La connaissance comme « bien commun » ne se réduit pas à la science

La connaissance comme « bien commun » se réduit-elle à la science ?

Pour répondre à cette question, il faut aller jusqu’aux frontières culturelles des sociétés. Et de constater alors que la science est apparue en tant que telle à partir de la Renaissance à un moment où la rationalité occidentale s’est installée durablement dans le champ de la connaissance. En trois siècles, les experts ont supplanté les clercs.

La science est devenue de plus en plus spécialisée, avec ses disciplines instituées et sa division du travail, ses instruments de mesure et ses instances de légitimité. Parallèlement, les savoirs des sociétés traditionnelles comme les médecines douces ont été délaissés.

Les anthropologues amazoniens ont été les premiers à dénoncer cette domination lors du forum « Sciences et Démocratie », non sans avoir pointé la tension qui existe entre la tentation créationnisme et le scientisme triomphant. Et si les modèles de développement scientifique, régulés depuis longtemps par le progrès, la croissance et le productivisme était en train de se transformer, faisait observer une « simple citoyenne » ?

Pour imaginer un monde où la science serait reléguée dans les sous-sols de la connaissance, il ne suffit pas d’aller au bord de l’Amazone et de rencontrer, ici plus qu’ailleurs, le relativisme culturel.

Allons, chemins faisant, du côté de l’anthropologie des techniques par exemple. Parce que l’outil et le langage sont des constantes anthropologiques, l’homme a toujours eu besoin d’instrumentaliser sa pensée par la médiation d’artéfact technique. Pour autant, la science n’est pas la technique et il existe des savoir faire uniquement basés sur l’expérience empirique.

Le raccourcissement des distances entre les hommes a contribué à la création d’Internet par exemple. Aujourd’hui, nous disposons d’une science appliquée, celle-ci étant un moyen de satisfaire des besoins économiques et sociaux d’un côté et d’une science spéculative ou fondamentale de l’autre, celle-là étant une façon de déplacer les enjeux de la technique sur un plan politique et épistémologique. Mais demain,

peut-on imaginer une société où la science ne serait qu’une modalité parmi d’autres de la production de la connaissance ?

Peut-on envisager une posture plus radicale encore que celle d’une « science avec conscience » où la rationalité scientifique, essentiellement fondée sur l’administration de la preuve, ne serait plus la seule à outiller la pensée ?

De nombreuses civilisations - ne serait-ce que la Grèce antique -, ont montré par le passé qu’elles avaient la capacité cognitive de se produire elles-mêmes sans avoir recours à la science. Si l’on admet enfin que la connaissance, c’est bien ce que l’on sait, mais c’est aussi ce qui relie la chair et le verbe, la pratique et la théorie, le savoir et le savoir-faire, alors, il n’est point de salut pour les « biens communs » que ceux qui nous rattachent à notre humanité.

Posté le 31 janvier 2009

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