penelopes.org/xarticle.p...</a></p> <p>[<a href='#nh4-17' id='nb4-17' class='spip_note' title='Notes 4-17' rev='footnote'>17</a>] De nombreuses études ont mis en lumière notamment en matière d'inégalités de genre dans les médias, parmi lesquelles Gender and Media Baseline Study (GMBS) conduite en septembre 2002 par l'organisation sud-africaine GenderLinks - <a href="http://www.genderlinks.org.za/page.php?p_id=236" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://www.genderlinks.org.za/page....</a></p> <p>[<a href='#nh4-18' id='nb4-18' class='spip_note' title='Notes 4-18' rev='footnote'>18</a>] WEISER (E.), Gender Differences in Internet Use Patterns and Internet Application Preferences : A Two-Sample Comparison, CyberPsychology & Behavior, April 2000</p> <p>[<a href='#nh4-19' id='nb4-19' class='spip_note' title='Notes 4-19' rev='footnote'>19</a>] MOTTIN (M.-H.) et PALMIERI (J.), excision : les jeunes changent l'Afrique par les TIC, ENDA éditions (mars 2009)</p></div> Au-delà du conflit d'intérêt : penser autrement pour agir ensemble http://vecam.org/article1187.html http://vecam.org/article1187.html 2010-03-23T15:53:55Z text/html fr Jean-Michel Cornu Appropriation des outils vecam-F Revue-reseau-TIC L'expérience montre que l'élaboration de cartes pour penser ensemble et articuler des concepts, des points de vue et des opinions diverses permet de dépasser les conflits d'intérêt et d'être inventif ensemble. C'est une piste prometteuse pour faciliter la coopération, une manière de mettre en pratique l'intelligence collective. C'est à partir de cette analyse que nous avons pu construire une carte de ville pour représenter un débat public sur la biologie synthétique et une carte d'une île pour penser les (...) - <a href="http://vecam.org/rubrique124.html" rel="directory">Les figures de la facilitation de la coopération avec les TIC</a> / <a href="http://vecam.org/mot40.html" rel="tag">Appropriation des outils</a>, <a href="http://vecam.org/mot49.html" rel="tag">vecam-F</a>, <a href="http://vecam.org/mot68.html" rel="tag">Revue-reseau-TIC</a> <div class='rss_texte'><p>L'expérience montre que l'élaboration de cartes pour penser ensemble et articuler des concepts, des points de vue et des opinions diverses permet de dépasser les conflits d'intérêt et d'être inventif ensemble. C'est une piste prometteuse pour faciliter la coopération, une manière de mettre en pratique l'intelligence collective. C'est à partir de cette analyse que nous avons pu construire une carte de ville pour représenter un débat public sur la biologie synthétique et une carte d'une île pour penser les nouvelles technologies.</p> <h3 class="spip">Faire converger les intérêts…</h3> <p>Un des éléments clés qui influence les comportements de coopération [<a href='#nb5-1' class='spip_note' rel='footnote' title='GLANCE Nathalie, HUBERMAN Bernardo, La dynamique des dilemmes sociaux, pour (...)' id='nh5-1'>1</a>] au sein d'un groupe est la convergence ou non des intérêts [<a href='#nb5-2' class='spip_note' rel='footnote' title='Groupe Intelligence Collective de la Fondation Internet Nouvelle Génération, (...)' id='nh5-2'>2</a>]. Ainsi l'intérêt de deux membres peut être convergent ou au contraire divergent. Il en va de même de l'intérêt d'un membre du groupe avec celui du groupe pris dans son ensemble. Pour faciliter le travail d'un groupe, nous cherchons généralement à mettre en place un environnement qui favorise la convergence d'intérêts [<a href='#nb5-3' class='spip_note' rel='footnote' title='CORNU Jean-Michel, La coopération nouvelles approches, publication en ligne (...)' id='nh5-3'>3</a>].</p> <h3 class="spip">… mais pas trop…</h3> <p>Car si nous arrivions tellement bien à faire converger les intérêts que tous aillent dans le même sens, le groupe perdrait beaucoup de sa richesse et n'offrirait pas une inventivité et une diversité beaucoup plus importante qu'une seule personne. S'il faut faire en sorte qu'une majorité converge vers un même objectif, il est intéressant également d'avoir des « cavaliers seuls », des personnes qui défendent un intérêt ni convergent ni en opposition, mais simplement un intérêt différent.</p> <h3 class="spip">… et gérer les conflits d'intérêt</h3> <p>Généralement, lorsque chacun tire de son côté, c'est le plus fort qui gagne… Ceci est vrai depuis la nuit des temps avec une petite variante : il n'est pas nécessaire d'être le plus fort physiquement (ou même économiquement) mais le plus malin.</p> <p>Une autre issue dans le conflit d'intérêt, consiste à s'en remettre à un arbitre pour choisir lequel des deux intérêts en concurrence il faut privilégier. Cela peut être le rôle du facilitateur à condition qu'il soit légitime et qu'il n'ait pas lui même d'intérêt propre dans ce conflit, ce qui est rarement le cas.</p> <p>Pourtant, il existe une troisième issue au conflit d'intérêt qui ne fait pas pencher la balance vers le plus malin. En fait, elle ne fait pas pencher la balance en choisissant l'un ou l'autre des protagonistes, mais en les prenant en compte. Cette approche consiste à changer la question de départ pour trouver un sens nouveau à partir des deux éléments en opposition, C'est un véritable « saut qualitatif ». Appliqué au conflit d'intérêt, il permet alors de déboucher sur des solutions nouvelles que ne permettaient pas de trouver aucune des deux positions prises isolément.</p> <p>Ainsi, le facilitateur aurait pour rôle de trouver le juste équilibre : une pointe de conflit d'intérêt, associée à une dose d'intérêts divergents et une majorité de convergence d'intérêt, constituent les ingrédients d'une recette qui, si elle est correctement cuisinée ensuite, peut faire émerger des idées innovantes et collectives dans un groupe.</p> <p>Mieux encore, imaginons que plusieurs personnes dans le groupe aient une vision globale du groupe, de son équilibre entre convergence et divergence, ainsi que des intérêts en conflit. De telles personnes pourraient, sans pour autant remplacer le coordinateur du groupe, devenir des facilitateurs pour chacun des petits conflits et convergences dont est fait le groupe. Chacun dans le groupe pouvant proposer de nouvelles conditions pour la convergence ou alors de nouvelles questions pour en sortir un sens nouveau.</p> <h3 class="spip">Quel outil pour penser collectivement et sortir du conflit d'intérêt ?</h3> <p>Nous avons deux types de visions des choses qui correspondent à deux modes de pensée [<a href='#nb5-4' class='spip_note' rel='footnote' title='CORNU Jean-Michel, Nous avons non pas un mais deux modes de pensée, (...)' id='nh5-4'>4</a>] : l'un égocentré (je regarde de mon point de vue), l'autre allocentré (je regarde la situation dans son ensemble).</p> <p>Le premier mode de pensée (égocentré) s'appuie sur notre langage, il permet de partir d'un point de départ (par exemple une question) et d'arriver à un point d'arrivée (une conclusion) tout en suivant un chemin particulier. Notre langage utilise la parole, et nous ne pouvons tenir plusieurs discours en même temps. Nous sommes donc réduit dans nos promenades tout comme dans nos discours et notre pensée à suivre un fil depuis un point de départ jusqu'à un point d'arrivée.</p> <p>Notre deuxième mode de pensée (allocentré) consiste à cartographier les situations. Dans ce cas, nous pouvons prendre en compte les différents intérêts d'un conflit, les différents points de vue d'une vision collective. Il ne s'agit plus de construire un chemin à une dimension mais une « carte » globale des différents points de vue qui éventuellement permettra ou non d'en relier certains a posteriori. Tout comme avec une carte géographique, nous pouvons utiliser cette vue d'ensemble pour décider ensuite du meilleur chemin à prendre ou du meilleur choix à faire.</p> <p>A chacun de ces deux modes de pensée correspond un type de mémoire de travail [<a href='#nb5-5' class='spip_note' rel='footnote' title='CORNU Jean-Michel, Prospectic : nouvelles technologies, nouvelles pensées, (...)' id='nh5-5'>5</a>] différent. Mais ces deux types de mémoire sont limités.</p> <p>La mémoire de travail utilisée par le premier mode de pensée linéaire basé sur le langage est limité à 3 idées. Nous les humains rencontrons la même limitation physiologique que les animaux qui ont également leur propre langage. Nous sommes théoriquement incapables de construire une pensée enchaînant plus de trois idées. L'émergence du vocabulaire symbolique chez l'homme, stocké dans sa mémoire à long terme depuis sa plus jeune enfance, a permis de dépasser cette limitation.</p> <p>Malheureusement, notre deuxième mémoire de travail est également limitée à la possibilité de penser avec au maximum entre 5 et 9 idées [<a href='#nb5-6' class='spip_note' rel='footnote' title='MILLER Georges A. , The magical Number Seven, plus or minus two : Some (...)' id='nh5-6'>6</a>]. Ainsi, sauf à disposer d'un schéma ou d'un plan sous les yeux, nous sommes incapables de penser en reliant plus d'environ 7 idées, et bien moins si nous avons notre cerveau encombré par tous les soucis de notre vie… Si nous en restons là, comme nous le faisons le plus souvent, nous sommes capable d'une pensée rationnelle très élaborée, mais nous sommes incapables de sortir du conflit d'intérêt ou de penser collectivement !</p> <p>Il existe pourtant une solution, connue depuis les Grecs [<a href='#nb5-7' class='spip_note' rel='footnote' title='YATES Frances, The Art of Memory, Chicago University Press, 1966 – (...)' id='nh5-7'>7</a>]. Elle consiste à stocker dans notre mémoire à long terme le plan d'un lieu et d'y associer différents concepts sur lesquels nous voulons réfléchir. Cet « art de la mémoire » s'est développé au Moyen Age avec une utilisation par exemple des cathédrales, puis à la Renaissance. Mais il est ensuite tombé en désuétude avec l'émergence de la pensée scientifique. Cependant, bien plus qu'un art de la mémoire, nous avons perdu un « art de penser [<a href='#nb5-8' class='spip_note' rel='footnote' title='CARRUTHERS Mary, The Craft of Though, Meditation, Rethoric and the Making (...)' id='nh5-8'>8</a>] ».</p> <p>Aujourd'hui, les outils informatiques peuvent aider les groupes à penser autrement. Le schéma heuristique (mind mapping) est clairement un outil qui permet de cartographier des situations pour soi-même (par exemple pour le facilitateur qui veut comprendre les différentes positions à l'œuvre dans un groupe pour proposer des solutions) ou mieux, pour en débattre collectivement. Mais il ne permet pas de « conserver à l'esprit » les différents éléments lorsque nous ne l'avons plus sous les yeux. Nous avons ainsi testé une approche cartographique dans deux cas particuliers.</p> <h3 class="spip">Une carte de ville pour un débat public sur la biologie synthétique</h3> <p>Lors du débat public – toujours en cours au moment de la rédaction de cet article - organisé par l'association Vivagora [<a href='#nb5-9' class='spip_note' rel='footnote' title='http://www.vivagora.org' id='nh5-9'>9</a>] sur la biologie synthétique [<a href='#nb5-10' class='spip_note' rel='footnote' title='Ingénierie du vivant 2.0, la biologie synthétique en question : (...)' id='nh5-10'>10</a>], nous avons construit en direct sur grand écran une ville en représentant les différents aspects des échanges. Chaque intervention d'un participant est placée comme une maison dans la rue adéquate. Elle peut jouxter une autre « maison » introduite plusieurs séances auparavant. Plusieurs maisons, présentant des positions incompatibles peuvent cohabiter, sans que l'on soit d'en l'obligation de n'en garder qu'une seule, celle qui nous semblerait à un moment donné la plus pertinente. Il a ainsi été possible de rassembler les différents domaines abordés lors des cinq sessions dans les quartiers des Acteurs, des Applications, des Enjeux ou encore le quartier de l'École (les concepts de base).</p> <p>Contrairement à un simple schéma heuristique, l'association entre les idées exprimées et le plan de la ville s'intègre dans notre mémoire à long terme. Il est possible de continuer de penser et de créer de nouveaux liens entre différents aspects abordés, seul ou avec d'autres, même en dehors du débat pendant lequel s'est construit le schéma. La prise en compte des controverses ne se fait plus alors sur une position unique, mais il devient possible de prendre en compte une multiplicité de point de vue. Nous cherchons à voir si cette vision d'ensemble commune facilite le débat en évitant des positions réductrices trop en amont de la discussion.</p> <p>Cette expérience a permis de mesurer l'importance d'avoir des outils de cartographie à la fois d'idée et géographiques extrêmement simples, pouvant être utilisés en temps réel lors des débats.</p> <h3 class="spip">Une carte d'île pour penser les nouvelles technologies</h3> <p>Le livre « Prospectic : nouvelles technologies, nouvelles pensées [<a href='#nb5-11' class='spip_note' rel='footnote' title='CORNU Jean-Michel, ibid.' id='nh5-11'>11</a>] » rassemble un grand nombre d'information sur les technologies émergentes : nanosciences et nanotechnologies, biotechnologies, informatique et réseaux, neurosciences, sciences cognitives… L'objectif est de permettre aux décideurs, aux médias et aux relais d'opinion de comprendre les technologies émergentes pour devenir acteur du débat de société. Un des aspects clés de ces sciences et technologies est qu'elles se croisent pour ouvrir toujours plus d'opportunités.</p> <p>Une « île Prospectic [<a href='#nb5-12' class='spip_note' rel='footnote' title='http://biblioprospectic.fing.org/ en partenariat avec la Fondation Internet (...)' id='nh5-12'>12</a>] » a été réalisée dans la francogrid, un monde virtuel sous opensim, une version ouverte de second life. Les différentes technologies sont représentées sous forme de lieux : forêt, lac, rivière, champ ou plage. Les chemins entre eux permettent s'interroger sur leurs inter-relations.</p> <p>Au fur et à mesure que l'île se peuple de métaphores pour favoriser la mémorisation à long terme des ses différents lieux et de présentation des résultats des laboratoires, il devient possible d'organiser des visites guidées mais également des débats pour penser ensemble les nouvelles technologies innovantes.</p> <p>Cette expérience, également en cours, est réalisée avec plusieurs écoles de design, des artistes, le laboratoire de cartographie des controverses du médialab de Sciences Po, le laboratoire sur les Agents Cognitifs et Apprentissage Symbolique Automatique du Lip6 et la bibliothèque francophone du Metaverse qui rassemblent des passionnés et des spécialistes des mondes virtuels.</p> <p>Le premier résultat concret a été… sur nous-même ! En créant le plan de l'île qui a été ensuite terra-formée par Sébastien Simao, et en nous y promenant simplement quelques fois, nous avons découverts de très nombreuses nouvelles relations entre des parties du livre que nous avions pourtant écrit nous-même… Ainsi par exemple, il apparaît des parallèles extrêmement intéressants entre les questions posées par les applications des nanotechnologies et celles des biotechnologies. Après ce premier test « personnel », nous prévoyons diverses expérimentations sous forme de jeux, de débats ou de présentations pour tester l'utilité de la mémorisation du territoire de l'île pour penser collectivement les opportunités et les risques des nouvelles technologies.</p> <h3 class="spip">Quand le facilitateur « montre le groupe au groupe »</h3> <p>Que ce soit pour avoir une vision d'ensemble de la richesse des positions dans un groupe ou pour sortir du côté bipolaire du conflit d'intérêt, le facilitateur doit construire une « cartographie mentale ». Mais plus intéressant encore, il peut aider le groupe à construire une telle carte commune afin que les solutions émergent du groupe lui-même. Les progrès récents des sciences cognitives, alliés à l'ancien art de la mémoire retrouvé, nous donnent une clé pour développer de nouvelles approches qui permettent de penser ensemble et résoudre les conflits d'intérêts. Leur mise en œuvre commence tout juste. Elles permettront de dépasser nos limites.</p></div> <hr /> <div class='rss_notes'><p>[<a href='#nh5-1' id='nb5-1' class='spip_note' title='Notes 5-1' rev='footnote'>1</a>] GLANCE Nathalie, HUBERMAN Bernardo, La dynamique des dilemmes sociaux, pour la science, n°199, mai 1994</p> <p>[<a href='#nh5-2' id='nb5-2' class='spip_note' title='Notes 5-2' rev='footnote'>2</a>] Groupe Intelligence Collective de la Fondation Internet Nouvelle Génération, Comprendre par vous-même ce qui se passe dans un groupe, document en ligne, 2007 : <a href="http://ic.fing.org/news/comprendre-par-vous-meme-ce-qui-se-passe-dans-un-groupe" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://ic.fing.org/news/comprendre-...</a></p> <p>[<a href='#nh5-3' id='nb5-3' class='spip_note' title='Notes 5-3' rev='footnote'>3</a>] CORNU Jean-Michel, La coopération nouvelles approches, publication en ligne 1.2, 2004 : <a href="http://www.cornu.eu.org/texts/cooperation" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://www.cornu.eu.org/texts/coope...</a> (nouvelle édition à paraître, Framasoft, Paris, 2009)</p> <p>[<a href='#nh5-4' id='nb5-4' class='spip_note' title='Notes 5-4' rev='footnote'>4</a>] CORNU Jean-Michel, Nous avons non pas un mais deux modes de pensée, <a href="http://www.cornu.eu.org/news/nous-avons-non-pas-un-mais-deux-modes-de-pensee" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://www.cornu.eu.org/news/nous-a...</a></p> <p>[<a href='#nh5-5' id='nb5-5' class='spip_note' title='Notes 5-5' rev='footnote'>5</a>] CORNU Jean-Michel, Prospectic : nouvelles technologies, nouvelles pensées, FYP éditions 2008 – <a href="http://prospectic.fing.org/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://prospectic.fing.org/</a></p> <p>[<a href='#nh5-6' id='nb5-6' class='spip_note' title='Notes 5-6' rev='footnote'>6</a>] MILLER Georges A. , The magical Number Seven, plus or minus two : Some limits on our Capacity for processing Information, The physiological review, vol. III 1956 – <a href="http://www.musanim.com/miller1956/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://www.musanim.com/miller1956/</a></p> <p>[<a href='#nh5-7' id='nb5-7' class='spip_note' title='Notes 5-7' rev='footnote'>7</a>] YATES Frances, The Art of Memory, Chicago University Press, 1966 – traduction française : l'art de la mémoire, Gallimard NRF, 1975</p> <p>[<a href='#nh5-8' id='nb5-8' class='spip_note' title='Notes 5-8' rev='footnote'>8</a>] CARRUTHERS Mary, The Craft of Though, Meditation, Rethoric and the Making of Images, Cambridge University Press, 1998 – traduction française : Machina memorialis, méditation, rhétorique et fabrication des images au Moyen Age, Galllimard NRF, 2002</p> <p>[<a href='#nh5-9' id='nb5-9' class='spip_note' title='Notes 5-9' rev='footnote'>9</a>] <a href="http://www.vivagora.org/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://www.vivagora.org</a></p> <p>[<a href='#nh5-10' id='nb5-10' class='spip_note' title='Notes 5-10' rev='footnote'>10</a>] Ingénierie du vivant 2.0, la biologie synthétique en question : <a href="http://www.vivagora.org/spip.php?rubrique70" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://www.vivagora.org/spip.php?ru...</a> La carte actuelle est en ligne : <a href="http://www.vivagora.org/spip.php?article468" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://www.vivagora.org/spip.php?ar...</a></p> <p>[<a href='#nh5-11' id='nb5-11' class='spip_note' title='Notes 5-11' rev='footnote'>11</a>] CORNU Jean-Michel, ibid.</p> <p>[<a href='#nh5-12' id='nb5-12' class='spip_note' title='Notes 5-12' rev='footnote'>12</a>] <a href="http://biblioprospectic.fing.org/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://biblioprospectic.fing.org/</a> en partenariat avec la Fondation Internet Nouvelle Génération, la bibliothèque francophone du metaverse, le Lip6, l'école de design de Nantes, le Strate College Designers, l'Ecole Nationale Supérieure de Création Industrielle et un collectif d'artiste</p></div> Pratiques de typographe et création d'outils collaboratifs http://vecam.org/article1188.html http://vecam.org/article1188.html 2010-03-23T15:53:40Z text/html fr Frédéric Sultan Appropriation des outils vecam-F Revue-reseau-TIC Nicolas Taffin En plus d'être typographe, graphiste, designer d'information et éditeur, Nicolas Taffin anime l'association des Rencontres internationales de Lurs dont il est le président. Cette association, fondée par Maximilien Vox et Jean Garcia, tous deux typographes, avec Robert Ranc, directeur de l'École Estienne, organise chaque été depuis 1952 l'un des principaux rendez-vous de la typographie française et internationale. Le renouvellement des générations au sein de cette association s'est (...) - <a href="http://vecam.org/rubrique124.html" rel="directory">Les figures de la facilitation de la coopération avec les TIC</a> / <a href="http://vecam.org/mot40.html" rel="tag">Appropriation des outils</a>, <a href="http://vecam.org/mot49.html" rel="tag">vecam-F</a>, <a href="http://vecam.org/mot68.html" rel="tag">Revue-reseau-TIC</a> <div class='rss_texte'><div style="border: 1px dotted gray; margin: 20px 0px 20px 15px; padding: 8px;position: relative;"><span style="position: absolute; top: -10px; left: 15px;background-color: white;display: block;padding-left: 5px;padding-right: 5px;"><strong>Nicolas Taffin</strong></span> <p>En plus d'être typographe, graphiste, designer d'information et éditeur, Nicolas Taffin anime l'association des Rencontres internationales de Lurs [<a href='#nb6-1' class='spip_note' rel='footnote' title='http://www.rencontresdelure.org/' id='nh6-1'>1</a>] dont il est le président. Cette association, fondée par Maximilien Vox et Jean Garcia, tous deux typographes, avec Robert Ranc, directeur de l'École Estienne, organise chaque été depuis 1952 l'un des principaux rendez-vous de la typographie française et internationale.</p> <p>Le renouvellement des générations au sein de cette association s'est accompagné d'un changement profond des modes d'organisation du travail militant. Des outils collaboratifs ont été élaborés pour que le temps disponible de chacun pour l'organisation de cette rencontre annuelle soit optimisé.</p> <p>Dans cette interview, à travers le récit de l'élaboration de ces outils de communication, Nicolas Taffin décrit la place que tient le graphiste, typographe, dans le développement des dispositifs de communication (et de plus en plus souvent de coopération) basés sur Internet.</p> </div> <h3 class="spip">FS : Nicolas Taffin, quelles sont les caractéristiques de ton activité de typographe, graphiste et designer d'information ? </h3> <p><strong>NT :</strong> Nous sommes quelques graphistes et typographes à travailler ensemble selon les besoins. Nous essayons de créer un lien entre ceux qui produisent l'information et le public. Nous produisons des imprimés, des rapports, des affiches, toutes sortes de documents imprimés et électroniques. D'un côté, une personne a besoin de communiquer quelque chose, et de l'autre, il y a des publics. Ils n'ont en général pas les mêmes attentes. Les producteurs d'information ont tendance à se considérer au centre du processus de communication alors que cela n'est pas nécessairement le cas, et les publics, eux ne disposent que de peu de temps ou d'attention.</p> <p>Finalement, notre activité consiste à sélectionner des informations, du sens, à les présenter de telle manière à ce que, d'abord, elles attirent la curiosité, qu'elles soient attractives, et puis qu'elles soient fonctionnelles, c'est-à-dire, qu'elles permettent aux gens de se poser une question et de trouver rapidement ce qu'ils cherchent. Notre approche s'inscrit dans un questionnement philosophique et linguistique sur le signe. Nous travaillons sur le rapport entre signifié et signifiant et sur l'articulation entre des contenus, un support et des publics. Nous considérons que l'information n'est pas une chose définitive rangée sur une étagère. Il faut chercher à ce qu'il y ait une rencontre entre la forme, le contenu et l'utilisateur de l'information. Nous faisons cela avec toutes sortes de supports, y compris avec le web, qui de ce point de vue n'est pas un média particulier. Le livre est aussi une interface. Par exemple, lorsque nous avons travaillé sur Enjeux de mots [<a href='#nb6-2' class='spip_note' rel='footnote' title='Livre collectif d'une trentaine d'auteurs issus de la société civile et venus (...)' id='nh6-2'>2</a>], nous avons pensé à faire une véritable interface de lecture, à rendre le livre "navigable". La plateforme informatique ne révolutionne pas la démarche typographique qui existe depuis le codex. Le résultat, imprimé ou écran, cristallise une démarche de communication, une réflexion sur le sens, la hiérarchie du message, les temps de lecture,... .</p> <p>Finalement, lorsqu'on fait un logo censé représenter une organisation, l'amener dans le monde des signes, en quelque sorte dans l'alphabet, il nous faut réfléchir à l'essence de l'écriture, à la multiplicité dans le signe et ses lectures, et faire sans arrêt une gymnastique vers les gens, afin qu'ils puissent se l'approprier totalement.</p> <h3 class="spip">FS : Comment cette vision du typographe sur la communication se traduit-elle dans la conception des outils de travail collaboratif ?</h3> <p><strong>NT :</strong>Pour le typographe, une publication collaborative est d'abord un lieu d'échange, de critique, de traduction, de débats, de discussion, c'est-à-dire le support d'une relation, comme cela est le cas depuis le début de l'imprimerie. Par exemple, pour l'association des Rencontres internationales de Lure [<a href='#nb6-3' class='spip_note' rel='footnote' title='Depuis plus d'un demi-siècle, Les Rencontres internationales de Lure sont à (...)' id='nh6-3'>3</a>] - dont je m'occupe depuis dix ans - , nous avons conçu des outils qui reproduisent un processus que nous connaissions bien, puisqu'on nous le vivions. L'association organise chaque année une rencontre internationale d'une semaine à Lurs. Avant, l'activité était gérée par deux personnes seules qui sacrifiaient tout leur temps et dont il nous fallait absolument alléger la tâche. On rencontrait par exemple des difficultés pour gérer les versions des documents sur lesquels nous devions travailler avec elles. Nous avons alors cherché un moyen de mieux partager tâches et documents. Dans le même temps, l'histoire a fait qu'on est passé de 2 à 10, et que chacun peut donner 10 à 15 minutes par jour. Très rapidement, nous sommes arrivés à l'idée qu'il nous fallait un outil qui aide une personne à moins travailler, et dix personnes à travailler plus efficacement ensemble. La base de données des Rencontres de Lure est le résultat de cette réflexion.</p> <p>Cette base de données se présente sous la forme d'un tableau de bord de la recherche des intervenants, où chacun voit ce que les autres ont fait. Nous partageons les données ou les documents de manière à ce que chacun puisse apporter son petit fragment et sans remettre en question l'ensemble. Cela met en évidence la dimension collective du projet et permet à chacun de sortir d'une solitude face à sa tâche individuelle. Ensuite, l'interface permet de rendre visible le programme de la semaine des Rencontres de Lure.</p> <p>L'élément déclencheur de la création de cet outil, c'est le besoin de se retrouver ensemble et de ne plus travailler dans l'isolement. Le partage d'un document commun fonctionne comme un point de rendez-vous, virtuel et asynchrone. Le travail sur un document personnel entraîne des conflits entre les versions de ce document et renforce un sentiment de solitude face à la tâche à accomplir. Le travail sur un document qui devient un terrain commun sur lequel chacun peut venir à tout moment, au contraire, renforce le collectif.</p> <p>Avec « Basile, » une plateforme en ligne pour gérer les adhésions et les courriers de l'association, nous avons poussé un peu plus loin cette logique de lieu commun. Chacun peut avoir son domaine d'intervention sans dépendre des autres. Celui-ci va renseigner les recettes, celui-là va s'occuper des dépenses, cet autre se charge de la communication, ... etc. On a donc un lieu commun où chacun peut accomplir sa tâche de manière autonome. C'est un usage particulier des outils collaboratif. Il est centré sur la finalité. Lorsqu'on cristallise des savoir-faire aussi humains dans l'outil, les résultats en terme de collaboration sont surprenants. La capacité de l'association à réaliser une semaine de rencontres est confortée.</p> <h3 class="spip">FS : Quelles leçons tirez-vous de cette expérience ? </h3> <p><strong>NT :</strong> Nous avons appris de ce que nous faisions. Par exemple, pour créer la base de données de l'organisation de la semaine d'été à Lurs, nous avons regardé ce que nous faisions et comment on le faisait. Nous avons essayé de faire un outil qui répond à ce besoin précis, et qui nous aide à le faire ensemble. Nous avons modifié nos méthodes de travail et remplacé de mauvais outils par d'autres meilleurs. Lorsqu'on travaillait avec Excel ou Word [<a href='#nb6-4' class='spip_note' rel='footnote' title='Suite bureautique Microsoft' id='nh6-4'>4</a>], ces outils nous imposaient une manière de travailler qui ne nous convenait pas, car travailler à plusieurs, sur le même document avec un outil conçu pour travailler seul est absurde.</p> <p>La démarche typographique est d'abord au contraire un exercice d'empathie. Nous essayons de nous « mettre à la place de », de comprendre quel est le problème pour concevoir un outil de communication qui répond aux besoins. Nous n'hésiterons pas à reformuler, à travailler la demande de départ de nos clients. Il nous arrive souvent de résister à sa demande parce que nous pensons qu'il serait plus intéressant de faire autrement. Ce n'est donc pas seulement sur de l'empathie, mais sur une véritable dialectique que repose notre relation. Selon la confiance que l'on va avoir en nous-mêmes, et notre pouvoir de conviction, nous apporterons des réponses qui peuvent être divergentes de la demande initiale. Cette démarche ne se veut ni intrusive, ni manipulatrice, même si on ne peut empêcher qu'il y ait des despotes dans le milieu de la typographie, comme dans n'importe quelle autre activité. Lorsqu'on crée des structures pour faire circuler des personnes, certains peuvent être tentés d'imposer des cheminements.</p> <p>La base de données des rencontres de Lure est donc un outil dédié à ce projet. Il serait difficile de le transposer dans un autre collectif parce qu'il n'y a pas ici de transposition d'un savoir-faire, mais la création d'un outil qui permet aux membres de l'association de faire mieux ensemble ce qu'il ont à faire, dans un contexte qui aurait pu rendre cela impossible. A la différence des outils de Knowledge Management, nous ne cherchons pas à rendre le savoir-faire indépendant des ressources humaines, de le dissocier des gens qui le portent.</p> <p>Nous nous attachons surtout à résoudre des contraintes d'ergonomie pour rendre ces outils utilisables par tous. Avec Basile par exemple, nous gérons tous les envois de courriers de l'association. Toutes les étapes intermédiaires, vécues jusque là par les membres de l'association lors de l'envoi des programmes ou des invitations, ont fait l'objet de procédures intégrées dans le système. Ces procédures ont été élaborées avec les utilisateurs. Face à Basile, il ne leur reste plus qu'à dire ce qu'ils veulent faire pour obtenir un résultat sans que l'outil ne leur demande rien. C'est fondamental. Un bon outil doit aider à faire ce qu'on à faire et non pas nous imposer d'abord de faire d'autres choses. Il doit en quelque sorte se faire oublier. C'est une des règles de la réussite d'une interface, il faut que ce soit rapide, intuitif, désirable.</p> <h3 class="spip">FS : Quel rôle jouez-vous dans l'élaboration de ces outils ? </h3> <p><strong>NT :</strong> Nous venons de l'univers de la publication. Les outils numériques existent depuis longtemps. Jusqu'à il y a peu de temps, leur conception était réservée à ceux qui avaient une formation informatique. Ils nécessitaient des développements techniques lourds et les personnes appelées à s'en servir ne pouvaient pas être celles qui les concevaient. Les outils se démocratisent et il y a une sorte de mutation et de métissage entre les outils et les publications. Aujourd'hui la publication et les outils fusionnent. Les publications tendent à devenir des « outils de communication ». Elles ont une finalité, des usages, une chronologie, une méthode. Et le web les fait devenir « interactives ». Elles étaient supports d'information, elles deviennent outils de production. Les utilisateurs ne sont-ils pas de plus en plus souvent amenés à renseigner des systèmes afin de leur permettre de produire l'information qui les concernent ?</p> <p>Cela entraîne parfois des confusions. Comme lorsque le site web que l'organisation souhaite, de simple publication, devient une machine à tout faire : gérer les adhérents, le courrier, inscrire les participants aux activités. Nous ne sommes pas en mesure de répondre à une telle demande et les gens ont besoin de temps pour s'apercevoir de sa dimension paradoxale.</p> <p>L'informaticien n'est paradoxalement pas forcément celui qui sera le mieux placé pour être le concepteur de l'outil collaboratif. Ses outils et ses langages peuvent être un handicap. Il va parfois être tenté d'aller au plus court, de proposer d'utiliser des outils génériques comme des plateformes, des systèmes de communication, les CMS [<a href='#nb6-5' class='spip_note' rel='footnote' title='Content Managment System' id='nh6-5'>5</a>] que nous connaissons tous. Pourquoi devrait-on en effet, réaliser un travail aussi complexe que la conception d'un outil de communication seulement pour les besoins d'un collectif particulier ? L'impact sur la finalité du projet en vaut pourtant la peine car, qu'il soit plateforme informatique ou truelle de maçon, l'outil est un objet qui dialogue avec la matière. La truelle ne vaut rien sans le mur du maçon, valeur qui dépend de notre appréciation pratique, esthétique et affective.</p> <p>Dans le domaine de la communication, on tend à chercher des outils uniques et polyvalents, alors qu'en général, l'ouvrier n'a pas un outil mais une boîte à outils. Ceux-ci sont faits à sa main. Le manche s'est usé de manière à être confortable. Certains artisans sont incroyablement attachés aux outils qui se sont faits à leur main.</p> <p>Au final, il y a une dialectique de l'outil. En le manipulant, on le touche, on le caresse. Si c'est rêche, si ça heurte, on ne désire pas s'en servir. Si c'est doux, plaisant, agréable, on le désire davantage. Il doit répondre à la caresse, et là on entre dans le domaine de l'érotisme. Alors un bon fabricant d'outil va essayer de minimiser l'impact de l'outil sur l'ouvrier, et d'amplifier cette humanité contenue dans le geste productif. Cela nous rappelle que l'usage de l'outil de communication reste quelque chose de sans doute plus personnel que collectif.</p></div> <hr /> <div class='rss_notes'><p>[<a href='#nh6-1' id='nb6-1' class='spip_note' title='Notes 6-1' rev='footnote'>1</a>] <a href="http://www.rencontresdelure.org/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://www.rencontresdelure.org/</a></p> <p>[<a href='#nh6-2' id='nb6-2' class='spip_note' title='Notes 6-2' rev='footnote'>2</a>] Livre collectif d'une trentaine d'auteurs issus de la société civile et venus de quatre continents, qui propose un décryptage des grandes notions de la « société de l'information ». <a href="http://vecam.org/article.php3?id_article=603&nemo=edm" class='spip_url spip_out' rel='nofollow'>http://vecam.org/article.php3?id_ar...</a></p> <p>[<a href='#nh6-3' id='nb6-3' class='spip_note' title='Notes 6-3' rev='footnote'>3</a>] Depuis plus d'un demi-siècle, Les Rencontres internationales de Lure sont à la fois observatoire, carrefour et forum de passionnés de la communication visuelle (typographie, graphisme…). <a href="http://www.rencontresdelure.org/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://www.rencontresdelure.org/</a></p> <p>[<a href='#nh6-4' id='nb6-4' class='spip_note' title='Notes 6-4' rev='footnote'>4</a>] Suite bureautique Microsoft</p> <p>[<a href='#nh6-5' id='nb6-5' class='spip_note' title='Notes 6-5' rev='footnote'>5</a>] Content Managment System</p></div> Cigale et Fourmi, les éditeurs militants au pays des TIC http://vecam.org/article1189.html http://vecam.org/article1189.html 2010-03-23T15:53:31Z text/html fr Frédéric Sultan Appropriation des outils vecam-F Revue-reseau-TIC Certaines organisations ont pour objectif de jouer un rôle dans l'appropriation des TIC et d'internet. Elles s'adressent aux utilisateurs individuels et aux collectifs. Elles déploient des activités de formation ou offrent un support technique et développent une véritable culture scientifique et technique. C&F est une maison d'éditions multimédia inscrite dans ce mouvement dont les activités montrent certaines facettes de la facilitation de la coopération numérique. Internet, sujet et support (...) - <a href="http://vecam.org/rubrique124.html" rel="directory">Les figures de la facilitation de la coopération avec les TIC</a> / <a href="http://vecam.org/mot40.html" rel="tag">Appropriation des outils</a>, <a href="http://vecam.org/mot49.html" rel="tag">vecam-F</a>, <a href="http://vecam.org/mot68.html" rel="tag">Revue-reseau-TIC</a> <div class='rss_texte'><p>Certaines organisations ont pour objectif de jouer un rôle dans l'appropriation des TIC et d'internet. Elles s'adressent aux utilisateurs individuels et aux collectifs. Elles déploient des activités de formation ou offrent un support technique et développent une véritable culture scientifique et technique. C&F est une maison d'éditions multimédia inscrite dans ce mouvement dont les activités montrent certaines facettes de la facilitation de la coopération numérique.</p> <h3 class="spip">Internet, sujet et support d'une édition engagée </h3> <p>Hervé Le Crosnier est un militant du mouvement pour le savoir libre. Ancien bibliothécaire, professeur d'informatique à l'université de Caen, il a créé et animé avec quelques autres, la liste de discussion Biblio.fr [<a href='#nb7-1' class='spip_note' rel='footnote' title='https://listes.cru.fr/sympa/info/bi...' id='nh7-1'>1</a>], qui réunissait plus de 15000 bibliothécaires. En 2002, il fonde C&F Éditions [<a href='#nb7-2' class='spip_note' rel='footnote' title='Cet F signifie « Cigale et Fourmi », le site Internet : http://minilien.fr/a0lgpk' id='nh7-2'>2</a>] avec Nicolas Taffin [<a href='#nb7-3' class='spip_note' rel='footnote' title='Voir l'article : Interview de Nicolas Taffin Pratiques de typographe et (...)' id='nh7-3'>3</a>]. Cette maison d'édition s'intéresse tout particulièrement aux sciences et aux techniques de l'information. Son catalogue, certes encore modeste recèle des perles dans ce domaine dont voici quelques exemples.</p> <p>« Le document à la lumière du numérique [<a href='#nb7-4' class='spip_note' rel='footnote' title='http://cfeditions.com/pedauque/' id='nh7-4'>4</a>] », un ouvrage qui dans sa forme même donne à voir la dimension collective de la production intellectuelle. Rédigé à partir d'un travail de séminaire et de correspondances de 3 années et 1/2 par un réseau de 175 chercheurs, il est signé du nom collectif Roger T.Pédauque, homonyne du réseau « RTP-doc », c'est à dire Réseau Thématique Pluridisciplinaire sur le Document.</p> <p>« Enjeux de mots [<a href='#nb7-5' class='spip_note' rel='footnote' title='http://cfeditions.com/edm/' id='nh7-5'>5</a>] » une encyclopédie sur la société de l'information rédigée en 4 langues, qui sera publiée à l'occasion de la deuxième phase du Sommet Mondial sur la Société de l'Information (SMSI) en novembre 2005. Pour réaliser cet ouvrage, C&F et l'association VECAM qui coordonne le projet, ont proposé aux auteurs de confronter leurs idées en utilisant des dispositifs leur permettant d'interagir entre eux (listes de discussion, publication des différentes versions des articles sur un site Internet dédié à ce projet).</p> <p>« Pouvoir Savoir [<a href='#nb7-6' class='spip_note' rel='footnote' title='http://cfeditions.com/pouvoirSavoir/' id='nh7-6'>6</a>] », autre projet avec VECAM, porte sur « la propriété intellectuelle et le développement ». Cet ouvrage a été réalisée à l'occasion d'une journée de rencontre (le 1er avril 2005) sur les enjeux des biens communs dans l'industrie, la culture, et la recherche. Il ne s'agit pas des actes de la rencontre, mais d'une publication qui rassemble des textes sur ce sujet, dont ceux communiqués par les panelistes du colloque. Le livre était diffusé le jour même de la rencontre. Au cours des mois qui précèdent la rencontre, C&F avait sélectionné des articles sur ce sujet, intéressants à réunir, et demandé aux auteurs l'autorisation de les publier. Cette démarche « de percolation » des textes consiste à repérer, notamment sur le web, des articles qui méritent d'être organisés en livres, pour trouver un nouveau lectorat.</p> <p>Ces trois exemples témoignent de l'engagement de C&F. Quelle en est la nature ? Du point de vue d'Hervé Le Crosnier, le rôle de l'éditeur engagé consiste à grossir les rangs des personnes qui s'intéressent à un sujet pour amplifier le débat public. Cela contribue à nourrir le terreau de la transformation sociale et politique. Il s'inspire en cela du modèle de François Maspero dont le travail d'éditeur dans les années soixante à contribué aux idées de Mai 68. L'éditeur s'attache à révéler, (re)mettre au gout du jour, traduire, … et publier des textes dont le succès de librairie est souvent modeste, au moins dans un premier temps.</p> <h3 class="spip">Edition et débat, même combat</h3> <p>Cette démarche permet aussi de faire se rencontrer chercheurs et praticiens, militants intellectuels et activistes qui vont produire collectivement des idées, une réflexion commune. Ces idées ne s'adressent pas d'emblée à un grand public. Elles ont besoin de se constituer une base de personnes qui partagent des fondamentaux, se réfèrent les unes aux autres, se font confiance, ou au contraire, connaissent les points qui les opposent et peuvent ainsi mieux les surmonter. L'édition est ainsi un maillon du débat public. La coordination des auteurs, dans un ouvrage, une collection ou un catalogue est une partie du métier de l'éditeur. D'une certaine manière, C&F contribue à l'émergence et à la vie de communautés de personnes autour des sujets publiés.</p> <p>Parfois, des tentatives de pousser plus loin les processus de coopération se traduisent par l'invitation des auteurs d'un ouvrage à se lire et commenter mutuellement au cours de l'élaboration d'un ouvrage collectif. C&F appuie son offre sur des outils tels que SPIP ou WIKI et des listes de discussion. Mais il est rare que cette opportunité soit saisie par les auteurs pour nourrir un échange. Peut-être l'interaction sur des textes personnels ne correspond-elle pas à la culture des auteurs de C&F, presque systématiquement chercheurs, parce que ceux-ci ont d'autres espaces institués pour leurs échanges. Peut-être faut-il considérer que ce type d'offre nécessiterait une ingénierie culturelle qui dépasse les capacités de la structure. Dans ces conditions, le métier d'éditeur se concentre sur l'affinage de son texte avec l'auteur. Le livre collectif est l'objet de l'éditeur ou bien du signataire coordinateur.</p> <p>La contribution la plus importante au débat se situe ailleurs, dans l'interaction entre le texte et le corps social, du moins les membres qui sont concernés par ce débat. Elle se déroule aussi bien avant qu'après la publication. L'implication de C&F dans ses collaborations avec des associations ou des réseaux de scientifiques, par exemple, illustre bien ce phénomène. La publication est complémentaire d'autres formes de médiation culturelle telles que les rencontres organisées par VECAM pour les ouvrages déjà cités, ou le réseau de chercheurs RTP-DOC. Le livre permet d'inscrire l'évènement dans la mémoire collective. L'écrit laisse la trace du mouvement des idées. Les dynamiques collectives sortent renforcées de cette alliance. Ainsi, le livre « Pouvoir Savoir » nous donne à voir l'état du débat sur les biens communs en 2005. Celui de Roger T. Pédauque restera comme une étape dans l'histoire des politiques de recherche sur le document numérique.</p> <h3 class="spip">À la recherche des modèles économiques de l'ère numérique</h3> <p>À travers sa pratique, C&F interroge et expérimente dans le domaine de économique. N'oublions pas que C&F signifie « Cigale et Fourmi » ! L'édition est une industrie culturelle qui doit être rentable pour vivre. Si l'accès à la connaissance doit être ouvert pour permettre la création, l'innovation, il est nécessaire aux acteurs de ces industries de trouver des rétributions qui leur permettent de continuer à œuvrer.</p> <p>Cette question est au coeur des préoccupations de C&F comme de tous ceux qui s'intéressent à la société de la connaissance et au libre accès au savoir. Hervé Le Crosnier, à travers C&F, comme dans son travail de chercheur à l'université de Caen, s'intéresse à « l'articulation entre pouvoirs et résistances de ceux qui détiennent l'information, la connaissance, sont capables de la verrouiller, et de ceux, nouveaux prolétaires de l'ère de l'information, qui sont capables de mettre des grains de sables dans le système. » C&F est aussi un espace pour explorer, et parfois expérimenter avec les mouvements sociaux, comment la revendication culturelle fait face à la réorganisation du capital.</p> <p>Le premier acte de C&F lors de sa création fut de mettre en place son propre serveur. À l'époque, le premier « rack [<a href='#nb7-7' class='spip_note' rel='footnote' title='Un rack (de l'anglais rack, râtelier) est un bâti très souvent métallique à (...)' id='nh7-7'>7</a>] » est un vieux Pentium installé sous Linux. Gérer son propre serveur est un acte fondateur. C&F est une maison d'édition multimédia. C'est le besoin d'indépendance et de maîtrise de l'architecture technique qui motive l'installation de ce premier rack, même si l'indépendance est toujours relative, il y a toujours quelqu'un qui fournit la bande passante. Si jusque là, nous ne l'avons présentée qu'à travers sa production de livres, c'est parce que celui-ci est emblématique d'une vision et d'une pratique du document.</p> <p>Mais C&F est aussi une maison d'édition multimédia. Elle se frotte en pratique aux enjeux des technologies de l'information et de la communication (TIC) et notamment à la recherche de modèles économiques modernes. Site internet, dvd, papier, les supports divers et parfois multiples s'adaptent aux besoins. A la suite du Forum Sciences et Démocratie, La vidéo La leçon du Tapajos cotoie un livre sur les biens communs de la connaissance et un site internet avec les vidéos et textes des intervenants à Bélem. C&F héberge sur son serveur des sites militants, tels que « Forum Mondial Sciences et Démocratie » et « Manifeste pour la récupération des biens communs » et naturellement celui de l'association VECAM. Cela s'apparente à un rôle de FAI. Le Framework [<a href='#nb7-8' class='spip_note' rel='footnote' title='En informatique, un framework, ou armature, est un ensemble de (...)' id='nh7-8'>8</a>] Sydonie (pour SYstème de gestion de DOcuments Numériques pour l'Internet et l'Édition), chantier de long court en collaboration avec l'université de Caen, prolonge l'exploration du document numérique de Pédauque.</p> <p>Aujourd'hui, C&F cherche à concevoir un modèle de distribution de fichiers numériques, musique, vidéos, textes, permettant au vendeur (auteur ou éditeur) de maitriser certains aspects de la diffusion de son contenu jusque là laissés de coté par les licences libres. Il s'agit d'un dispositif, qui serait capable de quantifier les usages d'un contenu circulant sur les réseaux numériques, et permettrait à toute personne qui (re)publie un document numérique de le faire savoir facilement à l'auteur. Car, si aujourd'hui les licences libres autorisent l'usage, elles ne permettent pas aux auteurs d'être systématiquement informés. Des modalités nouvelles de rétributions pourraient être déterminées par l'auteur ou l'éditeur. On pourrait par exemple choisir de faire varier le coût d'un document dans le temps ou bien selon l'origine géographique de l'utilisateur. Un article de l'encyclopédie "Enjeux de mots" payant lorsqu'il est consulté en France, pourrait être gratuit pour un étudiant dans une université du tiers monde. Un tel dispositif tient autant de la plateforme technique que d'un jeu de règles incorporées sous forme de méta-données dans le document. Que nous apprend C&F de la facilitation de la coopération numérique ? Indéniablement C&F est une passerelle entre les milieux activiste et de la recherche. Ses activités relèvent à la foi de la réflexion et l'expérimentation sociale et technique dans le domaine de la création et de la circulation des idées. La question de la coopération est au coeur de son projet.</p> <p>C&F Éditions traite de cette question sur le fond et à travers ses propres pratiques mais elle contribue également à un mouvement plus général d'appropriation des TIC. A ce titre, le rôle de C&F Éditions s'apparente à celui d'organisations telles que CRéATIF [<a href='#nb7-9' class='spip_note' rel='footnote' title='CRéATIF - Accès public et appropriation citoyenne des technologies de (...)' id='nh7-9'>9</a>] ou la FING [<a href='#nb7-10' class='spip_note' rel='footnote' title='Fondation Internet Nouvelle Génération : http://fing.org/' id='nh7-10'>10</a>] en France, ou APC [<a href='#nb7-11' class='spip_note' rel='footnote' title='Association for Progressive Communications (APC) Http ://www.apc.org/' id='nh7-11'>11</a>] à l'échelle internationale dont les activités relèvent davantage de l'éducation populaire.</p> <p>Quelle est le rôle de ces organisations dans notre manière de voir la facilitation ? Il est possible que parfois elles inventent des pratiques ou des dispositifs, mais il est plus courant qu'elles exposent ces pratiques et dispositifs en organisant des circuits de formation, des publications ou des activités lobbying auprès de l'école, des services publics, des pouvoirs locaux, des mouvements sociaux....etc. Ainsi, la facilitation n'est pas seulement une affaire d'individu animateur de réseau, renvoyé à des pratiques personnelles mais renvoie également à une dimension plus collective et sociétale structurée autour des valeurs telles que le droit d'accès à l'information et aux moyens d'expression et de création, la possibilité d'échange et de collaboration sur une base équitable.</p></div> <hr /> <div class='rss_notes'><p>[<a href='#nh7-1' id='nb7-1' class='spip_note' title='Notes 7-1' rev='footnote'>1</a>] <a href="https://listes.cru.fr/sympa/info/biblio-fr" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>https://listes.cru.fr/sympa/info/bi...</a></p> <p>[<a href='#nh7-2' id='nb7-2' class='spip_note' title='Notes 7-2' rev='footnote'>2</a>] Cet F signifie « Cigale et Fourmi », le site Internet : <a href="http://minilien.fr/a0lgpk" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://minilien.fr/a0lgpk</a></p> <p>[<a href='#nh7-3' id='nb7-3' class='spip_note' title='Notes 7-3' rev='footnote'>3</a>] Voir l'article : Interview de Nicolas Taffin <a href="http://vecam.org/ecrire/?exec=articles&id_article=1188" class=''>Pratiques de typographe et création d'outils collaboratifs</a> dans le même dossier</p> <p>[<a href='#nh7-4' id='nb7-4' class='spip_note' title='Notes 7-4' rev='footnote'>4</a>] <a href="http://cfeditions.com/pedauque/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://cfeditions.com/pedauque/</a></p> <p>[<a href='#nh7-5' id='nb7-5' class='spip_note' title='Notes 7-5' rev='footnote'>5</a>] <a href="http://cfeditions.com/edm/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://cfeditions.com/edm/</a></p> <p>[<a href='#nh7-6' id='nb7-6' class='spip_note' title='Notes 7-6' rev='footnote'>6</a>] <a href="http://cfeditions.com/pouvoirSavoir/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://cfeditions.com/pouvoirSavoir/</a></p> <p>[<a href='#nh7-7' id='nb7-7' class='spip_note' title='Notes 7-7' rev='footnote'>7</a>] Un rack (de l'anglais rack, râtelier) est un bâti très souvent métallique à tiroirs ou glissières recevant les coffrets d'appareils souvent électroniques ou informatiques de taille normalisée aux dimensions standard de 19 pouces (48,26 cm) de large pour 17 pouces (43,18 cm) de profondeur. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Rack" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://fr.wikipedia.org/wiki/Rack</a></p> <p>[<a href='#nh7-8' id='nb7-8' class='spip_note' title='Notes 7-8' rev='footnote'>8</a>] En informatique, un framework, ou armature, est un ensemble de bibliothèques, d'outils et de conventions permettant le développement d'applications. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Framework" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://fr.wikipedia.org/wiki/Framework</a></p> <p>[<a href='#nh7-9' id='nb7-9' class='spip_note' title='Notes 7-9' rev='footnote'>9</a>] CRéATIF - Accès public et appropriation citoyenne des technologies de l'information <a href="http://www.creatif-public.net/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://www.creatif-public.net/</a></p> <p>[<a href='#nh7-10' id='nb7-10' class='spip_note' title='Notes 7-10' rev='footnote'>10</a>] Fondation Internet Nouvelle Génération : <a href="http://fing.org/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://fing.org/</a></p> <p>[<a href='#nh7-11' id='nb7-11' class='spip_note' title='Notes 7-11' rev='footnote'>11</a>] Association for Progressive Communications (APC) Http ://<a href="http://www.apc.org/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>www.apc.org/</a></p></div> Le rôle des Technologies de l'information et de la communication dans la construction des forums sociaux mondiaux. http://vecam.org/article1190.html http://vecam.org/article1190.html 2010-03-23T15:53:23Z text/html fr Gustave Massiah Gustave Massiah, mai 2009. A l'occasion d'une conférence sur le thème Associations et technologies, dont on reprend ici les points essentiels, Gustave Massiah a présenté un exposé sur le rôle des technologies de l'information et de la communication dans la construction du Forum Social Mondial, et plus largement sur les rapports entre les innovations sociales et techniques dans l'organisation de la société civile mondiale. Le FSM est un lieu construit par la société civile pour faire mouvement. Ses (...) - <a href="http://vecam.org/rubrique124.html" rel="directory">Les figures de la facilitation de la coopération avec les TIC</a> <div class='rss_chapo'><p>Gustave Massiah, mai 2009.</p></div> <div class='rss_texte'><p>A l'occasion d'une conférence sur le thème Associations et technologies, dont on reprend ici les points essentiels, Gustave Massiah a présenté un exposé sur le rôle des technologies de l'information et de la communication dans la construction du Forum Social Mondial, et plus largement sur les rapports entre les innovations sociales et techniques dans l'organisation de la société civile mondiale [<a href='#nb8-1' class='spip_note' rel='footnote' title='La transcription a été assurée par Frédéric Sultan' id='nh8-1'>1</a>].</p> <p>Le FSM est un lieu construit par la société civile pour faire mouvement. Ses formes et les espaces de liberté qu'il ouvre sont le résultat d'une vision et d'un projet plus que de l'émergence des techniques. Les nouvelles technologies, notamment les technologies de l'information et de la communication (NTIC) contribuent à ouvrir ces nouveaux horizons, mais ne déterminent pas à elles seules les transformations sociales, car elles ne sont pas porteuses des formes d'organisation sociale nouvelles qu'elles feraient sortir du néant.</p> <h3 class="spip">Le FSM, projet commun</h3> <p>La société civile mondiale n'est pas un objet qui existe en soi. Elle prend sens à travers les projets qu'elle se propose de réaliser. L'existence d'une démocratie mondiale est au centre de ces projets.</p> <p>Plusieurs facteurs jouent aujourd'hui en faveur de la démocratie mondiale. L'autonomie de la société civile par rapport au pouvoir entraîne un dépassement des représentations des relations entre le Nord et le Sud. Dans nos associations, dans le mouvement de solidarité internationale, nous sommes arrivés depuis longtemps à la conclusion que le partenariat entre le Nord et le Sud était un outil de renforcement des sociétés civiles nationales. Mais nous savons aussi que ce partenariat ne suffit pas pour dépasser l'inégalité. Un proverbe africain dit « la main qui donne est toujours au-dessus de la main qui reçoit ». Aider une société civile à se créer, c'est encore maintenir des rapports d'inégalité. Pour tendre à plus d'égalité, le partenariat doit viser à construire un projet ensemble.</p> <p>Le processus des forums sociaux mondiaux émane des sociétés civiles organisées, c'est-à-dire du mouvement associatif et de l'opinion publique à l'échelle du monde, réunis autour du projet de construire un nouveau monde, ce qu'illustre le slogan « un autre monde est possible ».</p> <h3 class="spip">Les nouveaux présupposés pour la société civile.</h3> <p>Le forum social mondial fonctionne sur la base de nouveaux présupposés pour la société civile. Le premier d'entre eux est le choix d'une organisation horizontale, et le respect de la diversité. Cela se traduit dans les principes inscrits dans la charte du FSM : "Personne n'a le droit de parler au nom de tout le monde" et par l'autogestion des activités.</p> <p>Chaque Forum se construit en demandant aux 5000 associations qui y participent de définir ce dont elles veulent discuter. Cela donne 20 000 propositions qui entrent dans un processus d'agglutination des propositions. Il s'agit d'essayer, pour des raisons de place, de lisibilité, etc., mais aussi pour tisser des espaces de débat, de se regrouper pour aborder ces questions ensemble.</p> <p>Cela est permis en grande partie par les technologies numériques. Un logiciel produit une carte des propositions en temps réel. Mais ces outils ne font que rendre possible, visible, un type d'organisation qui a été volontairement conçu à partir de la critique des formes d'organisation verticales, autoritaires, hiérarchiques que nous connaissions.</p> <p>Finalement, une nouvelle culture politique se construit. Elle intègre les possibilités offertes par les TIC à travers l'élaboration de nouveaux outils. Des critiques liées aux technologies du Forum lui-même influencent cette construction. Par exemple, les forums décentralisés, ou « expandido » (c'est-à-dire étendu), sont pour partie le résultat d'une critique des bilans carbone des FSM. Ils visent à construire des forums partout à travers le monde et à les relier à travers les réseaux de communication.</p> <p>Cette manière de faire évoluer le FSM, à travers son rapport aux technologies, marque la société civile mondiale, au moins celle qui participe au Forum. Le site Internet Open-Space [<a href='#nb8-2' class='spip_note' rel='footnote' title='Voir le site Open Space http://www.openspaceforum.net' id='nh8-2'>2</a>], espace ouvert de débat, est un exemple d'outil de communication construit à partir de ces transformations.</p> <h3 class="spip">De l'association au mouvement</h3> <p>Le deuxième présupposé est la place des mouvements dans les forums sociaux mondiaux. Comme toutes les innovations, le Forum s'est construit dans plusieurs endroits en même temps. L'un d'entre eux, bien que peu connu, a été déterminant. C'est à Hiroshima en 1983 que des organisations asiatiques, réunies en vue de créer une « alliance globale des peuples », se posent la question : mais qui va créer cette alliance ? Elles proposent : les mouvements.</p> <p>Le passage de l'association au mouvement est une innovation majeure. Un mouvement social, un mouvement citoyen, n'est ni une association, ni une somme d'associations. C'est à la fois un courant d'opinions et d'idées, des organisations de diverses formes, avec une dynamique propre qui rentre dans un processus.</p> <p>Cette idée du mouvement a déterminé les forums sociaux mondiaux, qu'on a appelé d'ailleurs le « mouvement des mouvements » et qui se définit par la convergence des mouvements : mouvement syndical, de salariés, mouvements de paysans, mouvements de consommateurs, écologistes, mouvements des droits humains, mouvements féministes, mouvements des jeunes, mouvement de solidarité internationale, ...</p> <p>La création d'un espace politique des mouvements, ce que constitue le FSM, permet aussi une production de nouvelles formes d'organisation sociales et contribue au renouvellement des formes de production de la connaissance. En effet, c'est à l'occasion des forums que ces mouvements se sont en quelque sorte mondialisés, et non internationalisés : à travers Via Campesina pour les paysans, la Confédération syndicale internationale pour les salariés, la Marche mondiale des femmes. Chacun de ces mouvements s'est construit dans un autre espace, l'espace global, et dans un rapport différent et nouveau avec l'échelon local.</p> <h3 class="spip">Le rôle des technologies dans le rapport à l'opinion.</h3> <p>Dans la construction des nouvelles formes de la politique et de la démocratie mondiale, le rapport à l'opinion, et donc aux médias, est tout à fait déterminant.</p> <p>Les mouvements sociaux tentent de dépasser l'approche du média de propagande, c'est-à-dire, un rapport à la communication qui consiste finalement à penser qu'il suffirait de rendre nos idées accessibles aux gens, aux masses (selon le vocabulaire qu'on utilise), pour changer le monde. Le rôle des médias et de l'opinion publique dans le changement est plus complexe que cela. En réalité, la popularité d'une cause dans la population ou dans les mouvements ne suffit pas pour qu'il en résulte automatiquement un changement significatif.</p> <p>C'est à l'occasion du mouvement contre la guerre du Vietnam que la question du rapport à l'opinion a émergé dans les mouvements sociaux. Dans la culture de la communication des mass médias, il s'agit « d'exister assez fort » pour que les médias relaient l'information et mobilisent l'opinion publique. La culture du rapport aux médias en train de se construire aujourd'hui, est étroitement liée aux différentes formes de propriété qui se partagent les médias contemporains : <br /><img src="http://vecam.org/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-1d287.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> Le cœur financier du système, qui produit la rente aujourd'hui, (pour simplifier : les secteurs des armes et de l'eau détiennent les grands médias privés, multinationaux, monopolistiques ou oligopolistiques. [<a href='#nb8-3' class='spip_note' rel='footnote' title='Voir à ce sujet les travaux de François Morin au LEREPS. F. Morin, mai 97 Le (...)' id='nh8-3'>3</a>] <br /><img src="http://vecam.org/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-1d287.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> L'État, à travers les secteurs publics des médias, est le deuxième secteur. <br /><img src="http://vecam.org/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-1d287.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> Les sociétés civiles essentiellement sur internet et les radios locales, (libres ou privées), jouent un rôle essentiel en Amérique Latine et en Europe, et qui interviendront peut-être bientôt à travers les télévisions locales. Bien que les médias alternatifs, en s'emparant des TIC, apportent un renouvellement complet de la culture des médias, le secteur privé restera dominant tant que les deux autres ne feront que se réorganiser en fonction de la logique dominante, celle du secteur privé oligopolistique.</p> <h3 class="spip">Les technologies nourrissent des tensions</h3> <p>Le développement de l'usage des TIC contribue à remettre en cause l'alliance entre le modernisme et le progressisme. La prétention à une nouvelle rationalité portée par le développement des nouvelles technologies et leur théorisation, a comme conséquence la montée en puissance des intégrismes et des fondamentalismes au sein de la population exclue.</p> <p>A l'intérieur de la couche sociale dominante à l'échelle mondiale, (celle composée des dirigeants des institutions internationales, des États, des firmes multinationales, de la bourse, etc.), émerge un nouveau groupe peu nombreux, qui se perçoit comme très important. Il a son langage et ses codes et n'est pas complètement déterminé par la couche dominante ancienne.</p> <p>L'élément essentiel de l'évolution est lié à l'explosion de la population scolarisée dans le monde du fait des politiques publiques d'éducation. Ce groupe est en très forte expansion, notamment du fait du développement de la démographie scolaire à travers le monde. Rappelons nous que, en France, en 1968, 20% de la classe d'âge avait le bac, aujourd'hui, on est autour de 80%. Au Congo Kinshasa par exemple, en 1963, 2 personnes avaient le Baccalauréat contre aujourd'hui plusieurs centaines de milliers. Ce groupe social est fortement touché par le chômage des jeunes diplômés, aussi bien dans les pays du Sud que dans les banlieues du Nord. Il développe la culture du Net et s'empare de l'espace ouvert par les TIC. Cela exacerbe une contradiction qui pourrait être comparée à celle rencontrée dans l'empire chinois lorsque les mandarins, qui échouaient aux concours de l'administration centrale, rentraient dans les campagnes et devenaient l'un des principaux facteurs de renouvellement dans la société chinoise.</p> <p>Les sciences sont un des autres domaines travaillés par le développement des technologies. Les mouvements sociaux sont porteurs d'une renaissance intellectuelle qui se traduit par une appropriation et un renouvellement des formes de production de la connaissance. Le mouvement paysan Via Campesina par exemple, dans son rapport aux OGM, aux semences, à l'agriculture bio, se saisit des débats scientifiques sur la génétique aujourd'hui.</p> <p>Cette renaissance intellectuelle fait perdre à l'université son monopole sur la connaissance. Cela explique certaines crispations de ce milieu et renouvelle les questions sur l'expertise, sur la science citoyenne et sur le rapport entre les sciences et le pouvoir.</p> <h3 class="spip">Sciences, techniques et transformation sociale</h3> <p>L'émergence de techniques nouvelles participe certainement à la transformation des sciences, en conditionnant le regard que nous portons sur notre environnement. Les nano-technologies illustrent bien le changement de paradigme auquel il nous faut nous habituer.</p> <p>Mais c'est la révolution scientifique et technique, c'est-à-dire la révolution de la pensée scientifique, qui se développe dans de nombreux champs ou disciplines simultanément, tels que la génétique ou les mathématiques, qui contribue à la transformation sociale.</p> <p>C'est pourquoi nous cherchons aussi à construire une articulation, un dialogue politique, entre les mouvements sociaux et les scientifiques, à travers le Forum Mondial Sciences et Démocratie [<a href='#nb8-4' class='spip_note' rel='footnote' title='Voir http://fm-sciences.org' id='nh8-4'>4</a>], dont la première session s'est déroulée à Belém (Brésil) en parallèle du FSM 2009.</p> <div style="border: 1px dotted gray; margin: 20px 0px 20px 15px; padding: 8px;position: relative;"><span style="position: absolute; top: -10px; left: 15px;background-color: white;display: block;padding-left: 5px;padding-right: 5px;"><strong>Présentation </strong></span> <p>Ingénieur et économiste Gustave Massiah a exercé 40 ans dans une école d'architecture. Personnalité du monde associatif, il est au moment de l'interview président du Centre de Recherche et d'Information pour le Développement (CRID), collectif d'associations de solidarité internationale composé de 56 membres, qui vont du secours populaire au secours catholique, en passant par le secours islamique, le CCMD, la Cimade, Terre des hommes mais aussi la ligue des droits de l'homme, Greenpeace, les amis de la terre etc. Gustave Massiah est aussi militant. Il est membre fondateur de l'AITEC (Association Internationale de Techniciens, Experts et Chercheurs).</p> </div></div> <hr /> <div class='rss_notes'><p>[<a href='#nh8-1' id='nb8-1' class='spip_note' title='Notes 8-1' rev='footnote'>1</a>] La transcription a été assurée par Frédéric Sultan</p> <p>[<a href='#nh8-2' id='nb8-2' class='spip_note' title='Notes 8-2' rev='footnote'>2</a>] Voir le site Open Space <a href="http://www.openspaceforum.net/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://www.openspaceforum.net</a></p> <p>[<a href='#nh8-3' id='nb8-3' class='spip_note' title='Notes 8-3' rev='footnote'>3</a>] Voir à ce sujet les travaux de François Morin au LEREPS. F. Morin, mai 97 Le cœur financier du capitalisme français : les nouvelles tendances ? (6 schémas) - LEREPS-AITEC mai 99 Rente de l'eau, contrôle des médias compte-rendu de la conférence-débat 4 p <a href="http://www.globenet.org/aitec/chantiers/sp/dossiercomplet.htm" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://www.globenet.org/aitec/chant...</a></p> <p>[<a href='#nh8-4' id='nb8-4' class='spip_note' title='Notes 8-4' rev='footnote'>4</a>] Voir <a href="http://fm-sciences.org/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://fm-sciences.org</a></p></div>