« Média » est, en de nombreux sens, un terme ancien. Un « média » est au sens strict, un agent de transmission. Les anciens croyaient que l’univers devait son unité au média dénommé l’éther. De la même façon, l’air et l’eau sont des médias. Dans ce sens, un média de transmission - ou de communication - est un agent neutre. Cependant, on peut facilement se rendre compte que malgré son état apparemment objectif, la nature d’un média détermine le type et la qualité de l’information qu’il peut transmettre.

L’utilisation moderne utilise le terme pour signifier : moyen de communication. Bien qu’actuellement nous parlions de « média » pour le livre ou la presse, ce terme a pris toute sa vigueur avec l’émergence de la communication à longue distance par la technologie - ou la télécommunication. La télégraphie fût le premier moyen de communication vraiment moderne, suivi rapidement par la téléphonie, la radio, la télévision, la transmission par câble et satellite, et évidemment internet. Tout ce développement eut lieu dans les 150 dernières années, la majeure partie durant le dernier siècle, et internet pendant la dernière décennie.

Au fil des avancées technologiques, chaque nouvelle génération de médias de communication a aussi porté son lot d’utopies concernant la création d’espaces publics d’interaction participative entre les citoyens informés et faisant usage de leur droit à la parole. Tous les nouveaux médias de communication ont constitué, dans le même temps, une poche de dispute entre les diverses logiques sociétales selon qu’elles relèvent des États, du marché ou de la société civile. Historiquement, les luttes pour la liberté de penser, et la liberté d’expression qu’elle implique, ont stimulé l’ampleur et la participation aux grandes batailles démocratiques contre la censure, pour les Droits de l’Homme et le refus de l’esclavage... Ces luttes ont contribué en grande partie à l’élaboration et aux fondements de nos démocraties et des principes et législations qui sont dominantes actuellement en ce qui concerne les droits à l’information et la communication. Elles ont aussi contribué à bâtir une pluralité d’espaces médiatiques dans lesquels coexistent diverses formes de médias et d’institutions médiatiques.

Aujourd’hui, nous considérons les médias de communication comme les outils majeurs de la communication de masse, que ce soit la presse, la radio et la télévision dans leurs acceptions publiques, privées ou communautaires. Ils proposent des mécanismes qui permettent la dissémination massive d’informations, facilitant la construction de consensus sociaux, la construction et la reproduction du discours public et certains niveaux d’interaction, notamment dans le cas des nouveaux médias indépendants, alternatifs et communautaires. [1]

Le rôle et la place des médias dans la société.

Les réflexions sur les moyens de communication sont traditionnellement centrées sur la capacité des institutions médiatiques et des technologies de communication à jouer un rôle dans la démocratisation des sociétés, dans la création d’une sphère publique dans laquelle les individus pourraient participer aux affaires collectives, à la mise en relief de l’identité nationale et culturelle, à la promotion de l’expression et du dialogue créatif. C’est pourquoi les débats sur les différentes formes de censure et sur la propriété des moyens de communication ont toujours figuré sur les programmes de travail. A contrario, les questions que se posent les logiques du marché et celles de l’État visent plutôt à chercher comment utiliser les médias pour ouvrir une voie à la publicité, comment générer des bénéfices financiers pour les actionnaires et comment servir d’instruments de propagande et de contrôle social et politique.

Dans presque tous les contextes nationaux, on juge nécessaire une certaine forme d’intervention - ou régulation- gouvernementale qui permette aux médias de communication de jouer l’un ou l’autre des rôles susmentionnés. Aussitôt que la production et la distribution des moyens de communication requière un plus haut degré d’organisation et de moyens que ceux que peuvent fournir artistes ou créateurs individuels travaillant en groupes relativement réduits - c’est-à-dire aussitôt que les moyens de communications s’industrialisent - normalement l’État assume une certaine forme d’organisation structurelle, soit directement, soit au moyen d’une autorité déléguée.

Ceci peut se faire de diverses manières. Dans le modèle de marché libre, l’État crée un climat dans lequel les entreprises possédant les moyens de communication jouissent d’une pleine liberté pour opérer commercialement ; l’accès au marché dans certains secteurs comme celui de la diffusion est toujours fondamentalement contrôlé par l’octroi de fréquences de transmission, alors que le domaine de la presse écrite reste ouvert à quiconque dispose des ressources pour posséder un média imprimé et l’utiliser. Dans le modèle autoritaire, les moyens de communication sont considérés comme une extension de l’autorité de l’État. Le modèle de service public met l’accent sur la création de services radiophoniques et télévisuels au service du public, sur le financement de médias à buts non lucratifs basés sur la communauté, et sur diverses restrictions à la propriété des médias commerciaux (limitant la quantité de points de distribution qu’une entreprise privée peut contrôler, ou interdisant la propriété des médias aux étrangers). En réalité, dans de nombreuses sociétés, sinon dans la majorité, les médias fonctionnent suivant un modèle mixte basé sur une combinaison de deux ou plus des schémas susmentionnés. Dans la majorité des cas, il existe une instance régulatrice qui dicte et contrôle les règles de fonctionnement au niveau national.

Aujourd’hui, tout le monde s’accorde sur la domination de la logique de marché, qui impose ses valeurs et ses conditions sur les modes de production et de diffusion, avec des conséquences majeures sur les contenus et la nature même de l’information. Alors qu’apparaissent de nouveaux enjeux complexes, en relation avec la concentration des médias, l’uniformisation et l’indigence des contenus, le déséquilibre mondial des flux informationnels et le manque de diversité culturelle, le rôle régulateur des États, sur le plan national et international, passe par la nécessaire redéfinition du service public de l’information.

De plus, la récente révolution numérique vient questionner les médias sur leur propre définition et replace leur rôle en des termes complètement inédits, les inscrivant au sein d’une «  société de l’information  » que l’on peine à délimiter.

La relation entre les médias et la société de l’information lance effectivement un défi qui semble paradoxal. D’un côté les médias de masse (presse, radio, télévision) connaissent un processus de concentration de la propriété et une intégration horizontale et verticale dans les domaines du son et de l’image grâce à l’arrivée du support numérique. D’un autre côté, internet, et les supports numériques en général, individualisent et démocratisent l’accès à la communication et à l’interaction, permettant le développement inédit de nouveaux moyens alternatifs ou coopératifs qui affectent, dans le même mouvement, les médias de masse traditionnels.
La relation entre les médias de « communication » et la société de l’« information » apparaît donc sous la forme d’une dissociation contradictoire qu’il est difficile d’expliquer sans la rapporter à la définition même du projet de la société de l’information, au contexte dans lequel évoluent les acteurs qui construisent celle-ci et aux défis que posent les avancées technologiques.

Des médias globalisés

Une analyse de l’état actuel des médias, particulièrement en cette époque de mondialisation, illustre les nouveaux défis concernant leur rôle et leur place dans une société des savoirs partagées.
Il faut d’abord remarquer que dans le contexte de la mondialisation néolibérale, l’information « numérique » est devenue une marchandise de plus, qui circule selon les lois du marché, les lois de l’offre et de la demande.

Dans cette logique, les médias ne vendent pas d’information aux citoyens, ils vendent les citoyens aux publicitaires. Il en résulte une distorsion des contenus par rapport à la réalité, qui renforce les stéréotypes et réduit clairement la diversité des contenus diffusés. À titre d’illustration du résultat de ce processus de dérégulation de ces trente dernières années, on peut citer les déclarations, souvent reprises, du responsable de la FCC, instance régulatrice aux États-Unis, sous Ronald Reagan en 1980, qui, en pleine fièvre dérégulatrice, déclara que la télévision était comme n’importe quel appareil domestique, comme un « grille-pain à images ». Et comme on ne réglemente pas les grille-pains, pourquoi le ferait-on de la télévision? Il est sûr que la privatisation et la libéralisation qui accompagnent la mondialisation sont loin d’avoir donné naissance à des médias plus divers ou pluralistes. [2]

L’irruption de la révolution internet et de l’ère numérique attira vers le secteur de l’information, avec sa perspective de gains faciles, une pléthore d’industriels des milieux les plus variés - électricité, informatique, armement, construction, téléphone, eau. Ils édifièrent de gigantesques empires qui ont accaparé les médias, et intégrent, de manière verticale et horizontale, les secteurs de l’information, de la culture et du divertissement, jadis séparés, au sein de conglomérats en expansion pour lesquels la connaissance et les contenus deviennent une nouvelle marchandise.

Ces conglomérats multi-médias influent sur tous les aspects de la vie culturelle, sociale et politique. Cependant, leur logique même a transformé les médias de masse, qui ont cessé de fonctionner comme contre-pouvoir. Les médias de masse (radios, journaux, télévisions, internet), se recomposent suivant une vocation mondiale et non plus de caractère national. Le processus de concentration se traduit par le contrôle en peu de mains d’un large spectre de médias par delà les pays et les continents. C’est pourquoi les médias globaux n’agissent plus comme contre-pouvoir à l’intérieur des pays.

Ces principaux groupes sont : Vivendi Universal, AOL Time Warner, Disney, News Corporation, Viacom et Bertelsmann, General Electric, Microsoft, Telefonica, France Télécom. Le pouvoir réel se trouve aujourd’hui entre les mains de ces conglomérats qui ont plus de puissance économique que la majorité des gouvernements. [3] L’absence des principaux conglomérats médiatiques dans les débats du SMSI illustre bien cette réalité.

La concentration de la propriété des médias signifie par exemple que les cinq principaux conglomérats aux États-Unis contrôlent la quasi-totalité des chaînes de radio et de télévision de ce pays. L’important, dans le domaine des médias, n’est pas le nombre de canaux de télévision, mais la diversité des sources et des propriétaires. De la situation ci-dessus résulte un message simplifié pour une consommation de masse. De ce fait, c’est le droit à l’information qui apparaît comme limité et remis en question. D’un côté, la fin des monopoles d’État dans les pays du Sud et en Europe a apporté avec elle des avancées en matière de pluralité des médias, bien qu’il existe une préoccupation concernant la perte de légitimité des médias traditionnels. D’un autre côté, la déréglementation favorise un autre processus monopolistique, car les lois sur la liberté de la presse, qui ont été établies pour limiter le pouvoir de l’État, sont aujourd’hui insuffisantes pour garantir un statut de bien commun à l’information et à la communication. Comme l’indique Ignacio Ramonet, bien que la liberté d’expression soit garantie dans les pays du Nord, le droit à être bien informé est remis en question par la concentration des médias.

Enfin, ces conglomérats ne différencient pas les trois formes traditionnelles de communication (écrite, verbale ou en image), faisant ainsi de l’internet, et des télécommunications en général, un nouveau et puissant média, qui englobe les activités culturelles, les activités sportives et de divertissement, et les activités de communication et d’information.

Il est chaque fois plus difficile de distinguer les différents secteurs industriels de l’information, de la culture de masse et du divertissement. Les grands conglomérats mondiaux acquièrent des dimensions de multimédias et vendent chacun de leurs produits sur de multiples supports, en produisant, à coté de la radio, de la télévision et des journaux traditionnels, des films, des vidéos, des disques compacts, des DVD, des parcs de loisirs, des cinémas, des théâtres, des spectacles sportifs...

Le développement des chaînes mondiales d’information continue, du type CNN, a été imité par d’autres chaînes américaines et mondiales, entre autres la BBC, avec un grand succès. La manipulation de l’information dont elles font preuve d’une part, et la résistance dans les pays du Sud de la planète d’autre part, sont à l’origine de la naissance de nouvelles chaînes. Ainsi Al’Jazeera, chaîne arabe destinée à contrecarrer la campagne contre l’Islam. Plus récemment nous avons assisté à la naissance de Telesur, basée au Vénézuela, pour contrecarrer la « propagande américaine » sur l’Amérique Latine. Ces expériences rappellent les questions posées par la Commission MacBride à la fin des années 70 et les espérances déçues que les pays non-alignés avaient placés dans le projet de « Nouvel Ordre Mondial de l’Information et de la Communication » proposé par l’Unesco. [4]

En même temps, elles révèlent la capacité des médias traditionnels à s’adapter aux nouvelles technologies et leur persistance comme véhicules massifs de production de consensus sociaux et politiques.

Les nouveaux médias. Leur appropriation par les communautés et les citoyens

L’impact des nouveaux médias sur la société des savoirs et de la connaissance est lié à la possibilité d’une plus grande appropriation par ceux qui les utilisent, tant comme individus que comme communauté ou groupe actif. A partir des années 70, les médias de masse traditionnels sont entrés en crise, au fur et à mesure de l’abandon par la radio, la presse et la télévision, des minorités et des questions locales.

Dans ce contexte, les innovations technologiques favorisèrent le développement de projets de communication collectifs. Dans les années 60 et 70, partout dans le monde, on commença à développer des projets de vidéos et de stations de radios locales et communautaires, contre l’hégémonie et les limitations des médias traditionnels. Ces projets bénéficièrent de la révolution que provoqua l’apparition des transistors, des transmetteurs FM, de la vidéo. De cette époque datent les « radios pirates » au Royaume-Uni, les « radios libres  » en France, les « télévisions communautaires  », les radios et clubs vidéos investis dans la communication pour le développement [5]. Ces mouvements sociaux utilisent les technologies appropriées pour mener à leur terme des projets s’opposant à la crise de représentativité des systèmes politiques existants et constituent une résistance face aux grands médias. Il s’agit de processus de contre-information et de processus de communication sociale interactive que réalisent les communautés, à partir de radios communautaires, par exemple en zones rurales. [6]

Ces nouveaux acteurs multiplient les espaces médiatiques et forment des réseaux nationaux, régionaux, puis internationaux qui finiront par émerger sur la scène politique globale et interviendront dans différentes instances politiques. [7]
L’arrivée de l’internet n’a pas seulement eu un effet important sur les médias traditionnels, comme nous l’avons souligné, mais a également renforcé les médias alternatifs, associatifs et communautaires, comme la radio, la télévision et la presse communautaire, favorisant des processus sociaux de communication interactive et des échanges multimédia, produit de la numérisation des messages et de l’intégration des « télécentres ». Internet ouvrit un espace inédit d’échanges d’information en dehors des circuits des conglomérats médiatiques, ce qui contribua à donner une dimension palpable au mouvement social mondial de la société civile à l’échelle globale. Quelques évènements au cours desquels la libre circulation de l’information sur Internet fut remarquable peuvent être cités : la rébellion zapatiste en 1994-95 au Chiapas ; la création en réseau du mouvement français ATTAC, fin 98 ; le développement sur Internet des réseaux freenet, des centres de médias indépendants comme Indymedia qui montrèrent leur efficacité en 1999 à Seattle au sommet de l’OMC. Parmi les mouvements récents, on citera aussi l’usage de l’internet pour canaliser l’information alternative et l’organisation citoyenne en réaction à la manipulation de l’information faite par le gouvernement Aznar en Espagne, après les attentats de la gare d’Atocha à Madrid en 2004. De même, l’Observatoire Français des Médias, le CMAQ au Québec, Pulsar en Amérique latine et Simbani en Afrique participent d’une tendance qui souhaite utiliser les TIC, pour la création de réseaux et de médias alternatifs afin faire circuler l’information, mais aussi de suivre et analyser celle qui est diffusée. [8]

D’un autre côté, le développement des iPod et des blogs, parmi d’autres avancées technologiques, en venant s’ajouter à l’usage de l’internet, ont favorisé la création de nouveaux réseaux de communication et de nouvelles expériences de journalisme citoyen qui connaissent un grand succès, non seulement aux États-Unis et dans les pays développés, mais également dans la lutte pour la liberté d’expression au sein des pays du Sud.

Parmi les nouveaux moyens de communication alternatifs, on doit distinguer le développement inédit de communautés virtuelles dans la perspective d’une plus grande appropriation individuelle, au niveau local comme international. [9] Il faut mentionner, à l’intérieur des mouvements sociaux et des réseaux citoyens sur Internet ayant cette optique [10] : Globalcn, Mistica, Vecam, la Communauté Web de mouvements sociaux [11]. Il s’agit, comme le signale Manuel Castells, de l’avènement des réseaux comme nouvelle morphologie sociale, basée sur l’interconnexion et la flexibilité de la nouvelle topologie qui permet une circulation d’énoncés qui génèrent des sens et des effets nouveaux pour l’action sociale et citoyenne ; [12] ce qui permet l’existence de réseaux de mouvements sociaux, de réseaux citoyens et de cyber-communautés traitant de sujets à caractère mondial comme par exemple la défense de l’environnement, ou la promotion des droits des femmes lors de l’organisation de la quatrième Conférence Mondiale sur les Femmes à l’ONU (Pékin, 1996) ou de la Marche Mondiale des Femmes en 2000.

Ce développement des moyens alternatifs sur le réseau et grâce à l’usage de nouvelles technologies est cependant confronté à d’énormes défis, entre autre la problématique de la sur-information sur internet. Des études signalent [13] que si, auparavant, il y avait à peine quelques médias dans chaque localité, il existe aujourd’hui des millions de sites accessibles, ce qui fait que 50 % du trafic sur le réseau ne visite que 0,5 % des sites web. Ainsi, la richesse de l’information se traduit par une diminution de l’attention et la question de la crédibilité de l’information devient fondamentale.

Rôles et responsabilités des médias.La régulation au cœur du débat

Comment interviendra la communauté internationale pour faciliter un processus de démocratisation des communications dans la relation complexe entre médias et société de l’information?

Avec l’avènement de la mondialisation, fruit d’une combinaison de raisons variées, certaines techniques, d’autres politiques ou idéologiques, les politiques nationales sont à la fois moins disposées et moins capables d’intervenir dans la sphère d’activité des médias. En même temps, de puissants mécanismes formels (comme les accords commerciaux internationaux) et informels sont apparus à l’échelle internationale, qui limitent la capacité d’influence des gouvernements nationaux dans ce domaine. Le champ des médias internationaux, à l’ère néolibérale, est un nouveau territoire à conquérir ou les règles s’établissent chemin faisant, et comme dans toute conquête, le plus puissant établit les règles en fonction de ses besoins particuliers, alors que le moins puissant essaye de survivre dans une situation qu’il n’a pas créée.

Par ailleurs, si nous laissons de côté les agences internationales comme l’UIT, qui ont un rôle principalement technique et sont investies par les grandes entreprises médiatiques, il ne reste ni lieu ni instance où l’on puisse débattre, et encore moins prendre des décisions, concernant l’information et les médias, comme le fut l’Unesco durant les années 80.

Dans ce contexte, le SMSI était une occasion unique pour débattre de la question des médias dans la société de l’information.[14] L’absence remarquée des grands médias tout au long du processus préparatoire et des Sommets de Genève et Tunis n’a malheureusement pas permis un tel débat et augure mal des résultats et des effets d’un tel exercice. Le SMSI aura au moins permis aux différents acteurs sociaux présents lors de cet événement fondamental de prendre position.

Pour certains - ceci inclut divers gouvernements et agences internationales importantes, comme l’Union Internationale de Télécommunications et l’Organisation Mondiale du Commerce -, les médias ne sont rien d’autre qu’une coquille vide au travers de laquelle circule l’information. De ce point de vue, il n’y a aucune raison de débattre des Droits de l’Homme ou de la liberté d’expression au Sommet Mondial sur la Société de l’Information. Pour ceux qui considèrent les « médias » tout d’abord comme un contenu et ensuite comme un contenant, ce type de question équivaut à juger de la valeur d’un vin par la forme de sa bouteille.

Un autre aspect de ce débat tourne autour de la régulation. Les défenseurs de la dérégulation des médias partent du principe que la télévision, comme nous l’avons vu plus haut, n’est rien d’autre qu’un « grille-pain avec images  ». Ceux qui défendent l’autorégulation de l’industrie médiatique ou la régulation partagée entre l’industrie et le gouvernement sont certes plus sensibles à l’importance du contenu, mais attribuent un rôle prédominant aux entités industrielles que sont les grandes organisations des médias.

En revanche, tout autre est le point de vue des médias centrés sur les personnes, qui envisagent le rôle de celles-ci dans la société comme des facilitateurs et des intermédiaires du débat public, acteurs de la prise de conscience individuelle et collective. Suivant ce courant, les médias doivent bénéficier d’une liberté d’expression, mais aussi à répondre certaines obligations - par exemple la nécessité de respecter la dignité humaine. Dans ce sens, l’accès et l’accessibilité - la capacité d’utiliser les moyens de communication pour envoyer et recevoir des messages - sont aussi des questions-clés. Cette vision reconnaît aussi la nature ambivalente des médias de masse contemporains, comme agents du statu quo social et comme agents potentiels du changement. Mettre l’accent sur le rôle social des médias justifie les limites que la société leur impose, par exemple les restrictions dans la concentration de la propriété des médias, les règles pour les distributeurs par câble et par satellite, l’obligation de transmettre les messages de service public, le droit de réponse, etc.

Les nouvelles façons de communiquer et la création de plates-formes de communication interactive et coopérative impliquent également la reconnaissance de nouveaux biens communs de l’information, une redéfinition de ce que l’on entend par « service public » d’information et de communication, et une révision des régimes de propriété intellectuelle. De ce fait, les débats autour des médias soulignent chaque fois l’importance du débat international plus large concernant les droits de la communication.

23 janvier 2006

couverture du livre enjeux de mots Ce texte est extrait du livre Enjeux de mots : regards multiculturels sur les sociétés de l’information. Ce livre, coordonné par Alain Ambrosi, Valérie Peugeot et Daniel Pimienta a été publié le 5 novembre 2005 par C & F Éditions.

Le texte est sous licence Creative Commons paternité, pas d’utilisation commerciale.

La connaissance doit être offerte en libre-accès... Mais auteurs et éditeurs ont besoin d’une économie pour poursuive leur travail. Si vos moyens vous le permettent, n’hésitez pas à commander le livre en ligne (39 €)

Vendredi 23 mars2007 à 14.00 à l’UMLV-IFIS

Mots clés : conduite de projet – réseaux – technologies – travail collaboratif

Intervenants :Aurélie Nicolas, Anthony Delvigne, Guillaume Fabre,Benjamin Clavreul

Discutants :
- Christophe Freihuber, Développeur chez Pixmania, Créateur de la plateforme collaborative www.cyber-espace.net ;
- Arnaud Fontanes, Consultant senior, Associé chez Ethikonsulting, Spécialisé dans l’assistance à maîtrise d’ouvrage SIRH, dans la conduite du changement et l’animation d’équipe ;
- Patricia Rougeaux, chargée de mission TIC - Mairie de croissy /seine.

Si vous souhaitez y participer, envoyez vos coordonnées (nom, prénom, e-mail) à communication_mitic@yahoo.fr

Pour plus d’information, n’hésitez pas à consulter notre blog : http://mitic2006collter.over-blog.com/