Le centre de médias communautaires "Our Voices" (Inde)
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L’initiative Namma Dhwani (« Our VOICES » en Kannada, langue du Karnataka) a créé un espace permettant à différents groupes sociaux ruraux d’utiliser des technologies numériques et de radiodiffusion par câble afin de mettre en place d’un réseau local d’information et de communication détenu et animé par des membres de la communauté locale. Namma Dhwani s’est construite en partenariat avec une communauté de fermiers défavorisés, l’Organisation Non Gouvernementale VOICES (spécialisée dans la communication et de développement), MYRADA (une des principales O.N.G du développement en Inde) et l’UNESCO. Elle se situe dans le village de Budikote dans la région de Kolar, un des secteurs les plus désavantagés de l’état de Karnataka, à 100 kilomètres environ de ville de Bangalore. Namma Dhwani a développé un modèle unique permettant de répondre et à la situation et aux besoins locaux. Il combine la radiodiffusion par câble avec de nouveaux médias numériques, mais associe également ces outils médiatiques avec un réseau de groupes de communautaires locaux, tout particulièrement des groupes d’entraide de femmes démunies (Self Help Groups), des groupes de partage composés de fermiers locaux et d’un centre local de ressource de développement. Namma Dhwani a permis aux pauvres semi lettrés, aux femmes, aux fermiers, aux travailleurs, aux déscolarisés et aux autres membres de la communauté d’utiliser l’information ainsi que les médias et les technologies de la communication pour créer : - Leurs propres canaux de d’accès, de stockage et de la diffusion de l’information - Leurs propres plateformes de communication et de discussion
Description
Budikote, avec une population d’environ 3020 personnes réparties en 650 foyers, constitue le siège administratif pour 8 villages des alentours. Le niveau d’instruction global moyen est de 65%, et de 55% chez les femmes. Approximativement 1300 enfants de Budikote et des villages environnants étudient dans les quatre écoles du secteur. L’accès de la communauté aux équipements médicaux est limité à une clinique privée et à un dispensaire médical de jour du gouvernement. Une grande majorité de la communauté est employée aux travaux agricoles, et ainsi tributaires des caprices de la pluie. 65% des habitants vivent au-dessous du seuil de pauvreté.
Les solutions techniques mises en place par Namma Dhwani sont les suivantes :
Un service radiophonique grâce auquel les membres de la communauté produisent et diffusent leurs propres programmes de radio directement dans des foyers du village pendant une durée moyenne de deux heures par jour.
Un réseau de diffusion « narrowcast » (de proximité) développé autour d’un simple système de cassettes et de haut-parleurs publics destinés à faire partager les programmes de radio avec les communautés de femmes et de fermiers des villages environnants.
Un centre d’information disposant d’un réseau informatique, d’un accès à Internet et d’un système de gestion de contenus en ligne (eNRICH, développé par l’UNESCO et le centre national d’informatique de l’Inde).
Un centre de ressources locales qui permet de produire et distribuer l’information utile à la communauté locale, particulièrement aux groupes d’entraide féminins et aux groupes de partage des fermiers, aussi bien que de tenir à jour une base de données concernant la communauté locale.
Des cours d’informatique et de médias pour les membres de la communauté locale.
Une connexion directe par câble avec le collège local, par laquelle Namma Dhwani diffuse des programmes spécialement destinés aux étudiants.
Objectifs
Consolider une initiative de média communautaire dans un cadre rural et défavorisé qui fonctionne comme :
Un canal participatif pour une information probante et pertinente, qui soit produite et déterminée par les membres de la communauté.
Un support à la liberté de discours et d’expression tant pour les femmes que les hommes, créant ainsi l’opportunité d’une participation équitable des deux sexes aux processus de développement de la communauté.
Une possibilité pour les jeunes, d’accéder à la technologie, en leur permettant d’améliorer leurs qualifications professionnelles et de prendre connaissances des enjeux concernant leur société.
Une opportunité pour étudier l’impact des médias communautaires sur la montée en puissance du rôle des femmes et la réduction de la pauvreté.
Intéret social
Namma Dhwani vise à stimuler une société locale de la connaissance en autorisant et en qualifiant des femmes, des fermiers et des jeunes défavorisés à l’utilisation d’une association de médias traditionnels et de nouvelles technologies de l’information et de la communication dans le but de soutenir leur propre développement.
L’accès à l’information et le fait de pouvoir participer aux discussion et aux décision peuvent constituer un catalyseur aussi bien qu’un facilitateur pour une action communautaire orientée vers le changement. Le déni des droits à l’information et à la communication réprime et marginalise les individus en accroissant les niveaux de pauvreté et d’analphabétisme.
Namma Dhwani a fourni à la communauté rurale de Budikote :
L’accès à une information locale appropriée qui lui permet de prendre des décisions et de faire des chois avertis concernant les problèmes auxquels elle est confrontée.
Des mécanismes de communication facilement accessibles qui leur permettent de créer et d’entretenir un forum où ils peuvent exprimer leurs avis.
Des femmes déshéritées, la jeunesse défavorisée et les enfants en particulier, sont autorisés à :
Organiser et communiquer leurs appréhensions et leurs intérêts.
Accéder à un nouveau canal d’information qui soit approprié et spécifique à leurs besoins, particulièrement dans les secteurs de la santé et de l’agriculture.
Accéder à de nouvelles ressources éducatives et acquérir de nouvelles qualifications professionnelles.
Les familles pauvres gagnent en capacité de décision et en pouvoir de négociation ; Cela rend par ailleurs les plans de développement du gouvernement local et autres plus transparents et participatifs.
TIC utilisées
Un système de radio par câble à travers lequel les membres de la communauté produisent et diffusent leurs propres programmes de radio directement dans des foyers du village durant une moyenne de deux heures par jour.
Un réseau de diffusion locale développé autour d’un simple système de cassettes et de haut-parleurs publics destinés à faire partager les programmes de radio avec les communautés de femmes et de fermiers des villages environnants.
Un centre d’information avec un réseau informatique, l’accès à Internet et un système de gestion de contenus en ligne (eNRICH)
Des formations à l’informatique et aux média destinées à la communauté.
Des TIC pour qui
Les premiers bénéficiaires 3020 personnes (650 familles) dans le village de Budikote sont. Au sein de cette communauté, les bénéficiaires principaux sont des femmes dans la tranche d’âge 20-60 ans, l’ensemble des jeunes de la tranche d’âge 18-24 (dont la plupart sont en échec scolaire) et des enfants dans la tranche d’âge 11-14.
Dans une phase à venir, le projet cherchera à étendre la portée de l’initiative aux habitants de 90 villages environnement par la mise en place d’un système de diffusion de proximité depuis trois aux autres centres de ressource de développement local ainsi que des formations aux technologies de l’information et à l’archivage et la gestion d’informations numériques.
Des TIC pour quoi faire ?
Les principales TIC convoquées - la radio et les technologies numériques communautaires - jouent un rôle central dans l’initiative. En 1999, une étude a été entreprise dans la région par VOICES et MYRADA pour évaluer les besoins en information afin d’améliorer la productivité économique, les opportunités d’emploi et d’éducation ainsi que le niveau de vie de Budikote.
Les principaux résultats de l’étude établissaient que :
La communauté voulait une information locale pertinente, par exemple sur les récoltes, les prix du marché etc...
Elle voulait une information qui soit diffusée oralement, dans leur propre langue
Le résultat de cette étude a été à l’origine de l’initiative Namma Dhwani à Budikote.
Comme mentionné ci-dessus, les TIC mises en œuvre par Namma Dhwani sont les suivantes :
Un système de radio par câble par lequel les membres de la communauté produisent et diffusent leurs propres programmes de radio directement dans des foyers du village durant une moyenne de deux heures par jour.
Un réseau de diffusion locale développé autour d’un simple système de cassettes et de haut-parleurs publics destinés à faire partager les programmes de radio avec les communautés de femmes et de fermiers des villages environnants.
Un centre d’information avec un réseau informatique, l’accès à Internet et un système de gestion de contenus en ligne (eNRICH)
Des formations à l’informatique et aux média destinées à la communauté.
De nouveaux éléments à l’étude comprennent :
Des programmes de radio de lecture rapide grâce auxquels les auditeurs peuvent indirectement « passer en revue » Internet via des émissions interactives.
L’extension du réseau afin de toucher de nouveaux foyers tant à Budikote que dans les villages avoisinants.
Des centres satellites dans les villages et les villes environnants, étendant de façon efficace la portée du réseau.
Namma Dhwani a ainsi assisté à l’émergence d’une communauté numérique à Budikote qui présente les aspects suivants :
Plus de 650 foyers représentant 3020 personnes sont reliés par les divers composants du réseau.
Les membres de la communauté ont produit plus de 8000 heures de programmes de radio d’intérêt local
Le réseau fait transiter avec succès les besoins en information locale et a eu un impact évident sur le développement et le gouvernement local.
Soutien(s) financier(s)
Actuellement, l’initiative est soutenue par UNESCO, d’autres donations et financements externes sont explorées, pour augmenter l’ampleur du projet.
Mode de financement
L’initiative dépend principalement de donations et de financements externes. Quelques options de soutien qui sont actuellement explorées :
Une participation symbolique des candidats assistant aux programmes de formation de audio/TIC
Une participation symbolique des organisations communautaires des villages environnants pour la location ou l’achat des bandes magnétiques
Une subvention des commerçants locaux, la publicité faite sur le réseau audio câblé et sur les bandes audio étant envoyées à d’autres régions.
Une participation symbolique pour l’accès à une partie d’information numérique stockée, la liste imprimée des formulaires de demande de prêt, l’enregistrement sur des sites Web d’emploi et la gestion des réponses, etc
Comment les utilisateurs se les approprient-ils ?
Namma Dhwani est contrôlée, possédée et dirigée par la communauté qu’elle dessert. Des programmes de formation courante à la programmation et la production audio ainsi qu’aux technologies de l’information sont menées par les employés de Namma Dhwani ainsi que des volontaires - tous les membres de la communauté - pour d’autres membres de la communauté.
L’ ONG associée de projet, MYRADA, a une longue tradition de développement du rural intégré et mène des projets axés sur la santé de base, l’éducation, le développement du partage (etc...) au travers de centres de ressource situés dans 4 villages (Budikote y compris) qui à eux seuls approvisionnent 90 villages de la région. Namma Dhwani s’est intégré au centre local de ressource de MYRADA de sorte qu’il est devenu le noyau d’information et de communication pour le développement local dans le village.
La phase suivante du projet à pour objectif d’augmenter la portée de l’initiative ainsi que le niveau de participation et d’appropriation de la communauté en faisant de Namma Dhwani le noyau pour un réseau local de TIC qui s’intégrerait à toutes les activités de développement de la région.
Ce réseau fonctionnerait comme suit :
Des volontaires seraient formés à la pratique de l’archivage d’informations (via le système de gestion de contenus en ligne eNRICH), à la diffusion et à la collecte des données (via des « narrowcasts » de haut-parleur) pour les 3 autres centres de ressources, créant ainsi de plus petits centres de communication et de médias communautaires, avec Namma Dhwani comme noyau pour la formation, la collecte d’informations (sur Internet) et la production audio.
Points forts
En combinant des outils de communication nouveaux et traditionnels, le réseau lie des ressources « globales » comme Internet avec les réseaux sociaux de bases et les médias locaux comme la radio par câble qui fonctionnent dans des dialectes locaux et dans le contexte de bases.
Les membres de la communauté locale sont les propriétaires et les opérateurs du réseau aussi bien que les producteurs et les consommateurs du contenu.
Le réseau met un accent particulier sur l’égalité des sexes et l’habilitation des femmes et met en place des processus conduits par la communauté pour diffuser autant que discuter l’information concernant la santé, l’éducation, le gouvernement, les revenus produits, etc.
Difficultés rencontrées
La résistance des hommes plus âgés, principalement en raison du rôle que cette initiative joue dans la prise de vigueur des femmes
Des problèmes comme le système des castes et les changements de statut sociaux liés à des revenus plus élevés affectent le travail d’équipe et l’utilisation équitable des équipements.
Des problèmes d’infrastructure (principalement le manque de disponibilité de l’électricité et de connectivité pour l’utilisation d’Internet)
Évaluation
L’impact du projet est évalué au travers d’un programme de recherche ethnographique. Une des principales méthodologies utilisées est la "Participatory Rural Appraisal" (évaluations rurales participatives) ; où des groupes de personnes (par exemple un groupe d’entraide) définissent les seuils de pauvreté de chaque membre du groupe par la discussion participative. Les résultats des évaluations rurales participatives sont étudiés plus en profondeur via des interviews et des discussions de groupe ciblées, avec des ensembles (non structurés) de femmes, d’enfants et de fermier et également par l’analyse du contenu des médias commerciaux disponibles et de son utilisation par la communauté. La recherche ethnographique est complétée par une étude structurelle quantitative qui examine le statut démographique, économique et social (dont la situation de caste) puis le compare aux données d’un village semblable en dehors du secteur d’influence du projet.
